Recherche d'avis
Publié : 09 nov. 2011, 12:37
Je participe à un journal local que l'on appelle ''complainte d'un cerveau malade'', et qui réunit les articles les plus farfelus que l'on ait pu imaginer. Et pour la première fois, on m'a demandé de faire la une, donc de rédiger un article beaucoup plus loin. Comme je suis pas très douée pour l'écrit, et que je suis toujours avide de critiques....
Le fond n'est pas très intéressant, le style laisse à désirer, et la fin me déplait, mais pour l'instant je n'ai rien trouvé de mieux.... J'aimerais beaucoup avoir vos avis si vous avez le courage de tout lire!
Merci d'avance!
Quelle est la durée de vie d'un grain de raisin dans un hall de gare ??
Le cerveau humain privé de sommeil devient réellement passionnant. Après une nuit trop courte et 12h abrutissantes dans un train, le mien se met à faire de somptueuses découvertes. Tout d'abord, il faut s'étonner que bien que la plupart des personnes dorment dans le train et ce quelque soit l'heure, elles en ressortent toujours fatiguées. C'est vrai, le train est à la fois crevant et une berceuse effroyablement efficace. On dort comme des loirs dans des positions ahurissantes et improbables, et on en ressort sur les genoux. Comme si la SNCF avait installé dans ses sièges un dispositif pompant toute l'énergie du corps humain. Peut-être est-ce comme cela que les trains sont alimentés d'ailleurs ! Tout le monde croit qu'ils fonctionnent à l'électricité, mais qu'est-ce qui nous le prouve ?
Voici un bel exemple des idées saugrenues effleurant mon cerveau en manque d'oreiller. Après mes 12h de train, qu'elle chance, ce n'est pas encore fini, je dois attendre dans une gare 1h de plus pour pouvoir prendre le train suivant (encore deux heures enfermée dans un wagon, motivante perspective!). Je me suis assise dans un coin, pour attendre plus ou moins patiemment que mon train s'affiche enfin. Un voyageur passant par là a laissé tombé un gros grain de raisin noir. Je trouve ça étrange de manger du raisin dans une gare, mais là n'est pas la question... Mon cerveau s'est une nouvelle fois bloqué. Au lieu de constater la chute de ce grain puis de passer à autre chose, comme celui de beaucoup de personnes l'aurait fait, il est resté dessus : est-il plus ovale que rond ? Se sent-il isolé et seul loin de sa famille grappe ? A t'il été abandonné ou s'est-il volontairement échappé ? Est-il réellement noir ou plutôt bleu foncé ? A t'il eu mal en touchant le sol d'aussi haut ? Car ça doit être comme une chute d'un immeuble de 6 étages pour non, proportionnellement ! Voici un petit échantillon des questions saugrenues posées par mes hémisphères torturés.
Mais la question qui m'a le plus occupé est celle-ci : combien de temps ce raison va t'il rester intact ? Il faut savoir qu'il passait environ 4 personnes par minutes dans cette portion de gare. Donnée très importante s'il en est une ! A chaque personne qui passe, je retient mon souffle, attendant de voir si un pied se posera dessus. Aucun voyageur, contrôleur ou accompagnateur ne semble à première vue l'avoir remarqué, mais certains passent vraiment tout prêt et parviennent tout de même à l'éviter, simple question de chance ? D'autres ont un léger soulèvement d'un côté de la chaussure, comme s'ils voulaient éviter de poser totalement le pied par terre, en un geste d'évitement. A moins que ce ne soit simplement une légère déformation du pied qui les fait marcher ainsi. En tout cas, aucun ne s'est détourné pour l'éviter, ou n'a tapé dedans pour l'écarter. Aujourd'hui encore, j'ignore ce qu'il en était réellement.
Qui donc allait être l'heureux élu ? Serait-ce cet homme pressé, propre sur lui, très élégant, en costume, et qui pourtant fonce directement à McDonald ? (On parlera plus tard des clients de ce somptueux restaurant.) Ou bien cette jeune punk avec des talons compensés tellement haut qu'ils sont à la limite d'être des échasses ? Tout en continuant à fixer très attentivement le grain de raisin et les pieds des gens, la périphérie de ma matière grise s'est mise à analyser les personnes qui passaient.
