Petit cours sur la philosophie bouddhiste

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Eresh
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Petit cours sur la philosophie bouddhiste

Message par Eresh »

Après de multiples discussions en messages privés ou sur des sujets publics de ce forum, je me suis rendu compte que la philosophie bouddhiste intéressait un certain nombre de personnes ici. Il m'est aussi apparu, cependant, que peux avaient une réelle connaissance de cette philosophie. Aussi, je me propose à présent de vous exposer avec la plus grande clarté possible ma perception de ce système de pensée. Cette perception n'est sans doute pas anodine : la philosophie est ma spécialité ; cela ne fait pas de moi un expert international, mais j'ai tout de même des qualifications. Je vis dans la philosophie. Depuis plusieurs années, mes réflexions et mes recherches sont notamment orientées autour de la question du bouddhisme ; et j'ai beaucoup lu et discuté de Schopenhauer, qui est le plus grand représentant moderne de cette philosophie.

Libre à vous de me considérer avec mépris à cause de ces prétentions ; je vous fais simplement un cadeau (de mon temps, de mon travail, de ma pensée), à prendre ou à laisser. Toutefois, avant de me critiquer, et il serait bon pour comprendre cette phrase de vous pencher sur le sens réel du concept de critique, j'aimerais que vous cherchiez sincèrement à comprendre mes propos, même s'ils bousculent vos - certainement très nombreuses sur le sujet - idées reçues. Car les idées reçues à propos du bouddhisme pullulent, en grande partie à cause de l'anticléricalisme si répandu en France ("christianisme = caca, donc bouddhisme = bien") et de la fascination pour les pensées orientales, bien entendues inconnues - et c'est donc une fascination de leur apparence. Oui, plongez-vous dans la cohérence du système que je vais vous exposer, et si quelque chose vous échappe, n'hésitez pas : demandez des explications. Aucun de mes mots n'est choisi au hasard.


Tout d'abord, qu'est-ce que le bouddhisme ? Ne repoussons pas cette question trop vite comme inutile ; toute sensation d'évidence est le symptôme d'une erreur. En effet, le bouddhisme n'est pas une chose ; il en est toute une multiplicité. Il est nécessaire de différencier la communauté bouddhiste, la culture bouddhiste, la religion bouddhiste, et la pensée bouddhiste. Il est même nécessaire, au sein de cette dernière, de différencier plusieurs courants opposés, aussi contradictoires entre eux que le sont Nietzsche et Marx. Parler du bouddhisme est donc clairement un abus de langage : il n'y a pas un bouddhisme ; avant même interprétation - et interprétation il doit y avoir -, nous sommes confrontés à la polysémie de ce mot.

Ici, seules les philosophies bouddhistes nous intéressent. Une philosophie - terme à différencier de la philosophie - est, rappelons-le, un ensemble de concepts servant de représentation du monde. C'est donc la partie purement intellectuelle et universaliste du bouddhisme qui nous intéresse ici. Il n'est pas dit que tous les bouddhistes soient conscients de ces idées profondément réfléchies qui sous-tendent leur religion ; et il n'est pas dit, non-plus, qu'il faille adhérer au bouddhisme dans sa totalité lorsque l'on adhère à sa philosophie. Que cette distinction demeure claire, et nous pourrons affronter les idées-reçues pour voir ce que dit réellement la raison des penseurs bouddhistes.

Pour ce faire, nous allons principalement nous intéresser à Arthur Schopenhauer, qui est sans conteste le premier (et sans doute le seul) très grand philosophe occidental à s'être pleinement affirmé bouddhiste. Schopenhauer, c'est un nom que tout le monde a déjà entendu quelques fois ; et quoiqu'il n'ait pas tout à fait l'influence révolutionnaire d'un Descartes, d'un Kant ou d'un Nietzsche, il demeure un penseur aux idées extrêmement puissantes. Schopenhauer est l'une des personnalités incontournables de l'histoire de la pensée, et sa popularité ne cesse de s'accroître. Parmi ses "disciples", fidèles ou non, citons par exemple Maupassant, Nietzsche, Freud, Beckett, Sartre, Cioran, Houellebecq, Woody Allen... Son œuvre principale porte le titre suivant : Le Monde comme Volonté et comme Représentation ; elle a été publiée en 1819 pour la première fois, mais c'est seulement vers la fin de sa vie (il est mort en 1860) qu'il a commencé à être reconnu, une fois le déferlement hégélien passé.

