Peur de l'intimité ou asexualité ?

Vous avez des questions sur l'asexualité ?
C'est ici que ça se passe.
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kiwi_bl
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Peur de l'intimité ou asexualité ?

Message par kiwi_bl »

Bonjour à tous et toutes ! :)

Je suis en grand questionnement sur ma sexualité et plus généralement ma relation aux autres (romantique et sexuelle).

Avant toute chose, je tiens à dire que j'ai déjà fait pas mal de recherches et que je ne cherche pas en postant ici à ce qu'on me dise simplement "à toi de trouver ;)". J'aimerais échanger avec vous, avoir vos avis et/ou témoignages sur des expériences similaires.

Pour poser un peu le contexte : j'ai 20 ans et je n'ai jamais été en couple/dans une quelconque relation amoureuse ou sexuelle. En grandissant, j'ai toujours été un peu à l'écart des autres enfants puis adolescents qui commençaient à avoir des envies romantiques et/ou sexuelles, mais enfant cela ne m'a jamais questionnée (les autres enfants étaient dans des "relations" de quelques jours, se faisaient des bisous, etc ; mais j'en étais totalement désintéressée) et adolescente je pensais simplement avoir un développement différent sur ce plan-là, simplement plus lent.

Vers mes 18 ans j'ai commencé à me masturber, tardivement donc par rapport à d'autres. Je n'en avais jamais vraiment eu l'idée avant, et en plus la masturbation féminine me paraissait sale (car société patriarcale, conditionnement mysogyne, etc.) A la suite de discussions avec des amies, j'ai déconstruit cette vision et j'ai essayé. Résultat, ça me plaît, je le fais régulièrement, mais sans passion non plus.

Après plusieurs expériences récentes avec des garçons où cela s'est arrêté après seulement un ou deux rendez-vous, j'ai commencé à me questionner et à enfin m'admettre à moi-même que je n'avais pas les mêmes envies et comportements que mes amies cis hétéros.

Voici quelques uns de mes constats : je cherche beaucoup à plaire aux hommes (car je recherche la validation de ceux-ci) mais dès que ceux-ci tentent une interaction du style on fait connaissance pour aller plus loin, je me sens extrêmement mal à l'aise, je me ferme (malgré moi, c'était inconscient jusqu'à ce que récemment j'en prenne conscience), j'invente des standards très hauts pour que l'homme en face de moi ne puissent jamais les remplir et que je puisse m'enfuir avec un bon prétexte. Je pense être plus attirée par l'idée d'être avec un homme, à cause de mon éducation et de mon conditionnement social, que par les hommes eux-mêmes.
Enfin, je me suis sentie déjà répulsée par les dynamiques de couples hétéros parmi mes amies, en me disant "ça a l'air très cool pour eux, mais je ne me projette pas dans ce type de relation". Sans savoir quel type de relation me conviendrait mieux.

Je me suis alors demandé : "suis-je plutôt attirée par les femmes ? " Je suis encore en questionnement sur ce point-là. J'ai déjà été attirée par une ou deux filles dans ma vie, mais jamais sexuellement, plus comme quelque chose de magnétique, une envie d'être proche d'elles.

C'est pourquoi je pense que je pourrais être asexuelle ou demisexuelle.

Mais j'arrive à mon grand questionnement : suis-je asexuelle ou suis-je simplement "bloquée", "cassée" par des traumatismes d'enfance ?

En effet, j'ai réalisé récemment que je me suis toujours sentie en manque d'amour depuis toute petite. Mes parents ont divorcé peu après ma naissance, mon père m'a manquée enfant, et j'ai grandie chez ma mère. Je n'ai jamais manqué de rien de matériel chez ma mère et elle s'occupait bien de moi, mais je me suis parfois sentie mise à l'écart, car ma mère a eu beaucoup de relations amoureuses avec des hommes (qui en général se sont mal finies). Pour avoir fait quelques recherches en psychologie, notamment sur la théorie de l'attachement (théorie américaine), je sais que ce type d'expérience enfant peut amener à des difficultés à s'attacher amoureusement à quelqu'un une fois adulte, à se rendre vulnérable devant quelqu'un (romantiquement et/ou sexuellement).

Et donc je me demande : ai-je peur de l'intimité car je suis asexuelle (voire aromantique, mais c'est une autre question) ?
Ou est-ce que je pense être asexuelle car j'ai peur de l'intimité, à cause de mon enfance ?

