Coming-Out Ace en couple : & maintenant ? Quel équilibre ?

Pour les personnes impliquées dans un couple sexuel-asexuel, ayant besoin de soutien ou voulant partager.
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leeloominai
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Coming-Out Ace en couple : & maintenant ? Quel équilibre ?

Message par leeloominai »

Bonjour à tous,

J'arrive sur ce forum où j'espère trouver quelques pistes. Ce post risque d'être quelque peu long donc installe toi ! :oops:

Je suis une femme de 28 ans, qui s'est toujours plus ou moins considérée bisexuelle, puis pansexuelle quand j'ai pris conscience que les genres étaient bien au-delà de deux. Je suis actuellement en couple avec un homme de 29 ans depuis 2 ans et demi.

D'aussi loin que je me souvienne le sexe a toujours été un "Mouais". J'ai fait ma première fois plus tard que mes copines, à 17 ans. Je m'étais mis tout un tas de critères à respecter afin de ne pas la regretter, ou ne pas le faire juste pour le faire. Une fois ma première fois passée, j'ai eu l'impression que j'avais passé une étape importante, et que je pouvais passer à autre chose. "Ça, c'est fait". Mais à peine la pression de faire sa première fois passée je faisais face à la pression de devoir recommencer, et mon partenaire de l'époque se faisait insistant, ce qui a valu notre séparation à mon initiative (j'entrais alors à la face et j'avais d'autres choses à penser).

Lors de mes relations longues, la fréquence était "normale" en début de relation puis s'espaçait jusqu'à disparaitre ou presque. Les rapports étaient rarement à mon initiative, elles répondaient en début de relation au flirt, à la sensualité, puis j'en venais à éviter le flirt et la sensualité pour éviter les relations sexuelles. Il n'y a aucune de mes relations qui a échappé à ce schéma pas même l'actuelle (dont je parlerai plus en détail ensuite). Je me suis déjà forcée pour autrui sous insistance et pour "avoir la paix", chose que je me suis jurée de ne plus refaire, en gardant un souvenir amer. Lors de mes périodes de célibat, j'ai eu des périodes "fastes" où avec le recul, le sexe me servait de monnaie d'échange à de la compagnie, de l'affection, de la séduction (choses que j'apprécie). C'était l'issue obligatoire. Mais lors de ma dernière période de célibat, je n'ai même pas "eu recours" au sexe, préférant ma propre compagnie. Quant à la masturbation, c'est assez peu souvent, c'est toujours très rapide et pour répondre à quelque chose de physique à soulager, souvent juste avant ou pendant mes règles, plutôt quelque chose d'antalgique et j'en ressort toujours presque honteuse. Le sexe dans les films me dérange, les gens qui en parlent trop ça me dérange, je suis vite mal à l'aise. J'ai rarement été aussi mal à l'aise que quand des amis nous ont offert pour Noel une boite de "Gages sexy" ( =sexuels ). Par contre, je m'intéresse beaucoup au sexe comme fait sociétal, chose étonnante. Je connais plein de choses dessus, je théorise beaucoup le sexe mais le pratiquer m'intéresse beaucoup moins.

Il faut savoir que physiquement, le sexe m'est souvent douloureux, avec suspicion de vaginisme ou vestibulodynie, je fais aussi des infections urinaires post-coïtales, j'ai d'autres désagréments intimes pas top … & ce depuis toujours. Ca n'aide pas à avoir envie. Je sais par contre prendre du plaisir et apprécier le moment, mais ça ne me laisse pas un souvenir impérissable. Il faut savoir aussi que je souffre de fibromyalgie, me laissant souvent douloureuse et quasi tout le temps plus fatiguée que la moyenne des gens.

