Séparation et angoisse

[...Gabrielle...]

Bonjour à tous,

Je ne vais pas aujourd’hui rentrer dans les détails de ma non-vie sexuelle. Ce n’est pas par tabou, je pourrai en parler plus tard au besoin, mais je ne veux pas vous ennuyer avec un trop long message d’entrée de jeu… Je me doute également que je poste sur un thème qui a déjà été abordé, mais j’ai besoin de m’exprimer sur ma situation et sur mon état d’esprit...

Donc en deux mots, je suis en train de me séparer de mon conjoint avec qui je vivais depuis une vingtaine d’années. Il a rencontré quelqu’un qui doit mieux lui correspondre et qui, cerise sur le gâteau, accepte de coucher avec lui.

Je ne cherche pas à le retenir. Je sais qu’il supporte très mal notre absence de vie sexuelle. Certains couples peuvent fonctionner quand même, en trouvant d’autres terrains d’entente et de partage, mais pour nous ça n’a pas marché. Il n’est pas, et n’en sera jamais capable. Il m’a dit plusieurs fois que nous n’étions pas un couple, qu’un couple sans sexe n’était pas un vrai couple, que c’est le sexe la base dans un couple, etc, etc… A cause de ça et d’autres choses, notre relation s’est dégradée et je n’ai plus aujourd’hui de sentiments assez forts pour lui pour que son départ me mette au fond du trou. C’est déjà ça…

Par contre, j’ai très peur et je suis très déprimée par l’idée de rester toute seule.

Le sexe ne me manque pas, évidemment. Par contre, la tendresse et l’affection, oui. J’ai lu plusieurs témoignages de personnes asexuelles célibataires qui disaient très bien vivre leur célibat, mais moi je n’ai pas envie d’être toute seule. J’ai envie d’avoir une personne bienveillante avec qui discuter le soir, j’ai envie que quelqu’un me prenne dans ses bras quand ça ne va pas, j’ai envie de quelqu’un avec qui regarder un film, avec qui discuter d’un bouquin qu’on aura lu, avec qui aller voir une expo ou partir en vacances… autre que des amis, je veux dire. L’idée d’être peut-être privée de ça pour toujours m’angoisse terriblement, et en plus je trouve ça injuste, c’est comme être puni pour une faute qu’on n’a pas commise. Je sais qu’on peut être asexuel et en couple, mais ne nous voilons pas la face, ça reste plus compliqué de rencontrer quelqu’un…

En postant ici je n’attends pas de solution miracle, j’espère juste pouvoir discuter et éventuellement recueillir quelques témoignages qui vont m’aider à avancer…

Merci de m’avoir lue

[Baelfire]

Salut Gabrielle,

C'est normal que tu aies peur. Ta vie change, tu n'as aucune idée de ce que sera ton avenir c'est effrayant. Sans parler du manque que tu dois ressentir (surtout dans les premiers temps d'une rupture où on idéalise la présence d'un autre).

Y a pas grand chose à faire contre ça. T'effondrer si tu en ressens le besoin est une bonne chose. Ca te permet d'évacuer, de te "nettoyer" si je peux dire ça comme ça. Par contre il ne faut pas que ça dure trop longtemps. J'espère que tu as des amis et de la famille pour te "mettre un coup de pieds aux fesses" au moment où ça sera nécessaire.

Pour avoir vécu pas mal d'histoires et des ruptures (plus ou moins violentes) j'ai envie de te dire que c'est un mauvais moment à passer. Qui dure plus ou moins longtemps selon la personnalité, l'intensité de la relation. Mais une fois cette phase passée je me suis toujours sentie plus forte, régénérée et surtout des nouvelles pistes pour l'avenir que je souhaitais commençaient à prendre forme.

Parfois on a besoin de tomber bien bas pour prendre son élan et monter encore plus haut.

Prend soin de toi et veille à avoir un entourage qui te veut du bien. Ce qui t'arrive c'est un mal pour un bien.

[clotaire]

Bienvenue ...Gabrielle...

Je comprends ton inquiétude, cela dit, une période de célibat post-rupture peut-être très profitable pour bien réfléchir et remettre les choses à plat, faute de quoi on risque de refaire les mêmes erreurs que dans la relations précédente.