Si la dernière option est la bonne, cela signifie-t-il que mon asexualité présumée n'est pas valide mais qu'elle est un trouble psychologique à surmonter, à "réparer" ?


Est-ce que certain ou certaines d'entre vous ont déjà eu des questionnements ou expériences similaires ? Je sais bien que vous n'allez pas m'apporter une réponse toute prête à mon questionnement mais j'aimerais échanger avec vous.

Merci de m'avoir lue jusqu'ici en tous cas. J'espère aussi que ce sujet pourra aider d'autres personnes dans un questionnement similaire :D
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clotaire
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Re: Peur de l'intimité ou asexualité ?

Message par clotaire »

Bienvenue kiwi_bl :-)

c'est vrai que c'est parfois difficile de ne pas reproduire certains travers des comportements parentaux. Il faut parfois de l'aide.
Par rapport à tes questions, le truc c'est que dans les situations que tu décris, il faudrait parvenir à dissocier ce qui relève de ton aspiration profonde et ce qui relève de conditionnements parasites. Est-ce que, au fond, tu éprouves le désir d'une relation (romantique et/ou sexuelle), et que des réflexes liés à ton modèle parental (par exemple) te conduisent à repousser les opportunités, ou est-ce l'inverse : la société te conduit à penser que tu dois chercher l'amour, mais au fond de toi ça ne colle pas. D'après ton témoignage, les deux sont possibles, il me semble...
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Orchis
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Re: Peur de l'intimité ou asexualité ?

Message par Orchis »

Bienvenue kiwi_bl ! :)

Des fois que tu trouverais des échos ou des choses à exploiter dans mon expérience, la voici.

De mon côté, j'ai longtemps cru que j'étais cassée. J'ai tenté de me pousser à entamer quelques relations (avec un terrible manque de motivation, comme une corvée à accomplir à côté de "payer ses impôts") pour systématiquement m'enfuir en panique absolue, à la limite du dégoût (dans le genre "ce n'est pas possible, je ne peux pas faire cela").

J'ai eu des "crushes" sur des gars qui ne me correspondaient pas (essaie d'associer un sportif à une pantouflarde ou un fêtard à une introvertie :mrgreen:) et, quand il y avait quand même un début d'intérêt en face, je m'enfuyais de nouveau en pure panique.

Je me sens beaucoup mieux sur ce plan depuis que j'ai arrêté de me "forcer". Je n'ai plus de crushes (ce qui me surprend, on dirait que mon cerveau s'est dit "c'est bon, je me fatigue plus à chercher de partenaires hors d'atteinte") et cela ne me manque pas.

De mon côté, je n'ai pas de pulsion/d'envie qui me pousse à entamer une relation de couple. Toutes mes tentatives étaient uniquement liées à un désir de rentrer dans le moule. Et la panique... Ben, rétrospectivement, elle ressemblait plus à celle que l'on ressent lorsqu'on se retrouve piégé.e dans une situation dont on ne veut absolument pas ("J'veux pas y'aller!"). :roll:

J'ai ressenti un peu la même peur quand je tentais vaguement (avec un terrible manque de motivation) d'orienter mes études dans la direction qu'on me conseillait plutôt que vers celle que je voulais vraiment (soit disant que je pouvais faire mieux). J'ai découvert qu'on pouvait être soulagé.e en se plantant lamentablement à une épreuve. :mrgreen:
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Re: Peur de l'intimité ou asexualité ?

Message par Ener »

Bonjour kiwi_bl :)

Je connais pas mal de gens qui ont ton âge ou un peu plus et qui n'ont jamais été en couple, donc ce point ne me paraît pas aberrant "dans l'absolu" :)
Pour ce qui est de ton dilemme, plutôt que de te dire "à toi de trouver", peut-être peux-tu en discuter avec un psy, car si il y a un problème sous-jacent (mais s'il n'y en a pas tu n'as pas à chercher à te changer !!)il ne faudrait pas le garder... Vu ton âge tu es sans doute encore étudiante, tu pourrais regarder du côté des BAPU et des CMP, normalement les séances sont gratuites/remboursées par la sécu :)
Bon courage en tout cas ! :)

(de mon côté je me retrouve dans ton "besoin de validation" avec mon incapacité à savoir si j'ai vraiment envie de sexe avec mon copain - avec quelqu'un d'autre c'est exclu - ou si j'ai juste peur qu'il ne me désire plus et que ça parte sur une pente glissante... Je suis en train d'investiguer^^)
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Arcanix
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Re: Peur de l'intimité ou asexualité ?

