Autiste et asexualité

Vous voulez parler -ou entendre parler de l'asexualité ? Faites-nous part de ce qui vous passe par la tête, comment vous ressentez votre asexualité, votre relation aux autres, comment tout ceci influence votre vie.
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Natsu
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Re: Autiste et asexualité

Message par Natsu »

Peut-être que cela dépend du rapport qu'ils ont au contact physique avec leur(s) hypersensibilité(s).
UneOdyssée
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Re: Autiste et asexualité

Message par UneOdyssée »

clotaire a écrit :C'est clair pour moi que les Asperger sont bien plus que 1 % à être asexuels, et je souscris à mes voisins du dessus.

C'est peut-être beaucoup moins vrai pour l'aromantisme ? Il me semble que les "aspies" sont souvent en recherche d'une vraie relation de tendresse, non ? J'ai plus de mal à me faire mon idée là-dessus, finalement.
Je ne souhaite pas parler au nom d'une communauté bien sûr.
Mais de mes observations/discussions, il y a majoritairement un besoin/nécessité d'entretenir des relations platoniques/sentimentales, que ce soit pour ceux qui sont sexualisés, que ceux qui ne le sont pas.
Peut-être que cela dépend du rapport qu'ils ont au contact physique avec leur(s) hypersensibilité(s).
Oui, je pense qu'il y a un rapport. Mais je ne dirais pas que.
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Demeter_
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Re: Autiste et asexualité

Message par Demeter_ »

Bonjour

Je suis asexuel et aussi Asperger. J'ai tout lu et j'aimerais simplement rappeler une chose c'est qu'il y a tout un spectre autistique, avec nombre de nunances. Chaque autiste est donc unique d'une certaine façon. Par contre si je devais trouver un dénominateur commun cela serait dans la façon de nous caractériser: nous sommes atypiques. Pour mon cas personnel, je me sens atypique au niveau de ma sensisibilité, je ne comprends pas forcément certaines choses implicitement comme l'ironie etc mais je perçois a contrario énormément ce que peuvent ressentir les gens. J'ai développé un côté très altruiste d'ailleurs, et oui l'asperger est capable d'empathie! Pour aller même plus loin, j'ai le sentiment de décoder plus facilement ce que les gens ressentent que des gens ordinaires car j'y suis simplement plus sensible et attentif (parenthèse, pour cela que je creuse actuellement des activités créatives et que je m'interesse de plus en plus à l'art). Vous n'imaginez même pas tous les préjugés que je dois essuyer dans ma vie personnelle quand j'aborde ce sujet grrr. Moi même je m'exprime très bien avec une grande éloquence alors que l'on ne peut pas concevoir qu'un autiste s'exprime autrement qu'en tapant contre le mur. Je caricature mais je soulève un vrai besoin de communiquer là dessus, car les gens ont de tels préjugés sur la question qu'il est parfois compliqué de pouvoir défendre notre autisme! Et autant internet est une chance car permet à tout un chacun de se documenter, autant ce qu'on peut retrouver sur internet est parfois à dix mille lieux de la réalité malheureusement. Atypique également dans ma façon que j'ai à concevoir l'approche au gens. Est intime chaque relation que je tisse, car j'ai un besoin de sincérité quand je m'engage auprès de quelqu'un, que ce soit d'ailleurs en amitié ou en amour. Il y a un côté très passionnel, je rajouterais même très idéalisé. Le sexe est pour moi quelque chose d'étrange que je ne m'interdis pas sauf que je n'ai jamais eu le besoin d'assouvir naturellement avec une autre personne. La relation que j'ai de plus intime est d'ailleurs celle que je tisse actuellement avec une pote que je considère comme ma soeur. Intime car sincère et authentique. J'espère pas renvoyer une image caricaturale car je conchie ces lieux communs que je dénonce à tout bout de champ. Je relie souvent mon syndrôme à mon asexualité, car cela renvoie à mon mode de fonctionnement et d'une vraie difficulté à aussi établir un rapport intime avec quelqu'un. L'intimité est une chose tellement personnelle et relative au fond!

Scientifiquement je n'ai aucune idée du rapprochement entrre les deux, j'avais évoqué ma sexualité avec mon psychiatre et même au CRA, sans qu'on y soulève véritablement de lien, alors peut être je suis l'exception qui déroge un peu à la règle. Toujours est il que je vis bien mieux mon asexualité depuis que je sais que je suis asperger, car j'y ai trouvé des éléments de réponses vis à vis de certains événements de ma vie perso.

