(utilisation d'adjectifs qui prouvent que j'aurais sans doute pu mieux décortiquer le forum: mea culpa).
AU PIRE, dans ce cas ci, je crois qu'il n'est jamais de trop de le répéter,
encore et encore, parce que c'est réellement très IMPORTANT.
Ne pas comprendre où sont les limites, ne pas écouter votre corps, votre esprit ou quoi que ce soit peut avoir des conscéquences CATASTROPHIQUES sur vous, et ce sur le long terme. Attention que je ne suis pas là pour dire que vous vous faires violer à tour de bras; je parle ici de nuances beaucoup plus subtiles que ça. Loin de moi l'idée de rendre les gens paranos et effrayés, mais plutôt de rassurer et d'encourager à s'écouter tout à fait.
Bien,
vous êtes ici parce que vous êtes asexuel(le)s ou parce que vous vous posez des questions sur le sujet.
De tous les sujets connexes à aborder, celui qui me semble le plus important est celui du "consentement".
Le "consentement", c'est un terme qui cache des subtilités dont vous entendez régulièrement parler, surtout à l'heure où le féminisme laisse flotter au vent de fiers poils d'aisselles longs comme le bras. Le consentement, c'est quand on est d'accord de faire quelque chose. Alors quelle que soit votre orientation sexuelle, l'Acte implique que vous ayez une petite discussion (éclair ou non) interne avec vous même afin que vous puissiez définir si vous en avez envie ou non, et si vous comptez le faire ou non. Dans cette discussion:
- la plupart des gens "normaux" en compagnie d'un partenaire qu'ils ont "choisi" ne vont rencontrer aucune résistance: Le corps crie "MAIS BORDEL DE MERDE REFLECHIS PAS FONCE J EN PEUX PLUS WAOUW BLBLBLLBL), l'esprit est déjà en train de réfléchir à la cambrure idéale et tout se passe comme sur des roulettes.
- Il y a d'autres cas de figure où le corps hurle qu'il ne veut que ça et où il se bat un peu avec l'esprit qui dit des trucs du style "mais t'es en couple, mais tu le (ou la) connais à peine, y a plus de préservatifs,...(etc etc à l'infini, l'esprit pour chercher il est fort)". La plupart du temps, dans ce cas, ça se passe également comme sur des roulettes.
- Le cas énoncé juste en haut rencontre une résistance quand il est vécu par des gens comme moi: "Peut-être qu'il s'agit d'un réflexe primaire, certes très fort, mais motivé par une danse d'hormones qui s'entendent particulièrement bien. Est-ce que je vais le regretter plus tard, est-ce que mon esprit, lui, sans prendre en compte mon corps, est intéressé par cet acte?" (me concernant, 9 fois sur 10: non, mais pour la plupart des gens: oui et on verra plus tard)
- Vous êtes en compagnie de quelqu'un que vous venez de rencontrer en soirée, la plupart des copines ou des copains ont trouvé chaussure à leur pied. L'alcool aidant, un rapprochement s'opère et vous décidez de rentrer avec cette personne, en hélant vos amis avec fierté au passage. Une fois dans la chambre le corps ne répond pas. Il ne s'envole pas, l'estomac est bien en place, les frissons sont aux abonnés absents. Le corps dit donc, à sa façon: non. Mais, maintenant que vous êtes nus, bah, allez, faisons ça, ça fera une super histoire à raconter demain! (l'esprit dit oui, et ça peut tout à fait se transformer en une expérience géniale au cour de laquelle le corps fini par répondre)
- Même cas de figure, sauf que vous tentez quand même de dire "non, ça ne me tente pas en fait", et là, ça pourrait se passer de plusieurs manières différentes.
1) vous êtes tombé sur quelqu'un de normal, éduqué, réfléchi et respectueux qui vous dit: ça marche, c'est pas grave
2) vous êtes tombé sur un sexe avec des bras qui va insister plus ou moins lourdement.
Dans le cas où c'est insistant, soit vous insistez également et vous battez au besoin et obtenez gain de cause, soit vous décidez de le faire parce que de toute façon vous vous sentez comme un(e) allumeur(se) et que vous devez "assumer les conscéquences de vos actes", ou bien vous vous laissez faire en imaginant que ce sera plus simple comme ça; allez hop, vite fait, l'autre sera content et moi je serai tranquille.
3) Vous vous doutez bien quel est le numéro 3 (sur lequel je ne tiens pas à épiloguer)
- Vous êtes tombé(e) amoureu(x.se). Cette personne cherche à mettre des gestes sur son amour et pour lui ou elle, cela passe par une sexualité épanouie. Le corps ne répond pas, mais votre esprit, si! L'amour rend la chose possible, et le fait de voir votre partenaire prendre du plaisir vous en procure également, d'une manière qui sera parfois tout à fait suffisante.