Ce n'est pas que de Schopenhauer, cependant, que je vais m'inspirer ici - bien au contraire. Je vais m'efforcer, tout au long de mes explications, de mettre en relation Schopenhauer avec les concepts les plus célèbres de la philosophie orientale, afin de mettre en exergue le fait selon lequel la pensée de Schopenhauer correspond bel et bien au bouddhisme, malgré le fossé immense qui les séparent dans la pensée commune (et erronée). J'irai finalement jusqu'à confondre les deux pensées, chacune pouvant à mes yeux être réduite à l'autre, si bien que finalement vous ne lirez sans doute pas si souvent le nom de Schopenhauer par la suite. Ce n'est pas d'Histoire que nous allons parler, mais bel et bien de concepts désincarnés.


Nous sommes parés, entrons dans le vif du sujet. La philosophie bouddhiste (sous ce terme, j'inclue en réalité tous les courants de pensée bouddhistes, dont la pensée de Schopenhauer, en dépit des contradictions qui les différencient : on ne peut discuter de ces dernières qu'une fois que l'on a compris la pensée bouddhiste dans son ensemble), comme toute philosophie systématique, est fondée en premier lieu sur une métaphysique, c'est-à-dire sur une théorie de l'Être, du Monde, du Vrai, du Transcendant. La métaphysique, rappelons-le, est étymologiquement ce qui va au-delà de la physique ; et cette définition nous conviendra ici parfaitement. Le bouddhisme, donc, admet une certaine métaphysique axiomatique, et c'est de cette métaphysique que sont issues toutes les autres idées bouddhistes, notamment son autre aile importante : sa morale. On peut donc diviser la pensée bouddhiste en deux parties d'égale importance : une métaphysique et une morale. C'est par la métaphysique, bien entendu, que nous allons devoir commencer.

Le grand axiome du bouddhisme est le suivant : toute existence est désir, tout désir est insatisfaction, toute existence est insatisfaction. Cette proposition peut être modulée librement sous la forme d'un syllogisme ou d'un autre, mais en réalité elle ne constitue qu'une seule idée, et elle ne contient pas de raisonnement interne. Ici, il y a tout simplement synonymie parfaite entre trois concepts classiques de la philosophie : Être, Désir, et Souffrance. Cet axiome est exprimé notamment dans ce que les bouddhistes appellent les Quatre Nobles Vérités :
  • Dukkha (Souffrance) : la vérité de la souffrance ; toute existence est par essence insatisfaction.
  • Samudaya (Apparition) : l'origine de la souffrance ; il n'y a pas de souffrance sans désir, ni de désir sans souffrance.
  • Nirodha (Extinction) : la fin de la souffrance ; il est possible d'échapper à l'insatisfaction, donc à la souffrance.
  • Marga Sacca (Chemin) : le chemin de la fin de la souffrance ; pour échapper à l'insatisfaction, il faut trouver la Vacuité, ce qui se fait par le Noble Sentier Octuple.
Le bouddhisme n'a de cesse de répéter ce même axiome de façons différentes. Ainsi, ce qu'il nomme les trois caractéristiques de l'existence en est une nouvelle expression :
  • Anātman (Impersonnalité) : rien n'existe en soi.
  • Anitya (Impermanence) : tout est en changement perpétuel.
  • Dukkha (Insatisfaction) : il est impossible de trouver satisfaction ; autrement dit, la béatitude n'existe pas, aucun bonheur ne peut combler le mal-être intrinsèque de tout être.
Cet axiome de l'identité du Désir, de la Souffrance et de l'Être constitue la jointure entre la pensée bouddhiste traditionnelle (exprimée par exemple par les Quatre Nobles Vérités) et le système métaphysique de Schopenhauer, qui y correspond parfaitement. Ainsi, pour Schopenhauer, le Premier Principe constitutif de toute réalité, comparable à Dieu bien qu'il se dise athée, ou encore à la Raison universelle chez les scientistes, porte le nom de Volonté ou Vouloir-Vivre. Autrement dit, tout ce qui Est est avant tout volonté d'Être. La réalité veut être réelle. Le Néant veut exister. Ainsi Schopenhauer abolit-il les métaphysiques de l'immobile initiées par Parménide et discutées jusqu'à Kant en inventant, en même temps que son rival Hegel, une métaphysique dans laquelle Être, c'est toujours être Mouvement. Le Premier Principe, chez Schopenhauer, n'est rien d'autre que le mouvement pulsionnel, absurde, et surtout tragique par lequel le Néant et l'Être ne font qu'un : l'un est condamné à se muer en l'autre. Mais l'Être, en contrepartie, n'est lui-même qu'un Néant ; on n'est jamais pleinement, selon Schopenhauer ; tout ce qui est est animé par le désir viscéral d'exister, désir toujours inassouvi. Il est impossible d'exister plus que sous l'état de potentialité, ou sous l'état de mouvement vers l'existence. Ainsi est-il démontré, selon Schopenhauer, que toute existence est par essence Insatisfaction.