Dans ma relation actuelle, un schéma similaire : des relations sexuelles régulières au début, mais sur une période encore moins longue que sur mes autres relations. Rapidement, s'installe un rythme espaçant les rapports de plusieurs mois. Mes désagréments intimes n'aident en rien, mais je dois bien avouer que tout simplement : je n'ai pas envie de sexe. J'ai envie de proximité avec mon conjoint, de faire plein de choses avec lui, j'ai envie de lui plaire, mais pas de sexe. Au quotidien, je n'y pense même pas à vrai dire. Cela nous pèse, et je redoute toujours le moment où je ressentirai une envie chez lui à laquelle j'aurai à répondre par la négative. Résultat, une grosse timidité physique s'installe entre nous, lui ne voulant pas me mettre mal à l'aise et moi ne voulant rien déclencher chez lui. Nous souffrons de cette distance.

J'ai régulièrement questionné mon asexualité probable, finissant toujours par enfouir ces questions au fond de moi, ayant trop peur des répercussions et des implications qu'un tel "coming out" lancerait. Mais récemment, j'ai accepté d'aider une étudiante en sexothérapie en faisant la "cobaye" pour quelques séances, ayant des problèmes de désir avec mon partenaire. & cette question est revenue sur le tapis. Elle m'a énormément bouleversée, et je n'ai pu retenir le fait d'en parler ouvertement à mon conjoint actuel. Cela a mis comme un coup de tonnerre dans notre couple, lançant beaucoup de questionnements et de peurs des deux côtés, et une sorte de soulagement du mien, comme ci c'était la réponse que j'attendais. Si je ne suis pas asexuelle pure je pense être au moins grey-sexuelle, mes seuls et rares moments d'attraction sexuelle semblant intervenir dans des contextes très précis et particuliers.

Mon conjoint lui souffre du manque de relations sexuelles et de proximité physique avec moi. Il a du mal à comprendre comment j'ai, du coup, pu aimer et prendre du plaisir lors de nos précédents rapports. Il a du mal à séparer également attraction sexuelle, libido, sensualité, séduction, qui sont pour moi des choses très différentes les unes des autres alors que pur lui c'est un package.

Il faut savoir que nous sommes en ce moment dans un contexte particulier, à 1000km l'un de l'autre car en plein déménagement, mais nos vies professionnelles nous ont amené à ne pas déménager définitivement au même moment. Cela renforce malheureusement la distance entre nous, au propre comme au figuré, rendant cette nouvelle encore plus compliquée à appréhender. Par contre, c'est aussi ca qui est venu réveiller ce questionnement, car je pensais que la distance éveillerait mon désir mais pas du tout, je ne pensais pas au sexe au quotidien, et être potentiellement confrontée à ses envies quand on se verrait m'angoissait quelque peu, avec la culpabilité de n'avoir toujours pas envie malgré des semaines sans se voir.

Cette nouvelle nous a au moins permis d'ouvrir la conversation au-delà de tout tabou avec la vraie envie de chaque côté de trouver un équilibre qui ne lèse ni lui, ni moi. L'étudiante en sexothérapie nous a parlé du "Sensate Focus", sorte de protocole qui permettrait, sur les premières étapes, de replacer une intimité physique non sexuelle entre nous, chose que je désire plus que tout et que nous allons essayer je pense. Je pense réellement que cela pourrait déjà combler une grande partie du manque que nous ressentons chacun, et le fait qu'il sache qu'aucune envie sexuelle n'est là de mon côté me rassure: il ne peut pas se méprendre sur mes intentions, et donc je me sens plus libre d'être plus proche de lui. J'aimerai aussi que l'on essaie d'identifier les facteurs communs aux rares fois où j'ai eu de l'attraction sexuelle pour lui.

Tout ça n'est pas évident car il ne sait pas à qui en parler, moi je peux en parler ouvertement à ma soeur et ma meilleure amie mais lui est très pudique sur ces sujets et donc va ruminer seul. Je lui ai donc demandé de ne pas garder ses pensées et de me les partager, de même que ses questions. Pour moi, difficile pour le moment d'appréhender tout ça, je ne rêve que d'être comme tout le monde ... Je culpabilise de lui imposer ma maladie, mon terrain anxio dépressif, et maintenant ça ... Pas facile.