Message par Arcanix »

Bienvenue kiwi_bl

Ce que tu racontes ressemble beaucoup à de l'asexualité et aux témoignages que tu pourras trouver sur ce forum. Mais au risque de te décevoir, ce n'est pas à nous de te dire ce que tu es :) Si l'étiquette (ou le "post-it" comme dirait Orchis) te convient et t'apporte un soulagement, libre à toi de l'adopter et de t'en défaire un peu plus tard si elle ne te convient plus, tu es encore jeune.

Sur ton deuxième questionnement qui revient à se demander si cette situation est innée ou acquise (il y a une discussion sur le sujet : https://fr.asexuality.org/forum/viewto ... 3&t=10093 ), nos avis sur ce forum seront sans doute divergents. En ce qui me concerne (mais j'ai conscience que c'est mon fonds de commerce professionnel et que je pourrais aller directement pointer au chômage si je tenais un discours différent), il me semble que ces situations sont construites socialement et qu'on pourrait les expliquer si on s'en donnait la peine même si les facteurs sont multiples et différents chez chaque personne (et sans aucun doute autrement plus complexe que la théorie psychologique de l'attachement).

Mais que ton asexualité soit le produit de ta naissance ou de ton histoire personnelle, qu'est-ce que ça change au final ? Tu n'es pas "malade", tu n'es pas "cassée" ou "bloquée", tu es comme tu es.

On es tous façonné par nos expériences biographiques et conditionné par notre socialisation et notre environnement (à commencer par tes amies dont le désir hétérosexuel n'est pas plus naturel ou évident que son absence chez toi). Je me retrouve en partie dans la description de ton enfance. Mes parents ont divorcé quand j'avais cinq ans avant de se déchirer pendant dix ans sur la garde de leurs enfants. J'ai grandi avec une vision apocalyptique des relations conjugales mais je sais très bien qu'il n'y a pas que cela qui joue chez moi (mes sœurs filent par exemple le parfait amour dans leur vie) et que ce n'est pas en claquant des doigts ou en allant chez un psy que je vais avoir envie de me mettre en couple.

Bref, quelle que soit la réponse à ta double interrogation, cela n'enlève rien à ton ressenti ni à ta légitimité à te définir comme asexuelle si c'est comme cela que tu le vis. Le tout est de ne pas se fermer à la possibilité d'une évolution (lente et progressive) sans pour autant croire que l'on peut changer radicalement (ça arrive parfois, mais la plupart du temps on se heurte à des années de sédimentation des comportements).
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Re: Peur de l'intimité ou asexualité ?

Message par kiwi_bl »

Alors déjà merci à vous ! Je ne pensais pas avoir des réponses aussi vite ^^
clotaire a écrit : 02 mars 2021, 19:09
Par rapport à tes questions, le truc c'est que dans les situations que tu décris, il faudrait parvenir à dissocier ce qui relève de ton aspiration profonde et ce qui relève de conditionnements parasites. Est-ce que, au fond, tu éprouves le désir d'une relation (romantique et/ou sexuelle), et que des réflexes liés à ton modèle parental (par exemple) te conduisent à repousser les opportunités, ou est-ce l'inverse : la société te conduit à penser que tu dois chercher l'amour, mais au fond de toi ça ne colle pas. D'après ton témoignage, les deux sont possibles, il me semble...
Effectivement je n'avais pas pensé à tourner la question comme cela mais c'est très justement posé, ça me fait regarder ma situation d'un nouvel angle !

Du coup en y repensant, je pense que je n'éprouve pas et n'ai jamais éprouvé de désir d'une relation sexuelle. J'ai simplement parfois envie d'essayer, comme une idée abstraite, simplement par "curiosité" (du style : tout le monde en parle comme quelque chose de fou et d'essentiel, donc je devrais tester pour voir). Je me dis que ça pourrait peut-être me plaire avec une personne de qui je suis très proche, mais sinon non.

Par contre, je pense effectivement avoir en moi un désir profond d'intimité, mais non-sexuelle : faire confiance pleinement à quelqu'un, me laisser apparaître vulnérable devant, voire avoir des gestes affectifs (câlins, etc). Mais je ne sais pas vraiment si ce désir est celui d'une amitié très forte ou un désir romantique. Je suppose que ce n'est pas une question que je peux résoudre abstraitement. Je verrai ce que l'avenir me réserve, si j'ose dire ^^ Si je rencontre des personnes qui me donnent envie d'avoir des relations romantiques.
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Re: Peur de l'intimité ou asexualité ?

