Les couples peuvent se greffer à ce groupe. Ayant tous deux des problèmes, ça les arrange bien de se dire asexuels plutôt que d'être frustrés.
J'arrive difficilement à comprendre le sens de cela. Je comprendrais s'il y avait écrit "de se dire abstinents plutôt que (se dire) frustrés", mais là...
Aux Etats-Unis, par exemple, il y a une mode qui frappe les jeunes actuellement: il faut se dire asexuel pour être accepté dans certains groupes.
En fait, je suppose qu'il est ici question d'abstinence, de non-pratique, puisque c'est ce qui se passe, plutôt. Ce n'est pas un problème en soi, d'ailleurs.
Encore une fois, on a le problème de la définition. En même temps, on peut comprendre : asexuel ne correspond vraiment à la définition d'Aven que lorsqu'on le pose sur le même plan que hétérosexuel, bisexuel, homosexuel. Pris isolément, avec le sens véritable de son préfixe, il a en effet un autre sens. D'où la confrontation d'usages distincts, et les confusions, et d'ailleurs au sein même de ceux qui se disent asexuels la multiplicité des définitions. Il faudra bien pourtant se mettre d'accord et strictement délimiter la terminologie, en séparant les cas. Ce sera déjà plus clair. On ne confondra plus nonsexuel, asexuel, antisexuel, asbtinent, etc. Lorsque l'on partira sur les mêmes bases, convenablement définies, le dialogue sera plus clair.
Mais il faut voir si c'est vraiment une décision qui leur est propre ou une tendance.
Entendons : la décision d'être abstinents.
Ensuite, cette vision est trop simple : il n'y a pas "décision propre" d'un côté et "tendance" de l'autre. L'on peut suivre une tendance par grégarisme et parce que c'est cool. On peut suivre une tendance parce qu'elle nous convient, donc il y a là décision de notre propre chef. On peut refuser de suivre une tendance alors qu'elle nous conviendrait, par anticonformisme, etc.. On peut décider quelque chose hors de toute tendance. On peut décider d'être abstinent indépendamment d'une hypothétique tendance à l'abstinence, etc., etc.
Réflexion HS personnelle mais d'importance : cultiver l'exigence intellectuelle peut être épuisant et frustrant. Beaucoup de gens ne se rendent pas compte que ce qu'ils prennent pour de la pensée n'est qu'une pensée raccourcie-un raccourci de pensée qui mène potentiellement à l'erreur. Je ne dis pas cela par élitisme, comprenez bien. Seulement, "penser" devient quelque chose de plutôt ardu lorsque l'on prend véritablement en compte tout ce qui doit l'être, et que l'on dépasse les pièges qui poussent à synthétiser la complexité du réel ou des faits d'une manière trop simplifiée... Bon, je m'arrête là, il y a des millions de pages sur la question ailleurs
.
Oui, beaucoup de personnes veulent consacrer toute leur énergie à d'autres choses et donc arrêtent le sexe. Je tiens à préciser que la sexualité a un rôle vital.
Il y a énormément de choses à dire sur cela. La libido, la sublimation, etc. Personnellement, mais je l'avoue, par inclination plutôt que par étude (n'ayant pas encore pu me pencher sur ces thématiques en détail), l'"énergie psychique" de Jung est une position qui me semble beaucoup plus tenable que celle de Freud. Faire de la sexualité la base fondamentale chez tout le monde, cela m'a toujours dérangé, ainsi que l'idée de la sublimation freudienne.
Le fondement de la pensée de la sexologue est que "la sexualité a un rôle vital".
Elle est bonne pour le corps et la gestion psychique.
Ok, nous sommes d'accord, cela doit être vrai pour la majorité des humains normaux, disons. Mais justement, les "autres choses", ne se peut-il pas au fond qu'elles parviennent au même résultat, de manières tout à fait différentes - et d'ailleurs pourrait-on dire
à un meilleur résultat ? Tiens, les différents arts, l'art au sens général, les religions, le spirituel, et, comment l'oublierions-nous, la philosophie ? Et même, rien : l'apathie, oui, dans des cas rares, certes...
