Bonjour Marion,
Merci pour votre message.
Je n'ai pas d'idée nouvelle à vous proposer.
Il me paraît cependant inévitable qu'en interrogeant une personne asexuelle, vous vous retrouviez à faire état de ce qu'est l'asexualité. Ce qui correspondrait aux
MarionD a écrit : ↑08 mai 2023, 08:13
personnes qui « évitent le sexe » pour des raisons diverses
Il y a bien peu de personnes qui reconnaîtront ne pas vouloir se plier aux injonctions sexuelles et vouloir éviter le sexe, à mon avis, en dehors de la communauté asexuelle. Les personnes asexuelles pourraient d'ailleurs vous parler pendant des heures du refus de la société d'accepter qu'il soit possible de ne pas avoir besoin d'une sexualité avec autrui.
A part nous, je pense qu'il n'y a certainement que des associations traditionnalistes (en particulier religieuses), des associations de parents qui peuvent militer contre les dangers de la pornographie et de l'hypersexualisation de la société pour les jeunes, des associations féministes... Dans les communautés religieuses traditionnelles (musulmans, juifs, cathos) vous trouverez certainement pléthore de personnes qui rejettent les injonctions aux rapports sexuels (mais seulement avant le mariage pour la plupart). Bref, il y a peut-être des associations qui luttent contre des pratiques sexuelles en particulier. Je n'en connais aucune à titre personnel.
Il y a cette pratique des "plans dodo" ou "cuddle buddy" qui peut éventuellement vous mettre sur la piste de personnes qui refusent de se plier à des injonctions aux rapports sexuels.
C'est de toute façon quelque chose qui est questionné par le féminisme aujourd'hui : doit-on du sexe dans un couple ?
Certaines personnes n'ont pas d'expériences sexuelles parce qu'elles ont des traumatismes psychologiques, d'autres souffrent de problèmes physiologiques (ex : vaginisme), et peuvent renoncer pour ces raisons à une sexualité avec autrui. Je crois que dans ces cas-là, c'est complètement en dehors d'un refus des injonctions ou de la pression sociale. Comme pour l'asexualité (qui par contre est une orientation sexuelle), avoir des relations sexuelles n'entre même pas dans l'équation du quotidien.
Dans ce cas-là, discuter avec nous comme avec ces personnes vous amènera plus à discuter des souffrances et discriminations qu'elles vivent au quotidien, qu'une revendication claire nette et précise du refus des injonctions et de la pression sociale.
Je me demande, en vous lisant, si vous cherchez :
- des gens qui veulent témoigner de la pression qu'ils subissent en voulant se soustraire à la sexualité
- des gens plutôt militants, revendicatifs.
- des gens qui veulent dénoncer, qui font la grève du sexe
- des gens qui vivent bien sans
- ou autre chose...
Voilà, je ne sais pas trop comment on peut vous aider.
Moi par exemple, je ne cherche même pas à refuser des injonctions aux rapports sexuels : je ne les ai jamais prises pour moi, et la pression sociale, je ne l'ai pas ressentie pour moi non-plus, je ne me suis jamais sentie concernée. Disons qu'il y a d'autres choses qui m'ont toujours parues beaucoup plus importantes, beaucoup plus graves et sérieuses. C'est en prenant conscience de mon asexualité que j'ai compris à quel point les rapports sexuels étaient importants pour le reste de la société, et que je vivais dans ma bulle. Les rapports sexuels me semblaient intéressants, vu ce qu'en disait les autres, mais quand au lycée on me parlait de camarades qui avaient couché ensemble, je pensais qu'ils cranaient, que c'était juste pour se vanter. Cela me paraissait tôt pour avoir des rapports. Il y a des pratiques sexuelles qui me dégoûtent, et cela ne m'encourageait pas à avoir des relations amoureuses tout court, parce que la pression, les injonctions que je ressentais, c'était que cela me paraissait comme une norme, j'avais l'impression qu'une fois en couple, je serais obligée de passer par des pratiques que j'abhorre. Je n'ai jamais été en couple pour d'autres raisons cependant que la peur d'avoir à faire face à la demande de ces pratiques sexuelles. Mais je ne me suis jamais sentie obligée, en dehors de cela, à avoir une sexualité. Je pense que les injonctions peuvent donc varier selon si l'on se voit avoir une sexualité seulement dans le cadre d'un couple ou en dehors, ou les deux.
Bon courage !