Message par kiwi_bl »

Orchis a écrit : 02 mars 2021, 20:29 Bienvenue kiwi_bl ! :)

Des fois que tu trouverais des échos ou des choses à exploiter dans mon expérience, la voici.

De mon côté, j'ai longtemps cru que j'étais cassée. J'ai tenté de me pousser à entamer quelques relations (avec un terrible manque de motivation, comme une corvée à accomplir à côté de "payer ses impôts") pour systématiquement m'enfuir en panique absolue, à la limite du dégoût (dans le genre "ce n'est pas possible, je ne peux pas faire cela").

J'ai eu des "crushes" sur des gars qui ne me correspondaient pas (essaie d'associer un sportif à une pantouflarde ou un fêtard à une introvertie :mrgreen:) et, quand il y avait quand même un début d'intérêt en face, je m'enfuyais de nouveau en pure panique.

Je me sens beaucoup mieux sur ce plan depuis que j'ai arrêté de me "forcer". Je n'ai plus de crushes (ce qui me surprend, on dirait que mon cerveau s'est dit "c'est bon, je me fatigue plus à chercher de partenaires hors d'atteinte") et cela ne me manque pas.

De mon côté, je n'ai pas de pulsion/d'envie qui me pousse à entamer une relation de couple. Toutes mes tentatives étaient uniquement liées à un désir de rentrer dans le moule. Et la panique... Ben, rétrospectivement, elle ressemblait plus à celle que l'on ressent lorsqu'on se retrouve piégé.e dans une situation dont on ne veut absolument pas ("J'veux pas y'aller!"). :roll:

J'ai ressenti un peu la même peur quand je tentais vaguement (avec un terrible manque de motivation) d'orienter mes études dans la direction qu'on me conseillait plutôt que vers celle que je voulais vraiment (soit disant que je pouvais faire mieux). J'ai découvert qu'on pouvait être soulagé.e en se plantant lamentablement à une épreuve. :mrgreen:
J'ai l'impression de m'y retrouver complètement c'est fou !! Moi aussi depuis que j'ai arrêté de vouloir me forcer et de me caser avec n'importe quel mec que je trouvais pas trop mal, je n'ai plus eu de "crush". En fait je choisissais des crushs simplement pour rentrer dans le moule et pour faire passer le temps, en rire avec des amies...mais je n'étais pas sérieuse.
Et pour la panique c'est exactement ça aha !
( c'est fou d'ailleurs, j'ai une expérience similaire aussi par rapport à l'orientation dans les études supérieures ! Je me suis moi-même sabotée pendant une épreuve par peur de réussir et de me retrouver coincée dans une formation qui ne me faisait pas rêver ! Bon la différence avec toi je suppose c'est que je suis encore complètement perdue dans ce domaine. Comme quoi questionnement sur la sexualité et questionnement sur l'orientation, c'est pas si éloigné aha)

En tous cas merci pour ton témoignage Orchis, ça me fait du bien de voir que quelqu'un a eu des expériences vraiment similaires aux miennes ^^
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Re: Peur de l'intimité ou asexualité ?

Message par kiwi_bl »

Ener a écrit : 02 mars 2021, 20:47 Bonjour kiwi_bl :)

Je connais pas mal de gens qui ont ton âge ou un peu plus et qui n'ont jamais été en couple, donc ce point ne me paraît pas aberrant "dans l'absolu" :)
Pour ce qui est de ton dilemme, plutôt que de te dire "à toi de trouver", peut-être peux-tu en discuter avec un psy, car si il y a un problème sous-jacent (mais s'il n'y en a pas tu n'as pas à chercher à te changer !!)il ne faudrait pas le garder... Vu ton âge tu es sans doute encore étudiante, tu pourrais regarder du côté des BAPU et des CMP, normalement les séances sont gratuites/remboursées par la sécu :)
Bon courage en tout cas ! :)