En outre, le bouddhisme et l'hindouisme ont en commun, parmi de nombreux autres, le concept de Māyā, que Schopenhauer n'hésite pas à reprendre. La Māyā est le voile par lequel la réalité profonde des choses est initialement masquée aux êtres vivants. La suite diffère chez les hindous et chez les bouddhistes, aussi nous ne verrons ici que ce que pensent les bouddhistes. Cette vérité essentielle que masque la Māyā et cette illusion si puissante dont elle nous nourrit et nous empoisonne peuvent être traduites par l'idée selon laquelle, en réalité, RIEN n'existe. L'Univers n'est rien de plus qu'une vague soudaine, une pulsion dépourvue de sens, un séisme après tout négligeable. C'est l'illusion de la Māyā qui nous fait croire qu'en fait nous sommes en tant qu'individus, et que nous sommes là pour quelque chose, et qu'un horizon positif peut être atteint en ce monde, et qu'il y a un minimum de permanence en lui, et que notre souffrance n'est pas vaine, et que nous sommes un peu plus qu'une simple manifestation inconsciente du grand Désir métaphysique dont nous venons tous. Mais ce sont des illusions. Pour le bouddhisme tant traditionnel que "schopenhauerien", il est clair que l'existence est une erreur, que le monde est une aberration, que l'Être est une Anomalie. Le bon ordre des choses, c'est le Néant, la Paix, la Permanence. La Vacuité. Le Nirvāna. Tout ce qui est, toutes ces choses qui passent en un clin d'œil, qui sont caprice pur et fruits du caprice pur, tout cela est, pour la pensée bouddhiste, une erreur pure et simple, un nœud qui n'attend que d'être dénoué.

Et c'est ce qui nous permet d'atteindre la morale bouddhiste. Celle-ci se résume à un principe extrêmement simple : le Bien est le contraire de la Souffrance. Autrement dit, depuis son commencement le plus ancien jusqu'à aujourd'hui, le bouddhisme a pour seul et unique objectif de nous permettre d'enfin atteindre le Nirvāna, c'est-à-dire la Vacuité, c'est-à-dire le Néant. Oui, le bouddhisme veut supprimer le Désir ; il veut effacer le Vouloir-Vivre ; il veut, finalement, nous aider à cesser d'exister une fois pour toutes. C'est à cela et cela seul que mène le Noble Sentier Octuple selon le bouddhisme : il mène à l'état de boddhisattva, c'est-à-dire être éveillé et sans souffrance, qui a atteint la Vacuité, c'est-à-dire le Néant intérieur, et qui, ayant entièrement franchi le voile de la Māyā, n'a absolument plus rien d'un individu. Le boddhisattva n'existe plus. Il n'est plus rien, en soi. Il n'est qu'un vide qui se laisse porter par le tout, par conséquent insensible à ses fluctuations, de même façon qu'un bouchon de liège se laisserait porter sur l'océan. Mais ici, la vague qui nous porte est celle du Désir, elle est le mouvement indestructible de l'Être ; mouvement, cependant, auquel nous ne nous laissons pas prendre, et contre lequel nous cessons de nous battre, car se battre, c'est avoir une forte Volonté, et donc automatiquement souffrir, revenir pleinement dans le Désir.

Cela signifie-t-il, pour autant, que le bouddhiste soit suicidaire ? Au sens le plus concret, la réponse est non : absolument pas. Le suicide procède d'un désir, et il ne fait donc qu'empirer la souffrance. L'objectif du bouddhisme n'est pas de fuir la vie, mais de fuir le désir. Comme cela pourrait-il se faire, si l'on désire ne plus vivre ? C'est en tuant le désir que le bouddhisme espère nous tuer et mettre fin à nos souffrances. L'objectif du bouddhisme est de retrouver la paix, et celle-ci n'existe que là où le désir est mort. En ce sens cependant, il y a bien un suicide bouddhiste : le suicide intérieur, auquel mène le Noble Sentier Octuple. Les axiomes bouddhistes que nous avons si longuement étudiés précédemment sont clairs à ce propos : il vaut mieux n'être rien plutôt qu'exister. Aussi, naître est la plus grande malédiction qui soit ; mais mourir ne résout pas cette malédiction. La seule solution est la Vacuité.

Et c'est pourquoi il est possible d'arriver à la notion de Compassion, extrêmement importante pour les bouddhistes, Schopenhauer compris. Cette vertu est partie intégrante du Noble Sentier Octuple. Le boddhisattva revient aider les vivants à s'élever, par compassion. C'est pourquoi il y a eu plusieurs Bouddha et plusieurs Dalaï Lama : tous sont, selon les bouddhistes, la réincarnation d'un de leurs prédécesseurs qui, ayant atteint la parfaite Vacuité, a accepté de continuer à arpenter notre monde de souffrance afin de l'aider à trouver la paix dans sa globalité. Car le boddhisattva a rompu l'illusion de l'individualité, et car il ne fait qu'Un avec le Tout : ainsi, la souffrance d'autrui lui apparaît comme sa propre souffrance, ce qui, selon le bouddhisme, est la plus pure vérité : nous sommes, tous autant que nous sommes, différentes facettes de cette seule anomalie qu'est la Volonté.

