Salut à tous,
voici mon humble petite pierre à l'édifice de nos investigations et introspections au sujet de l'aromantisme. J'espère qu'elle trouvera sa place dans toutes ces réflexions, autant à l'extérieur qu'à l'intérieur de moi-même
Je n'énoncerai ici aucune vérité, mais je m'apprête à partager avec honnêteté ce qui passe dans mon esprit en quête du sens ... de la vie
Je suis asexuelle, cela semble ne plus faire aucun doute. Et puisqu'il est ici question d'aromantisme je me suis observée à nouveau, comme si je reprenais un vieil exercice que j'avais laissé pour plus tard.
Je ne me suis jamais posée la question de "qu'est-ce que l'aromantisme", mais je me suis déjà posée la question de "qu'est-ce que le romantisme".
Mes aspirations sont très philosophiques, et je m'intéresse autant à ce que disent certaines philosophies (bouddhisme, sikhisme, taoïsme ...), qu'à mes propres réflexions, conclusions, perceptions, ressentis internes ...
Pas question de me laisser définir par les gens extérieurs, impuissants à ressentir ma propre vérité. Je peux parler de mes émotions, de mes douleurs, mais personne ne peut ressentir à ma place l'intensité de ce qu'il se passe dans mon corps ou dans mon esprit. Donc je garde toujours mon libre-arbitre face aux généralités.
Les définitions ne devraient qu'être un repère, pas un carcan dans lequel nous manquerions d'oublier que nous avons le pouvoir de "DEVENIR"
Alors qu'est-ce que le romantisme ? Je me suis posée la question après que moi aussi je me sois cassée les dents et brûlée les ailes dans des relations "amoureuses" dignes de séries télévisées.
Comme je suis une adepte de l'écriture, et que j'aime dessiner avec les mots, j'ai appris à manier le verbe avec brio (bon, ça va les fleurs, madame Modeste ?!!
)
Et puis un jour j'ai réalisé que je me servais des mots pour faire "fondre" l'autre. Disons qu'en d'autres termes je savais mettre les bons mots aux bons endroits pour que l'ego de l'autre ne puisse plus résister devant un portrait aussi idyllique d'eux-mêmes.
Narcisse se regardant dans le miroir, et moi sachant manipuler le miroir pour que Narcisse tombe dans mes bras, voilà en gros le scénario
Oui, les mots peuvent hypnotiser le discernement de l'autre, et de soi-même. Je ne faisais pas cela par perversité, j'étais seulement poussée par la peur de rester seule et je me servais de mes "avantages" comme tout un chacun, comme d'autres se servent de leurs beaux yeux ou de leurs récits d'aventuriers téméraires. A chacun son style de séduction
En fait, tout cela relève, selon ma compréhension, du jeu de l'ego. L'ego, en gros, c'est cet hologramme que l'on a finit par créer pour répondre aux attentes pressantes et pesantes de nos éducateurs (parents, famille, profs, etc ...). Pour survivre, nous commençons à nous fondre dans l'image de soi-même, image que les autres nous encouragent à "épouser" en nous définissant sans arrêt : "Tu es comme ci, tu es comme ça, je te connais par coeur, tu ne changeras jamais ... etc ..."
Face à ça j'ai fait mon "coming out"
mais quand même, c'est comme le schewingum sur le bitume d'été, ça colle aux baskets
Oui, je sais, c'est difficile de discerner alors le jeu de l'ego du soi véritable. Difficile ne veut pas dire impossible, attention
Personnellement je me suis "attaquée" au chapitre de l'égo il y a quelques années déjà. Un gros pavé, et c'est ainsi que je me suis rendue compte que le romantisme est le jeu de l'ego. On opère une sorte d'hypnose sur l'autre, flattant son ego, employant des pronoms possessifs à tout va
Ma chérie, Mon coeur, Ma belle, Mon amour, Ma Mon Mes Ma Mes Mon ....
on s'attache, on attache l'autre, on fusionne, on se perd dans l'autre, car en fait on ne cesse de s'identifier à l'autre et à tout ce qui nous entoure.