(de mon côté je me retrouve dans ton "besoin de validation" avec mon incapacité à savoir si j'ai vraiment envie de sexe avec mon copain - avec quelqu'un d'autre c'est exclu - ou si j'ai juste peur qu'il ne me désire plus et que ça parte sur une pente glissante... Je suis en train d'investiguer^^)
Effectivement ce n'est pas le fait de ne pas avoir eu de relation sexuelle qui fait que je me questionne aujourd'hui, mais le fait que cela ne me manque pas ^^
Par rapport au psy, j'avais fait quelques séances gratuites avec un dispositif fait pour les étudiants ( mais pas pour l'asexualité, pour autre chose) mais j'en ai gardé le souvenir d'une totale inutilité !
Mais en fait je n'ai pas non plus envie de me retrouver face à quelqu'un qui essaie de me "réparer". C'est assez paradoxal car c'est un questionnement que j'ai moi-même, de me demander si je n'ai pas un "blocage", mais je suis profondément mal à l'aise à l'idée d'essayer de changer radicalement. Peut-être qu'au fond de moi je sais qu'en fait je suis bel et bien sur le spectre de l'asexualité et que je n'ai pas besoin d'essayer de changer ça... Je ne sais pas si c'est clair aha, je réfléchis en écrivant.
Merci en tous cas pour le conseil !
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Re: Peur de l'intimité ou asexualité ?

Message par kiwi_bl »

Arcanix a écrit : 02 mars 2021, 20:56

Sur ton deuxième questionnement qui revient à se demander si cette situation est innée ou acquise (il y a une discussion sur le sujet : https://fr.asexuality.org/forum/viewto ... 3&t=10093 ), nos avis sur ce forum seront sans doute divergents. En ce qui me concerne (mais j'ai conscience que c'est mon fonds de commerce professionnel et que je pourrais aller directement pointer au chômage si je tenais un discours différent), il me semble que ces situations sont construites socialement et qu'on pourrait les expliquer si on s'en donnait la peine même si les facteurs sont multiples et différents chez chaque personne (et sans aucun doute autrement plus complexe que la théorie psychologique de l'attachement).

Mais que ton asexualité soit le produit de ta naissance ou de ton histoire personnelle, qu'est-ce que ça change au final ? Tu n'es pas "malade", tu n'es pas "cassée" ou "bloquée", tu es comme tu es.

On es tous façonné par nos expériences biographiques et conditionné par notre socialisation et notre environnement (à commencer par tes amies dont le désir hétérosexuel n'est pas plus naturel ou évident que son absence chez toi). Je me retrouve en partie dans la description de ton enfance. Mes parents ont divorcé quand j'avais cinq ans avant de se déchirer pendant dix ans sur la garde de leurs enfants. J'ai grandi avec une vision apocalyptique des relations conjugales mais je sais très bien qu'il n'y a pas que cela qui joue chez moi (mes sœurs filent par exemple le parfait amour dans leur vie) et que ce n'est pas en claquant des doigts ou en allant chez un psy que je vais avoir envie de me mettre en couple.

Bref, quelle que soit la réponse à ta double interrogation, cela n'enlève rien à ton ressenti ni à ta légitimité à te définir comme asexuelle si c'est comme cela que tu le vis. Le tout est de ne pas se fermer à la possibilité d'une évolution (lente et progressive) sans pour autant croire que l'on peut changer radicalement (ça arrive parfois, mais la plupart du temps on se heurte à des années de sédimentation des comportements).
Merci Arcanix pour ce message qui m'a fait beaucoup de bien à la lecture. :)

Je pense en fait que j'ai du mal à accepter d'être en dehors de la norme, et de ce que cela implique (de potentiellement l'expliquer à mon entourage, de ne pas pouvoir me reconnaître dans les relations qui m'entourent, de me sentir parfois bizarre, exclue...). Et du coup je me dis : si c'est socialement construit, alors il faut absolument que je déconstruise cela pour avoir une vie "normale".

Alors qu'en fait tu as raison, pourquoi devrais-je changer ? L'hétérosexualité de certaines de mes amies a sans doute, parmi de nombreux facteurs, une part de facteurs sociaux et biographiques. Et pourtant elles ne se questionnent pas et acceptent cet état de fait.
Si je me sens bien sans attirance sexuelle, alors je ne vois pas pourquoi je devrais essayer de changer cela. Même si cette absence d'attirance sexuelle est peut-être due à la manière dont je me suis construite enfant.
Et comme toi, je ne pense pas qu'en faisant une thérapie chez un psy je change radicalement.
Après je ne me ferme pas à une potentielle évolution. Je sais que j'ai encore énormément d'expériences à avoir, de rencontres à faire... et que beaucoup de choses peuvent changer. Mais dans l'état actuel des choses, je pense que cela me fait du bien de me définir comme asexuelle.