Il n'est pas difficile, au regard de toutes ces explications, de comprendre pourquoi Schopenhauer est considéré comme le plus pessimiste de tous les philosophes. En outre, vous ne serez sans doute pas surpris si je vous affirmais qu'il fut profondément influencé par Darwin. Le Vouloir-Vivre se manifeste notamment dans le Génie de l'espèce, qui nous manipule constamment en nous insufflant le mirage de l'amour, lequel ne sert qu'à perpétuer dans toujours plus d'irraison l'Espèce, l'Être qui veut toujours Être plus. Nous sommes les victimes d'une charlatanerie dont l'unique but est la procréation. Nous ne sommes que les outils de notre espèce, et par son intermédiaire, de l'Être, qui cherche à se développer dans toujours plus de chaos et de complexité, aveugle à sa propre et incommensurable souffrance.

Il existe, bien entendu, des critiques philosophiques contre cette pensée. Mais je préfère d'abord répondre aux éventuelles questions sur la pensée bouddhiste elle-même avant d'évoquer ces contradictions. En outre, il est bien entendu que ce premier message n'évoque que très rapidement et partiellement les différentes idées de la philosophie bouddhiste ; aussi, j'attends votre participation avec intérêt afin de pouvoir spécifier les zones d'ombres restantes. Merci pour votre lecture !
Dernière modification par Eresh le 02 oct. 2012, 12:06, modifié 2 fois.
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MICK
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Re: Petit cours sur la philosophie bouddhiste

Message par MICK »

Merci Eresh, c'est très intéressant, mais avec des pensées comme ça, on serait encore l'âge de pierre. Avoir aucun désir, c'est n'avoir pas envie d'évoluer ?
Pour moi chaque individu sur terre a son rôle à jouer, et rapporte quelque chose pour les autres. Comme pour toi le Phylosophe, tu as eu envie d'en savoir plus, et te voilà récompensé. J'ai du mal à comprendre cette phylosophie, mais je ne demande pas mieux que d'apprendre. Pour moi la vie sur terre n'est qu'un passage, et dès la naissance notre chemin est déjà tout tracé.
Je voudrais bien en savoir plus sur ça, mais ce matin j'ai pas mal de chose à faire, je n'ai pas beaucoup de temps devant moi, mais j'aimerais bien approfondir le sujet avec toi.
Je vous souhaite à tous une bonne journée
Amicalement Mick
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Re: Petit cours sur la philosophie bouddhiste

Message par melancolie »

Bonjour Eresh,

Merci pour ce texte. Je ne suis pas une spécialiste du bouddhisme mais j'ai pratiqué le zazen dans des sessions avec enseignements.
Je ne connais pas assez Schopenhauer pour savoir s'il a pratiqué.
J'ai un ami proche qui vit dans un monastère bouddhiste depuis plusieurs années et j'en ai discuté avec lui.
Pour lui, la vacuité n'est pas le néant.
Effectivement il existe plusieurs écoles bouddhistes.
Dans le zen il s'agit non pas de se néantiser mais de ne plus s'identifier aux 6 éléments mentaux qui nous traversent l'esprit.(animal, humain, esprit affamé, enfer, assura, divin).
La souffrance naît de vouloir qu'un de ces etâts dure.
Ce qui ne peut être tout étant en mouvement permanent.
En zen on ne parle pas du tout, de l'Un suprème, comme en métaphysique grecque mais de: Non deux
Le Non deux c'est un concept que le zeniste a à penser (en dehors du temps de méditation)
Et puis avant d'être une métapysique le zen se veut avant tout une pratique.
Concernant les causes premières de l'univers et ce qui se passe une fois mort le zen ne dit rien.
Son problème est soit conscient de tout ce qui te lie.
La liberté commence là.
Et puis soit réèlement compatissant, car les autres éxistent réèlement.On n'as pas de compassion pour des riens.
Pour ma part je pense que le zen à surtout pour vocation à aider à garder les yeux ouverts sur le mystère de l'univers, pas à apporter des réponses.
Je pensai : "Pourquoi est-ce que quelqu'un ne fait pas quelquechose pour cela ?"
Et alors, je réalisai que j'étais quelqu'un.
(Anonyme)

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Re: Petit cours sur la philosophie bouddhiste

Message par Haribo »

......et je conclurais;et pour ma part c est je l estime mon intime conviction;que LA VERITE EST AILLEURS
:oops: OK je suis déjà plus là :arrow:
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Tyane
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Re: Petit cours sur la philosophie bouddhiste

