les solitaires qui rêvent

[scatterbrain]

Bonjour, je suis nouvelle.

J'ai parcouru pas mal de messages mais dans l'ensemble vous semblez avoir trouvé votre place, certains ont des compagnons. Ce n'est pas mon cas ! Vous pensez que l'asexualité s'inscrit dans une personnalité générale de repli ? Je n'aime particulièrement être entourée, je suis très solitaire. Je ne m'aime pas trop mais je me tiens très bien compagnie ! Je retire parfois une fierté à n'être pas comme tout le monde mais il me semble que j'en souffre aussi beaucoup. Je fantasme toujours sur l'amour (pas physique) mais ça ne me concerne jamais, c toujours des personnages inventés.
Certain d'entre vous sont comme ça ? à délocaliser la vie dans un ailleurs inexistant, dans une histoire inventée perpétuelle, mais sans pouvoir jamais rien vivre de concret ?
Pire que tout, si j'imagine avoir une vie sexuelle ce serait sans doute pas avec qqun que je connais... si je devais faire ça, ça ne pourrait être qu'avec un parfait inconnu. ça m'angoisse, je me trouve vraiment dérangée.

[Jena]

Salut et bienvenue.

Tu n'es pas seule dans ce cas. Personnellement je ne me sens bien que quand je suis seule, je n'apprécie pas la compagnie des autres et je suis heureuse comme ça. Je peux passer des heures dans mon monde imaginaire.
J'ai été diagnostiquée schizoïde.

Tu n'es pas dérangée, juste différente.

[Truk]

Bienvenue.

Avoir un compagnon, des amis, des collègues, ça ne change pas grand chose. Devant le miroir de la salle de bain, tu te regarde toujours seul dans le blanc des yeux.
Au niveau de l'attirance physique je suis un peu pareil. Ce doit être un reste "d'instinct", mais devant une inconnue, la sexualité physique me fait envie. Mais dès que j'ai échangé trois mots, elle devient un individu a part entière, avec ses forces ses faiblesses. Et plus aucune envie ne pointe le bout de son nez.

Alors ne t'inquiète pas, ici, tu es la bienvenue et loin d'être dérangée.

[scatterbrain]

Vous voulez dire que vous aussi vous passez tous vos samedis soirs seuls avec un DVD, un livre ou votre musique préféré (j'écoute radiohead obsessionnellement depuis deux ans, ça aussi ça devient catastrophique).
Bizarrement je fais du théâtre ! mais parfois ça me pèse d'y aller et de devoir me confronter aux autres.

J'aime bien rencontrer qqun et parler parler parler... j'aime bien qu'on fasse attention à moi parfois, je peux devenir coquette, mais vraiment je me lasse très vite. Pareil que toi, Truk, une fois qu'on a parlé il m'est impossible d'envisager la sexualité, ça viendrait tout gâcher. Je ne parviens pas à appréhender et même à accepter de passer de sujet pensant et parlant à chose baisant. Je ne sais pas, je ne comprend pas comment on peut être sujet et objet. Où alors être totalement objet dans le cas de la personne inconnue (comme la prostituée en quelque sorte), mais pas les deux dans le cadre d'une relation équilibrée de couple. Je n'arrive pas à mettre les bons mots mais c'est hors champs pour moi, c'est un langage, une sphère inconnus. Je ne peux pas imaginer qu'on parle de choses et d'autres, qu'on voit un film et l'instant d'après on baise. Je ne vois pas le lien, c'est pas possible !

Mais parfois ça me fait ça quand je vois les gens manger ! ça papote et ça mastique en même temps, tous ensemble ! Manger devrait être plus intime.

[Aiyana]

je te ressemble un peu. je suis assez solitaire et je passe mon temps dans mon petit monde artistiques et imaginaire.
Je suis plutôt bien en général là-dedans, dans le genre que je préfère parfois cela à des sorties mondaines et vides.
Pour ma part, je crois que cette attitude est né dès l'enfance. Le sentiment d'être différente et d'avoir besoin de trouver autre chose
dans la vie m'a conduit à passer plus de temps seule avec moi-même qu'avec les autres.
Comme souvent les autres ne me comprennent pas et ne partagent pas mes passions, alors j'ai fait ce choix inconsciemment. Je me suis tournée
vers mes propres profondeurs, histoire de mieux me connaitre et puis avec le temps c'est devenue une habitude.
Alors t'inquiète pour tes samedis soir. Tu n'est pas la seule à passer du temps seule et ça ne fait pas de toi quelqu'un d'anormal pour autant.
Parfois c'est aussi une question d'affinité avec les autres. Moi, je réalise que je suis difficile dans mes relations avec les autres. J'ai beaucoup d'amis et de connaissances, mais très peu qui me rejoigne réellement sur le sens plus profond et avec qui je souhaite réellement passer de mon temps. Pour moi, il faut réellement que je sois interpellée pour quitter mon petit monde. Mais il m'arrive biensûr de faire exception et de faire un effort, histoire de ne pas trop devenir ermite et de garder un certain contact avec mon environnement.

