Oh, mais je ne te le reproche pas. Je suis moi-même expert ès prise de tête.J'aime me prendre la tête (...)
Là, où cependant tu me sembles faire fausse route (ce n'est que mon avis et ce n'est ni une attaque, ni une démonstration supplémentaire d'intolérance), c'est lorsque tu dis qu'accepter l'altérité reviendrait à accepter l'asexualité. Il me semble que précisément, ce hiatus est à l'origine de notre incapacité à nous comprendre et probablement la raison majeure pour laquelle mes (je le maintiens, innocentes) objections sont reçues toujours comme autant d'agressions gratuites.
En effet, à mes yeux, la sexualité est une forme d'acceptation ultime de l'altérité - dans la mesure où elle représente, dans la réciprocité, une version plus ou moins aboutie de l'accueil de l'autre dans ce que l'on a de plus intime, de plus animal et donc de plus imparfait et peut-être de moins glorieux, mais aussi dans la mesure où elle est par nature le don unique fait à un autre de ce que l'on ne partage pas avec quiconque l'on croise.
Par effet de miroir, l'asexualité devient a contrario (mais à mes yeux seulement [!!!] et je ne juge pas, ni ne condamne) une forme de refus de l'altérité... Une forme plus ou moins aboutie de sa négation. Il y a hiatus à compter de l'instant où un refus d'altérité revendique le droit à l'altérité.
Métaphoriquement, on considère souvent que le sexe est un langage. Par la pratique de ce langage, bien sûr, on envoie un message à l'autre et un message au monde. Ce message dit à l'autre : "tu es celle ou celui qui a le courage et la bonté de m'accueillir en toi et je suis celui ou celle, qui exclusivement, en toute humilité, t'accueille en moi" - et ce message dit au monde : "je fais partie de toi et j'accepte ton imperfection".
Ce n'est pas rien.
Et pour poursuivre sur le thème du langage... Si je parle français et que je me trouve parachuté au cœur d'un pays où l'on ne parle pas le français, je peux vivre seul dans l'attente de l'hypothétique et très hasardeuse rencontre d'un francophone, je peux considérer que le monde est inadapté "à moi" et revendiquer ma francophonie ou je peux aller vers l'autre, accepter l'altérité et par jeu d'échange, apprendre son langage autant qu'il apprendra le mien.
Mais peut-être n'est-ce pas possible avec le sexe... Je ne le sais pas. Et personne ne le sait.
Ce que je sais pourtant, moi, c'est que bien avant d'être une "simple" partie de plaisir, le sexe réclame un immense effort.
Voilà... Rien qu'un avis, un regard porté sur le monde...