Je n'ai jamais été très forum ni discussions en ligne, mais si je saute le pas et que je poste ici, c'est que je ressens le besoin de partager et d'échanger autour des questions d'orientation, d'attirance et d'amour en général. Mais je ne veux pas que ce soit à sens unique non plus, je ne cherche pas que des "oreilles" attentives, alors je serais heureuse de pouvoir entamer le dialogue et venir ajouter des petites pierres ici ou là
Ici vous pouvez m'appeler Risa, 23 ans et toutes mes dents. Une passion pour ce qui est rose et mignon, la cuisine et la pâtisserie végétale mais aussi pour l'occultisme, l'ero-guro et l'archéologie préhistorique japonaise. En master dans une certaine fac parisienne ou je suis censée me spécialiser en études japonaises. Je fais des collages et du mannequinat à mes heures perdues.
La raison de ma venue ? Il y a des moments où l'on aimerait avoir a minima un point d'équilibre dans nos petites existences, et sur le plan relationnel et affectif je dois bien admettre que la mienne est assez chamboulée. Je suis heureuse de voir qu'il y a des endroits où l'on peut discuter de l'asexualité avec les personnes concernées, alors je vais me livrer à la confidence sur un point qui me pèse.
Je me suis posée pour la première fois la question de mes préférences et de mon orientation il y a 4-5 ans; peu ou prou mon entrée à la fac je dirais. Jusque là, je m'en fichais à 100% et je me disais "tu as encore le temps de voir venir" (quoi, au juste, mystère et boule de gomme). Jusqu'à présent je ne suis jamais sortie/eu de relation avec quiconque je ne me suis jamais sentie proche de quelqu'un autrement que sur le plan amical. Je me sens juste... détachée. Pas concernée, étrangère à tout ça. Limite gênée quand un ou une ami(e) raconte ses histoires de coeur/fesses. J'ai aucun référentiel pour compatir ou donner des conseils, sur aucun point, et pourtant j'ai deux trois potes comme ça où je fais la psy de temps en temps. Quand je dis que ma vie sentimentale est un vaste désert, ça se marre gentiment ; "mais t'es adorable, il y a forcément quelqu'un qui en pince pour toi !"... Soit.
Je n'ai pas la vie sociale la plus exubérante qui soit (avec moi, c'est plutôt un pisse-mémé et au lit à 22h), mais s'il y a bien une chose qui me hérisse en soirée, c'est quand on me drague. Même si heureusement je suis nulle pour capter les signaux et ... entrer dans le "game" ? c'était pas génial et plutôt navrant, je me sentais plus gênée pour la personne en face qu'autre chose. A savoir qu'au vu de ces expériences qui se compte sur les doigts d'une main j'attirerais plutôt la gente masculine.
Bon, comment approcher le noeud du problème et aborder ce qui me chiffonne ? J'ai un bon ami à la fac, appelons le E. Il n'est pas de région parisienne comme moi et le weekend il rentre souvent chez lui quelque part en Normandie. On traîne ensemble depuis 4 ans et on a cette année eut l'idée un peu folle de poursuivre en Master (tous nos autres amis de licence ont arrêté - expression remarquable de leur instinct de survie ?).
Donc E. et moi, on est tels deux survivor entre désoeuvrement et phases d'apitoiement sur ton de "mais qu'est-ce qu'on va devenir, pourquoi avoir choisi la recherche ?", et même si on a moins de cours, on se voit systématiquement 3/4 fois dans la semaine - là où avant c'était 1 à 2 fois en speed, entre deux cours en commun et une micro pause-déjeuner. Il nous arrive fréquemment de sortir, balades ou musées (on adore marcher et on a la chance d'étudier à Paris, c'est pas mal pour la vie culturelle) et globalement il y a un bon feeling, bien qu'on soit radicalement différents dans nos attitudes : je suis très introvertie, j'ai tendance à beaucoup intériorisé et lui c'est une boule d'exubérance qui carbure à mille personnalités de l'heure, le genre dont les deux passions sont le karaoké et les rivières (de préférences celles où l'on peut se baigner à poil incognito), qui adore chanter dans la rue des vieux standards japonais et lancer des choses sorties de nulle part. Depuis nos débuts sur les bancs de l'amphi il continue de me faire rire à chaque fois qu'on se parle.
