Je m’appelle Klervi (mais la plupart des gens m'appellent Kia) et j’ai 15 ans.
Je me suis rendue compte il y a quatre mois que je suis asexuelle et je n’en ai encore parlé à personne.
J’ai vécu les cours d’SVT de 4e sur les rapports sexuels et la contraception et les intervention de l’infirmière sur la sexualité comme une véritable torture, car on nous répétait qu’il n’y avait pas de honte à parler de sexe puisque c’était quelque chose de normal et naturel, sauf que je ne me sentais pas concernée par la sexualité, je n’en comprenais pas vraiment l’intérêt.
C’est à cette période-là que j’ai commencé à ressentir un malaise face à ça, qui s’est ensuite accentué en 3e lorsque mes amies commençaient à avoir leur premier copain et à parler de sexualité. Ce malaise se transformait en mal-être lorsqu’elles me demandaient mon avis, je leur répondais alors que je verrais quand je serais en couple, que pour l’instant je me consacrais à mes études.
J’ai passé deux ans comme ça dans le flou total, à me demander ce que j’étais, s’il y avait quelque chose qui clochait ou non.
C’est finalement en octobre que j’ai pu mettre un mot sur ma nature, que je me suis rendue compte que je n’étais pas un cas isolé. Et ce qui est assez triste dans l’histoire, c’est que je l’ai découvert totalement par hasard.
J’ai toujours été curieuse, je lis énormément, je m’intéresse à presque tous les sujets possibles et imaginables, sauf que les livres ne suffisent pas toujours pour combler ce qu’on pourrait appeler une soif de connaissances. Il m’arrive parfois d'utiliser le mode aléatoire de l'application Wikipédia qui permet de se voir proposer des pages que l’on aurait pas cherché spontanément ou dont on ignore simplement l’existence. C’est exactement ce qu’il s’est passé avec la page sur l’asexualité. Je l’ai donc lu et j’ai pu enfin mettre un mot sur ma nature, ce qui m’a permis en quelque sorte de soulager ma conscience, de me libérer de ce poid qui m’oppressait et de me dire que je n’étais ni anormale, ni déficiente, ni toutes ces choses que j’avais pu avoir à l’esprit.
En y réfléchissant, mêmes si les cours d’éducation sexuelle n’étaient pas très agréables pour moi, je pense qu’ils m’ont permis de comprendre qu’il existait un sentiment qui s’appellait désir sexuel que les autres personnes autour de moi ressentaient mais moi non. Sans cela je n’aurais peut-être jamais eu conscience de l’existence de ce sentiment.
Mais ce qui m’attriste le plus, c’est que durant ma scolarité, je n’ai jamais entendu le mot asexualité dans une salle de classe, et je trouve ça bien dommage, ça aurait sûrement éviter que je passe deux ans dans le flou. Et je pense ne pas avoir été la seule dans ce cas-là.
Mes parents sont très ouverts d’esprit mais très mal informés sur les différentes orientations romantiques et sexuelles. Ma mère commence à me parler de prendre la pilule, pour l’instant je lui ai dit qu’avoir des relations sexuelles ne m'intéressait pas mais je ne sais pas encore comment lui annoncer que je suis asexuelle. Je ne m’inquiète pas vraiment pour ça, je sais que je trouverais les bons mots.
Si je n’ai encore jamais parlé de mon asexualité à quiconque, c’est que je n’étais pas tout à fait prête à me heurter aux probables incompréhensions et intolérances des gens.
Il y a quatre mois, j’avais peur de ne jamais vivre de relation amoureuse, de passer ma vie seule.
Aujourd’hui je vis au jour le jour, si je rencontre quelqu’un j’aviserai, je n’ai plus de raisons d’avoir peur.
À ma connaissance, il n’y a aucune personne asexuelle dans mon entourage, et je ressentais le besoin de communiquer avec des personnes dont j’étais sûre qu’elles me comprendraient.
Voilà pourquoi je poste ce message.
Ce forum m’a beaucoup aidée, votre présence est vraiment très rassurante. Je vous remercie du fond du cœur de partager votre expérience et de vous battre pour nos droits. J’espère pouvoir annoncer mon asexualité à mon entourage dans de bonnes conditions et les sensibiliser à la cause asexuelle.
J’en ai fini avec ce roman-message
Merci de l'avoir lu ❤
Kia