Raconte-moi une légende

Installez-vous confortablement et venez nous raconter toutes vos histoires extraordinaires, même si elles n'ont rien à voir avec l'asexualité.
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Baelfire
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Raconte-moi une légende

Message par Baelfire »

Envie de nous faire rêver et voyager ? Venez nous raconter des légendes et histoires, tel père Castor. Que ce soit vrai ou faux peu importe. L'essentiel est d'imaginer...
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Baelfire
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Re: raconte moi une légendes

Message par Baelfire »

Cette histoire se passe sur Belle Ile en Mer dans les landes de Kerlédan.

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Si vous vous promenez pendant vos vacances, vous rencontrerez deux pierres dressées – deux menhirs. Elles sont distantes de quelques centaines de mètres – n’allez pas croire les cartes postales qui les montrent assez prés l’une de l’autres, elles sont truquées car leur sort en a voulu autrement. Ces deux pierres pourtant si loin semblent vouloir se réunir. Elles sont le triste témoignage visible d’un amour interdit : celui de Jean et de Jeanne.

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L’histoire nous ramène à l’époque où la France se nommait la Gaule. Notre pays, géographiquement différent de notre époque, n’était pas encore envahi par les armées de Jules César. Une petite colonie de gaulois vivait un peu à l’écart du pays, sur l’Ile. Elle était pas très riche et principalement dirigée par les druides, seule communauté à avoir droit à la richesse. Les druides et les bardes se transmettaient la connaissance de père en fils, et pour se marier avec un de ses personnages, une femme devait être d’un rang assez égal.

A cette époque là, il y avait sur cette île, deux jeune gens qui se nommaient Jean et Jeanne. Ils se connaissaient depuis leur tendre enfance et ils s’aimaient. Jean était fils de barde et barde lui même. Il était issu d’une famille riche. Mais les deux seules choses qui comptaient pour lui c’était de chanter la nature, la mer et la gloire des guerriers celtes et bien sûre son amour pour Jeanne.

Jeanne était la fille de bergers. Elle n’avait aucune richesse et aucun rang. Elle passait sa vie à garder les moutons et à préparer les fourrures pour se protéger du froid de l’hiver. La seule liberté qu’elle se permettait, était de retrouver son bel amoureux au bord de la mer et de l’écouter chanter. A ses yeux, Jean était le plus beau et le plus merveilleux des hommes. Ils se marieraient dans un futur proche, ils se l’étaient promis.

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Jean, jeune homme insouciant, parla de ses projets d’union à son père. Il n’imagina point la réaction de celui-ci et la suite de l’histoire.

Le père, furieux du projet de son fils, alla rapporter les confessions de Jean aux druides les plus anciens de l’île. Cela mena la colère des anciens qui ne tardèrent à réunir le conseil des druides. Après longue discussion, ils se mirent tous d’accord qu’il était hors de question que Jean, fils de barde, prenne comme épouse une fille de berger.

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Le père de Jean lui rapporta le jugement des druides. Jean n’en tint pas compte. Il continua à voir Jeanne au bord de la mer ou dans les landes de Kerlédan. Une nuit de pleine lune, Jean demanda à Jeanne de le retrouver dans les landes pour lui soumettre une idée. Jeanne sortit sans bruit de la hutte de ses parents, se glissa dans la bruyère et rejoignit son bel amour. A la vue de celui-ci au sommet des landes, elle se mit à courir vers lui. Mais voilà que ses jambes restèrent figées et devinrent lourdes. Elle les regarda et vit que sa chair se transformait en pierre. Elle voulu appeler Jean en criant sa détresse mais aucun son ne sortit de sa bouche. L’ensemble de son corps était devenu rocher. Jean vit que quelque chose arrivait à sa bien aimée. Il voulu la rejoindre mais il ne put bouger. Son corps se changea aussi en roche. Chacun d’eux était devenu rocher. Ils pouvaient se voir mais plus jamais se rapprocher de l’un l’autre et ils ne pouvaient plus jamais se parler.

Les druides, sous le coup de la colère par le refus des jeunes amants, décidèrent de les punir en les transformant en pierres dressées. Ainsi les deux jeunes gens seraient visibles des autres à tout jamais, leur montrant ce qu’ils risquaient si ils mettaient les druides en colères. Comme ils n’avaient pas le pouvoir de le faire eux même, ils chargèrent la sorcière du pays de Bord-Groa de cette mission.

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Jean et Jeanne étaient donc devenus deux menhirs pour l’éternité. Ainsi se termine cette triste légende. Mais une autre version lui donne une fin moins sévère. Une fée qui s’aperçu de leur triste sort, décida d’intervenir.