(mon message commence à devenir super long, please bear with me, j'ai la fâcheuse tendance à tricoter...)
Donc on a notre routine de potes, à base de: coucou ça va (jamais de bises ni rien)/relou ces cours/ça te dit on bouge?/papotage/glandages variés/bisous, rentre bien à demain(lundi si c'est vendredi). Comme c'est sûrement mon meilleur ami, je connais plein de petits détails sur lui, mais rien de sa vie sentimentale en général. Ca n'a pas l'air de l'intéresser : on s'est vu le 14 février (ahah), une amie nous a invité au vernissage d'une expo qui versait joyeusement entre lgbt et féminisme (je me souviens d'une oeuvre qui incluait des sex toys), on s'est regardé et on a dit "bof" de concert. Bon comme ça ça ne veut rien dire de spécial, c'est sûr.
Après, mais ça remonte à trois ans je crois, j'ai déjà dormi une fois avec lui, il m'avait juste fait une place dans son lit car j'étais bloquée à Paris à cause de la neige (quelle blague) et ça aurait pu être comme une pyjama party standard. La deuxième alors qu'il était en échange et moi en voyage au Japon et qu'il m'a logé une semaine dans sa piaule tokyoïte où on dormait dans deux futons côte à côte. Durant cette semaine, on est sorti une fois, on a bu un peu et dansé beaucoup (ou l'inverse au choix) et une fois chez lui ça s'est juste fini en "jeu de main jeu de vilain" mais vraiment rien de plus, c'était très gamin, parce qu'on a tous les deux tendances à être tactiles quand on est éméchés (alors qu'en temps normal pas trop).
Bon, deux ans, trois ans, ça remonte et depuis notre relation est toujours aussi amicale et complice. Je ne sais pas si E. à un copain ou une copine, même si je soupçonne une copine normande, une fille qui apparaît souvent sur ses photos, que je connais de nom seulement (c'est aussi une fille qui est venu au Japon et ils ont pas mal bourlingué ensemble durant son séjour, notamment camping sauvage et baignades naturistes dans des rivières).
Quand E. était en échange en 2018-19, j'ai vraiment ressenti son absence, mais depuis son retour en septembre dernier, j'ai l'impression de penser beaucoup plus à lui (peut-être car on se voit beaucoup plus ?) et j'ai du coup vraiment envie de passer plus de temps avec lui. Même dit comme ça, c'est étrange et c'est pas exactement ce que je ressens vraiment au fond. C'est plutôt une sorte de besoin d'être à ses côtés, rien que le fait de se promener côte à côte et de partager des choses me fait du bien. Aucune attirance sexuelle. Alors oui, je le trouve beau, j'aimerais juste pouvoir être dans ses bras, le serrer contre moi me suffirai déjà (ô combien !), en soit je n'aurais rien besoin de plus. Mais c'est déjà monté d'un cran dans une échelle d'intimité, c'est chercher une connexion physique (... romantique ?) là où il y a déjà une connexion ... intellectuelle...? J'ai du mal à mettre des mots là dessus, et encore plus de mal à envisager de lui communiquer ça, je ne souhaite pas non plus que ça nuise à notre amitié.
J'ai aussi spéculé sur le fait qu'E. aussi soit asexuel, ce qui pourrait à la fois aider comme, au contraire, ne pas faire plus avancer le schmilblick.
En gros, ne pas vraiment savoir si ce sont des sentiments, ne pas vraiment savoir comment exprimer ces sentiments.Ouf ! j'espère que c'est digeste et compréhensible, et que ça rend compte des mes interrogations et mon embarras.
En attendant, je ne regrette pas de m'être inscrite ici et j'ai hâte de vous lire, mais aussi dans la mesure du possible de répondre et d'apporter ma petite contribution. J'ai déjà lu pas mal ici et je me retrouve dans certains profils, certaines expériences et ça m'a fait quelque chose de voir que certains mettent des mots très justes sur des points auxquels je m'identifie assez.
Bises à ceux qui me liront ♥
), mais il existe des discussions sur le sujet dans le forum. Tu trouveras peut-être des pistes.