Merci pour ton avis en tous cas et merci pour le lien, je vais aller lire cette discussion de ce pas :)
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Re: Peur de l'intimité ou asexualité ?

Message par Orchis »

kiwi_bl a écrit : 02 mars 2021, 22:04 Mais en fait je n'ai pas non plus envie de me retrouver face à quelqu'un qui essaie de me "réparer". C'est assez paradoxal car c'est un questionnement que j'ai moi-même, de me demander si je n'ai pas un "blocage", mais je suis profondément mal à l'aise à l'idée d'essayer de changer radicalement. Peut-être qu'au fond de moi je sais qu'en fait je suis bel et bien sur le spectre de l'asexualité et que je n'ai pas besoin d'essayer de changer ça... Je ne sais pas si c'est clair aha, je réfléchis en écrivant.
C'est très clair pour moi. On doit se rejoindre quelque part là-dessus aussi. :wink:

Pour tout acte médical, mon positionnement se résume en :
  • On ne touche pas tant que je ne suis pas certaine que c'est cassé/bloqué (ie quand je n'ai plus de questionnement mais une certitude). J'ai horreur de me lancer dans des traitements qui ne servent à rien. Trop d'investissements pour trop peu de résultats. :mrgreen: Sans compter les possibles effets secondaires.
  • On ne touche pas tant que je ne suis pas sûre que le professionnel en face est compétent. Dans le cas d'un psy (si jamais je me convainquais d'y mettre une patte), je dirais tant que je ne suis pas sûre et certaine qu'il ne considère pas l'asexualité comme un trouble à soigner (auquel cas il risquerait de faire plus de mal que de bien en éliminant d'office une piste)
Je crois que ma crainte est d'essayer de rentrer dans un rond, de sortir le marteau pour forcer, de raboter tout ce que je peux pour y arriver et de m'apercevoir après tous ces efforts démesurés qu'en fait je suis un carré et que je me suis rabotée pour rien. :oops:

(Sans doute parce que j'ai joué à cela un peu trop souvent. Jouer à être une "vraie fille". Jouer à être une extravertie. Jouer à être une hétéro... J'ai de moins en moins d'énergie à consacrer à cela. :roll: )
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Re: Peur de l'intimité ou asexualité ?

Message par Walther »

Orchis a écrit : 02 mars 2021, 23:06
kiwi_bl a écrit : 02 mars 2021, 22:04 Mais en fait je n'ai pas non plus envie de me retrouver face à quelqu'un qui essaie de me "réparer". C'est assez paradoxal car c'est un questionnement que j'ai moi-même, de me demander si je n'ai pas un "blocage", mais je suis profondément mal à l'aise à l'idée d'essayer de changer radicalement. Peut-être qu'au fond de moi je sais qu'en fait je suis bel et bien sur le spectre de l'asexualité et que je n'ai pas besoin d'essayer de changer ça... Je ne sais pas si c'est clair aha, je réfléchis en écrivant.
C'est très clair pour moi. On doit se rejoindre quelque part là-dessus aussi. :wink:

Pour tout acte médical, mon positionnement se résume en :
  • On ne touche pas tant que je ne suis pas certaine que c'est cassé/bloqué (ie quand je n'ai plus de questionnement mais une certitude). J'ai horreur de me lancer dans des traitements qui ne servent à rien. Trop d'investissements pour trop peu de résultats. :mrgreen: Sans compter les possibles effets secondaires.
  • On ne touche pas tant que je ne suis pas sûre que le professionnel en face est compétent. Dans le cas d'un psy (si jamais je me convainquais d'y mettre une patte), je dirais tant que je ne suis pas sûre et certaine qu'il ne considère pas l'asexualité comme un trouble à soigner (auquel cas il risquerait de faire plus de mal que de bien en éliminant d'office une piste)
Je crois que ma crainte est d'essayer de rentrer dans un rond, de sortir le marteau pour forcer, de raboter tout ce que je peux pour y arriver et de m'apercevoir après tous ces efforts démesurés qu'en fait je suis un carré et que je me suis rabotée pour rien. :oops:

(Sans doute parce que j'ai joué à cela un peu trop souvent. Jouer à être une "vraie fille". Jouer à être une extravertie. Jouer à être une hétéro... J'ai de moins en moins d'énergie à consacrer à cela. :roll: )
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Re: Peur de l'intimité ou asexualité ?