Pour les plus curieux, je vous recommande la chaine youtube de super Pépette, qui elle même asperger présente très justement ce syndrôme!

https://www.youtube.com/channel/UCF-njL ... UGvScZqH4Q
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clotaire
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Re: Autiste et asexualité

Message par clotaire »

Pour ma part j'ignorais tout de ce symptôme jusqu'il y a trois ou quatre ans. Mais j'ai depuis toujours une diction un peu particulière, telle que très souvent des gens me demandent d'où vient mon accent, ce à quoi je réponds que je ne sais pas, que mes parents eux-mêmes se posent la question, que c'est un mystère... Et puis à quelques mois d'intervalle, deux professionnels (psy et orthophoniste) m'ont dit que mon accent était typique du syndrome d'Asperger, que cela ne présumait pas que je l'avais mais malgré tout, cela m'a mis la puce à l'oreille et j'ai cherché sur Internet de quoi il en retourne. Et ce fut une demi-révélation, car je me suis reconnu dans pas mal de caractéristiques, mais pas dans toutes.
Est-ce que j'ai ce syndrome en l'ayant largement compensé, est-ce qu'on peut l'avoir juste légèrement ou est-ce que j'ai juste des traits qui ressemblent ? Je l'ignore, mais cela m'a aidé à progresser dans mon introspection et dans la compréhension de mes interactions sociales. En somme, même si je ne l'ai peut-être pas, c'est une grille de lecture intéressante qui m'aide à me comprendre.
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Re: Autiste et asexualité

Message par PassionA »

Merci pour vos messages Demeter et Clotaire.

Je suis neuto-typique, mais j'ai beaucoup de sympathie et même de l'empathie envers les aspergers car mon petit frère est neuro-atypique. En effet il s'agit d'un spectre de comportements atypiques, ce qui fait que beaucoup de personnes aspergers ne le découvrent que difficilement, car elles arrivent à s'intégrer sans trop d'encombre dans la société et passent pour neuro-typique auprès de tous - juste comme tu le dis clotaire, avec une particularité bizarre mais non effrayante. J'avais passer des tests il y a longtemps car justement je pensais que mon asexualité et certains problèmes personnels étaient liée à l'asperger, mais en fait pas du tout.
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Re: Autiste et asexualité

Message par Demeter_ »

Tout à fait PassionA, je rajouterai que j'ai été diagnostiqué tardivement d'ailleurs.

Ce n'est pas quelque chose de vraiment perceptible au fond, surtout en famille où je me sentais à l'aise.
C'est ma copine de l'époque, personne donc avec qui j'étais intime, qui au moment de me plaquer m'explique que je devrais allez voir un psy.

Bon le timing n'était pas super car j'avais pris cela comme un affront sur le moment haha, et qu'il y a beaucoup de ressentiment lors d'une rupture mais elle avait perçu avant tout le monde cette différence en tout cas.
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clotaire
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Re: Autiste et asexualité

Message par clotaire »

neuro-atypique c'est peut-être un bon terme générique PassionA, merci.
Par exemple, même sans être certain de rentrer dans les clous d'Asperger, je sais que j'ai une synesthésie assez développée (ce qui peut être indépendant d'asperger, mais c'est particulièrement courant chez les aspies si j'ai bien compris), et ça en soi, on peut dire que c'est neuro-atypique, non ?
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Re: Autiste et asexualité

Message par PassionA »

Aucune idée Clotaire, mais je dirais pas forcément. Je ne crois pas que ce soit un critère unique qui fasse la neuro-atypie mais c'est plutôt un ensemble.