Message par Tyane »

Eresh a écrit :Après de multiples discussions en messages privés ou sur des sujets publics de ce forum, je me suis rendu compte que la philosophie bouddhiste intéressait un certain nombre de personnes ici. (...) Depuis plusieurs années, mes réflexions et mes recherches sont notamment orientées autour de la question du bouddhisme ; et j'ai beaucoup lu et discuté de Schopenhauer, qui est le plus grand représentant moderne de cette philosophie.
As-tu des philosophes contemporains réfléchissant le bouddhisme dont tu conseillerais la lecture ? En outre, et je ne fais que poser la question, peut-on réellement qualifier le bouddhisme de philosophie ? Oui, il propose une vision du réel, forge des concepts, se focalise sur la nature de la vérité, du sens et de l'être... mais est-ce qu'il ne lui manque pas une pratique du doute, un soupçon porté contre tout dogme, tel que pratiqué par la philosophie ?
Eresh a écrit : Libre à vous de me considérer avec mépris à cause de ces prétentions ; je vous fais simplement un cadeau (de mon temps, de mon travail, de ma pensée), à prendre ou à laisser.
Il est vrai que parler de ses passions intellectuelles, en étant uniquement motivé par le partage (et le souhait de revivre la passion dans le partage), conduit parfois à être taxé de pédantisme... C'est bien dommage... :|

Eresh a écrit : Ce n'est pas que de Schopenhauer, cependant, que je vais m'inspirer ici - bien au contraire. Je vais m'efforcer, tout au long de mes explications, de mettre en relation Schopenhauer avec les concepts les plus célèbres de la philosophie orientale, afin de mettre en exergue le fait selon lequel la pensée de Schopenhauer correspond bel et bien au bouddhisme, malgré le fossé immense qui les séparent dans la pensée commune (et erronée). J'irai finalement jusqu'à confondre les deux pensées, chacune pouvant à mes yeux être réduite à l'autre, si bien que finalement vous ne lirez sans doute pas si souvent le nom de Schopenhauer par la suite. Ce n'est pas d'Histoire que nous allons parler, mais bel et bien de concepts désincarnés..
Pari risqué, étant donné les connaissances que pouvait avoir Schoppenhauer à l'époque. J'ignore tout du sujet, si bien mon objection sera de seconde main, mais l'article de Wikipédia prévient de quelques confusions avec l'hindouisme - sans toutefois préciser lesquelles.
Eresh a écrit : Nous sommes parés, entrons dans le vif du sujet. La philosophie bouddhiste (sous ce terme, j'inclue en réalité tous les courants de pensée bouddhistes, dont la pensée de Schopenhauer, en dépit des contradictions qui les différencient : on ne peut discuter de ces dernières qu'une fois que l'on a compris la pensée bouddhiste dans son ensemble), comme toute philosophie systématique, est fondée en premier lieu sur une métaphysique, c'est-à-dire sur une théorie de l'Être, du Monde, du Vrai, du Transcendant. La métaphysique, rappelons-le, est étymologiquement ce qui va au-delà de la physique ; et cette définition nous conviendra ici parfaitement. Le bouddhisme, donc, admet une certaine métaphysique axiomatique, et c'est de cette métaphysique que sont issues toutes les autres idées bouddhistes, notamment son autre aile importante : sa morale. On peut donc diviser la pensée bouddhiste en deux parties d'égale importance : une métaphysique et une morale. C'est par la métaphysique, bien entendu, que nous allons devoir commencer.

