Personnalité schizoide ?

[Syd]

Tu fais une étude ?

[Nico75]

Oui et non. C’est essentiellement pour étancher ma curiosité. Cependant, mes observations serviront plus particulièrement à étayer une étude que je suis en train de mener (mais c'est presque secondaire).

[Sven L.]

On parle de coupure(s) temporaire/permanente/volontaire/involontaire ?

Ou de "suspension d'incrédulité" ?
(terme de théâtre disant, en gros, qu'on rentre dans l'histoire en laissant les incohérences de côté ?)

[Nico75]

Ce sont là des interrogations de nature quasi-métaphysique. Une action n’est jamais pleinement intentionnelle ou involontaire. Il y a, semble-t-il, toujours une part de volonté et de refoulement dans notre rapport au monde et à nous-mêmes. De même, les coupures avec la réalité extérieure peuvent être plus ou moins rigides, robustes et persistantes. J’ai déjà rencontré des personnes, qui en sont venues à confondre l’imaginaire et la réalité, donc j’aimerais m’entretenir avec des sujets qui ont une relation plus saine avec leurs rêves.
Les stratégies auxquelles je m‘intéresse participent d’une frustration face à la réalité et d’un désir de vivre autrement. Pour donner un exemple bien ancré dans l’imaginaire collectif, on peut se référer à l’histoire d’Alice au Pays des Merveilles. Suivre le lapin blanc, s’enfuir dans un terrier, pour ne pas supporter la rudesse de la vie réelle, sont des sortes de ruses, où l’on tente de se tromper soi-même, que je crois intentionnelles, du moins à l’origine. Pour le dire en un mot, les tactiques en question sont mises en œuvre de manière volontaire et éphémère.
J’aime beaucoup la notion de « suspension d’incrédulité » (je m’en resservirai), mais je m’intéresse davantage au processus de création d’une histoire fictive. Les personnes rentrent moins, qu’elles ne créent du début à la fin un récit imaginaire, où elles se mettent en scène dans un spectacle intérieur dont elles ont le premier rôle. C'est la distinction entre les croyances motivées (on évacue certains éléments dissonants pour embellir une histoire) et le phénomène de l'auto-duperie (on construit de toutes pièces une histoire). Tu vois ce que je veux dire Sven ?

[Nico75]

Pour le formuler autrement, je cherche des personnes qui ont conscience de réaliser un mouvement de va-et-vient entre le monde réel et un monde imaginaire, qui permet de rendre supportable le premier, en tant que substitut temporaire.

[Sven L.]

Pour ton deuxième message, je corresponds parfaitement.

Ensuite, je vais analyser un peu :

Une action n’est jamais pleinement intentionnelle ou involontaire. Il y a, semble-t-il, toujours une part de volonté et de refoulement dans notre rapport au monde et à nous-mêmes.

>Et si j'ai volontairement et en toute connaissance de cause choisi cet état(de me couper de la réalité) ? J'arriverais à devenir un médecin génial ?

Les stratégies auxquelles je m‘intéresse participent d’une frustration face à la réalité et d’un désir de vivre autrement.

Là je peux faire un schéma tout simple :
Ma vie est bof-bof>j'ai essayé de la changer>je n'en aie pas les moyens>il me reste deux options : le suicide ou la fuite mentale.

je m’intéresse davantage au processus de création d’une histoire fictive

Hummmm...ce sont des parcours très différents selon les personnes, j'espère que tu en es conscient ?
Par ailleurs" Il n'y a jamais eut que douze ou treize histoires originales dans l'histoire de l'humanité "(citation de...heu...)

elles se mettent en scène dans un spectacle intérieur dont elles ont le premier rôle.

>retour au schéma

Par contre je ne vois la différence entre croyances motivées et l'auto-duperie; c'est toujours un mensonge pour faire une histoire, non ?

Pour la suspension d'incrédulité, je vais préciser avec un exemple :
Le type qui est en vêtement de ville à l'acte trois et porte un turban blanc n'est pas VRAIMENT un rajah indou, n'est-ce pas ? On se sert juste de son imagination pour embellir...et y croire.
C'est ce que je fais : Je crois à quelques mensonges...quelques temps, cycliquement parfois(les meilleures histoires sont celles qui reviennent).


Je ne suis pas en train de remplir ta thèse là ?

[Nico75]

Salut Sven,

Je te remercie pour ta réponse. J'espère qu'on aura l'occasion de se croiser pour discuter de tout ça. Ce que tu écris m'intéresse vraiment. Tu ne viendrais pas sur Paris de temps en temps par hasard ?

Prends soin de toi.

[Sven L.]

Non.

Mais envoie un mp si tu veux qu'on discute par messagerie interposée.

[Amie du Sud]

Pour le formuler autrement, je cherche des personnes qui ont conscience de réaliser un mouvement de va-et-vient entre le monde réel et un monde imaginaire, qui permet de rendre supportable le premier, en tant que substitut temporaire.

Bonjour Nico75
Ceci est plus la description de la schizophrénie que de la schizoïdie.

[Nico75]

Salut Amie du sud,

Non. En fait, la schizophrénie, bien qu’elle regroupe un ensemble hétéroclite de réalités, est une pathologie, qui paraît se rapprocher du pôle de la psychose et se caractérise notamment par des délires et des hallucinations. Je m’intéresse seulement à des mécanismes de défense, c’est-à-dire à des stratégies cognitives, qui permettent à des sujets de rendre supportable le quotidien. Je me réfère maladroitement à l’étymologie de schizoïde (dissociation de la forme, en opp. au fractionnement de l’esprit). J’ai repris le concept de schizoïdie qui est employé dans la présente discussion, mais ne correspond pas toujours à sa définition psychiatrique.