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Elle ne pouvait pas détruire le maléfice de la sorcière mais elle pouvait l’atténuer. Elle fit en sorte que chaque nuit, les deux amants puissent se rejoindre, en restant de pierre, et s’aimer jusqu’au petit jour. A la levée du jour, ils devaient avoir regagné leur place. Ainsi chaque nuit les deux pierres amantes se rejoignent et l’on dit, dans la région, qu’ils donnèrent naissances à de nombreux enfants : les alignements de Carnac.

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Nannerl
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Re: raconte moi une légendes

Message par Nannerl »

Bien que triste, c'est une légende super belle Baelfire :)

La mienne se passe en Alsace.

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A l'ère où la mer recouvrait, du moins encore en partie l'Alsace, un homme et son fils habitaient sur la colline du Buehlberg.
Au pied de leur château s'étendait un lac. Et dans ce lac vivait une famille assez spéciale: des ondins et des ondines. L'une des filles se distinguait par sa grande beauté, par "ses yeux", qui ressemblaient à deux diamants et fascinaient ceux qui s'approchaient de l'eau. La nuit, quand elle venait sur les bords du lac, on les voyait de loin, ces deux yeux magnifiques qui brillaient, dans l'obscurité, d'un éclat incomparable, comme deux étoiles au firmament.

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Naturellement, tous les garçons d'alentour rêvaient de l'ondine aux yeux "étoilés". Mais, pour conquérir la belle, il fallait la séduire, ou alors la capturer, et, donc s'aventurer sur les eaux profondes et dangereuses de son domaine. Et chacun, à défaut de pouvoir contempler à son aise les yeux de l'ondine merveilleuse, se contentait de regarder le ciel et les étoiles…

Le plus amoureux de tous ces soupirants transis était le fils du pêcheur… chevalier de la gaule. Un jour, n'y tenant plus, il se fabriqua une sorte de barque. Et, vogue la galère! Il partit à la conquête de la belle ondine. Il finit par la rencontrer, mais elle s'enfuit à son approche. Il la poursuivit, la rattrapa et une lutte s'engagea. Hélas, au cours de celle-ci, le garçon sans le vouloir, perça de son trident les yeux ensorceleurs.

Il n'eut pas le temps de s'apitoyer : déjà, le père ondin, rempli de colère, s'élançait dans l'eau pour venger sa fille. Il nagea si furieusement qu'il souleva une terrible tempête dont les hautes vagues brisèrent la digue du lac. Alors, les flots tumultueux s'écoulèrent rageusement vers l'Ouest, franchirent la Trouée de Belfort, envahirent la vallée du Doubs et gagnèrent la Méditerranée. Depuis cet exploit, digne des Titans, la Largue coule doucement dans son aimable vallée sundgauvienne, que noyaient jadis les eaux du lac. Il paraît qu'en prêtant l'oreille, on entend, parfois, la gentille rivière murmurer une chansonnette où revit le souvenir de la belle ondine aux yeux brillants comme des étoiles.

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Muriel Evelyne
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Re: Raconte-moi une légende

Message par Muriel Evelyne »

Hé bien le voilà notre topic sur les légendes :)

J'en raconte une ce soir qui va vous faire rêver (enfin j'espère) et donner envie de venir vérifier l'info car c'est en partie possible... Ben quoi, fait bien ménager le suspens un peu ;)
"La différence entre ce qui est impossible et ce qui est possible est la mesure de la volonté de l'homme."

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Ramón

Re: Raconte-moi une légende

Message par Ramón »

Pour continuer avec le régional, une légende de l'Artois, nos voisins (je suis de Douai, Flandres romane, nous ne sommes pas pareils), qui reprend des légendes traditionnelles franco-germaniques (gauloises quoi) sur les chevaux blancs et les eaux. "La blanque jument de Samer" is in da place.

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Juste une photo de "nos" bourrins que nous adorons, mais aussi pour constater que Nicolas Sirkis était un cheval avant.

Il y a fort longtemps, au pays de Samer comme dans bien d'autres contrées, sévissait un mal bien connu sous le nom de peste. Ô combien ce genre d'afflictions étaient imputées aux puissances maléfiques, notamment au Diable. Et ô combien ils étaient nombreux ceux qui pensaient que les actes de piété leur apporteraient la guérison.
A cette époque, un ermite est passé par Samer et il a demandé à voir la personne qui s'occupait de la paroisse.

Cet ermite a ainsi annoncé que pour guérir il fallait se rendre à Preures pour y prier Saint Adrien dans une chapelle dédiée. Mais pas n'importe comment, à pieds nus. Ce qui n'arrangeait pas vraiment une population affaiblie par la maladie. Mais l'enthousiasme les a gagné tout de même, et ils se mirent en route.
Au bout de quelques temps, les malades commençaient à maugréer, pensant être dupés.
C'est à ce moment qu'est apparu une jument blanche comme la Lune au détour d'un chemin.

