C'est normal, il faut que tu t'habitues au truc, et qu tu changes ce qu'il y a à changer, dans ta tête et en-dehors...Laboucle a écrit : ↑24 janv. 2022, 17:52 Je crois que j'ai besoin d'un peu de temps pour que tout cela "macère" (oui ce n'est pas le plus joli mot que j'ai trouvé mais je suis à court).
Là je vis dans un couple que je n'ai pas construit sur cela donc pour vous donner une idée, je pédale dans un monticule de gravier...
Je pensais comme toi à une époque (d'une certaine manière, je continue de penser que dans un monde sain, un monde idéal donc, on ne devrait pas avoir, par exemple, à préciser qu'on est non-binaire, parce que les gens ne se focaliseraient pas sur des catégories comme masculin / féminin et les stéréotypes qui vont avec), mais ça, c'était un peu avant de découvrir l'étiquette "asexuel".Laboucle a écrit : ↑24 janv. 2022, 17:52 Je comprends que des catégories de sexualité existent pour que chacun.e puisse y trouver un socle, ou un cadre, une identité de référence. Moi ce n'est pas cela que je recherche aujourd'hui, je veux juste me comprendre, m'accepter et trouver le meilleur fonctionnement possible.
De base en tant que « nana blanche hétéro cisgenre » (mal placée donc pour comprendre les oppressions, si ce n’est en tant que femme), je crois que les questions liées aux orientations (ou non orientations) sexuelles ne devraient pas être sujet. Mais dans la société dans laquelle on vit, ces terminologies Homo, bi, pan, Ace, etc, sont nécessaires évidemment, le temps qu'on finisse tous.te par s'en détacher et s'en foutre. Le temps qu'on comprenne que l'hétérosexualité n'est pas une norme, qu'il y autant de sexualités que d'êtres humains, et que chacun.e puisse enfin vivre sa sexualité exactement comme il l'entend, sans avoir à faire de "coming out" ou qu’une étiquette pose ses interactions avec le monde (sauf bien sur quand il s'agit d'échanges ou de non échanges sexuels).
Un jour ma belle fille, 17 ans, me dit qu'elle préfère avoir des amis garçons gays (à sa décharge, j'ai dû dire la même bêtise il y a 20 ans). Mais bon on était en 2021 et quand même, bim, étiquette. J'ai passé du temps à décortiquer et déconstruire cela avec elle. Gay n'est pas plus une personnalité que "préfère chevaucher" ou "n'aime pas le sexe", c'est ce que j'ai voulu qu'elle comprenne. Qu’elle n’a pas à décrire ses amis sur la base de leur orientation sexuelle car aucune des cases du spectre LGBTQI+ n'est une personnalité.
En somme ce que j’essaie maladroitement de dire c’est que j'ai peur de devoir porter une sorte d’étiquette (de me la coller moi-même hein).
En fait, je me méfiais des étiquettes jusqu'à ce que je lise un billet de blog de mon autrice préférée (Mélanie Fazi) sur le sujet, qui m'a fait réfléchir... Je pense que ça pourrait peut-être t'aider de le lire, et de lire aussi le livre qu'elle a consacré à son asexualité / aromantisme (Nous qui n'existons pas, qui est en téléchargement gratuit ici).
Bon, le déclic ne s'est pas fait tout de suite, il a fallu que je rumine le truc un moment, mais j'ai fini par être d'accord avec elle - ça m'a libéré de découvrir que je pouvais me dire asexuel, moi aussi (au début, je croyais ne pas l'être parce que je me masturbais, c'est dire si j'ignorais tout du sujet ).
Sinon, même en étant blanche et cisgenre, tu peux être oppressée en tant qu'asexuelle... Il y a clairement une pression sociale pour être en couple.
T'inquiète, je pense que tout le monde ici comprend que tu ne cherches à blesser personne - tu t'interroges juste, et c'est légitime.
Ah, et les romans-fleuve, ce n'est pas grave non plus, je suis moi-même coutumier du fait...
Basiquement, tout mot utilisé pour te définir va te retirer quelque chose, sauf que...Laboucle a écrit : ↑24 janv. 2022, 17:52 Vous avez d'autres mots qui n'ont pas l'air de nous retirer quelque chose, vous ? En même temps mettre un nouveau mot c'est ajouter du + dans le + et faire une nouvelle case (retour à ma case départ, mince!)
Je l'ai dit j'ai 41 balais, ça fait quelques années maintenant que je me tortille le cerveau pour comprendre ce qui m'anime. Et maintenant je ne sais plus, est-ce que ça a un sens de me dire « asexuelle » (ou tout autre mot sympa qui le définisse positivement), ou est-ce que je suis juste, comme certainement des milliards de personnes, quelqu’un qui n’est pas branché sexe, et que ce n’est pas vraiment un sujet intéressant ?
L'asexualité, c'est un spectre, un continuum où beaucoup de variations sont possibles (avec un fond commun : si tu traînes un peu ici, tu te rendras compte que tu comprends plus facilement un. autre asexuel.le, même dans une situation différente de la tienne, qu'un.e hétérosexuel.le lambda).
Alors certes, le mot est peut-être imparfait, mais il est à ta disposition pour désigner le fait que tu ne sois pas "branchée sexe", alors autant l'utiliser... Rien ne t'empêche de te l'approprier à ta manière ! (Disant ça, je pense aux Noirs qu ont revendique le terme "nègre", comme Senghor avec la "négritude" : même d'un mot à première vue négatif, mais qui n'est tel que parce qu'il a été employé pour blesser, même avec un tel mot, on peut faire quelque chose de positif).
Comme toi, j'ai passé des années à me sentir mal dans l'hétérosexualité dominante, à m'épuiser à faire comme si j'étais intéressé par le sexe (alors que pas du tout, ou alors comme un entomologiste observe les moeurs des insectes )...
Au bout d'un moment (le cap de la quarantaine joue aussi, sans doute), tu en as marre de te fatiguer, il te faut une manière de mini-révolution personnelle - perso, le terme "asexualité" m'a permis cela, entre autres choses.
Donc, oui, ça a un sens de te dire asexuelle, pas forcément pour interagir avec les autres (j'ai l'impression que tu te focalises trop sur ça), mais pour toi-même : te dire "je ne suis pas une hétérosexuelle imparfaite, mais une parfaite asexuelle", ça peut t'ôter un poids du coeur - enfin, je pense.
J'espère que tout ça t'aide un peu...