Message par Arcanix »

kiwi_bl a écrit : 02 mars 2021, 22:18 Et du coup je me dis : si c'est socialement construit, alors il faut absolument que je déconstruise cela pour avoir une vie "normale".
Oui c'est point qui est souvent mal compris. Ce n'est pas parce que les faits sociaux sont socialement construits qu'ils n'ont pas une objectivité qui les rend parfois quasi immuables ou extrêmement difficiles à faire évoluer (tout particulièrement en matière de socialisation primaire). Le meilleur exemple, c'est la langue maternelle, on a beau l'avoir apprise, elle est impossible à oublier et c'est très difficile d'apprendre une autre langue de la même manière au cours de sa vie. Au mieux, on façonne, on perd un accent, etc.
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Re: Peur de l'intimité ou asexualité ?

Message par Walther »

kiwi_bl a écrit : 02 mars 2021, 15:55 Bonjour à tous et toutes ! :)

Je suis en grand questionnement sur ma sexualité et plus généralement ma relation aux autres (romantique et sexuelle).

Avant toute chose, je tiens à dire que j'ai déjà fait pas mal de recherches et que je ne cherche pas en postant ici à ce qu'on me dise simplement "à toi de trouver ;)". J'aimerais échanger avec vous, avoir vos avis et/ou témoignages sur des expériences similaires.

Pour poser un peu le contexte : j'ai 20 ans et je n'ai jamais été en couple/dans une quelconque relation amoureuse ou sexuelle. En grandissant, j'ai toujours été un peu à l'écart des autres enfants puis adolescents qui commençaient à avoir des envies romantiques et/ou sexuelles, mais enfant cela ne m'a jamais questionnée (les autres enfants étaient dans des "relations" de quelques jours, se faisaient des bisous, etc ; mais j'en étais totalement désintéressée) et adolescente je pensais simplement avoir un développement différent sur ce plan-là, simplement plus lent.

Vers mes 18 ans j'ai commencé à me masturber, tardivement donc par rapport à d'autres. Je n'en avais jamais vraiment eu l'idée avant, et en plus la masturbation féminine me paraissait sale (car société patriarcale, conditionnement mysogyne, etc.) A la suite de discussions avec des amies, j'ai déconstruit cette vision et j'ai essayé. Résultat, ça me plaît, je le fais régulièrement, mais sans passion non plus.

Après plusieurs expériences récentes avec des garçons où cela s'est arrêté après seulement un ou deux rendez-vous, j'ai commencé à me questionner et à enfin m'admettre à moi-même que je n'avais pas les mêmes envies et comportements que mes amies cis hétéros.

Voici quelques uns de mes constats : je cherche beaucoup à plaire aux hommes (car je recherche la validation de ceux-ci) mais dès que ceux-ci tentent une interaction du style on fait connaissance pour aller plus loin, je me sens extrêmement mal à l'aise, je me ferme (malgré moi, c'était inconscient jusqu'à ce que récemment j'en prenne conscience), j'invente des standards très hauts pour que l'homme en face de moi ne puissent jamais les remplir et que je puisse m'enfuir avec un bon prétexte. Je pense être plus attirée par l'idée d'être avec un homme, à cause de mon éducation et de mon conditionnement social, que par les hommes eux-mêmes.
Enfin, je me suis sentie déjà répulsée par les dynamiques de couples hétéros parmi mes amies, en me disant "ça a l'air très cool pour eux, mais je ne me projette pas dans ce type de relation". Sans savoir quel type de relation me conviendrait mieux.

Je me suis alors demandé : "suis-je plutôt attirée par les femmes ? " Je suis encore en questionnement sur ce point-là. J'ai déjà été attirée par une ou deux filles dans ma vie, mais jamais sexuellement, plus comme quelque chose de magnétique, une envie d'être proche d'elles.

C'est pourquoi je pense que je pourrais être asexuelle ou demisexuelle.

Mais j'arrive à mon grand questionnement : suis-je asexuelle ou suis-je simplement "bloquée", "cassée" par des traumatismes d'enfance ?

