Ce qui nous construit
- Anessathiel
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Re: Ce qui nous construit
Bienvenue Ione !
Au moindre début d'attirance esthétique, je me disais que ça y était, j'étais *encore* amoureuse mais que, manque de bol, c'était *encore* d'un "mauvais cheval" (ie quelqu'un qui ne collerait jamais avec ma personnalité).
Quand le gars en question se montrait un tant soit peu intéressé, je lui trouvais très vite une montagne de défauts puis je m'enfuyais en panique totale.
Je ne comprenais pas ce qui se passait dans ma tête. Je suppose que le gars en face était au moins aussi paumé que moi s'il essayait de comprendre ce que je faisais.
Avec le recul, je me dis que la panique était liée à l'idée de m'enferrer avec quelqu'un dont je n'étais pas amoureuse. Je voulais surtout faire comme tout le monde et je tentais de m'accrocher au premier gus qui passait, mais mon instinct de survie n'était pas d'accord.
Quant à l'attirance sexuelle et, bien, elle ne faisait pas partie de ma grille de lecture. Pour moi, c'était une espèce de machin qui devait dériver du fait d'être amoureuse. De temps à autre, je confondais cela avec l'attirance sensuelle ou avec les "kinks". La notion était floue et très théorique en fait.
Bref, je me dis que je vivais dans mon monde parallèle d'asexuelle aromantique qui ne comprenait pas grand chose à ce qui se passait autour d'elle.
Hum... Pas mal en fait. Je dirais que le plus "marquant" était que je confondais joyeusement attirance esthétique et attirance romantique (je suis asexuelle aromantique pour ma part).
Au moindre début d'attirance esthétique, je me disais que ça y était, j'étais *encore* amoureuse mais que, manque de bol, c'était *encore* d'un "mauvais cheval" (ie quelqu'un qui ne collerait jamais avec ma personnalité).
Quand le gars en question se montrait un tant soit peu intéressé, je lui trouvais très vite une montagne de défauts puis je m'enfuyais en panique totale.
Je ne comprenais pas ce qui se passait dans ma tête. Je suppose que le gars en face était au moins aussi paumé que moi s'il essayait de comprendre ce que je faisais.
Avec le recul, je me dis que la panique était liée à l'idée de m'enferrer avec quelqu'un dont je n'étais pas amoureuse. Je voulais surtout faire comme tout le monde et je tentais de m'accrocher au premier gus qui passait, mais mon instinct de survie n'était pas d'accord.
Quant à l'attirance sexuelle et, bien, elle ne faisait pas partie de ma grille de lecture. Pour moi, c'était une espèce de machin qui devait dériver du fait d'être amoureuse. De temps à autre, je confondais cela avec l'attirance sensuelle ou avec les "kinks". La notion était floue et très théorique en fait.
Bref, je me dis que je vivais dans mon monde parallèle d'asexuelle aromantique qui ne comprenait pas grand chose à ce qui se passait autour d'elle.
Dernière modification par Orchis le 05 mars 2022, 23:41, modifié 3 fois.
- Ione
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Re: Ce qui nous construit
Merci beaucoup pour ta réponse Orchis ! Finalement, ton instinct de survie savait mieux que toi ce que tu voulais, c'est super intéressant à lire ! Ça doit te faire tellement de bien d'avoir pris du recul et compris tout ça.Orchis a écrit : ↑05 mars 2022, 23:39
Au moindre début d'attirance esthétique, je me disais que ça y était, j'étais *encore* amoureuse mais que, manque de bol, c'était *encore* d'un "mauvais cheval" (ie quelqu'un qui ne collerait jamais avec ma personnalité).
Quand le gars en question se montrait un tant soit peu intéressé, je lui trouvais très vite une montagne de défauts puis je m'enfuyais en panique totale.
Je ne comprenais pas ce qui se passait dans ma tête. Je suppose que le gars en face était au moins aussi paumé que moi s'il essayait de comprendre ce que je faisais.