Deux jeunes filles portant les mêmes chaussures sont passées. Sont-elles sœurs ou simplement deux amies ayant les mêmes gouts ? Qu'est-ce qui peut bien les avoir décider à porter le même jour la même paire de chaussure de la même couleur ? On dirait une créature à 4 pattes si on ne regarde que les pieds, car elles avançaient de plus dans un même élan, au même rythme, avec la même volonté. Comme si les quatre jambes étaient contrôlées par le même nerf. Fantastique ! Ne font-elle que marcher au même rythme, ou ont-elles également d'autres dons ? Télépathie ? L'une peut-elle écrire ce que l'autre pense ? Elles sont peut-être l'un des derniers spécimens de ces anciens hommes grecs, créatures à quatre jambes, quatre bras et deux têtes, avant que les dieux ne se décident à les séparer pour les obliger à rechercher éternellement leur moitié, les rendant ainsi moins puissants. Dans ce cas, elles seraient alors des âmes sœurs. Même si je n'y croit pas, l'idée me séduit.
Passe alors un groupe d'activistes qui s'arrêtent juste à côté de mon raisin. En repartant, au moins un marchera dessus, c'est obligé ! Ils portaient chacun une pancarte, bien que je n'ai pas retenu les messages. Il faut avouer qu'ils étaient écrits en Allemand, ce qui n'aide pas ma capacité mémorielle. Mais en restant là, ils empêchent quelqu'un d'autre de fabriquer du jus de raisin ! Qu'ils s'écartent ! Mon souhait sera exaucé quelques instant plus tard, et là, le plus improbable des miracles se produit ! Alors que de multiples paires de chaussures partent en tous sens, tournent les talons, s'écartent en cadence les uns des autres, toutes parviennent à éviter le raisin. Peut-être l'avaient-ils vu, aucune idée. J'en suis resté toute retournée de surprise.
Et voilà que l'horreur arrive. Une dame, très pressée apparemment s'approche du raisin. Ses orteils le frôlent, il s'élève dans les airs, rebondit contre son tendon d'Achille et part en vrille en direction du mur. Plus de peur que de mal, il est toujours intact ! Cet acrobate est incroyable, un véritable cascadeur, qui aurait pu survivre après une pareille chute ? Mais il devient inutilisable. Dans sa folie, la femme l'a déplacé à un lieu inaccessible. Seule une personne voulant passer à travers le mur aurait pu croiser sa trajectoire, mais je doute que Harry ou ses amis passent par ici... Que faire ??? Le mal s’empare de moi. Prétextant vouloir jeter un papier depuis longtemps en ma possession dans la poubelle face à moi, j'en profite pour faire rouler au passage mon raisin jusqu'au milieu de la place, à l'endroit où sa mort aura le plus de chance d'arriver. Assistance au suicide. Je suis, en France tout du moins, dans l'illégalité la plus totale. Mais la science doit parfois passer avant tout le reste, et il faut que je mène à bien cette expérience, avant que mon cerveau ne dépérisse. Il faut que je sache qui sera l'être qui ôtera la vie à cette pauvre sphère juteuse. Et combien de temps de vie il lui reste. Sinon mon cerveau ne s'en remettra jamais, pauvre organe torturé depuis longtemps inutilisable en cette fin de journée.
Le grain est noir. Et le sol gris. Cela a t'il une influence ? Si le raisin était blanc, ou le soir noir, son espérance de vie serait-elle la même ? Ou bien si le grain échappé était plus petit, car celui-ci est d'une taille plus que raisonnable ? Il me faudra sans doute faire d'autres expériences à l'avenir. Heureusement, je prend très régulièrement le train... Il faudra juste que je pense à acheter du raisin à chaque occasion.
Oh, peut-être que le bon se profile ! Voici un homme, dans les 50ans, qui doit partir pour un moment, ou alors avec toute sa famille qui a pris un autre chemin, l'abandonnant avec les valises. Toujours est-il qu'il pousse devant lui un magnifique chariot portant trois gros sacs pleins. Prolongeant mentalement les différentes trajectoires, j'en conclu que la roue avant gauche va inévitablement rouler sur mon ami. Mais la roue droite me gène la vue. Retenant la respiration, je me penche pour tenter d’apercevoir au plus tôt l'état du raisin. Plus qu'une foulée et il réapparaitra. Mais sous qu'elle forme ???
Incroyable. Il est encore et toujours intact. Son ange gardien est vraiment effroyablement doué. Privée de champ de vision, je ne sais si l'air expulsé par la roue l'a décalé avant qu'il ne se fasse écraser, ou si elle l'a frôlée et manquée de quelques millimètres. Ce raisin a beaucoup de chance. Je décide de l'appeler Poly, même s'il est théoriquement impossible de tirer une carte chance dans une gare, à moins de changer les règles ou de tricher, ce qui est l'une de mes grandes spécialité, mais c'est un autre problème... J'aurais pu l'appeler Monop également, mais je courais le risque que les gens le confondent avec un centre commercial. Ceci dit, l'expérience y est également possible ! Mais les facteurs ''enfants turbulents courants partout'' et ''multiples objets roulant'' influent sans doute sur l'espérance de vie du malheureux raisin. Il faudrait tenter le coup... Je ne vais pas avoir assez de temps pour essayer toutes les différentes versions de l'expérience. Si d'autres esprits tourmentés veulent m'aider, sachez que je vous suis d'avance reconnaissante!