Par exemple pendant des années je ne pouvais pas ne pas avoir la porte fermée à clef quand j'étais dans un pièce, et je devais re-vérifier plusieurs fois. Bien que c'est un comportement du type TOC, ce n'était pas du tout lié au syndrôme d'Asperger et finalement ça m'a passé avec les années (c'était psychologique, dans mon cas). Après c'est certain que dans le spectre je me situe assez proche de la bordure neuro-atypique pour plusieurs raisons, mais sans être de l'autre côté pour autant.
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yuna22
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Re: Autiste et asexualité

Message par yuna22 »

Bonsoir...enfin plutôt bonjour vu l'heure qu'il est! ^^

Il y a à peine 2 semaines j'ai aussi été diagnostiquée Asperger et comme je suis également asexuelle et je me demandais justement si il y a un lien entre les deux! J'ai aussi remarqué que sur les forums Asperger, le taux d'asexuels est relativement très élevé!
Selon ma psy mon désintérêt pour le sexe serait une conséquence de mon hypersensibilité sensorielle...Mais là je suis plus que sceptique, car aussi compétente qu'elle soit dans le domaine de l'autisme elle n'avais pas l'air d'être vraiment au courant pour l'asexualité, comme c'est le cas de la plupart des gens finalement. C'est vrai qu'il me faut énormément de temps pour que je puisse me sentir à l'aise, de façon intime avec une personne. Je ne suis pas non plus très tactile, sauf exceptions et le contact physique m'insupporte si je ne m'y attend pas! Mais par contre mon attirance/intérêt envers le sexe, lui, se situe toujours au niveau du zéro absolu et n'évolue pas, contrairement à mes sentiments.

Il y a cependant une autre chose qui pourrait, du moins dans mon cas, peut-être être lié à mon autisme. C'est le fait que je sois naturellement plus attirée par le contenu d'une discussion par exemple, que d'avoir envie ensuite de partager des choses avec cette même personne, comme d'aller sortir avec elle juste comme ça pour faire du shopping. Il y a bien sûr des proches avec lesquels j'ai envie de faire/vivre des choses avec mais c'est tout de même une tendance assez marquée que j'ai. Je suis une solitaire et si un jour j'étais à nouveau en couple je ne pourrais pas envisager de vivre une relation de type fusionnelle! Et vu que le sexe est considéré comme une forme de partage pour l'écrasante majorité, ça pourrait peut-être expliquer ma non-envie pour le sexe (mais par contre pour mon absence de désir là ça devient encore plus compliqué et j'en ignore totalement la cause! ^^) Je ressens aussi un certain rejet, sûrement aussi en partie inconscient du côté "social" qui va avec. Le fait de vouloir vivre ce plaisir partagé, mais aussi ce côté "dominant-dominé" avec ces rapports de force, la manipulation pour arriver à ses fins, etc...

Clotaire: C'est intéressant ce que tu dis au sujet de ton accent, car on m'en fais régulièrement la remarque et apparement je suis la seule de la famille à l'avoir! Intriguée, j'avais posé la question comme ça à tout hasard à ma psy lors de mon diagnostic et elle m'a dit que ça c'était justement typique du syndrome d'Asperger et que ma voix est parait-il plus monotone que la moyenne!...J'ai vraiment été très surprise sur le moment! Mais cela explique aussi pourquoi on me reprochais régulièrement de ne pas avoir assez d'intonation lorsque je lisais un texte à l'école alors que moi j'avais l'impression de parler tout à fait normalement! Et pour la synesthésie cela peut effectivement être aussi une caractéristique (j'en ai aussi!) mais après c'est sûr, ça ne fait pas tout!

Personnellement là où je me suis le plus reconnue dans les caractéristiques c'est en lisant les blogs d'autres Aspergers. Les "signes" sont souvent bien plus subtils que bien des définitions cliniques que l'on peut lire sur internet ou ailleurs. Lorsque j'ai eu enfin le courage d'aller chez une psy dans le but d'obtenir enfin une réponse à toutes ces questions, honnêtement je ne savais vraiment pas à quoi je m'attendais et j'avais vraiment l'impression d'être une imposteur!...Et au final il s'est avéré que non je suis bel est bien dans le spectre, mais du fait que je suis également haut potentiel (j'ai aussi passé un test de QI et ça ça m'a encore plus étonnée que le reste car jusqu'à là je me suis toujours trouvée bête et ce n'est pas de la fausse modestie!), j'ai relativement bien réussi à compenser mes difficultés, si bien que j'ai réussi à passer inaperçue (ou presque!) Maintenant que j'ai enfin trouvé une explication je me sens beaucoup mieux et je ne peux que plussoyer pour ce qui est de la compréhension...Et qu'importe si tu es Asperger ou non. Je pense qu'on peut en effet en avoir certains traits, même si on ne l'es pas....Donc cela n'empêche pas pour autant d'en souffrir et ou/de se sentir différent! En tout cas je suis contente pour toi que cela t'aide aussi! :)
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Re: Autiste et asexualité

