(...) Je suis très sauvage comme gars, en fait (...)
@Guillaume - Bah, alors, faut pas non plus s'en vanter, hein
! Non, non, bon je déconne, mais ma question était absolument innocente. Je ne vous prête aucune interprétation douteuse ni la moindre démarche politique (consciente ou inconsciente) qui vous situerait là où vous n'êtes pas... Même si, vous en conviendrez avec moi, sur le papier et sans vous connaître, ce que vous annonciez dans votre message "-1" ressemble quand même un peu à ce distinguo "bas VS noble" - mais qu'on peut également vouloir faire sans être ni dingue, ni dangereux.
Un Gandhi, pour ne citer qu'un exemple, vit en permanence dans cette opposition.
Mais nous allons nous perdre là sur des terrains théoriques fumeux, sur lesquels nous ne sommes (par ma faute) que déjà trop avancés.
Pour me recentrer un peu, donc et revenir à cette revendication identitaire, qui me dérange, il y a toujours quelques données qui me restent inaccessibles... Nous en étions arrivés, je crois à ceci que par comparaison aux autres, une orientation sexuelle quelqu'elle soit, peut s'exprimer dans les termes : "je ne suis pas, mais je pourrais être et qui sait d'ailleurs si je ne serai pas ?"
Par suite, comme en un mouvement naturel d'empathie, d'amour et dans le plaisir du "commerce" d'homme à homme, il est très fréquent, n'est-ce pas, qu'on souhaite partager avec ses congénères les plaisirs les plus vifs, qu'on éprouve... Ce [whatever what] m'émeut tant que je serais très heureux si [no matter who] pouvait ressentir et partager mon émotion... On connait ça, non ?
Ça pourrait se passer, par exemple (bidon), devant "Le déjeuner sur l'herbe" au musée d'Orsay ou dans le cas d'un bon vin.
Mais ça pourrait également - exemple plus opérant maintenant - se passer en présence d'une belle femme ou pour être plus générique, d'une belle personne.
En cela, la "revendication" asexuelle, si vous me suivez, pour tous ceux qui, comme moi, peinent à la comprendre, s'assimile à un genre de "rejet dogmatique" (un peu blessant) et pour reprendre le premier exemple (bidon), reviendrait à dire à celui de mes amis qui aime la peinture : "je n'aime pas la peinture, les impressionnistes encore moins et je refuse de voir ce tableau" alors qu'il serait si facile de dire "ouais, je ne sais pas, peut-être", pour accepter de juger sur pièce et sans pour autant devenir devenir fanatique de peinture, tout simplement d'accepter l'idée qu'il existe peut-être quelque part un tableau autre, susceptible de m'émouvoir, moi aussi. Et même si je ne dois jamais le rencontrer, et même si cette pensée ne doit occuper qu'une part très infime de mon temps et que je ne consacre qu'une part très infime de mon temps à sa recherche ou mieux encore, si je préfère attendre chez moi, qu'il vienne à moi, accepter de toujours vivre dans l'espoir (même discret, même secret) de le rencontrer.
Encore une fois, je bute sur cet écueil dialectique de la définition par l'absence.
Et de la revendication d'absence, car une fois l'absence admise, c'est à travers le caractère exceptionnel, unique surtout et toujours possible d'une émotion qui est nié, un pan tout entier d'humanité qui est nié.
En langage "S" (mais je n'aime pas cette classification), ça s'exprime simplement par les mots : "cette émotion t'est accessible, mais tu ne l'as pas trouvée." En langage "A" (mais je n'aime décidément pas cette classification), ça s'exprime par les mots : "cette émotion ne m'est pas accessible parce qu'elle ne peut pas exister en moi."
Et même si vous n'êtes pas d'accord (sans partir pour autant du principe trop souvent utilisé ici, selon lequel nous ne pourrons pas nous entendre, quoiqu'il arrive), est-ce que vous comprenez un peu de ce que je ressens face à cette revendication ?