
J'ai souvent eu du mal avec les gens. Petite j'avais pas mal de copains (surtout des garçons; je m'entendais mieux avec eux, car j'aimais jouer au foot, les mangas « pour garçon », et je rêvais d'avoir le déguisement du Bioman bleu… donc mes parents m'ont inscrit à la gym et m'ont acheté une robe de princesse… eeeenfiiin bon). Mais des déménagements tous les deux ou trois ans, mon physique un peu hors norme (plus grande et plus grosse que tout le monde) et mon comportement « trop gentil » ont fait que je me suis retrouvée assez isolée dans ma scolarité. Pourtant à la fin de la primaire, je parlais avec pas mal de filles de ma classe. C'est là que je me suis rendue compte que des petits couples se formaient dans les classes de CM2. Toutes mes copines ou presque avaient un « petit copain ». Moi non. Ca ne m'intéressait pas plus que ça. A 11 ans, j'avais autre chose à faire.
Nouveau déménagement, arrivée au collège. C'est là où pour moi les choses ont commencé à se gâter. Il n'y a pas eu un jour de ma scolarité sans que je me fasse insulter. Harcèlement quasi constant. J'étais la grosse de service. Malgré tout, j'avais une ou deux copines. Elles ont commencé à sortir avec des garçons, s'embrassant passionnément au milieu de la cours devant d'autres élèves fascinés... Je me souviens m'être dit qu'il était « normal » à 13 ans d'avoir déjà eu un petit copain, mais qu'étant grosse, il était « normal » que je n'en ai pas. Sans avoir d'attirance pour personne, j'ai pourtant eu deux crush au collège, à chaque fois un pote. On avait les mêmes délires, le même humour, on était ami et je me disais que ça aurait été sympa d'être un peu plus que ça. Se tenir par la main, les petits bisous, passer notre temps libre ensemble devant les jeux vidéos… ça me disait bien. Mais je n'ai jamais Ô grand jamais rien dit ni fait pour amorcer quoi que ce soit. Et coucher avec quelqu'un ne m'est jamais venu à l'esprit. C'était aussi la période où j'occupais mon temps libre à lire, à écouter de la musique, et où j'ai commencé à me plonger dans le monde merveilleux des séries télés (monde que je n'ai jamais quitté bien entendu

Mon arrivée au lycée faut carrément chaotique. Anxiété sociale, phobie scolaire… j'ai arrêté le lycée et ai dû redoubler ma 2d, heureusement dans une autre ville. J'ai réussi à avoir mon bac, mais ma vie sociale n'était pas top, même si les choses allaient mieux avec les gens. Toujours pas de petit copain, encore moins d'expérience sexuelle avec qui que ce soit. Ce n'était pas « normal », mais bon, vu mon parcours, je me disais que ce n'était pas grave, que ça arriverait bien un jour, et de toute façon, entre les cours (j'étais en S) et mes nombreux visionnages de Stargate, j'avais autre chose à faire. (y'a une tendance qui se dégage, non?)
A la fac, je m'étais fait une bonne bande de potes. Les cours de physique, les mêmes délires sur les films et la science-fiction et tout et tout… et un crush sur un de mes potes, pour lequel je ne fais rien comme d'habitude. Je change d'orientation et de lieu d'études, rebelote un crush sur un pote… et ça en reste là. Le sexe ne me venait toujours pas à l'esprit. Attention, je connaissais le sujet hein! J'avais déjà regardé du porno, je lisais des fanfictions érotiques, et je savais m'occuper de mon corps quand le besoin s'en faisait ressentir. Mais voilà, c'est tout. Toujours pas d'urgence à assouvir un quelconque désir charnel avec quelqu'un. Et entre les cours et le boulot, j'avais autre cho… oui bon, vous m'avez compris.
Mais au milieu de tout ça, à 22 ans, j'ai commencé à avoir une relation longue distance avec une amie du lycée. C'était ma meilleure amie, et je ne sais pas comment, mais on s'est retrouvée à s'appeler tous les jours pendant des heures et des heures, et on a fini par sortir ensemble lors de l'une de mes visites. Enfin! J'avais embrassé quelqu'un! La sensation était bizarre, mais bon, c'était mon manque d'habitude certainement, et bref, j'avais une copine et c'était cool! (je m'identifiais comme bi à l'époque).
Deux mois après, on s'est revue. On a fini par coucher ensemble. Bon. Ben voilà. Ok. C'était bien je crois. Mon corps a réagi comme il fallait. Mais par contre, si on pouvait ne plus jamais refaire ça, ça serait très bien.
Notre relation s'est doucement arrêtée. J'étais bien avec elle, mais je ne voulais pas qu'on couche ensemble. Je n'avais pas de mots pour expliquer cette sensation. Je ne voulais pas. On n'en a plus jamais parlé, on est restée amies, et voilà. Si j'avais su ce que je sais maintenant, j'aurais pu lui expliquer, peut-être qu'on aurait pu continuer quelque chose… Et c'est donc là, 10 ans après, que je comprends ce qu'il s'est passé.
Pourtant, quand j'ai lu pour la première fois le terme d'asexualité, je me suis dit que ce n'était pas pour moi. J'avais eu des crush sur des garçons, une expérience avec une fille, et en tant que fangirl confirmée et lectrice de fanfics érotiques, le terme en lui-même ne devait pas me correspondre. Et puis j'ai lu, et lu, et soudain je me suis rendue compte que je ne savais rien (John Snow… XD). J'ai appris qu'il y avait une différence entre attraction sexuelle et romantique et esthétique. Je me suis rendue compte que si je peux flasher dans un film ou une série sur tel ou tel beau gosse (ou belle gosse) et admirer son beau visage ou son corps magnifique, non, il n'y a « bizarrement » rien de sexuel. C'est ce qui est le plus perturbant pour moi d'ailleurs…
Dans la vraie vie, je n'ai jamais ressenti ce que d'autres décrivent, cette attraction sexuelle que je confondais avec esthétique et romantique. Et vu mon parcours, c'est logique. L'attitude négative des gens à mon égare dans pendant mon adolescence n'y est pour rien. Rien de bizarre, c'est comme ça. Et ça c'est assez libérateur.
Après, il est possible que je sois demisexuelle. Mais j'ai déjà l'impression d'être demiromantique, alors cette théorie ne va pas être facile à tester. Mais bon, on verra bien! Pour l'instant je suis bien, j'ai appris, sur moi et les autres, et j'avance!

Désolée pour le pavé !