Et voici que l'inévitable se produit. Mon train est annoncé. Heureusement d'ailleurs qu'un homme de grande taille me force à lever les yeux, croisant ainsi à la périphérie de mon regard le panneau d'affichage. Je dois quitter cette expérience avant qu'elle ne soit finie, le train est le dernier, je ne peux le rater, même pour la science ! Et mon cerveau se retrouve une nouvelle fois submergée par un flot d'action contradictoire : se déconnecter pour dormir tout en se vidant de son énergie vitale, ou continuer l'expérience en pensée. Il se décide à faire les deux, mon organe cérébral est très contrariant parfois...
Qui ôtera la vie de ce pauvre raisin ? Qui commettra le crime le plus atroce accompli dans cette petite gare ? Se poser ce genre de question est-il symptomatique ? Souhaiter la mort d'un innocent grain de raisin est-il le premier signe d'une psychopathie maladive, qui évoluera jusqu'à me transformer en tueur en série froid, calme et posé, dénué de tout sentiment et s'en prenant à toutes les proies passant à sa portée ? Dois-je consulter pour effacer cette envie ? Qualifier ce meurtre « d'expérience » est-il un autre signe, refusant de reconnaître par ce vocabulaire à quel crime atroce je suis en train de participer ?
Le cerveau unique de la créature à quatre patte pourrait se disputer avec lui-même, obligeant deux de ses membres à faire demi-tour et à repasser par l'endroit en question, afin de marquer sa colère. Les activistes se décideront peut-être à faire une manifestation, bloquant les trains, forçant la police à intervenir. Et le malheureux Poly se fera marcher dessus par un manifestant tentant de fuir les lacrymos, ou par un policier courant, matraque en l'air après l'un de ces activistes passionné.
Sera t'il encore là à mon retour la semaine prochaine ? Non, impossible, folie pure... La solution m'est alors apparue. C'est le personnel d'entretien le sadique meurtrier, qui d'un coup d'aspirateur-balai-géant fera disparaître ce pauvre Poly de la surface de la terre. Vengeance ! Jeunes raisins, attaquez-les !
Le fond n'est pas très intéressant, le style laisse à désirer, et la fin me déplait, mais pour l'instant je n'ai rien trouvé de mieux.... J'aimerais beaucoup avoir vos avis si vous avez le courage de tout lire!
Merci d'avance!
Quelle est la durée de vie d'un grain de raisin dans un hall de gare ??
Le cerveau humain privé de sommeil devient réellement passionnant. Après une nuit trop courte et 12h abrutissantes dans un train, le mien se met à faire de somptueuses découvertes. Tout d'abord, il faut s'étonner que bien que la plupart des personnes dorment dans le train et ce quelque soit l'heure, elles en ressortent toujours fatiguées. C'est vrai, le train est à la fois crevant et une berceuse effroyablement efficace. On dort comme des loirs dans des positions ahurissantes et improbables, et on en ressort sur les genoux. Comme si la SNCF avait installé dans ses sièges un dispositif pompant toute l'énergie du corps humain. Peut-être est-ce comme cela que les trains sont alimentés d'ailleurs ! Tout le monde croit qu'ils fonctionnent à l'électricité, mais qu'est-ce qui nous le prouve ?
Voici un bel exemple des idées saugrenues effleurant mon cerveau en manque d'oreiller. Après mes 12h de train, qu'elle chance, ce n'est pas encore fini, je dois attendre dans une gare 1h de plus pour pouvoir prendre le train suivant (encore deux heures enfermée dans un wagon, motivante perspective!). Je me suis assise dans un coin, pour attendre plus ou moins patiemment que mon train s'affiche enfin. Un voyageur passant par là a laissé tombé un gros grain de raisin noir. Je trouve ça étrange de manger du raisin dans une gare, mais là n'est pas la question... Mon cerveau s'est une nouvelle fois bloqué. Au lieu de constater la chute de ce grain puis de passer à autre chose, comme celui de beaucoup de personnes l'aurait fait, il est resté dessus : est-il plus ovale que rond ? Se sent-il isolé et seul loin de sa famille grappe ? A t'il été abandonné ou s'est-il volontairement échappé ? Est-il réellement noir ou plutôt bleu foncé ? A t'il eu mal en touchant le sol d'aussi haut ? Car ça doit être comme une chute d'un immeuble de 6 étages pour non, proportionnellement ! Voici un petit échantillon des questions saugrenues posées par mes hémisphères torturés.