Face à tous ces mots et pronoms possessifs, nous nous sentons soudain important, existant, vitale, indispensable dans la vie de l'autre !
Merci ! Merci ! Tu me donnes enfin une raison de vivre !
Sauf que quand, ou si, l'autre disparaît, tout s'écroule. Si si , je le sais, j'y suis passée
La dernière tentative de relation que j'ai vécue était une véritable caricature de ce que je viens d'énoncer. Il me servait du "Tu es tout pour moi. Mon amour, Mon sucre, Mon coeur tendre ..." et dès que quelque chose ne lui convenait pas "Tu me heurtes. Tu me fais souffrir. Tu me ceci, Tu me cela"
La relation a duré peu de temps. J'ai bien compris qu'il s'agissait seulement d'un exercice pratique pour moi, sur le romantisme justement
Dans ce genre de relation fusionnelle et de dépendance affective, le romantisme joue un rôle prédominant puisqu'il sert de liens, ceux qui attachent l'autre à soi-même.
Depuis que j'ai compris ce qu'est en réalité le romantisme, c'est à dire du narcissisme déguisé en altruisme, je n'ai plus aucun goût pour les chansons du genre "Toi, la plus belle, le plus merveilleux" ou "je me meurs d'amour pour toi". Ennuyeux à mourir finalement
A ce jour je ne sais pas ce que peut être une relation sans romantisme. J'ai connu l'absence de romantisme dans certaines relations, mais en fait parce qu'il y avait tout simplement absence de sentiments et absence de respect. Il me reste donc tout à découvrir dans le domaine de la relation aromantique, qui soit un aromantisme par conscience, et non par réaction. Je suis motivée pour cette nouvelle expérience
Je pense que je peux me sentir amoureuse, et cela pourrait se conjuguer en termes de "enthousiaste, joyeuse, motivée, excitée par un projet, vivifiée"
Il peut sans doute m'arriver de sauter à pieds joints en tapant dans mes mains pour exprimer un joie intérieure sincère.
Il peut aussi m'arriver de tenir la main de l'autre, celui auprès de qui je peux être vraie avec moi-même et non jouer un rôle pour lui éviter ses propres peurs. Tenir la main dans ce cas sera alors le besoin de sentir l'énergie de l'autre, une autre façon de communiquer, parce que trop de blabla ça me fatigue
Mais allez au restaurant avec chandelles et champagne pour impressionner, ou être impressionnée, ça ne marche plus. Célébrer les anniversaires en achetant les plus belles roses rouges de la ville, ça ne marche plus.
En fait, je trouve que tout cela manque cruellement de profondeur
Je parlais de narcissisme plus haut, et si je m'en réfère à mes expériences épistolaires, aux poèmes que mon père écrivaient à ses conquêtes pour les faire tomber comme des mouches, et aux autres textes rédigés par des maîtres du verbe, je vois bien qu'il s'agit avant tout d'une auto-satisfaction, car alors c'est notre propre image que l'on admire dans les yeux de l'autre, subjugué par autant de beauté déclarée à leur petite personne ... manquant terriblement de confiance en soi
ou souffrant d'une blessure profonde d'abandon, de rejet
Quand j'étais aux Québec j'ai entendu cette formule, qui pourrait résumer ce ... long post
"Être en amour avec l'amour"
et je crois que c'est bien ce qu'il se passe, dans le romantisme
ce n'est pas tant l'autre qu'on aime, que soi-même s'adonnant à des prouesses devant un public naïf et sans discernement*
woah ! qu'est-ce qu'il est génial !
*manque de discernement du à une méconnaissance de soi-même
Depuis que je me donne ce dont j'ai besoin, tendresse, compassion, attention, douceur, non-jugement, etc ... je suis, comme pas hasard, moins sensible au romantisme ! ... y a un truc là, non
Bon, c'était un peu long
mais en même temps, moins on est romantique, plus on est profond
Et juste pour finir
je pense qu'être aromantique est un signe de bonne santé psychique et spirituelle, si ce n'est pas comme je le citais plus haut, uniquement une réaction à des expériences douloureuses non intégrées en tant qu'enseignement
Voilà, c'est finit
heu ... merci de m'avoir écoutée ...