En effet, j'ai réalisé récemment que je me suis toujours sentie en manque d'amour depuis toute petite. Mes parents ont divorcé peu après ma naissance, mon père m'a manquée enfant, et j'ai grandie chez ma mère. Je n'ai jamais manqué de rien de matériel chez ma mère et elle s'occupait bien de moi, mais je me suis parfois sentie mise à l'écart, car ma mère a eu beaucoup de relations amoureuses avec des hommes (qui en général se sont mal finies). Pour avoir fait quelques recherches en psychologie, notamment sur la théorie de l'attachement (théorie américaine), je sais que ce type d'expérience enfant peut amener à des difficultés à s'attacher amoureusement à quelqu'un une fois adulte, à se rendre vulnérable devant quelqu'un (romantiquement et/ou sexuellement).

Et donc je me demande : ai-je peur de l'intimité car je suis asexuelle (voire aromantique, mais c'est une autre question) ?
Ou est-ce que je pense être asexuelle car j'ai peur de l'intimité, à cause de mon enfance ?

Si la dernière option est la bonne, cela signifie-t-il que mon asexualité présumée n'est pas valide mais qu'elle est un trouble psychologique à surmonter, à "réparer" ?


Est-ce que certain ou certaines d'entre vous ont déjà eu des questionnements ou expériences similaires ? Je sais bien que vous n'allez pas m'apporter une réponse toute prête à mon questionnement mais j'aimerais échanger avec vous.

Merci de m'avoir lue jusqu'ici en tous cas. J'espère aussi que ce sujet pourra aider d'autres personnes dans un questionnement similaire :D
Si j'avais qu'un conseil à te donner, ne te force à rien si tu n'as pas envie, et si tu dois avoir une relation, il faut que tu l'ais uniquement avec une personne de confiance, à qui tu pourras dire stop.
Des expériences douloureuses, j'en ai malheureusement trop vues par ici.
Tu as sans doute un manque chronique de confiance en toi, et une mauvais expérience ne fera que te briser.
Est ce que ton asexualité est "naturelle", ou découle de tes expériences de vie, c'est très difficile à dire.
Vive la Reine!
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Re: Peur de l'intimité ou asexualité ?

Message par Ener »

Ton message est très clair :) Dans tous les cas, quelle que soit la réponse que tu trouveras (même si tu commences à avoir une idée), il faudra t'accepter, car il n'y a rien d'anormal :)
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Re: Peur de l'intimité ou asexualité ?

Message par Freaks »

kiwi_bl a écrit : 02 mars 2021, 22:18
Je pense en fait que j'ai du mal à accepter d'être en dehors de la norme, et de ce que cela implique (de potentiellement l'expliquer à mon entourage, de ne pas pouvoir me reconnaître dans les relations qui m'entourent, de me sentir parfois bizarre, exclue...). Et du coup je me dis : si c'est socialement construit, alors il faut absolument que je déconstruise cela pour avoir une vie "normale".
Ben pour moi, l'asexualité est aussi une "norme" ; simplement, ce n'est pas la norme hétérosexuelle dominante... Comme disait Arcanix, à toi de voir si tu t'y reconnais, mais effectivement, il y a dans ce que tu décris de bons indices, comme le fait de faire de fixer des standards si hauts qu'objectivement personne ne pourrait les remplir (ça fait partie des stratégies classiques d'évitement, je crois).

C'est souvent dur de faire la part de ce que tu veux vraiment au fond de toi, et ce que la société te fait désirer pour être "normale", mais si tu n'as pas envie d'aller voir un psy pour te "guérir" (ce qui a toujours été mon cas, même quand je me vivais comme un hétérosexuel "imparfait"), c'est peut-être justement que tu es dans la norme asexuelle (plus souple que l'hétérosexuelle, il faut bien qu'il y ait des avantages à n'être pas comme les autres ! :D )

Après, être asexuelle ne t'interdit pas (heureusement) d'avoir des relations amicales - en fait, j'aurais même tendance qu'on apprécie mieux l'amitié, parce que le sexe ne vient pas brouiller tout ça... (Je pense à l'amitié homme-femme que beaucoup d'hétérosexuels jugent, à tort, impossible.)

Sinon, Orchys a raison : il n'y a rien de plus fatigant que d'avoir passé des années à rentrer dans une norme qui n'est pas la sienne, donc bravo de t'être posé la question aussi tôt ! :) (Quand j'avais 20 ans, Aven n'existait même pas, ha, ha.)
On reconnaît la pression sociale au bruit qu'elle fait quand elle s'en va.
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