Message par Hestia »

C’est vrai qu’il y est intéressant de constater qu’un certains membre d’autistes sont asexuels, mais sincèrement, j’ai du mal à accepter l’idée que ce soit l’autisme qui cause l’asexualité. En fait, j’aurais plutôt tendance à penser que les personnes ayant une forme d’autisme peuvent avoir en elles une plus grande disposition à l’asexualité, mais selon moi, cela n’est pas vraiment dû à l’autisme, mais plutôt au fait que l’asexualité et l’autisme soient compatibles au niveau du ressenti. Enfin, je ne sais pas si je suis compréhensible, car je ne sais pas trop comment expliquer ce que je veux dire, mais ce qui me semble évident, c’est qu’on n'est pas asexuel-le-s parce qu’on est atteint d’Asperger ou d’une autre forme d’autisme, mais que les personnes ayant un autisme ont des chances d’avoir en elles une meilleure disposition à l’asexualité.
Je suis une personne non-binaire. J'apprécie qu'on parle de moi avec des mots et des phrases épicènes. Mais j'accepte qu'en m’accorde au féminin lorsqu'il est difficile de faire autrement.
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Re: Autiste et asexualité

Message par clotaire »

yuna22 a écrit :Clotaire: C'est intéressant ce que tu dis au sujet de ton accent, car on m'en fais régulièrement la remarque et apparement je suis la seule de la famille à l'avoir! Intriguée, j'avais posé la question comme ça à tout hasard à ma psy lors de mon diagnostic et elle m'a dit que ça c'était justement typique du syndrome d'Asperger et que ma voix est parait-il plus monotone que la moyenne!...J'ai vraiment été très surprise sur le moment! Mais cela explique aussi pourquoi on me reprochais régulièrement de ne pas avoir assez d'intonation lorsque je lisais un texte à l'école alors que moi j'avais l'impression de parler tout à fait normalement!
Je serais curieux de t'entendre du coup :D C'est d'autant plus mystérieux que tous les aspies n'ont pas cet accent, les quelques uns que je connais autour de moi ne l'ont pas, et dans les vidéos qu'on trouve sur Internet ça arrive, mais c'est pas la majorité.
Sinon, j'ai aussi beaucoup souffert avec ça pendant mon enfance. Je n'ai pris conscience que vers 10-11 ans que je ne parlais pas comme les autres, avant je ne comprenais pas pourquoi les camarades s'amusaient à me faire répéter des trucs pour rigoler...
Je n'ai jamais eu conscience de parler différemment, par contre quand je m'écoute sur un enregistrement, c'est un peu la douche froide des fois... Bon, avec le temps j'ai fait des progrès quand même.
Sinon je dirais que le principal autre trait de comportement que j'ai en lien avec le syndrome, c'est la difficulté que j'ai à soutenir le regard des interlocuteurs dans une conversation. Ça demande toujours une certaine concentration pour moi.
Le reste c'est des petits trucs sans incidence, la capacité à mémoriser plein de trucs pas importants par exemple (comme se souvenir du n° de plaque d'immatriculation de l'ancienne voiture de mes voisins d'il y a 10 ans^^), et quelques TOC.
Là où je me sens plus loin du spectre Asperger c'est sur la partie angoisses liées au relationnel, que je n'ai pas vraiment (ou plus).

Question : tu as eu un diag officiel CRA, ou juste un diag informel avec ta psy ?
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Re: Autiste et asexualité

Message par yuna22 »

Hestia je comprend tout à fait ce que tu veux dire quand tu parles du ressenti. Je me reconnais d'ailleurs beaucoup dans de nombreux témoignages d'A sur ce forum ou ailleurs parce oui bien sûr on a ce désintérêt pour le sexe en commun et nous sommes plus ou moins tous confrontés aux mêmes problématiques....Mais au fil du temps je me suis rendue compte que ce n'est pas que ça. Il y a vraiment très très peu de personnes que je connais qui ont une façon de voir des choses et une perception de la vie en générale similaire à la mienne, alors que sur le forum ça m'arrive assez souvent de lire un post même qui n'a rien à voir avec l'asexualité où je me dis "tiens c'est marrant ça j'aurais pu l'écrire". Je l'aurais bien sûr fait avec mes propres mots, ou rien écrit du tout (dans le cas où le sujet ne m'intéresse pas, ou par flemme) mais peu importe le fond reste le même. :)