Je terminerai par cette métaphore écrite pour expliquer à mon conjoint mon ressenti (j'ai utilisé et modifié à ma sauce la métaphore du Donuts) :cake: :
" Si j'étais au Starbucks : J'ai faim (comprendre ici : j'ai envie d'être proche de toi). Bien sur, le donut (= le sexe) semble sympa, il comblerait surement ma faim, mais je préfère les Cinnamon Roll (= une autre activité ou juste des câlins non sexuels), les donuts ne m'intéressent pas, pourtant tout le monde dit que c'est super bon, et ça doit l'être, j'aimerai d'ailleurs bien aimer ça autant que tout le monde, mais à vrai dire, j'ai à peine regarder le donut en entrant, il ne m'a pas du tout intéressée, et les Cinnamon Roll me comblent tout aussi bien. En plus, les donuts ça laisse plein de gras sur les doigts (= les aspects négatifs du sexe dans mon cas personnel).
Bah là c'est ça. Le sexe pour moi, j'ai envie d'en avoir envie, comme tout le monde, c'est chouette, tu prends du plaisir, mais si tu me laisses choisir entre avoir une relation sexuelle ou une autre activité, je choisirai surement l'autre activité, j'ai pas particulièrement d'intérêt ou d'envie pour le sexe, même si je sais que ça comblerait mon envie de faire quelque chose avec toi, et que ce serait surement très cool. Et en plus, je suis souvent fatiguée ou douloureuse, le sexe va me donner des douleurs sur les premières pénétrations, va me fatiguer encore plus, me donner ne infection urinaire potentielle, nécessiterait que je sois épilée (ça c'est pour la métaphore du gras sur les doigts) donc je préfère une autre activité.
"

Nous sommes preneurs de tous témoignages de couples A/S ou G/S qui ont trouvé un équilibre. Cela se fait rare ici, mais je suis sure qu'il y en a, je suis intimement persuadée que l'on s'exprime surtout quand ça va mal ... Je suis de mon côté persuadée que cette réponse que nous attendions, même si elle n'est pas celle que nous attendions, ne peut que nous aider, et que cela ne peut pas être pire que maintenant où nous sommes très éloignés l'un de l'autre …

Merci de m'avoir lue ! :D
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Baelfire
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Re: Coming-Out Ace en couple : & maintenant ? Quel équilibre ?

Message par Baelfire »

Salut,

En dehors de l'aspect sexuel, elle est comment votre relation ? A 1000 kms loin de l'autre ça doit être difficile de maintenir une complicité. Vous vous voyez souvent ?
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leeloominai
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Re: Coming-Out Ace en couple : & maintenant ? Quel équilibre ?

Message par leeloominai »

Salut Baelfire !

Alors en temps normal (sans cette distance), on a une relartion incroyable et extrêmement fusionnelle. Il n'y a que le plan sexuel qui pèche.
En ce moment, nous sommes séparés. Cette année nous avons deux périodes de 3 mois l'un sans l'autre : les 3 précédents, et de septembre à novembre. Ces derniers temps il est venu environ toute les 3 semaines, impossible de faire plus financièrement et puis temporellement aussi, vu que les trajets prennent beaucoup de temps.
Là il vient pour les deux mois d'été, j'ai hâte ! & puis début septembre il repartira et emménagera définitivement début décembre. Là on pourra moins se voir je pense car il sera moins flexible (travail du lu au ve alors que la il s'arrange avec son patron vu que c'est son père), & moi je peux difficilement monter (le chat, le boulot). J'appréhende un peu.

Pas évident de créer une complicité à distance et quand on se retrouve c'est 3 / 4 jours donc à peine commencé que c'est déjà fini...
Pas évident pour lui aussi qui ne se sent pas encore chez lui dans notre nouvelle ville / nouvel appart...
CciTah
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Re: Coming-Out Ace en couple : & maintenant ? Quel équilibre ?

Message par CciTah »

Salut !
J'arrive un peu tard sur cette discussion, mais je me suis beaucoup reconnue dans ton témoignage, sans être pour autant capable de me "catégoriser" quelque part... Comment vis-tu ta situation aujourd'hui (que ce soit toujours en couple ou non) ? Merci !
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