Mais la question qui m'a le plus occupé est celle-ci : combien de temps ce raison va t'il rester intact ? Il faut savoir qu'il passait environ 4 personnes par minutes dans cette portion de gare. Donnée très importante s'il en est une ! A chaque personne qui passe, je retient mon souffle, attendant de voir si un pied se posera dessus. Aucun voyageur, contrôleur ou accompagnateur ne semble à première vue l'avoir remarqué, mais certains passent vraiment tout prêt et parviennent tout de même à l'éviter, simple question de chance ? D'autres ont un léger soulèvement d'un côté de la chaussure, comme s'ils voulaient éviter de poser totalement le pied par terre, en un geste d'évitement. A moins que ce ne soit simplement une légère déformation du pied qui les fait marcher ainsi. En tout cas, aucun ne s'est détourné pour l'éviter, ou n'a tapé dedans pour l'écarter. Aujourd'hui encore, j'ignore ce qu'il en était réellement.
Qui donc allait être l'heureux élu ? Serait-ce cet homme pressé, propre sur lui, très élégant, en costume, et qui pourtant fonce directement à McDonald ? (On parlera plus tard des clients de ce somptueux restaurant.) Ou bien cette jeune punk avec des talons compensés tellement haut qu'ils sont à la limite d'être des échasses ? Tout en continuant à fixer très attentivement le grain de raisin et les pieds des gens, la périphérie de ma matière grise s'est mise à analyser les personnes qui passaient.
Deux jeunes filles portant les mêmes chaussures sont passées. Sont-elles sœurs ou simplement deux amies ayant les mêmes gouts ? Qu'est-ce qui peut bien les avoir décider à porter le même jour la même paire de chaussure de la même couleur ? On dirait une créature à 4 pattes si on ne regarde que les pieds, car elles avançaient de plus dans un même élan, au même rythme, avec la même volonté. Comme si les quatre jambes étaient contrôlées par le même nerf. Fantastique ! Ne font-elle que marcher au même rythme, ou ont-elles également d'autres dons ? Télépathie ? L'une peut-elle écrire ce que l'autre pense ? Elles sont peut-être l'un des derniers spécimens de ces anciens hommes grecs, créatures à quatre jambes, quatre bras et deux têtes, avant que les dieux ne se décident à les séparer pour les obliger à rechercher éternellement leur moitié, les rendant ainsi moins puissants. Dans ce cas, elles seraient alors des âmes sœurs. Même si je n'y croit pas, l'idée me séduit.
Passe alors un groupe d'activistes qui s'arrêtent juste à côté de mon raisin. En repartant, au moins un marchera dessus, c'est obligé ! Ils portaient chacun une pancarte, bien que je n'ai pas retenu les messages. Il faut avouer qu'ils étaient écrits en Allemand, ce qui n'aide pas ma capacité mémorielle. Mais en restant là, ils empêchent quelqu'un d'autre de fabriquer du jus de raisin ! Qu'ils s'écartent ! Mon souhait sera exaucé quelques instant plus tard, et là, le plus improbable des miracles se produit ! Alors que de multiples paires de chaussures partent en tous sens, tournent les talons, s'écartent en cadence les uns des autres, toutes parviennent à éviter le raisin. Peut-être l'avaient-ils vu, aucune idée. J'en suis resté toute retournée de surprise.
Et voilà que l'horreur arrive. Une dame, très pressée apparemment s'approche du raisin. Ses orteils le frôlent, il s'élève dans les airs, rebondit contre son tendon d'Achille et part en vrille en direction du mur. Plus de peur que de mal, il est toujours intact ! Cet acrobate est incroyable, un véritable cascadeur, qui aurait pu survivre après une pareille chute ? Mais il devient inutilisable. Dans sa folie, la femme l'a déplacé à un lieu inaccessible. Seule une personne voulant passer à travers le mur aurait pu croiser sa trajectoire, mais je doute que Harry ou ses amis passent par ici... Que faire ??? Le mal s’empare de moi. Prétextant vouloir jeter un papier depuis longtemps en ma possession dans la poubelle face à moi, j'en profite pour faire rouler au passage mon raisin jusqu'au milieu de la place, à l'endroit où sa mort aura le plus de chance d'arriver. Assistance au suicide. Je suis, en France tout du moins, dans l'illégalité la plus totale. Mais la science doit parfois passer avant tout le reste, et il faut que je mène à bien cette expérience, avant que mon cerveau ne dépérisse. Il faut que je sache qui sera l'être qui ôtera la vie à cette pauvre sphère juteuse. Et combien de temps de vie il lui reste. Sinon mon cerveau ne s'en remettra jamais, pauvre organe torturé depuis longtemps inutilisable en cette fin de journée.