Clotaire: Je n'ai pas souvent entendu ma voix et il me semble pas que mon accent soit si particulier mais c'est vrai qu'elle est monotone et d'après ma psy c'est ça que les gens prennent pour un accent (enfin en tous cas pour un non-spécialiste de l'autisme, ce qui représente la quasi-totalité de la population au final! ^^') Pour moi ce qui est vraiment frustrant c'est ce que tout ce que j'exprime de l'extérieur, que ce soit ma voix, ma gestuelle, mon expression du visage (je ne suis pas très expressive!) n'a vraiment rien à voir, mais alors rien par rapport à ce que je ressens à l'intérieur! :x Je n'y pense bien sûr pas toujours, mais lorsque je crois bien communiquer, et bien non on me le fait bien sentir que ce n'est pas le cas! J'ai aussi une bonne mémoire mais seulement pour les choses qui m'intéressent et cela m'a déjà joué des tours, car j'ai pas mal de peine à apprendre des choses sur des domaines qui ne m'intéressent pas ou que moyennement.
Et pour ce qui est de soutenir le regard même si j'y arrive assez bien le problème c'est que ça me demande aussi de la concentration et ce n'est pas du tout quelque chose de naturel pour moi! On m'en a d'ailleurs déjà fait le reproche et c'était souvent à des moments où j'ai un peu relâchée ma vigilance à cause de la fatigue...Le plus difficile c'est d'écouter à la fois attentivement une personne, tout en réussissant à maintenir correctement son regard en parallèle, (mais sans trop la fixer non plus!). Le truc c'est que comme quelque chose de conscient ça me demande de l'énergie et ce n'est pas facile à gérer, même si c'est devenu plus automatique à force d'habitude. Et autre exemple très embêtant, si je me trouve dans un environnement bruyant comme dans bar par exemple j'ai de la peine à comprendre ce qui ce dit, car j'ai une difficulté à distinguer la voix humaine parmi les autres sons et ça ce serait parait-il du à une absence de filtrage au niveau du cerveau!...Sur ce dernier point, jusqu'à il n y'a pas très longtemps, je pensais que tout le monde était construit pareil mais en fait non (ça m'a fais un peu le même coup pour ma synesthésie!^^) . Et si je suis entourée de personnes durant toute une journée et que je suis obligée d'interagir avec elles je me sens vraiment épuisée et plus il y a de gens, pire c'est! Dans le cadre familial et avec de rares personnes avec lesquelles je me sens beaucoup plus à l'aise ça va beaucoup mieux mais au bout d'un moment je sature et deviens un peu absente et ma réaction peut-être interprété à tort pour de la fatigue ou du désintérêt. Quand je regarde en arrière, je me rend compte que l'incompréhension a été la source à pas mal de malentendus. Et par incompréhension je veux dire de moi par rapport aux autres et inversement! ^^'

Et pour le diagnostic, comme je suis allée chez une psychologue, pour l'instant non ce n'est pas encore officiel mais j'irais très prochainement chez un médecin pour l'officialiser. Je vis en Suisse et ici nous n'avons pas les CRA. Il existe bien un centre spécialisé à Lausanne (et Genève aussi je crois) avec une équipe pluridisciplinaire mais quand je leur ai téléphoné je me suis faite remballée, car ils ne s'occupent que les enfants!
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Re: Autiste et asexualité

Message par clotaire »

yuna22 : Figure-toi que mon "accent" conduit beaucoup de gens à me demander si je ne suis pas d'origine suisse ou alsacienne^^ Ce qui n'est pas le cas, d'ailleurs je ne suis jamais allé en Suisse :D
Peut-être qu'un jour je creuserai davantage la question, mais pour l'instant ce n'est pas ma priorité et en plus, dans les démarches officielles (en France au moins), il faut recueillir un témoignage des parents ou de proches qui te connaissent depuis tout petit. Et pour l'instant je n'ai pas parlé de tout ça avec mes parents. Je pense qu'un jour je le ferai, et si c'est une révélation pour eux, qu'ils se disent en repensant à mon enfance "mais oui bien sûr, c'était donc ça", ça pourrait me motiver à retourner chez un psy et approfondir la question.
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Re: Autiste et asexualité