Le grand axiome du bouddhisme est le suivant : toute existence est désir, tout désir est insatisfaction, toute existence est insatisfaction. Cette proposition peut être modulée librement sous la forme d'un syllogisme ou d'un autre, mais en réalité elle ne constitue qu'une seule idée, et elle ne contient pas de raisonnement interne. Ici, il y a tout simplement synonymie parfaite entre trois concepts classiques de la philosophie : Être, Désir, et Souffrance. Cet axiome est exprimé notamment dans ce que les bouddhistes appellent les Quatre Nobles Vérités :
  • Dukkha (Souffrance) : la vérité de la souffrance ; toute existence est par essence insatisfaction.
  • Samudaya (Apparition) : l'origine de la souffrance ; il n'y a pas de souffrance sans désir, ni de désir sans souffrance.
  • Nirodha (Extinction) : la fin de la souffrance ; il est possible d'échapper à l'insatisfaction, donc à la souffrance.
  • Marga Sacca (Chemin) : le chemin de la fin de la souffrance ; pour échapper à l'insatisfaction, il faut trouver la Vacuité, ce qui se fait par le Noble Sentier Octuple.
.
Les épicuriens et stoïciens définissant le bonheur comme ataraxie (absence de troubles) partagent à peu près la même conception de l'existence.
Eresh a écrit : Le Néant veut exister. Ainsi Schopenhauer abolit-il les métaphysiques de l'immobile initiées par Parménide et discutées jusqu'à Kant en inventant, en même temps que son rival Hegel, une métaphysique dans laquelle Être, c'est toujours être Mouvement. .
Pas certain que cette opposition soit juste pour Parménide. Je préciserai si ça intéresse quelqu'un.
Eresh a écrit : Le Premier Principe, chez Schopenhauer, n'est rien d'autre que le mouvement pulsionnel, absurde, et surtout tragique par lequel le Néant et l'Être ne font qu'un : l'un est condamné à se muer en l'autre. Mais l'Être, en contrepartie, n'est lui-même qu'un Néant ; on n'est jamais pleinement, selon Schopenhauer ; tout ce qui est est animé par le désir viscéral d'exister, désir toujours inassouvi. Il est impossible d'exister plus que sous l'état de potentialité, ou sous l'état de mouvement vers l'existence. Ainsi est-il démontré, selon Schopenhauer, que toute existence est par essence Insatisfaction. En outre, le bouddhisme et l'hindouisme ont en commun, parmi de nombreux autres, le concept de Māyā, que Schopenhauer n'hésite pas à reprendre. La Māyā est le voile par lequel la réalité profonde des choses est initialement masquée aux êtres vivants.
Toujours de seconde main :
La différence essentielle avec l'hindouisme et le Vedānta est que māyā ne cache pas une réalité ultime : la vacuité est la seule réalité ultime de toute chose.
Mais cela ne change pas grand chose, je pinaille.
Eresh a écrit : La suite diffère chez les hindous et chez les bouddhistes, aussi nous ne verrons ici que ce que pensent les bouddhistes. Cette vérité essentielle que masque la Māyā et cette illusion si puissante dont elle nous nourrit et nous empoisonne peuvent être traduites par l'idée selon laquelle, en réalité, RIEN n'existe. L'Univers n'est rien de plus qu'une vague soudaine, une pulsion dépourvue de sens, un séisme après tout négligeable. (...) il est clair que l'existence est une erreur, que le monde est une aberration, que l'Être est une Anomalie. Le bon ordre des choses, c'est le Néant, la Paix, la Permanence. La Vacuité. Le Nirvāna. Tout ce qui est, toutes ces choses qui passent en un clin d'œil, qui sont caprice pur et fruits du caprice pur, tout cela est, pour la pensée bouddhiste, une erreur pure et simple, un nœud qui n'attend que d'être dénoué.

Et c'est ce qui nous permet d'atteindre la morale bouddhiste. Celle-ci se résume à un principe extrêmement simple : le Bien est le contraire de la Souffrance.(...) Mais ici, la vague qui nous porte est celle du Désir, elle est le mouvement indestructible de l'Être ; mouvement, cependant, auquel nous ne nous laissons pas prendre, et contre lequel nous cessons de nous battre, car se battre, c'est avoir une forte Volonté, et donc automatiquement souffrir, revenir pleinement dans le Désir.
Je m'interroge tout de même sur la notion de désir, car l'effort demandé pour devenir bodhisattva réclame aspiration, projet, force et clarté d'esprit... au moins au début, même si l'objectif est justement de renoncer aux efforts illusoires pour devenir la feuille morte portée le fleuve du temps, si tu me passes cette métaphore fleurie et ampoulée. Et pourquoi l'éphémère serait-il forcément désespérant et apparenté au non-sens ?
Eresh a écrit :
Cela signifie-t-il, pour autant, que le bouddhiste soit suicidaire ? Au sens le plus concret, la réponse est non : absolument pas. Le suicide procède d'un désir, et il ne fait donc qu'empirer la souffrance. L'objectif du bouddhisme n'est pas de fuir la vie, mais de fuir le désir. Comme cela pourrait-il se faire, si l'on désire ne plus vivre ? C'est en tuant le désir que le bouddhisme espère nous tuer et mettre fin à nos souffrances. L'objectif du bouddhisme est de retrouver la paix, et celle-ci n'existe que là où le désir est mort. En ce sens cependant, il y a bien un suicide bouddhiste : le suicide intérieur, auquel mène le Noble Sentier Octuple. Les axiomes bouddhistes que nous avons si longuement étudiés précédemment sont clairs à ce propos : il vaut mieux n'être rien plutôt qu'exister. Aussi, naître est la plus grande malédiction qui soit ; mais mourir ne résout pas cette malédiction. La seule solution est la Vacuité.


