Est-ce une véritable asexualité?

[hélianthe]

Bonjour,

J'ai essayé de lire beaucoup de post et s'il vrai que j'arrive à capter des éléments de réponses ici et là, je n'ai pas trouvé véritablement d'éléments de compréhension sur le sujet qui m'occupe aujourd'hui. Je vous fais donc part de ma situation. Désolé s'il y a doublon avec d'autres sujets :
j'ai 50 ans, ma compagne 34. Nous vivons ensemble depuis 3 ans (famille recomposée avec 2 ados de mon côté et une petite fille du sien).
Avant d'habiter ensemble nous étions amants; chacun trompant son conjoint en secret (elle pendant quelques semaines, moi pendant 2 ans).
La sexualité occasionnelle qui était la nôtre alors (due au fait qu'on ne se voyait que de temps en temps), était engagée et plutôt satisfaisante même si j'en étais toujours l'initiateur. On était dans la découverte, dans l'expérimentation et je traduisais ce sentiment de devoir tout guider par un manque d'expérience de sa part (je suis son 3e partenaire) et la différence d'âge. J'étais quand même très étonné de sa non-volonté d'embrasser en toutes circonstances (que des baisers superficiels et parcimonieux).
Mais dès que nous avons emménagé ensemble en location, la situation s'est rapidement dégradée : intimité qui s'étire (1 à 2 rapports par mois), devenant très systématique et plan-plan (toujours au lit avec les mêmes approches, les mêmes situations, les mêmes conclusions).
Des tensions sont apparues car je ne comprenais pas que tout ce qui avait été disparaisse si rapidement. Donc bouderies, crises, et pourtant dialogues pour essayer d'avancer. Au début elle me disait que même si j'étais plus demandeur qu'elle, elle avait quand même envie (pas autant que moi), mais que la proximité des enfants quand on les avait (une semaine sur 2), était rédhibitoire pour elle. Il reste donc une semaine où l'on n'est que tous les 2 mais même là, le rapport s'installe majoritairement sur le samedi ou le dimanche, puis plus rien après. Et peu à peu avec cette impression que "je passe un peu en force", qu'il y ce côté incontournable du rdv sexuel tous les 15 jours.
A ce contexte, devenu très répétitif et mécanique, se sont greffés des positionnements qui ont été révélés lors de nos échanges : elle a du mal à entendre/accepter l'idée que je masturbe de temps en temps, elle a une véritable répulsion des films érotiques/porno (nous n'en avons jamais regardé), elle est jalouse, sans la fuir - elle esquive fréquemment la pénétration, préférant se frotter contre moi ou "s'occuper de moi", nos actes se limitent à 2 positions et c'est toujours "laborieux" d'amener la sexualité, de maintenir l'acte. Parfois elle avance des arguments qui peuvent impacter son état psychique (déprime passagère liée à tels ou tels événements).
Finalement il y a quelques semaines, un soir où je m'approchais d'elle dans le lit elle m'a repoussé en me disant qu'elle étouffait, que je lui mettais trop de pression. Nous avons fais chambre à part 4 jours. Ca m'a profondément blessé car je pensais que ses sentiments envers moi étaient en jeu. Puis nous avons eu une grosse discussion au cours de laquelle elle m'a dit être asexuelle. C'était très calme, apaisé. J'ai consulté de nombreux sites dont le vôtre pour y voir plus clair, et lorsqu'elle s'est "amusée" à faire le test de Kingsey, elle s'est en partie reconnue dans les items proposés.
Aujourd'hui se pose la question du futur. Si j'acte cette situation, je vais indéniablement me mettre en difficulté : comment gérer mon désir pour elle qui est intact et rester à distance de l'intime ? Je sais qu'elle est prêtre à se séparer si c'est trop difficile pour moi. Elle m'a d'ailleurs dit plusieurs fois au cours de ces dernières années qu'elle ne comprenait pas pourquoi j'étais encore avec elle puisqu'elle ne me satisfaisait pas.
Voilà mes questionnements : est-il possible qu'elle soit réellement asexuelle alors qu'il y a eu un avant et un après ? Peut-on passer d'un état où il y a de l'entrain pour la sexualité à un retrait si important ? A l'extérieur, socialement, elle peut être parfois un peu séductrice envers d'autres hommes. Lorsqu'on en parle, elle me dit que c'est inconscient, qu'elle cherche peut-être à avoir confiance en elle ? Est-ce possible quand on est asexuel ? Pourquoi me dire à plusieurs reprises qu'"elle aussi a des envies, même si moindre que les miennes" ? Est-ce compatible avec l'asexualité ? Elle a des orgasmes de temps en temps et je n'arrive pas à savoir si les personnes asexuelles ont des orgasmes ou juste du plaisir ?
Je suis tiraillé entre ce constat posé que je veux bien acter et en même temps avec un doute sur les origines de ce manque d'intérêt pour le sexe : ne peut-il pas avoir des sources psychologiques liées à un passé refoulé ?
Pardon pour le pavé. Ca part dans tous les sens. Je me sens vraiment en difficulté. Je suis attaché à elle.
Merci de votre soutient

[dioptase]

Bonjour,

L'asexualité est un spectre. Il n'y a pas un seul type d'asexuel. Certain ont effectivement du désir en début de relation et voit leur désir s'amoindrir, voir disparaitre, après un certain temps. Certain asexuel ont des envies sexuelles, à différentes échelles (sex positif). Certain se masturbe, d'autre pas. Certain ont des orgasmes, d'autre pas.
Bref c'est très varié et seule la personne concernée peut vraiment décidée si le terme lui convient ou non.