[Amie du Sud]

Un site très complet sur les schizoïdes et personnalités proches : asperger, phobie sociale, évitante.
Classifications, descriptions, particularités qui permettent leur identification et des aides qui dédramatisent en proposant des pistes pour faire avec le quotidien.
L’auteur, lui-même schizoïde, est psychologue, ce qui lui permet une approche particulière du sujet.


http://www.schizoide.net/

[sreepati]

Om Namah Mélancolie (Je te rends hommage Ô Mélancolie), je le fais à l'indienne

Oui, je me reconnais surtout dans les traits de solitude et difficultés d'etre en relation avec les autres.Mais tout n'est pas figé.La preuve, en ce moment, je change beaucoup, suite à un énorme traumatisme émotionnel survenu début avril.et je comprend maintenant comment j'en étais venu à m'isoler.Il n'y a pas de hasard, tout a une incidence et tout est en interconnection, en interdépendance.J'aimerai m'exprimer plus mais c'est délicat.Je te laisse un mail si tu veux et nous pourrions échanger.

sreepati@voila.fr

Respectueusement Yves,

[kinou]

On est pas tout le temps schyzoide mais c'est uniquement la structure, quand on decompense, est ce juste ?

On peut etre soit Psychotique, Nevrosé ( et autres ) - ou encore Borderline ( entre les deux ) , mais pas tout le temps , rassuré vous, tout le monde , dans des moments difficiles de stress et de conflits psychiques peuvent vivre rapidement un moment de decompensation, puis apres tout repart a nouveau , normalement .

[Aède]

On est pas tout le temps schyzoide mais c'est uniquement la structure, quand on decompense, est ce juste ?

Euh, non. Quand on est schizoïde, on l'est et on le reste. C'est l'état normal de la personne.

J'ai beaucoup de traits schizoïdes, à côté d'éléments qui font penser au syndrome d'Asperger, et de certaines facettes évitantes, peut-être (mais qui ne seraient que les conséquences d'autres traits de ma personnalité), le tout se rapprochant aussi du type de personne que l'on désigne plus ou moins improprement par le terme de "surdoué"...
A mon avis, je pense que c'est le profil d'Akhtar (allez lire les articles sur WP en et fr) qui correspond le mieux pour décrire cette personnalité, ou plutôt le sous-genre de cette personnalité dans lequel je me retrouve (comme partout, il y a des variations, des degrés), sans reprendre tous les éléments - alors que les autres profils, s'ils peuvent définir certains types de schizoïdie, notamment les plus "forts", risquent de rester à la surface. Il y a en effet une ambivalence en moi, qui est parfois liée à la distinction réel/imaginaire, qui est complexe à définir et à expliquer.
Concernant le rapport à la réalité et à l'imaginaire, dans mon cas, on disait souvent de moi, petit, que j'avais "la tête dans la lune", mais ce n'est pas seulement cela à mon avis. Ma vie imaginaire est extraordinairement riche, et, je suppose, incomparable, qualitativement et quantitativement, à celle d'une personne "normale" ; ce n'est pas seulement un substitut ni une échappatoire (même si ce peut l'être fondamentalement, mais ponctuellement) mais une partie constitutive de mon identité, celle qui me permet aussi de la maintenir.
Mon rapport au réel est fluctuant dans sa force et sa vigueur. Lorsque Beck et Freeman écrivent que

Patients with schizoid personality disorders consider themselves to be observers, rather than participants, in the world around them

, c'est 100% mon cas. Je m'oublie parfois, et je voudrais presque que cet état de simple observateur fût réel. D'autres fois, le réel m'agresse, du fait de certaines hypersensibilités (la lumière - je suis un vampire ! - et les bruits - c'est bien d'avoir une excellente oreille musicale, c'est moins bien de ne pouvoir supporter ne serait-ce que la discussion simultanée de trois personnes). Ce double-aspect se retrouve dans mes rapports avec les autres : je peux apparaître assez ouvert et attentif, mais lorsque je ne veux pas faire d'effort, ou lorsqu'étant fatigué/épuisé je ne puis en faire, je les évite. Dans les deux cas, je ressens une fatigue importante à ce contact, et il me faut du temps pour récupérer (sinon, oui, je peux passer des jours sans voir un autre être humain, si je le désire).
J'espère ne pas vous avoir fatigué avec ces détails personnels, mais cela intéressera peut-être quelqu'un (je ne sais pas si j'ai été très clair dans ce message, qui n'est que l'introduction du préambule de la préface d'une description de ce que je ressens, bien entendu. Si ça intéresse quelqu'un, j'ai écrit des centaines de pages sur le sujet - comprenez, je suis ironique sur le fait que cela intéresse quelqu'un. Mais oui, j'ai bel et bien écrit des tartines pour essayer de présenter un peu mon expérience ).

[melancolie]

Dans le prochain DSM V, la personnalité schizoide n'existera plus :

http://www.psychomedia.qc.ca/trouble-de ... s-du-dsm-5

Comme quoi tout depend du contexte, ce qui etait pathologie ne l'est plus.