Je ne suis pas aromantique, mais j'apprends encore à démêler désir, attirance sexuelle, attirance esthétique, attirance intellectuelle... Encore du chemin !
- isabu
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Re: Ce qui nous construit
Sujet intéressant dans lequel je me retrouve parfaitement
Et oui cela ne se fait pas si facilement de déconstruire certaines croyances sur ce que l'on est, ou ce que l'on t'a dit que tu étais...c'est rassurant dans un sens, perturbant dans l'autre, et il faut faire le tri dans tous ces ressentis contradictoires.
Alors on refait le film de sa vie, pas comme si on allait mourir demain mais vivre avec une autre réalité, la vraie ? je m'interroge encore bien que je me retrouve parfaitement dans la, les définitions de l'asexualité, les témoignages, le questionnaire...tout est question d'intégration de cette nouvelle donnée je pense
Rétrospectivement le film de ma vie me laisse comprendre tout ce que j'ai vécu avec ce nouveau regard de façon plus claire
Comme Orchis, j'ai trouvé tous les défauts possibles à mes nouvelles rencontres pour les fuir, ressentant un réel soulagement comme si j'échappais au pire, sans me comprendre vraiment moi-même et laissant sur la touche des hommes déboussolés
Je me sentais et on me disait anormale, je finissais par croire que je l'étais mais une chose était certaine, c'est que je ne voulais plus me forcer à être autrement que ce que je suis.
Des anecdotes ? toutes ces fois où je me disais que c'était "l'autre" qui ne savais pas s'y prendre avec moi, mais en fait ça m'ennuyait prodigieusement de devoir "y passer"...les nombreux prétextes pour esquiver. Déjà à l'adolescence je n'avais aucune attraction sexuelle en fait. J'ai essayé plusieurs fois me disant que ce n'était pas le bon alors même que j'étais amoureuse...combien de fois me suis-je dit : mais qu'est-ce qui cloche chez moi ? La recherche de raisons à cet état de fait, le sexe ne m'intéressait pas voire me dégoutait parfois...alors que j'étais amoureuse de l'amour, pour son côté romantique. Oui je me suis toujours qualifiée de fleur bleue et c'était l'autre qui voulait aller trop vite, qui manquait de romantisme.
Pourtant j'ai rencontré un jour un homme très romantique, une autre fleur bleue, dont je suis tombée raide dingue. Ce qui n'empêche que lorsque le moment du passage à la sexualité est venu, je ne ressentais toujours rien si ce n'est le bonheur d'être dans ses bras et de vouloir le rendre heureux sans y trouver de plaisir pour moi-même.
Comme toi j'apprends à démêler tout ça, le désir, l'attirance...mais pas sexuelle, j'ai compris que cela ne faisait pas parti de moi mais il me faut l'intégrer parfaitement et je continue à avoir le regret de ne pas être autrement
Et oui cela ne se fait pas si facilement de déconstruire certaines croyances sur ce que l'on est, ou ce que l'on t'a dit que tu étais...c'est rassurant dans un sens, perturbant dans l'autre, et il faut faire le tri dans tous ces ressentis contradictoires.
Alors on refait le film de sa vie, pas comme si on allait mourir demain mais vivre avec une autre réalité, la vraie ? je m'interroge encore bien que je me retrouve parfaitement dans la, les définitions de l'asexualité, les témoignages, le questionnaire...tout est question d'intégration de cette nouvelle donnée je pense
Rétrospectivement le film de ma vie me laisse comprendre tout ce que j'ai vécu avec ce nouveau regard de façon plus claire
Comme Orchis, j'ai trouvé tous les défauts possibles à mes nouvelles rencontres pour les fuir, ressentant un réel soulagement comme si j'échappais au pire, sans me comprendre vraiment moi-même et laissant sur la touche des hommes déboussolés
Je me sentais et on me disait anormale, je finissais par croire que je l'étais mais une chose était certaine, c'est que je ne voulais plus me forcer à être autrement que ce que je suis.