Le suicide mettant fin à la vie, pourquoi empirerait-il la souffrance ? Et la Vacuité ne conduit-elle pas nécessairement à une reconnaissance involontaire envers la vie ? A une joie sans désir ?
Eresh a écrit : Et c'est pourquoi il est possible d'arriver à la notion de Compassion, extrêmement importante pour les bouddhistes, Schopenhauer compris. Cette vertu est partie intégrante du Noble Sentier Octuple. Le boddhisattva revient aider les vivants à s'élever, par compassion. C'est pourquoi il y a eu plusieurs Bouddha et plusieurs Dalaï Lama : tous sont, selon les bouddhistes, la réincarnation d'un de leurs prédécesseurs qui, ayant atteint la parfaite Vacuité, a accepté de continuer à arpenter notre monde de souffrance afin de l'aider à trouver la paix dans sa globalité. Car le boddhisattva a rompu l'illusion de l'individualité, et car il ne fait qu'Un avec le Tout : ainsi, la souffrance d'autrui lui apparaît comme sa propre souffrance, ce qui, selon le bouddhisme, est la plus pure vérité : nous sommes, tous autant que nous sommes, différentes facettes de cette seule anomalie qu'est la Volonté.

Il n'est pas difficile, au regard de toutes ces explications, de comprendre pourquoi Schopenhauer est considéré comme le plus pessimiste de tous les philosophes. En outre, vous ne serez sans doute pas surpris si je vous affirmais qu'il fut profondément influencé par Darwin. Le Vouloir-Vivre se manifeste notamment dans le Génie de l'espèce, qui nous manipule constamment en nous insufflant le mirage de l'amour, lequel ne sert qu'à perpétuer dans toujours plus d'irraison l'Espèce, l'Être qui veut toujours Être plus. Nous sommes les victimes d'une charlatanerie dont l'unique but est la procréation. Nous ne sommes que les outils de notre espèce, et par son intermédiaire, de l'Être, qui cherche à se développer dans toujours plus de chaos et de complexité, aveugle à sa propre et incommensurable souffrance.

Il existe, bien entendu, des critiques philosophiques contre cette pensée. Mais je préfère d'abord répondre aux éventuelles questions sur la pensée bouddhiste elle-même avant d'évoquer ces contradictions. En outre, il est bien entendu que ce premier message n'évoque que très rapidement et partiellement les différentes idées de la philosophie bouddhiste ; aussi, j'attends votre participation avec intérêt afin de pouvoir spécifier les zones d'ombres restantes. Merci pour votre lecture !
Ton avant dernier paragraphe ne pointe-t-il pas des divergences avec le bouddhisme ?
Sardanapale
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Re: Petit cours sur la philosophie bouddhiste

Message par Sardanapale »

Je salue ce joli post (je parle du post initial et non pas du vrai-faux kôan en bout de thread), tout en souhaitant apporter quelques nuances :
Eresh a écrit :En outre, le bouddhisme et l'hindouisme ont en commun, parmi de nombreux autres, le concept de Māyā, que Schopenhauer n'hésite pas à reprendre.
A dire le vrai, ce n'est pas tant le concept qui est commun, que le mot. Cela s'explique par des raisons purement contingentes de géographie et de dates que je pourrais développer si on l'attendait de moi. Ce que l'on peut dire en revanche, c'est que la Mâyâ des hindouistes, des sikh, des jaïnites, et des bouddhistes est très particulière à chaque fois, et n'a pas grand chose à voir avec les autres définitions du mot. En la matière, il convient de s'attacher à l'idée que si nos philosophes occidentaux utilisent des mots précis dans un sens précis, ce ne peut être le cas d'un groupement hétéroclite de civilisations en perpétuelle interaction, sur un espace-temps qui couvre 2500 ans et s'étend du Japon à l'Afghanistan.

Ensuite, je dois préciser que ce post, remarquable à maint égard, s'attache particulièrement à l'éthique vajrayânique. Dans le zen sôtô par exemple, que j'ai eu la chance (et la malchance) de connaître un peu, on est quand même sur autre chose, disons-le tout de suite. Ainsi que le mentionne très justement notre camarade dans ses mises en garde liminaires, l'espoir de dégager la moindre axiologie commune, le moindre "principe général" dans le monde joyeusement bordélique de la pensée bouddhiste (ou para-bouddhiste) est parfaitement illusoire.
Sardanapale
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Re: Petit cours sur la philosophie bouddhiste