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Une arrivée crinière dans le vent

Nombreux y virent un bon présage. Celui de pouvoir arriver plus rapidement à Preures.
Se confrontent ceux qui pensent qu'il faut continuer à pieds, respectant ainsi les paroles de l'ermite, et ceux qui y voient cet heureux présage.
C'est alors que la belle jument proposa sa croupe aux pèlerins, dont sept ont pu la monter sans aucune difficulté car sa croupe s'agrandissait, signe manifeste que c'était une jument divine.
Celle-ci s'élança alors au devant de la colonne de pèlerins qui continuaient à pieds. Jusqu'à ce qu'elle disparaisse du regard.

Peu de temps après, l'auguste équidé réapparu allégé de son fardeau.
Alors, de nouveaux pèlerins la montèrent, et de nouveau sa croupe s'est agrandie de manière à pouvoir accueillir sept personnes.
Et la voilà repartie au loin.

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Un petit dessin

Un pèlerin, plus vigoureux que les autres et en avance sur le chemin voit passer la jument mais constate qu'au lieu de suivre le chemin de Preures, celle-ci bifurque vers une forêt.
Il s'y dirige, et voit alors la jument plonger dans la rivière avec ses cavaliers. Elle jaillit alors sans eux, et était revenue à sa taille normale.
Apeuré, le pèlerin retourne vers ses compagnons d'infortune en les prévenant du côté diabolique de ce cheval. D'un même souffle, ils décidèrent de s'armer pour aller la tuer. Quand ils la retrouvèrent, elle s'enfuit avec un hennissement moqueur.

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"Tellement LOL ces pèlerins !"

Il se dit à Samer que la jument est revenue souvent, et qu'elle a pris de nombreux passants ignorants avec elle. Passants que jamais l'on a revu.
Il se dit surtout qu'il faut plutôt la flatter et la nommer Epona, déesse gauloise des cavaliers, "La Grande Jument" et de lui donner tout le respect qui lui incombe, et non pas s'en servir comme une bête de somme. Les Déesses et Dieux ne sont pas là pour supporter les fardeaux à la place des humains, après tout.

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"Bonjour, je suis la jument Epona. Tu sais ? La jument des Petits Malins. C'est moi !"
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Muriel Evelyne
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Re: Raconte-moi une légende

Message par Muriel Evelyne »

Merci à tous pour ces belles légendes ; chaque région a son originalité et c'est ce qui en fait le charme. Mr.Nya, tu dessines bien :)

A mon tour de vous raconter une légende rennaise, celle de la belle dame du cimetière. Elle se prénommait bien Philippe Hélène et non pas Philippa comme je l'ai longtemps cru, le prénom de Philippe étant resté mixte jusqu'au milieu du dix-neuvième siècle.

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La sépulture de la belle dame au cimetière du Nord à Rennes, Ille-et-Vilaine, Bretagne.

Le cimetière du Nord à Rennes, ou sont enterrés mes grands-parents et mes arrière-grands-parents, est le plus ancien de la ville puisqu'il a été mis en service en 1789. On y trouve donc des tombes très anciennes dont vingt-quatre ont une histoire peu banale.

Là se trouve la tombe de Dame Philippe Hélène de Coëtlogon, épouse de René de Coëtlogon, vicomte de Mejusseaume, gouverneur de Rennes au cours du XVIIème siècle. La légende dit qu'elle était connue pour sa réputation de grande bonté et de générosité. De plus, avec une belle sensibilité que l'on retrouve peu à ces époques d'antan, elle se tenait très éloignée des "bois de Justice", c'est-à-dire que lorsqu'on montait un échafaud en vue d'une exécution capitale, elle se tenait le plus éloignée possible de la ville pour ne pas y assister et passait son temps le jour même à prier pour l'âme du condamné. Pour ceux d'entre vous qui penseraient que le condamné, ça lui faisait une belle jambe, être à l'époque contre la torture et la peine de mort n'était pas chose banale, les gens se précipitant plutôt sur les lieux des supplices pour voir souffrir leurs semblables. Philippe Hélène avait beau être l'épouse du Gouverneur, en tant que femme elle n'avait aucun pouvoir personnel et ne pouvait rien, à part visiter les malades dans les hôpitaux et donner à manger aux pauvres de la paroisse. La légende ajoute qu'elle était une amoureuse de la vie qui aimait les Arts et les belles choses, la nature, les bals et la bonne table, et qu'elle était très belle.

A sa mort en 1677, pendant le règne de Louis XIV donc, pour donner une idée de l'époque à ceux qui ont peu de notions d'Histoire, elle fut inhumée dans la chapelle des Carmes à Rennes. Lors de la démolition de cette chapelle en 1798, soit cent vingt-et-un ans plus tard, son corps fut retrouvé intact et transporté au cimetière du Nord. De tout temps, les gens ont eu besoin de croire au merveilleux. La ferveur populaire s'empara donc de l'événement et comme à l'époque on était plutôt chrétien genre bigot, ce que la révolution française de 1789 n'avait pas réussi à effacer, on en fit une sainte. A l'époque païenne, on en aurait fait une déesse...