Des anecdotes ? toutes ces fois où je me disais que c'était "l'autre" qui ne savais pas s'y prendre avec moi, mais en fait ça m'ennuyait prodigieusement de devoir "y passer"...les nombreux prétextes pour esquiver. Déjà à l'adolescence je n'avais aucune attraction sexuelle en fait. J'ai essayé plusieurs fois me disant que ce n'était pas le bon alors même que j'étais amoureuse...combien de fois me suis-je dit : mais qu'est-ce qui cloche chez moi ? La recherche de raisons à cet état de fait, le sexe ne m'intéressait pas voire me dégoutait parfois...alors que j'étais amoureuse de l'amour, pour son côté romantique. Oui je me suis toujours qualifiée de fleur bleue et c'était l'autre qui voulait aller trop vite, qui manquait de romantisme.
Pourtant j'ai rencontré un jour un homme très romantique, une autre fleur bleue, dont je suis tombée raide dingue. Ce qui n'empêche que lorsque le moment du passage à la sexualité est venu, je ne ressentais toujours rien si ce n'est le bonheur d'être dans ses bras et de vouloir le rendre heureux sans y trouver de plaisir pour moi-même.
Comme toi j'apprends à démêler tout ça, le désir, l'attirance...mais pas sexuelle, j'ai compris que cela ne faisait pas parti de moi mais il me faut l'intégrer parfaitement et je continue à avoir le regret de ne pas être autrement
- Patoche
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Re: Ce qui nous construit
C'est exactement la même chose pour moi, et si l'asexualité avait été reconnue dans ma jeunesse (années 1990) , peut être que certaines relations se serait mieux terminées.
Même ressenti en tant qu'homme , je pensais que j'avais un problème, je n'ai jamais pu me forcer , cette idée de passage à l'acte un peu comme un rite initiatique imposé par la société , "Il faut le faire" si tu es amoureux, ne me convenait pas. Comme anecdote : j'ai même entendu la réflexion d'un camarade de classe pendant mes études dire car il m'avait vu, en compagnie d'un fille plusieurs fois : "Il ne fera rien avec !" , en fait il résumait la relation amoureuse au sexe , alors que cette relation à duré dans le temps, nous avons partagés pleins de très bon moments, je n'ai pas rien fait de mon point de vue ! Et puis cela s'est arrêté, c'est la vie.Je me sentais et on me disait anormale, je finissais par croire que je l'étais mais une chose était certaine, c'est que je ne voulais plus me forcer à être autrement que ce que je suis.
Cette anecdote illustre la pression sociale qui existait et existe encore ,que nous avons tous subit, et la nécessité de mieux expliquer l'asexualité et d'en parler.
Ne mépriser la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
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Re: Ce qui nous construit
Salut et bienvenue!
Je rejoins Ondinette avec l'idée du puzzle qui s'assemble et se complète.
Ca a aussi été dommageable pour moi sur certaines relations par le passé, je pense dû à une mauvaise compréhension de moi même sur mon asexualité. Maintenant j'en parle sans problème et je l'explique bien mieux!
Je rejoins Ondinette avec l'idée du puzzle qui s'assemble et se complète.
Ca a aussi été dommageable pour moi sur certaines relations par le passé, je pense dû à une mauvaise compréhension de moi même sur mon asexualité. Maintenant j'en parle sans problème et je l'explique bien mieux!