[scatterbrain]

oui je comprends. Je fais aussi beaucoup d'efforts et j'ai rencontré des gens bien (au théâtre), mais je ne pourrais pas passé trop de temps avec non plus. Cela dit ils ont disparu de la circulation ce qui fait que je me retrouve vraiment seule. Je vis en colocation et je ne supporte pas cela (mais mon coloc non plus et on aura tenu très peu de temps ensemble !).
Pour être arrivée jusqu'à ce forum c'est que je suis vraiment pas bien en ce moment car je ne l'aurais jamais fait sinon. Je ne me cherche pas d'identité mais j'ai l'impression d'être en pleine mer et de toute façon, même si parfois je me rapproche du rivage je reculerai toujours vers le large.
Pourtant je suis très drôle comme fille... d'ailleurs ça, c'est sans le vouloir. Quand on est différent les gens le voient de suite ! et je les fais rire par mes remarques cyniques et complètement inattendues. C'est un plus que je cultive, pour autant, ce n'est pas ce que les gens cherchent. Ils font semblant mais ils retournent toujours à leur "normalité", dans leurs cadres.

[Lotsë]

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[Truk]

(c'est notamment pourquoi je ne comprends pas ces S qui couchent avec leur partenaire A en sachant que ça les indiffère totalement, voire dégoûte; c'est trop égoïste à mon goût).

Et les A qui dorment contre leur partenaire S après des câlins, sans rien faire du tout en sachant que ça les frustre énormément... C'est très égoïste aussi.
Tout est affaire de dialogue.

[scatterbrain]

En tout cas ça fait du bien de pouvoir en parler.

Dans quelle école fais tu du théâtre Lotsë ? Moi je voudrais en faire en professionnelle mais pour l'instant je n'en vis pas et je travaille à temps partiel à côté. Mais je vais bientôt commencer mes représentations.

Moi aussi j'ai personnages idéaux... je ne peux pas m'en passer !

[Lotsë]

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[aharis]

Certain d'entre vous sont comme ça ? à délocaliser la vie dans un ailleurs inexistant, dans une histoire inventée perpétuelle, mais sans pouvoir jamais rien vivre de concret ?
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J'étais comme ça avant... enfin, je le suis encore je pense. Mais j'ai de plus en plus envie de connaître autre chose que la solitude.

en France on est encore récalcitrant...

Pourtant, je pense que tu es d'accord, s'il y a bien quelque chose qu'il faudrait copier des américains ce sont bien leurs écoles d'art dramatique : il faut être pragmatique et avouer que la méthode américaine donne de bien meilleurs résultats que le simple jouer = mentir.

[Truk]

On voit d'aillers que beaucoup de couples A/S se retrouvent dans une impasse.
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Ne soyons pas si pessimistes.
Le couple c'est faire des compromis, de toute façon. Alors ce soir, foot ou comédie romantique ?

[Lotsë]

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[Gwenn]

Etant titulaire d'un brevet de psychanalyse de cuisine, choppé dans une boite de céréales, je vais tenter d'apporter ma contribution et mon expérience en essayant de ne pas te retourner le cerveau.

Pour ma part, j'ai vécu une enfance assez solitaire noyée dans l'imaginaire. Aujourd'hui, même si je ne suis pas en couple, je vis actuellement en collocation avec des amis, plutôt ouverts, qui lorsque je leur ai parlé de mon "problème" m'ont répondu qu'ils avait comprit que "la sexualité ce n'était pas mon truc". Cela dit même avant cette confrontation je me sentais bien auprès d'eux, car ils ne m'ont jamais harcelé comme peut le faire une famille. Pour ça j'ai une chance monstrueuse.

J'ai fait un grand pas en avant en une quinzaine d'années. Et pour te répondre, la solitude n'est à mon avis pas une cause naturelle de l'asexualité , elle est évidemment causée par la peur du regard des autres. Du moment où j'ai commencé à comprendre ce que j'étais puis à l'assumer complètement, la vie m'a semblé plus légère, c'est un fait.

En somme, va t'on reprocher à un noir d'être né noir ? Non. Pour moi l'asexualité je l'ai pas choisie, je sais que j'étais comme ça à la naissance. C'est plus simple de se dire qu'on peut être confronté aux autres sur le sujet sans devoir se poser en victime où en cherchant à se justifier. Il faut juste savoir leur dire "merde" comme il se doit s'ils nous cherchent les poux.

En ce qui te concerne, tu fais du théâtre. Tu es confrontées à des centaines d'individus et ça ne te pose pas de problèmes parce qu'au font de toi, tu sais qu'aucuns d'entre eux ne te poseras "la question" (tu dois savoir de quel type de question je parle ^^). Tu crains certainement plus tes collègues avec qui tu entretiens une relation plus proche et qui eux du coup peuvent remarquer ta différence.

La solution du, pour vivre heureux vivont caché, on peut s'y soustraire en assumant pleinement ce que nous sommes.

Enfin ce n'est "que" ma manière de voire les choses.

[Syd]

La discussion sur la Méthode et l'apprentissage du métier d'acteur fait maintenant l'objet d'un nouveau topic
http://www.asexuality.org/fr/forum/view ... =11&t=3811