Je connais la tombe de Philippe Hélène depuis mon enfance, depuis que mes grands-parents maternels m'ont raconté l'histoire de la belle dame. Pittoresque et voûtée de lierre, on la trouve dans la huitième section du cimetière du Nord. On l'appelle la tombe de la sainte aux petits pochons depuis qu'une curieuse pratique s'y est instaurée : les malades ou les parents et amis de ceux-ci y prélèvent une pincée de terre qu'ils enferment dans de petits sachets suspendus au bout d'un cordon que la personne concernée doit porter à son cou jusqu'à sa complète guérison. Le petit pochon de terre est alors rapporté à la tombe, accrochée à la croix de granit recouverte de lierre jusqu'à ce que l'humidité et les intempéries aient fini de pourrir le sachet et le cordon qui le retient suspendu. La terre retourne à la tombe et peut servir à la confection d'autres pochons qui subiront le même sort à leur tour. Tout autour de la croix, des chapelets, des crucifix et autres pieux témoignages de toute sorte ont été posés là par des pèlerins anonymes. On voit même dans la verdure du lierre, qui étreint un laurier centenaire, des roses de céramique et des statuettes apportées là depuis fort longtemps.

L'épitaphe que je reproduis ici semble sortir du sol où elle est à moitié enfouie, et le plus curieux est qu'elle se trouve non pas à l'avant de la tombe mais à l'arrière :

Ici repose Dame Philippe de Coëtlogon, épouse de René de Coëtlogon, vicomte de Mejusseaume, morte le 14 décembre 1677, dont le corps fut trouvé intact en 1798 lors du percement de la rue des Carmes."

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Mais la légende ne s'arrête pas là. On prétend que les nuits d'automne, saison des fantômes en Bretagne et dans les religions celtiques, on peut apercevoir à la tombée de la nuit une forme blanche entourée d'un halo bleu très clair représentant la silhouette d'une belle dame du temps jadis avec ses très longs cheveux et sa robe dont l'ourlet balaie le sol. Elle attend près de sa tombe les âmes errantes du cimetière pour les conduire vers la lumière d'un au-delà merveilleux...

Il fait froid en ce dimanche de fin novembre 1994. Je suis allée au cimetière du Nord me recueillir sur la seule parcelle de terre qui m'appartienne, la tombe de mes bien-aimés. Il est presque six heures du soir, il fait nuit noire, le cimetière va bientôt fermer et je me hâte vers la sortie. Un jeune couple marche à quelques mètres devant moi. Tout à coup, le jeune homme s'exclame, l'air surpris :

" - Tu as vu ? Qu'est-ce que c'est que ce truc-là ? "

Une voix féminine effrayée lui répond :

" - Allons nous-en vite, j'ai peur !

- Tu ne veux qu'on aille voir ?

- Sûrement pas ! Je t'en prie, dépêchons-nous ! "

C'est alors que j'aperçois une forme blanche et floue près de la tombe de la dame de Coëtlogon, dont la description correspond vaguement à celle de son fantôme dans la légende. Je suis terriblement surprise. C'est la première fois que je vois ça de toute ma vie. Curieusement je n'ai pas trop peur, j'aurais plutôt envie de m'approcher pour en avoir le coeur net, lorsque je sursaute au contact d'une main sur mon bras. C'est une dame âgée à l'air complètement paniqué. Elle s'adresse à moi d'une voix presque suppliante :

" - Madame, vous voulez bien me raccompagner à la porte ? Je ne marche pas vite et j'ai trop peur ! "

Je sens sa main s'agripper à mon bras. Je la rassure :

" - Appuyez-vous sur moi, nous ne sommes pas loin de la sortie. "

Je la raccompagne jusqu'à son arrêt de bus en face du cimetière. Le bureau du gardien n'est pas encore fermé. Je frappe à la porte et lui raconte ce qui vient de se passer. Il a à peine l'air surpris.

" - Vous êtes au moins la dixième personne en trois semaines à me raconter quelque chose de ce genre. Vous me jurez que ce n'est pas une blague ?

- Ah ! parole d'honneur !

- Contrairement aux autres personnes, vous n'avez pas l'air effrayé.

- Je serais plutôt curieuse. Ma grand-mère me disait toujours qu'il ne fallait pas avoir peur des morts, qu'ils étaient moins méchants que les vivants. Je crains beaucoup plus les dangers réels comme les agressions et les accidents de toute sorte que le paranormal. Ma grand-mère disait aussi que la meilleure façon de n'avoir plus peur quand quelque chose nous effrayait était d'aller voir ce que c'était afin d'en avoir le coeur net.

- C'est ce que je pense aussi. Le cimetière ne ferme que dans un quart d'heure. On a le temps d'aller voir.

