Donc, je suis une femme hétéro cis de 46 ans, en couple stable depuis 17 ans et avec deux merveilleuses pré-adolescentes en guise d'animation quotidienne. Avant cela, j'ai eu pas mal de relations plus ou moins longues, depuis mes 16 ans. Cela fait maintenant un bout de temps que je me pose pas mal de questions quant à ma sexualité, à l'historique de sa construction et à ce que je suis aujourd'hui.
Globalement, je suis dans le spectre gris, même si je n'aime pas trop les étiquettes, c'est quand même celle dans laquelle je me reconnais le plus. C'est à dire que rétrospectivement, je me suis rendue compte que les moteurs de ma vie sexuelle n'ont jamais vraiment été l'envie de sexe, mais bien l'envie de partager des moments intimes et créer de la connexion avec mes amoureux. C'est pas simple, mais je finis par admettre que finalement, le sexe en lui-même ne m'intéresse qu'assez peu.
Je vis donc en couple (ouvert depuis une dizaine d'années) avec un homme bienveillant, qui a su se déconstruire et comprend (aujourd'hui) que vraiment, je n'ai plus envie. Lui a des amantes (il est totalement polyamoureux), que je connais d'ailleurs avec qui cela se passe très bien. Moi, il m'arrive d'avoir des amants (rarement XD), mais clairement, ce sont plutôt des hommes qui sont chers à mon cœur et avec qui, comme je le disais, j'ai des relations sexuelles pour le plaisir du partage plus que pour le sexe en lui-même. Ce qui est difficile, c'est que le fossé se creuse entre nous, affectivement : lui s'est plutôt avoué à lui même qu'il était très sexuel, là où avant il avait toujours été plutôt complexé, avec beaucoup d'envie d'expériences sexuelles diverses. Moi, l'expérience pour l'expérience, ça ne m'intéresse pas. J'en viens même souvent à me dire que cette préoccupation autour de la vie sexuelle épanouie (je passe le chapitre de la pression sociale et médiatique diffuse, j'ai beaucoup d'amis qui sont à fond dans le sex positive, le bdsm et tout le tintouin, et qui en parlent beaucoup) a œuvré pour me faire encore plus délaisser le sexe, par réaction de rejet.
En fait, ce n'est pas que je n'aime pas le sexe, disons qu'il m'indiffère un peu. C'est surtout que je suis lassée que ce soit aussi présent partout, alors que franchement on a quand même vachement d'autres chose à faire dans la vie. Sans doute est-ce parce-que je n'ai pas d'envie sexuelle intrinsèque que j'ai de plus en plus de mal à supporter que le sexe revienne toujours sur le tapis de toutes les discussions, soit au cœur des médias, etc etc. Et du mal à supporter l'incompréhension des gens, même mes amis, qui en tant que sexuels ne comprennent pas qu'on puisse manquer d'envie, et pensent surtout que j'ai un problème, ou que je ne suis pas tombée sur les bons amants (spoiler, c'est faux).
Ce qui est compliqué, je pense que tous les gris le savent, c'est d'en parler ouvertement à ses potes lors des discussions (fréquentes) autour du sexe et des relations : pas envie d'être rangée dans une case, pas envie que les gens me sortent du marché amoureux en se disant qu'il n'y aura pas de sexe (ce qui peut arriver selon la personne et les circonstances, comme dit plus haut). Pas envie non plus qu'en tant que membre d'un couple ouvert, on ne me propose que du sexe récréatif, puisque ce n'est pas le sexe mon intérêt premier... Par contre, cela n'empêche en rien que je sois fortement attirée par certains hommes, mais dans ces cas, en fait, je recherche plus la connexion, partager des activités et fonder une vraie complicité que de finir au pieu. D'ailleurs, la plupart de mes anciens amants sont surtout des vrais buddies aujourd'hui.
Bref, beaucoup de questionnements, même si je sais que notre sexualité évolue selon les moments de nos vies. Je ressens de plus en plus le décalage par rapport à la majorité de mes contemporains, sur le terrain de l'intérêt envers le sexe. Et j'en ai marre de la pression à avoir une vie sexuelle épanouie qu'on nous matraque comme étant la norme, un but, et le signe de bonne santé et d'ouverture d'esprit à la fois. Je suis ici dans l'idée de partager éventuellement mes expériences, d'apprendre des choses, voire de discuter de tout et n'importe quoi.
Et venons en aux choses intéressantes, mon dada c'est plutôt la SF, les JDR, la littérature, le cinoche, les GN, la musique et plein d'autres choses qui font travailler l'imaginaire!
Flûte, j'avais dit que j'en faisais pas une tartine, perdu
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