Pourquoi y-a-t-il ces mouvements de revendication de l'abstinence ? Pourquoi, sinon parce que le discours dominant, l'inconscient collectif, et le discours de la sexologie, entre autres, entravent le libre choix de l'abstinence ? La sexologie pose de fait des barrières normatives, de manière retorse : finalement, choisir d'être abstinent, c'est au fond se faire mal - sans le savoir,
et sans même le sentir. Même si, au fond, l'on se serait habitué à ne pas souffrir de l'abstinence, il y a quelque chose qui cloche, et les choses seraient mieux si l'on prenait le "chemin inverse", même si c'est dur (mais justement, cette pseudo-nécessité de prendre le chemin inverse n'est apparemment motivée que par l'axiome de la "sexualité vitale", et il y a des choses à dire sur cet axiome).
Le fond du problème c'est que le "ne pas avoir envie simplement", dans la perspective de la sexologie,
est un problème. Même si cela ne vous pose aucun problème. Même si vous ne vous sentez aucunement frustrés. Puisqu'après tout, le spécialiste peut vous dire qu'au fond, vous l'êtes quand même.
Cette situation de la sexologie est difficilement saine. Non seulement elle laisse de côté les personnes situées aux extrémités du spectre de la sexualité, par "nature" ou par comportement - les asexuels ne sont pas pris en compte, les abstinents se demandent si finalement leur abstinence ferait décroître leur santé (pour résumer grossement, cette fois-ci), et les hypersexuels sont beaucoup moins appelés à se remettre en question vu l'image que la société donne dans les médias d'une sexualité "normale" qui justement ne l'est pas - mais encore elle agit comme une idéologie qui ne remet pas en question ses présupposés et entretient les problèmes au lieu de les résoudre. Cela peut s'étendre facilement aux branches de la psychologie où ne sont pas encore assez prises en compte les spécificités du fonctionnement de certaines personnes, et où les "solutions" proposées à des "troubles" qui n'existent que dans l'imagination du spécialiste peuvent au contraire créer des problèmes. Heureusement, les choses évoluent, la diversité phénoménale de l'humain est de plus en plus prise en compte, mais c'est toujours très et trop lent...
L'abstinence pose déjà des problèmes à cette discipline, alors l'asexualité dans le sens que nous utilisons ici
... En même temps, ce n'est pas HS d'en parler, il y a pas mal d'asexuels non-pratiquants/abstinents
.
l'important pour être bien vu, c'est de rester le plus pur possible
N'oublions pas que l'abstinence, cela n'existe pas que pour se donner une image dans la société
... Ensuite, il y a le débat concernant la projection de soi comme abstinent, mais, lorsque l'on réfléchit un peu, cela revient exactement à la même chose, en inversant, que la projection de soi comme S
.
Pour revenir à l'article, il est encore une fois orienté très vite. Si le début évoque la possibilité des relations "platoniques", on passe aussitôt à des considérations qui placent le sujet du côté négatif : "ce qui se cache derrière", "troubles sexuels", etc. La seule fois où l'idée du couple "platonique" revient, elle est aussitôt et automatiquement liée à la "frustration". Et on termine sur le problème de la difficulté dans le couple d'avoir deux personnes "mal accordées" (mais par rapport à l'abstinence). Résumé, selon la sexologue, la relation "platonique" est impossible/du moins vouée à l'échec (puisqu'il y a trouble en fait derrière).
Bon, je ne mets pas tous les sexologues dans le même panier (à part s'ils s'obstinent à s'y mettre eux-mêmes en n'évoluant pas), mais voici une anecdote. Une personne que je connais, ayant perdu son mari, a été longtemps inconsolable et, évidemment, très déprimée, au point de ne trouver que difficilement des raisons de s'accrocher. Elle va consulter un psy réputé ; il a en même temps l'étiquette de sexologue. Elle lui expose sa situation. Que lui dit-il ? Vous avez besoin de relations sexuelles, c'est ce qui vous manque. Vous pensez bien que cette personne, à qui manquaient la présence, les longues discussions, l'intelligence, le soutien, la patience, les qualités, la personnalité, de son mari décédé, n'est pas retournée chez ce spécialiste.
Il y a beaucoup d'articles, de conseils, de sexologues qui, sans aller jusqu'à cette extrémité, n'échappent pas à mon avis aux effets retors du mode de pensée qui découle de ce qu'ils posent comme fondement inamovible de leurs jugements.
Désolé pour le long message. Oui, le commentaire d'un article peut dépasser la taille de cet article
. Et encore, on est loin de ce que l'on trouve en critique littéraire : un monostiche d'Apollinaire peut entraîner la rédaction de bien des pages...