- Je vous suis. "

Quelques minutes plus tard nous sommes devant la tombe où le fantôme manifeste le caractère capricieux et imprévisible des fantômes, c'est-à-dire qu'il ne se montre pas. Par contre, nous remarquons sur le sol auprès de la tombe des bougies qui fument encore et n'ont pas dû s'éteindre depuis longtemps. J'apprends par le gardien qu'il a vu des gens se livrer à des espèces de cérémonies autour de la tombe, sans qu'il en comprenne le sens ou qu'il sache qui étaient les gens qui les pratiquaient. Tant qu'on a une attitude correcte et qu'on ne se livre à aucune dégradation, le cimetière est un lieu public et un espace de liberté. En tout cas ce soir-là, nous n'eûmes aucune réponse à nos questions.

Je ne suis pas une scientifique mais une rêveuse. Ce phénomène a probablement une explication logique mais curieusement je préfère croire à la légende. A propos des fantômes, je ne crains pas ceux de mes bien-aimés : ils ne peuvent pas me vouloir de mal. Pour moi s'ils existent ce sont des fantômes d'amour et penser que peut-être ils veillent sur moi me rassure...

Cela me rappelle une scène de ce livre du grand écrivain Colette "La retraite sentimentale", le cinquième et dernier de la série des Claudine et pourtant le moins connu. Claudine a perdu son mari Renaud qu'elle adorait. Elle habite une grande maison en pleine nature où elle entretient son souvenir. Un jour que son amie Annie lui rend visite, Claudine lui confie que certains soirs d'été lorsqu'elle marche sur la promenade autour de sa maison, il lui semble entendre le bruit des pas de Renaud derrière elle et qu'elle n'ose pas alors se retourner. Exclamation épouvantée d'Annie :

" - Mon Dieu ! Comme je vous comprends ! "

Et Claudine sourit en répondant cette phrase merveilleuse, émouvante et passionnée :

" - Non, vous ne comprenez pas, Annie : je n'ai pas peur de le voir, j'ai peur de NE PAS le voir. "
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Frejya
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Re: Raconte-moi une légende

Message par Frejya »

Oh génial! des légendes =D
J'en ai une que j'ai adoré lire quand j'étais petite, c'est la légende du rocher de Tombelaine, une petite île rocheuse de la baie du Mont Saint Michel.

La légende raconte que le roi Hoël avait une fille nommée Hélène, qui aimait passer ses journées sur les plages de la baie, à regarder la mer. Mais elle était convoitée par un géant ennemi de son père. Un jour qu'elle se promenait sur la plage comme à son habitude, elle vit un navire approcher de la côte. Curieuse, elle se rapprocha de l'eau, et soudain, le géant en sortit et l'enleva sur son navire. Elle se débattait mais le géant était bien entendu plus fort. le navire leva l'ancre et repartit en mer avec Hélène à son bord.

Le roi Hoël, prévenu de la capture de sa fille par le géant, envoya quérir de l'aide auprès du fiancé d'Hélène, afin qu'ils réunissent leurs armées pour aller sauver la belle Hélène.

Pendant ce temps, la nuit étant tombée, Hélène en profita pour se faufiler jusqu'aux barques de sauvetage et parvint à s'enfuir. Mais en Bretagne tout le monde sait que la baie du Mont Saint Michel est dangereuse et traîtresse. Le brouillard apparaît souvent soudainement, le sol truffé de sables mouvants et la marée, dont on dit qu'elle est aussi rapide qu'un cheval au galop peut très vite faucher le voyageur imprudent. Aussi, le brouillard recouvrait la baie en cette nuit, et Hélène, n'ayant aucune connaissance en navigation, ne put atteindre la côte. Elle découvrit néanmoins un amas rocheux et croyant avoir atteint e rivage, elle laissa sa barque et grimpa au sommet de la pierre. Mais c'est alors que la marée commença à monter, et quand Hélène se rendit compte qu'elle se trouvait sur une île et qu'elle devait repartir, elle découvrit que la barque avait disparu, emportée par les flots.

Au petit matin, le géant découvrit la disparition d'Hélène, et fou de rage, partit à sa recherche. Il atteint l'île, où Hélène trônait à son sommet, alors que la marée commençait à descendre. Apercevant son ravisseur, Hélène tenta de s'enfuir, mais ce dernier était beaucoup trop rapide. Alors, découvrant une petite caverne dans la roche, elle s'y réfugia. Le géant arriva jusqu'à sa cachette, et tenta de l'attraper, mais elle s'était réfugiée au plus près de la paroi, où même son bras de géant ne pouvait l'atteindre. Il tenta alors de la rassurer, de lui dire qu'il ne lui en voulait pas, mais Hélène ne répondit pas. Il lui promis alors bijoux et richesse, qu'elle serait une femme comblée avec lui, mais Hélène ne répondait toujours pas. Alors, pris d'une rage terrible, il la maudit et lui assura que si elle ne voulait pas quitter son antre, elle y pourrirait pour l'éternité, et, Hélène ne répondant toujours pas, il arracha un énorme rocher et s'en servit pour barrer l'entrée de la grotte. Puis il repartit vers son navire laissant Hélène seule, prisonnière de son refuge.