"Oui j'suis l'otage de ma tête
Tout ce que j'vois par la fenêtre déménage dedans"
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Re: Ce qui nous construit
J'ai l'impression que l'intégration de ce mot, "asexuel", est pour moi d'autant plus difficile que j'ai des relations amoureuses et sexuelles et que je suis très, très romantique... Je ne m'étais jamais dit "non, ce n'est pas pour moi", mais toujours "pourquoi est-ce que je n'y arrive pas complètement ?". Je me demande si c'est le temps de "digérer" cette éventualité. Depuis combien de temps as-tu envisagé ton asexualité ?isabu a écrit : ↑08 mars 2022, 12:07 je m'interroge encore bien que je me retrouve parfaitement dans la, les définitions de l'asexualité, les témoignages, le questionnaire...tout est question d'intégration de cette nouvelle donnée je pense
[...]
Comme toi j'apprends à démêler tout ça, le désir, l'attirance...mais pas sexuelle, j'ai compris que cela ne faisait pas parti de moi mais il me faut l'intégrer parfaitement et je continue à avoir le regret de ne pas être autrement
Tu résumes parfaitement mon vécu :O
Merci pour cette petite pépite ! C'est vrai que c'est tellement réducteur... Peut-être parce que pour beaucoup de gens, le sexe est l'unique indicateur de différence entre une relation amoureuse et une relation amicale ? (Quelle tristesse)Patoche a écrit : ↑08 mars 2022, 12:58Comme anecdote : j'ai même entendu la réflexion d'un camarade de classe pendant mes études dire car il m'avait vu, en compagnie d'un fille plusieurs fois : "Il ne fera rien avec !" , en fait il résumait la relation amoureuse au sexe , alors que cette relation à duré dans le temps, nous avons partagés pleins de très bon moments, je n'ai pas rien fait de mon point de vue !
- isabu
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Re: Ce qui nous construit
J'en suis là à tenter d'intégrer ce terme d'asexualité, mais depuis que je suis sur ce forum et que plus globalement je me renseigne sur cette orientation, cela se fait de mieux en mieux, parce que tout me correspond, je ne peux plus le nier. Cela me permet aussi de ne plus me sentir anormale et de me soumettre à une pression.Ione a écrit : ↑09 mars 2022, 10:37
J'ai l'impression que l'intégration de ce mot, "asexuel", est pour moi d'autant plus difficile que j'ai des relations amoureuses et sexuelles et que je suis très, très romantique... Je ne m'étais jamais dit "non, ce n'est pas pour moi", mais toujours "pourquoi est-ce que je n'y arrive pas complètement ?". Je me demande si c'est le temps de "digérer" cette éventualité. Depuis combien de temps as-tu envisagé ton asexualité ?
Comme toi je ne me suis pas sentie concernée durant longtemps, me sentant juste anormale de ne pas y arriver complètement comme tu le dis, parce que très romantique aussi, une libido qui peut fonctionner (mais quasi exclusivement seule)
J'ai 58 ans et ne l'ai vraiment découvert que depuis 1 mois. J'en avais un peu entendu parler mais ne me l'appropriais pas pour les raisons citées au dessus. J'ai été plusieurs fois en couple et j'avais des relations sexuelles aussi, ce qui n'aidait pas à comprendre.
Seulement ce n'était pas des relations sexuelles désirées, juste pour faire plaisir et tenter de "guérir" mon manque d'entrain, selon l'expression l'appétit vient en mangeant...l'appétit n'est jamais venu et j'ai subi, parfois pleurant même pendant l'acte, en tout état de cause pressée d'en finir.
Tu découvriras ici ou ailleurs qu'il y a plusieurs façons de vivre l'asexualité, que le romantisme n'est pas incompatible avec cette orientation, que certains peuvent avoir aussi des relations sexuelles.
Aujourd'hui j'ai décidé de ne plus subir et c'est d'autant plus facile que je ne suis plus en couple, mais je ne renonce pas à l'amour romantique pour autant car c'est important pour moi...de là à trouver avec qui ? un homme A idéalement.
C'est un chemin plus ou moins long j'imagine selon chacun et ce n'est pas une obligation non plus Bon cheminement à toi
Dernière modification par isabu le 09 mars 2022, 11:26, modifié 1 fois.
- Ione
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- Anessathiel
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