Sinon,

J’ai envie d’avoir une personne bienveillante avec qui discuter le soir, j’ai envie que quelqu’un me prenne dans ses bras quand ça ne va pas, j’ai envie de quelqu’un avec qui regarder un film, avec qui discuter d’un bouquin qu’on aura lu, avec qui aller voir une expo ou partir en vacances… autre que des amis, je veux dire

Je vis en couple et bien que ça se passe pas trop mal, on n'arrive pas à faire tout ça, question de caractère... Pas sûr que ces besoins là soient toujours mieux résolus par le couple que par les ami.e.s complices, malgré l'idéal qu'on peut avoir.

[damedepique]

Salut ...Gabrielle...,

Par contre, j’ai très peur et je suis très déprimée par l’idée de rester toute seule.

J'ai ressenti ça aussi lors de ma rupture (longue relation très importante pour moi...), je ne me sentais pas capable d'être autant épanouie en étant célibataire. Pourtant, avec des mois de recul, je me rends compte que je n'ai plus cette angoisse et que je ne ressens finalement pas de manque affectif. J'ai l'impression que lorsqu'on passe d'une longue relation de couple à du célibat il y a des habitudes et tout un équilibre de vie qui doivent se recréer, ça peut être perturbant mais le temps fait bien les choses.
Si tu peux, ne te prend pas trop la tête avec ça et essaye plutôt de te recentrer sur toi, peut-être te lancer dans des projets personnels qui t'aideront à te focaliser sur autre chose et à te sentir mieux ? Je ne sais pas si c'est pareil pour toi mais j'ai réalisé qu'une partie de mon angoisse venait du fait que je m'étais finalement beaucoup (trop !) projetée à deux, du coup j'étais complètement perdue à la fin de cette relation... Pour ce qui est du côté plus tendre (du manque de tendresse), même si tu dis qu'avec des amis ce n'est pas pareil, ça fait quand même du bien d'avoir ce genre de moments, surtout si tu sens un vide de ce côté là, donc ne te prive pas

[...Gabrielle...]

Merci pour vos réponses bienveillantes

Bien sûr, une période de célibat maintenant, même si elle peut être longue, ne m'inquiète pas. En fait je me projette plutôt dans quelques années, voire carrément dans 10 ou 20 ans. Je sais que c'est idiot de se projeter aussi loin et qu'on ne sait de toutes façons pas de quoi demain sera fait. Mais j'ai perdu ma mère d'un cancer il y a deux ans, franchement, mes parents vivant à 2h30 de route de chez moi, j'ai été contente qu'elle ait mon père avec elle... Et aujourd'hui, j'aimerai que mon père ait quelqu'un avec lui... C'est peut-être aussi ça qui me rend un peu sensible sur le sujet

Dans notre couple, nous avions gardé une plage d'indépendance, avec chacun des loisirs qui nous sont propres, donc je n'ai pas le sentiment d'avoir été privée de projets personnels, même si comme tout le monde, avec deux enfants et un métier, je n'ai pas forcément le temps de tout réaliser. Par contre, je me rends compte que prise dans mon quotidien, mes questionnements et mes soucis (parce qu'évidemment, on ne se sépare pas du jour au lendemain quand on a 20 ans de vie commune et 2 enfants, on le fait parce que les problèmes apparaissent et s'accumulent jusqu'au point de non-retour), je me suis graduellement éloignée de mes amis. C'est un défaut que j'ai depuis toujours, me couper du monde quand ça ne va pas. Sauf que quand c'est un coup de blues passager, ça passe inaperçu, quand c'est une situation qui évolue depuis quelque temps, ça porte un peu plus à conséquence sur les relations amicales... Et en plus je n'ose pas forcément relancer les gens avec qui je n'ai pas eu de contact depuis longtemps. Ce qui est également assez idiot, je sais Donc oui, je me sens un peu seule de ce côté là aussi, même si je ne le suis pas complètement. Disons qu'au quotidien je suis plus en contact avec des connaissance ou des copains qu'avec de vrais amis à qui je peux me confier. Mais je vais déjà commencer à me forcer à renvoyer un petit message anodin à certains amis avec qui je n'ai pas eu de contact depuis quelques mois, ça ne mange pas de pain...

[Nujiel]

Bienvenue Gabrielle,

je me reconnais en grande partie dans ton témoignage, avec la fin d'une relation longue, la peur de la solitude, la lente dégradation des liens amicaux et surtout le manque de tendresse et d'affection. Je crois que c'est tout à fait normal.