Le roi Hoël avait quand à lui rassemblé une formidable armée, et aux côté du fiancé de sa fille, partit en guerre contre le géant. L'armée traversa à pieds et à cheval la baie et rejoignit bientôt le navire du géant resté en panne sur le sable, en attendant que la marée ne remonte. S'en suivit un terrible combat, mais le jeune fiancé, dans sa fougue à vouloir venger Hélène, tua le géant. Pensant trouver sa bien-aimée, il s'élança sur le navire et la chercha partout mais en vain. Un signal retentit alors dans l'armée: la marée arrivait!

Remontant prestement sur son cheval, le jeune homme ordonna le replis vers la côte, mais les soldats, désorganisés par la peur, se retrouvèrent rapidement pris dans les sables mouvants. Dans tout ce chaos, le roi et le jeune prince finirent eux aussi prisonniers de la baie. Et alors que l'eau lui arrivait aux épaules, le jeune prince, désespéré, prit à son coup un sifflet au son doux, qu'Hélène lui avait offert lors de leurs fiançailles. Et il siffla, siffla, espérant que, où qu'elle soit, celle qui devait devenir sa reine l'entende, tandis que l'eau continuait à monter.

Hélène, quand à elle, tentait désespérément de quitter sa prison. De toute ses forces, elle essaya de repousser le rocher, mais elle n'avait pas la force du géant. Elle gratta la roche, à s'en casser les ongles, se lamentant, mais elle devrait rester prisonnière. C'est alors qu'elle entendit le son du sifflet, celui qu'elle avait offert à son bien-aimé. Elle sut alors qu'il était à sa recherche, et reprenant espoir, elle cria, hurla à s'en déchirer les poumons, afin de le guider jusqu'à elle. Mais personne ne vint jamais sauver la belle Hélène. Et depuis, les jours de brouillard, on entend toujours une mystérieuse lamentation, lointaine, fendre l'air. Les étrangers diront que c'est le vent, mais les habitants de la baie savent, eux, que c'est la complainte de la belle Hélène, qui, depuis sa tombe, attend toujours d'être secourue par son amour.

Et c'est ainsi que le rocher de la tombe d'Hélène devint le rocher de Tombelaine.
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Muriel Evelyne
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Re: Raconte-moi une légende

Message par Muriel Evelyne »

La légende des morgans

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Personne ne sait exactement à quand remonte cette légende mais elle se chiffre en siècles.

Le peuple des morgans vivait au fond des océans ou des eaux terrestres comme les lacs et les étangs, dans des cités magnifiques. C'étaient des elfes d'une exceptionnelle beauté aux pouvoirs fabuleux. Dans les campagnes, des lavoirs étaient aménagés à l'abri de grands arbres centenaires parmi les roseaux, près des étangs où flottaient des nénuphars. Il arrivait qu'un morgan aperçoive une mortelle lavant son linge et la retienne par un sortilège. Il surgissait alors du fond des eaux et n'avait aucun mal à la séduire par sa fascinante beauté hypnotique. Les conséquences en étaient que la demoiselle attendait un enfant qui naissait avec les mêmes pouvoirs que son père mais ne pouvait pas vivre comme lui à la fois sur terre et au fond des eaux et devait rester parmi les humains. Certains pensent que cette légende est née en partie du fait qu'à certaines époques être mère célibataire était très mal vu et qu'il valait mieux dans ce cas dire qu'on avait eu un enfant d'un morgan plutôt que d'un inconnu de passage ou d'un homme marié. Il reste cependant que ces fils de morgans ou fils du hasard avaient des personnalités souvent hors du commun, des dons de guérisseurs entre autres. Ils menaient une vie très libre quelle que soit l'époque, souvent à l'écart des autres humains, cachés en pleine forêt ; ils y avaient tout intérêt s'ils ne voulaient pas être accusés de sorcellerie et condamnés par ceux que pourtant ils soignaient...

Leurs animaux de compagnle étaient le corbeau, la chouette, le chat et le dragon. Les dragons ont aujourd'hui disparu, certains disent qu'il se cachent... J'aimerais bien en trouver un :-o

Les dons des morgans se transmettent une génération sur deux, d'un homme à une femme ou d'une femme à un homme, c'est-à-dire qu'un grand-père les transmettra à l'aînée de ses petites-filles tandis qu'une grand-mère les transmettra à l'aîné de ses petits-fils. Dans le cas où il n'y a pas de petits-enfants de sexe opposé, le don peut se transmettre à un des petits-enfants du même sexe et dans ce cas il est multiplié par deux. Si un descendant ou une descendante de morgan devait rester sans descendance, il ou elle peut transmettre ses dons à la personne de sexe opposé qui l'aura le plus aimé. La transmission du don dans ce cas passe par l'amour et si celui-ci est feint dans le but de l'obtenir, ça ne marche pas.