Message par yuna22 »

Ahah c'est drôle cette histoire d'accent! ^^
Moi j'habite dans le canton de Vaud depuis que j'ai un an et demi (et ça fait maintenant presque 30 ans que je vis ici) et on m'a déjà dit surtout dans l'enfance que j'avais un accent bizarre, sorti de nulle part ou alors très souvent l'accent du canton du jura ou de Neuchâtel et quand je me trouve à Neuchâtel on me dit le contraire! A Genève j'ai parait-il l'accent français ou valaisan, etc...Et le plus incroyable dans tout ça c'est qu'à mes frères on ne leur a jamais dit qu'ils avaient un accent!

Pour les démarches officielles je comprend que ça te rebute et pas qu'un peu! J'ai été vraiment très surprise au moment où j'ai appris que c'était si c'est long et compliqué! Et aussi pour les proches, je trouve ça déconcertant. Cette démarche est vraiment très personnelle et en ce sens je trouve tout à fait normal d'avoir la liberté de choix de le dire ou non à ses parents. Il y a peut-être des CRA qui ne demandent pas de témoignage de ce type! Ou alors peut-être que tu pourrais le faire en privé? (bon après l'inconvénient c'est que ça coûte un saladier et je ne sais pas trop non plus comment ça se passe en France) Tu pourrais peut-être essayer de te renseigner auprès d'une association?

Mes parents ne sont pas non plus au courant pour mon autisme (ah je me sens moins seule! :) )ni pour toutes les autres choses qui s'y apparentent de près ou de loin (les psys qui me suivent dans le cadre de ma reconversion professionnelle, des tests que j'ai passés, que j'ai été aussi été diagnostiqué schizo-affectif, etc..)
A choisir je préférerais infiniment leur en parler à me parents lorsque le contexte s'y prête par exemple si ils me parlent d'une émission sur l'autisme ou qu'ils apprennent qu'un membre de la famille ou une connaissance a le syndrome d'asperger. j'y ai beaucoup réfléchis et comme c'est une différence neurologique et non une maladie je pense que la meilleure chose à faire est de leur en parler de cette façon d'égal à égal....Je ne me vois donc pas du tout leur faire un "coming out" comme si je leur avouais quelque chose pour qu'ils aient ensuite pitié de moi. Je veux être également sûre de moi au moment où je leur en parlerais, car je leur ai déjà plusieurs fois dis que j'étais différente mais ils ont niés, mais je pense aussi qu'il veulent se rassurer! Faut dire qu'ils sont eu en plus de très mauvaises expériences avec les psys qui culpabilisaient ma mère quand j'étais petite et ça ça n'aide pas non plus! Je ne veux surtout pas qu'ils se fassent du soucis pour moi à cause de ça, donc je suis, du moins pour le moment obligée de devoir leur cacher une partie de la vérité. Et j'ai surtout très peur que même par la suite ils ne me croient pas, car ce n'est pas non plus écrit sur mon front que je suis Asperger!
Mais heureusement deux de mes proches sont au courant et ça fait un bien fou de pouvoir leur en parler! :)
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Tinna
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Re: Autiste et asexualité

Message par Tinna »

C'est marrant ce sujet ; je m'étais déjà posé cette question et, bingo, je tombe dessus.

Parce qu'il est vrai que, pour ma part, j'ai l'impression d'avoir certains traits autistiques :
- passionnée : si vous commencez à me parler d'une de mes passions, je peux en parler pendant un bon moment
- je supporte mal les contacts physiques, même anodins : je n'aime pas faire la bise, par exemple
- je ne supporte pas les endroits avec du monde et de l'agitation
- j'ai du mal à interpréter le non-verbal des gens
- je peux avoir du mal à saisir lorsqu'une personne fait du second degré / de l'ironie / ou du sarcasme, même si j'arrive aussi parfois à saisir le second degré et même à en faire
- dans une conversation, j'ai du mal à savoir quand c'est à mon tour de parler
- je me demande même si je n'ai pas une phobie sociale

De là à dire que je suis Aspi...
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