- Même cas de figure, sauf que là, le sexe, vraiment, c'est difficile. C'est source d'angoisses. C'est le terrain de questionnements obsédants et ça donne naissance à des névroses diverses. L'odeur sur les draps, l'odeur de la pièce, l'odeur du corps, les préservatifs, mon corps, le siens, la simulation ou non, la sudation, la texture de la peau, les fluides... > Pour certains asexuels, tout ça (ou en tout cas une partie, tout le monde n'est pas pareil, hin), c'est un tourbillon de sensations et de pensées désagréables qui accompagnent forcément l'acte, de son idée à son terme.
1) Soit on aime tellement l'autre qu'on fait ce sacrifice: ça marche plus ou moins longtemps, on prend sur soi, c'est un mauvais moment à passer, ça en vaut la peine si on aime
2) On évite le truc au maximum, on s'agite, on évite l'autre, on s'absente en pensée, on a toujours une bonne excuse, on préfère rester seul...
J'ai cité ces cas de figure, mais il en existe des tas d'autres. Ils sont juste représentatifs d'une idée que je souhaite faire passer. Conssentir, ça peut vouloir dire des tas de choses. Il est essentiel, quand il s'agit de rapport sexuels, d'être dans des cas où vous êtes PARFAITEMENT D ACCORD. Ce n'est pas la peine:
- "D'essayer pour faire comme tout le monde"
- "D'essayer parce que je l'aime"
- "De le faire parce que ça ne me dérange pas trop"
La raison pour laquelle je le prends à coeur à ce point est toute simple:
J'ai commencé par coucher avec énormément de gens, je me sentais normale, je cherchais le plaisir (que je n'ai jamais trouvé qu'avec moi même), j'ai fais mes expériences et appris à être la simulatrice la plus douée de tout l'univers.
Je suis tombée amoureuse, plusieurs fois, et je me suis mise à coucher pour "rendre service" à ces gens que j'aimais, de temps en temps et puis de plus en plus souvent, jusqu'à éviter la chose au maximum.
J'ai subis deux agressions (hors couple, j'ai au moins eu des partenaires conssentis suffisamment à l'écoute), la première m'a appris que j'étais forte et que je pouvais me sortir de tout, la seconde que l'autre avait le pouvoir de me briser.
J'ai tenté de recoucher "comme on remonte à cheval" (pardonnez moi l'expression). Ca n'a plus jamais été pour moi qu'une source de malaise à éviter à tout prix et pour de bon. Zero exception, définitivement.
J'ai cherché à être comme tout le monde et à accepter cet acte "par amour" ou "par besoin d'être normale". Le dégout s'est installé, les questions obsessionnelles aussi. Ils se sont emparés de moi et ont investi chaque pore de ma peau.
Les forcings que je me suis imposé, les agressions et les tentatives ont fait de moi une personne dite "haptophobique". Je ne supporte plus le contact physique du tout, quel qu'il soit. Ma peau est un bouclier qui me protège, et qu'on ne peut toucher. Un calin, une main sur mon épaule, un contact prolongé; tout cela me plonge dans des angoisses terribles. J'évite les gens qui tentent de m'approcher même s'ils sont des gens adorables qui comprennent le "non". Je suis capable de les garder dans ma vie mais cela me demande un effort considérable. Les gens n'en peuvent rien, mais ils subissent ce comportement. Je me renferme, me cache carrément pendant de longs moments. Mes sorties se font de plus en plus rares. Je suis méfiante et je ne supporte plus de plaire. Le pire étant que je n'ai aucune volonté de me soigner, parce que ça impliquerait d'accepter le contact à nouveau et qu'à l'heure actuelle je ne m'en sens pas la force.
Cette phobie, c'est quelque chose d'extrême qu'il est difficile de vivre au quotidien. Tout le monde se touche, tout le temps. Je déconcerte les gens.
Alors, de ma part et de celle de tous ceux qui se retrouvent dans cette situation parce qu'ils ont été conciliants, ont fait trop d'efforts et n'ont pas saisi les limites du conssentement, par amour ou pour quoi que ce soit d'autre: ECOUTEZ VOUS ET OBLIGEZ LES AUTRES A VOUS ECOUTER! C'est terriblement important.
Ne vous en faites pas; il existe des gens pour comprendre, qui n'insisterons pas, et qui seront un réel refuge pour vous. Si vous respectez ces règles en écoutant chaque partie de vous, l'esprit et le corps, vous pourrez alors continuer d'apprécier la douceur des bras des gens que vous aimez, et je vous assure que ça, ça n'a pas de prix.