Chaque descendant de morgan ou de morgane hérite de trois formules qui prononcées au bon endroit, dans un coin secret de Brocéliande, au bon moment, la pleine lune, et avant qu'il atteigne l'âge de 40 ans, en font un être à part :

- La formule de guérison n'empêche pas d'être malade mais promet l'autoguérison de toutes les maladies dont la personne est atteinte, qu'elles soient graves ou bénignes, s'il s'agit de maladies naturelles. Elle ne peut rien contre les conséquences des accidents.

- La formule de jeunesse empêche la personne de vieillir physiquement au-delà de la quarantaine.

- La formule d'éternité permet de vivre jusqu'à 200 ans en bonne santé mais elle ne garantit pas des morts violentes comme par exemple une balle dans la tête ou le passage sous un poids lourd. Elle ne rend pas éternel (quoique après tout, si ça devait arriver il est à parier que les heureux veinards qui en bénéficieraient ne s'en vanteraient pas et s'arrangeraient pour changer de temps en temps d'identité). Imaginons un contrôle de police :

" - Vos papiers s'il vous plaît.

- Désolé mais je n'en ai pas : je suis né en 1640 et il n'y avait pas encore d'état civil. "

Le gars en question aurait intérêt à se barrer en vitesse s'il ne veut pas atterrir à Charenton ou pire encore... :mrgreen:

Il n'est pas du tout obligatoire pour un descendant ou une descendante de morgan de prononcer ces formules et dans ce cas-là elles seront sans effet et la personne en question aura la vie de monsieur ou madame tout-le-monde. Elle pourra cependant transmettre ces formules à un de ses descendants ou une personne proche de son coeur pour qui elles pourront fonctionner.

Désolée si la légende est sexiste mais l'ancêtre morgan est toujours un homme, jamais une femme. La fée Morgane par exemple, qui a eu son fils Mordred avec le roi Arthur son demi-frère, a protégé son enfant avec ses sortilèges mais n'a pas pu les lui transmettre.

Les morgans ont des dons de guérisseurs, de téléphathie, de télékinésie et de clairvoyance. Ils connaissent ce qu'on appelait autrefois "les secrets des simples", c'est-à-dire les propriétés bonnes ou mauvaises de chaque plante.

Les dessinateurs qui illustrent ce genre de légende doivent toujours être des hommes car ils ont tendance à ne représenter que les morganes, l'élément féminin du peuple des morgans, alors qu'il existe bel et bien des morgans hommes tout aussi séduisants que les morgans femmes.

Peut-être certains d'entre eux sont-ils induits en erreur par le prénom de Morgane la fée qui était elle-même UNE morgane, la plus grande et la première de toutes, reine de l'Ile d'Avalon, l'île aux pommes, la pomme étant un symbole d'éternité chez les Celtes.
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Re: Raconte-moi une légende

Message par Frejya »

Très intéressante cette histoire! Mais je pensais que Morgane était une déformation du nom de la déesse de la mort celte Morrigane (une sorte de Valkyrie qui parcourt la Terre à la recherche des morts sur un char tiré par des corbeaux). D'ailleurs dans Kaamelott c'est comme ça qu'ils la traitent puisqu'elle vient chercher Arthur pour l'emmener mourir sur l'île d'Avalon dans un épisode. Tout est lié en fait! x)
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Re: Raconte-moi une légende

Message par Muriel Evelyne »

Je tiens cette histoire de mes grands-parents qui étaient des conteurs. Morrigane et Morgane sont des personnages différents mais elles ont des points communs. Tout d'abord bénéfique aux temps lointains du paganisme, le personnage de Morgane a été transformé par la chrétienté médiévale qui avait du mal à accepter son rôle de guérisseuse enchanteresse à la sexualité libre. Le lien ci-dessous résume assez bien la situation. :)

https://morriganscave.wordpress.com/201 ... -morrigan/
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Re: Raconte-moi une légende

Message par Baelfire »

Et puis il y a tellement de versions de la légende. On confond souvent Morgane et Morgause aussi.