Je rejoins les bons conseils qui t'ont été donnés. Cette situation peut être l'occasion de partir vers de nouvelles directions, d'expérimenter des choses permettant de rencontrer des gens. Et aussi d'essayer de trouver comment modifier petit à petit son mode de vie pour adopter quelques bons gestes. L'estime de soi, ce n'est pas juste important, c'est fondamental. Je te dirais bien, trouve-toi des petits défis à relever, et trouve une façon efficace de te récompenser. Moi, c'est les pâtisseries, mais chacun son truc, c'est pas ici qu'on dira le contraire

Bon courage !

[cyclodocus]

c'est la peur de la solitude
c'est normal
mais dis toi qu'avant lui tu vivais très bien toute seule
il te faudra juste le réapprendre, retrouver d'anciens automatismes
retrouver ta part d'égoïsme (ou d'égocentrisme) pour ne plus avoir/chercher que des références d'où il est absent
ça peut le faire
trouver quelqu'un n'est pas impossible, c'est déjà arrivé
et paradoxalement, ça devrait être plus facile entre 40 et 50 qu'à 20 30 : hormis ceux qui sont titillés par le démon de la quarantaine,
l'homme s'assagit (un peu) à cet âge
tu verras
ça va le faire

[Ondinette]

Salut Gabrielle et bienvenue ici

Je n'ai personnellement jamais vécu de rupture après de longues années de vie commune; mais j'ai un point commun avec toi : la peur de la solitude et de l'abandon.
Je suis comme toi, je me projette dans 10, 20 ans en me demandant si je serais seule et sans amis, vu qu'ils démarrent tous leur vie amoureuse.
Le secret, je pense que je l'ai tout juste trouvé, c'est d'arrêter d'être dans le mental qui projette tes peurs et te torture avec ça. Il faut revenir à l'instant présent, faire des choses qui te font plaisir pour toi et toi seule, savourer chaque jour comme si c'était le dernier. Dès que le mental reprend le dessus, il faut lui dire "je te remercie pour les infos que tu m'apportes. A plus tard." et repousser ces pensées angoissantes (plus facile à dire qu'à faire je sais bien, mais avec une activité qui te plait comme la lecture, les jeux vidéos ou les sorties entre amis, tu devrais t'en sortir).

Au final, le meilleur partenaire que tu puisses trouver, c'est toi même. Si jamais une autre personne te rejoint d'ici quelques temps, c'est du bonus

[clotaire]

Après, quand on se projette sur la fin de vie, dans un couple, c'est rare que les 2 meurent en même temps, donc en général y a au moins une chance sur deux de finir sa vie seul(e) même pour ceux qui ont un couple stable et qui dure. C'est important d'être capable de supporter la solitude, même si on est en couple, à mon avis.

[Steppe]

N'ayant encore jamais vécu seule, pas tellement de conseils...

Mais je voulais juste te dire que ton message me touche : je suis en couple depuis 25 ans avec un S, et je sais pertinemment que, si pour l'instant il se refuse à "aller voir ailleurs" - pour plusieurs raisons, la principale étant qu'il désire préserver notre vie de famille - ça viendra un jour, et le risque est grand qu'alors, il rencontre qq avec qui il préfèrera continuer le chemin, malgré le fait que ça se passe bien entre nous hormis le sexe.

Mais c'est vrai pour toute relation... elles naissent, vivent, et meurent, qq soit la ou les raisons pour lesquelles elles se finissent.

En vrai, je me prépare déjà dans ma tête à passer cette phase, et à vivre seule un jour.

[...Gabrielle...]

Merci à tous pour vos réponses. Oui, je sais bien qu'on ne peux jamais prévoir la fin d'une histoire, ruptures, maladie, accidents, ça peut arriver dans tous les cas de figure...
Honnêtement, je ne suis même plus réellement amoureuse, mais il me reste un profond attachement. On s'est mis en couple tellement jeune, on s'est construits ensemble, finalement. C'est sans doute ça le problème

Au final, le meilleur partenaire que tu puisses trouver, c'est toi même. Si jamais une autre personne te rejoint d'ici quelques temps, c'est du bonus

C'est si joliment dit

[Walther]

Comme beaucoup ici, même si je n'ai jamais vécu de relation "longue", la peur de vieillir seul me taraude assez souvent ces derniers temps.
Quand on est jeune on y pense pas vraiment, mais quand les rhumatismes s'installent, que les grands parents puis parents disparaissent, et bien cela fait réfléchir.