Message par Sardanapale »

melancolie a écrit :En zen on ne parle pas du tout, de l'Un suprème, comme en métaphysique grecque mais de: Non deux
La métaphysique grecque est plus large que ce que tu sembles croire. Le gréco-bouddhisme (syncrétisme qui présida tant à l'émergence du Mahayâna chez les orientaux que de la deuxième vague stoïcienne chez les ocidentaux) admettait parfaitement le "non-deux".
melancolie a écrit :Le Non deux c'est un concept que le zeniste a à penser (en dehors du temps de méditation)
Ceux qui te lisent et quipourraient légitimement se demander à quoi tu fais référence pourront comprendre très simplement en se figurant des vagues. Chaque vague demeurant la manifestation éphémère de la même réalité unique : la mer. Le zen propose que la première cause de souffrance est le déni de cette vérité profonde, et que dans un monde aux vagues innombrables et passagères, il est impossible de vivre confortablement (et donc justement) sans transcender cette illusion d'individualité éternelle. Le confort (au sens le plus élevé du terme : nous parlons de confort moral, et non matériel, évidemment) est la source de tout ce qui est juste et bon, et il commence par la prise du conscience que même en l'absence du "Un-ultime" (un démiurge, un omniscient), il est possible de se laisser pénétré par l'essence globalisante du cosmos et d'y trouver sa paix.
melancolie a écrit :Et puis soit réèlement compatissant, car les autres éxistent réèlement.On n'as pas de compassion pour des riens.
Ca, c'est un truc sur lequel on aime bien insister, en Occident, mais qui ne concerne pas toutes les écoles de zen, tant s'en faut ...
melancolie a écrit :Pour ma part je pense que le zen à surtout pour vocation à aider à garder les yeux ouverts sur le mystère de l'univers, pas à apporter des réponses.
Très juste.
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Tyane
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Re: Petit cours sur la philosophie bouddhiste

Message par Tyane »

Sardanapale a écrit : Cela s'explique par des raisons purement contingentes de géographie et de dates que je pourrais développer si on l'attendait de moi.
Si tu te sens le courage (la patience) de traiter des rapports du bouddhisme et de l'hindouisme à travers l'histoire, pourquoi pas. (Et de l'importance de la branche zen dans le bouddhisme. Est-ce une idée fausse de pensée que c'est l'une qui a le plus intéressé l'Occident, avec toutes les déformations qu'elle a subi ? )

Je note le mot koân ! C'est l'équivalent bouddhiste de l'apologue ?
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Re: Petit cours sur la philosophie bouddhiste

Message par Sardanapale »

Tyane a écrit :Si tu te sens le courage (la patience) de traiter des rapports du bouddhisme et de l'hindouisme à travers l'histoire, pourquoi pas.
Ce serait un peu long, et wiki le fait déjà très bien. Ce qu'il faut en tout cas retenir, c'est que l'interaction de ces deux blocs a connu des mariages plus ou moins heureux, mais qu'ils sont fondamentalement différents en dépit de certaine terminologie commune qui a fait surchauffer de la cafetière pas mal de philosophes occidentaux. Lesquels négligeaient la perspective historique/géographique/économique/politique et aboutissaient à des contresens sévères, du même ordre de ceux que pourrait avoir un chinois qui connaîtrait mal l'Europe et son Histoire et percevrait le christianisme comme une secte juive sur la foi de son origine et du livre de référence en commun, la France comme la perpétuation de la Germanie par son étymologie, et les cyniques grecs comme une variété de stoïciens. Seul l'étude approfondie du contexte séculier permet de comprendre les divergences profondes ou superficielles de deux courants de pensée d'un même secteur.
Tyane a écrit :(Et de l'importance de la branche zen dans le bouddhisme. Est-ce une idée fausse de pensée que c'est l'une qui a le plus intéressé l'Occident, avec toutes les déformations qu'elle a subi ? )
Ce n'est pas faux. Cela tient majoritairement à la place particulière qu'occupe le Japon dans notre histoire et nos fantasmes, ainsi qu'à ses périodes d'ouverture sur l'Occident dès la fin du 16ème siècle, ouverture que des pays comme le Bengladesh ou l'Afghanistan, pourtant féconds dans l'Histoire bouddhiste, n'ont pour ainsi dire jamais connu.
Tyane a écrit :Je note le mot koân ! C'est l'équivalent bouddhiste de l'apologue ?
Oui, bien qu'on le traduise le plus souvent, et assez improprement, par "paradoxe". Malgré son caractère pop dans l'imagerie populaire (Le bruit de l'arbre qui tombe dans la forêt où personne ne l'entend, ce genre de conneries ...), il ne concerne en fait qu'une toute petite branche, très particulière et minoritaire du zen : le rinzai, qui était le zen de la cour. Il convient néanmoins de noter que de nos jours, le sôtô regroupe la majorité des pratiquants zen, et qu'on n'y trouve guère de kôans ... Cela tient au fait que le zen sôtô est avant tout, ainsi que le faisait très justement remarquer notre amie, une pratique et un feeling. A de nombreux égards, j'y trouvai moi-même sinon un sport, du moins une extension naturelle au sport et au combat. C'est d'ailleurs au judo que je suis tombé dessus. Il ne s'agit donc pas de conceptualiser, au début du moins.
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