Quant à Kaamelott, malgré toute l'admiration que je porte au Dieu Astier, disons qu'il est quand même bien parti en free style :)

Pour ceux qui apprécient le monde Arthurien j'aime bien conseiller ce téléfilm qui me semble être le plus proche de la "véritable" légende Arthurienne. Quand au final tout prend la forme d'un immense complot politique ça amène une certaine réflexion. Et surtout là c'est narré par Morgane. Ca change

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Re: Raconte-moi une légende

Message par Frejya »

Le truc, c'est qu'il n'y a pas une légende arthurienne mais plusieurs, toutes différentes les unes des autres. Alexandre Astier a mixé pas mal des sources, en reprenant notamment l'histoire d'Arcturus, un soldat romain gradé qui est cité dans certaines versions. Je vous conseille la vidéo de ce youtubeur pour voir les différentes versions que l'on a de cette légende:
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Re: Raconte-moi une légende

Message par Baelfire »

Mc Gyver à Kaamelott ! Enorme !
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Re: Raconte-moi une légende

Message par Muriel Evelyne »

Peu importe que les faits soient vrais ou faux, la légende s'est transmise oralement au cours des siècles par les conteurs auprès de gens qui avaient besoin de croire au merveilleux avec leur coeur et pas leur raison. Mes grands-parents maternels étant des conteurs, disaient qu'il y avait toujours une part de vrai dans les légendes, ainsi celle de la Dame blanche de Trécesson :

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Parfois, autour des douves du Château de Trécesson, près de Paimpont, dans la forêt de Brocéliande, on voit une ombre blanche flotter, le fantôme d'une dame qui hante ces lieux... Voici son histoire :

Vers 1750, en automne, un braconnier embusqué dans le parc du château pour y attraper quelques gibiers, entendant des bruits et craignant d'être découvert, se cacha dans un arbre. Au bout du parc, dans la grande allée, un carrosse tiré par des chevaux noirs apparut. Des hommes, munis de pelles, suivaient...

Puis la voiture s'arrêta, une dame en descendit, poussée violemment par deux gentilshommes. Cette dame, vêtue de soie blanche, portant une couronne et un bouquet de fleurs, paraissait être une fiancée se rendant à son mariage. Mais son air était apeuré et ses yeux pleins de larmes.

D'un geste, ces princes ordonnèrent aux domestiques de creuser une fosse. La dame hurlait de terreur et suppliait ceux qu'elle appelait "ses frères" de la laisser en vie. "Vous nous avez déshonorés, Madame." Et ils la poussèrent dans la fosse qui fut rapidement recouverte de terre. Puis, tous s'éloignèrent.

Ne sachant quoi faire et affolé, le braconnier se précipita chez Monsieur de Trécesson et lui raconta ce qu'il venait de voir. Plein de doute, le châtelain se décida à se rendre sur les lieux. Mais cependant ce ne fut qu'à l'aube que lui et ses gens arrivèrent près de la fosse. Dès qu'ils eurent enlevé la terre et découvert la jeune dame, celle-ci ouvrit les yeux puis mourut.

Monsieur de Trécesson fit de nombreuses recherches pour connaître le nom de cette dame et pourquoi un sort si cruel lui avait été réservé. Mais elles furent vaines. Alors, il fit déposer le corps de la jeune fille dans la chapelle du château où il resta exposé jusqu'à la révolution.

Nul ne sait encore aujourd'hui qui fut cette dame et quel crime elle avait commis pour être ainsi suppliciée, mais peut-être cherche-t-elle à nous le dire en apparaissant régulièrement dans les brumes de Trécesson.
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Re: Raconte-moi une légende

Message par Nannerl »

Aaah les mythes de dames blanches ! J'en connais un d'Alsace aussi alors hop je vous le partage:

La demoiselle blanche de Carspach.

Il était une fois une belle jeune fille qui demeurait dans un château. Au cours d'une terrible nuit d'orage le château disparut complètement. Et depuis la demoiselle erre toutes les nuits dans les bois d'alentour.
Parfois, elle vient chanter tristement au bord de la fontaine. Puis se tordant les mains de désespoir, elle s'avance jusqu'au pied de la madone, tombe à genoux et disparaît sous terre en un éclair.

La journée, on peut entendre sa morne plainte : "O éternité, comme tu es longue, comme tu es longue..."

Quelle grande faute a donc pu commettre cette jeune fille, pour que son château fût ainsi détruit, pour qu'elle-même soit encore condamnée à de tels tourments ? Nul ne le sait.

Un jour, elle apitoya un homme de Hirtzbach, qui passait dans les parages, et le conduisit devant la lourde porte de fer d'un souterrain. Là, elle lui dit d'ouvrir, de pénétrer à l'intérieur, d'y prendre un trésor, sans craindre les animaux monstrueux qui en assuraient la garde : à lui, ils ne feraient aucun mal. Mais l'homme, pris de panique, s'enfuit aussitôt, cependant qu'un vent furieux s'élevait. La demoiselle blanche rattrapa le fugitif et, les larmes aux yeux, le supplia de s'emparer du trésor, après quoi elle serait délivrée de la malédiction qui pesait sur elle. Rien n'y fit. L'homme, de plus en plus épouvanté, s'échappa de nouveau.

Alors, la malheureuse se lamenta : "Maintenant, je dois attendre encore une fois que pousse ici un tilleul et que l'on fasse un berceau de son bois. Seul le premier garçon qui y dormira aura le pouvoir de me délivrer, quand il atteindra l'âge de trente ans !"

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