Le grain est noir. Et le sol gris. Cela a t'il une influence ? Si le raisin était blanc, ou le soir noir, son espérance de vie serait-elle la même ? Ou bien si le grain échappé était plus petit, car celui-ci est d'une taille plus que raisonnable ? Il me faudra sans doute faire d'autres expériences à l'avenir. Heureusement, je prend très régulièrement le train... Il faudra juste que je pense à acheter du raisin à chaque occasion.
Oh, peut-être que le bon se profile ! Voici un homme, dans les 50ans, qui doit partir pour un moment, ou alors avec toute sa famille qui a pris un autre chemin, l'abandonnant avec les valises. Toujours est-il qu'il pousse devant lui un magnifique chariot portant trois gros sacs pleins. Prolongeant mentalement les différentes trajectoires, j'en conclu que la roue avant gauche va inévitablement rouler sur mon ami. Mais la roue droite me gène la vue. Retenant la respiration, je me penche pour tenter d’apercevoir au plus tôt l'état du raisin. Plus qu'une foulée et il réapparaitra. Mais sous qu'elle forme ???
Incroyable. Il est encore et toujours intact. Son ange gardien est vraiment effroyablement doué. Privée de champ de vision, je ne sais si l'air expulsé par la roue l'a décalé avant qu'il ne se fasse écraser, ou si elle l'a frôlée et manquée de quelques millimètres. Ce raisin a beaucoup de chance. Je décide de l'appeler Poly, même s'il est théoriquement impossible de tirer une carte chance dans une gare, à moins de changer les règles ou de tricher, ce qui est l'une de mes grandes spécialité, mais c'est un autre problème... J'aurais pu l'appeler Monop également, mais je courais le risque que les gens le confondent avec un centre commercial. Ceci dit, l'expérience y est également possible ! Mais les facteurs ''enfants turbulents courants partout'' et ''multiples objets roulant'' influent sans doute sur l'espérance de vie du malheureux raisin. Il faudrait tenter le coup... Je ne vais pas avoir assez de temps pour essayer toutes les différentes versions de l'expérience. Si d'autres esprits tourmentés veulent m'aider, sachez que je vous suis d'avance reconnaissante!
Et voici que l'inévitable se produit. Mon train est annoncé. Heureusement d'ailleurs qu'un homme de grande taille me force à lever les yeux, croisant ainsi à la périphérie de mon regard le panneau d'affichage. Je dois quitter cette expérience avant qu'elle ne soit finie, le train est le dernier, je ne peux le rater, même pour la science ! Et mon cerveau se retrouve une nouvelle fois submergée par un flot d'action contradictoire : se déconnecter pour dormir tout en se vidant de son énergie vitale, ou continuer l'expérience en pensée. Il se décide à faire les deux, mon organe cérébral est très contrariant parfois...
Qui ôtera la vie de ce pauvre raisin ? Qui commettra le crime le plus atroce accompli dans cette petite gare ? Se poser ce genre de question est-il symptomatique ? Souhaiter la mort d'un innocent grain de raisin est-il le premier signe d'une psychopathie maladive, qui évoluera jusqu'à me transformer en tueur en série froid, calme et posé, dénué de tout sentiment et s'en prenant à toutes les proies passant à sa portée ? Dois-je consulter pour effacer cette envie ? Qualifier ce meurtre « d'expérience » est-il un autre signe, refusant de reconnaître par ce vocabulaire à quel crime atroce je suis en train de participer ?
Le cerveau unique de la créature à quatre patte pourrait se disputer avec lui-même, obligeant deux de ses membres à faire demi-tour et à repasser par l'endroit en question, afin de marquer sa colère. Les activistes se décideront peut-être à faire une manifestation, bloquant les trains, forçant la police à intervenir. Et le malheureux Poly se fera marcher dessus par un manifestant tentant de fuir les lacrymos, ou par un policier courant, matraque en l'air après l'un de ces activistes passionné.
Sera t'il encore là à mon retour la semaine prochaine ? Non, impossible, folie pure... La solution m'est alors apparue. C'est le personnel d'entretien le sadique meurtrier, qui d'un coup d'aspirateur-balai-géant fera disparaître ce pauvre Poly de la surface de la terre. Vengeance ! Jeunes raisins, attaquez-les !