Pour ce qui est de votre couple en particulier, il y a plusieurs message sur le forum concernant des couples sexuel-asexuel. Ce qui revient souvent c'est la communication est les compromis. Il faut voir si ça peut vous aider ?

[hélianthe]

Merci.
Oui il y a des sujets similaires mais justement, ces spectres ne permettent-ils pas de faire rentrer tout un tas de "diagnostiques" dont certains n'ont peut-être pas à voir directement avec une orientation mais plutôt un trauma qui ne dit pas son nom ?

[Hassan]

Réponse courte: non

Si quelqu'un, comme votre femme, se reconnait dans le terme c'est suffisant. On ne cherche pas une cause à l'asexualité. Certaines personnes ont connu des traumas, d'autres non. Dans les deux cas ce sont des personnes valides à s'identifier comme asexuelles. Et ni un trauma ni son absence ne permettent de mettre en question cette identification.

[hélianthe]

Merci pour cette réponse.
Je ne remets pas en cause son orientation car effet, comme vous le dites, au final, c'est son ressenti, sa souveraineté. Je voulais apporter une nuance sur le fait que peut-être pour elle comme pour d'autres, un travail avec un professionnel peut aider à faire prendre en considération certains éléments toxiques qui parasitent la posture, le sentiment de libre choix ou plus simplement le bien-être psychique. Pardon pour cet exemple car si ça se trouve je parle à côté du sujet, mais si elle a étouffé au plus profond d'elle des violences sexuelles dans l'enfance, ça ne déjuge pas sa volonté de rester hors de la sexualité aujourd'hui, ça la valide même ; mais ça légitime un travail avec un psy pour ne serait-ce qu'aller mieux, et retrouver un équilibre

[Snape31]

Sans juger strictement votre opinion, elle me semble un peu hypocrite. Genre, un(e) A fait comme il/elle veux, mais tout de même ça serait mieux de se faire soigner (donc c'est un problème, une tare, une maladie ou autre)... Ce type de position a amené des gens au pire dans des camps et, au mieux, en HP après des lobotomies et des électrothérapies poussées au-delà du médical... En quoi, si l'individu s'accepte pleinement et n'est pas en confrontation vis-à-vis à des diktats communautaires et sociaux, un professionnel (souvent très normé, la majorité des formations et beaucoup d'intégration poussive vaille que vaille y pousse) peux être intéressant ? Parlant de sexualité ou d'asexualité, il y a un spectre et aussi du temps. Tout les S n'ont pas les mêmes envie en tout temps et ils sont rarement jugé pour cela et tous ne vont pas consulté pour une perte de libido, pourquoi les A auraient à le faire ?

Après, si vous êtes attaché à votre compagne, il y a aussi a faire des concessions. La sexualité n'a pas toujours à voir avec les sentiments... Combien d'hétéro ont des relations sexuelles pour le sexe uniquement aujourd'hui ? Faire chambre à part ? Sur décision de qui ? La sexualité est importante pour vous, soit, apparemment pas autant pour elle... C'est sûr que s'il y a plus ou moins de contrainte ressentie, ça ne se passera pas bien...

[clotaire]

Bienvenue hélianthe

Pour faire un pas de côté, c'est assez commun que la relation change entre un contexte d'amants qui ont l'excitation de la tromperie et un couple qui vit ensemble. Ce n'est pas pareil d'être dans la stimulation de l'extraordinaire et d'assumer un quotidien. Sans chercher trop loin, il y a probablement déjà quelque chose autour de ça

[hélianthe]

Oui Clotaire, mais là le fossé est immense.

Snape31, je me suis peut-être mal exprimé vu la réaction et/ou je n'ai pas assez déployé l'histoire de ma compagne . J'aborde pourtant - il me semble - un sujet essentiel : celui des traumas du passé. Il n'est pas question pour moi de chercher absolument à expliquer l'A par des troubles psychologiques ; cependant, en ce qui concerne notre couple, il y a certains éléments qui pourraient avoir un poids dans la mise à distance de la sexualité de ma compagne. J'en ai pas parlé plus haut, en effet, j'avais déjà écrit un gros pavé. Alors qu'elle n'avait que 9 ans, et pensant lancer la vidéo d'un film, elle est tombée sur une scène de porno hard. Quelques secondes dont les images violentes sont restées intactes et qui la plongent dans un sentiment de dégoût, d'incompréhension et de colère dès qu'elle en parle. De plus, elle évoque des black out mémoriels dans son enfance à des moments où il est question de la présence d'un ami de la famille vis à vis duquel, instinctivement, elle a un sentiment confus et trouble. Du coup je ne suis pas psy, je ne sais pas ce que tout cela veut dire, il n'y a peut-être aucun lien avec son A, aucune incidence dans son orientation d'aujourd'hui. Mais je trouvais important de le mentionner parce que si en effet, elle n'a pas à aller consulter pour son orientation, peut-être en a-t-elle besoin pour le reste qui semble lui peser

[Baelfire]

Si ça semble lui peser effectivement elle peut essayer de faire quelque chose. Seulement il faut qu'elle soit prête et qu'elle en aie envie. Il n'y a qu'elle qui peut en décider.