Jullianna a écrit :Or moi , dans bi/hétéro/homo , je comprends non seulement sexuel mais genre ! Or chez moi , un seul genre peut provoquer une inclination sentimentale et amoureuse , mais sans pulsion sexuelle . alors , je parle de nature , car mon orientation est hétéro !
Mais là , expliqué ainsi , j'avoue que je discerne mieux cette fameuse 4ème orientation ... Biensûr , c'est la définition même de l'Aven , aucune pulsion sexuelle et pour n'importe quel genre ... (y compris les A aromantiques..) ; mais comment dire que je suis A et "hétéro" au sens genre !
si vous avez une idée ?
En fait il faut tout d'abord se mettre d'accord sur les termes ; un certain usage aujourd'hui distingue :
- l'identité sexuelle : l'être physiologique (et civil : puisqu'un(e) transexuel(le) opéré(e) a maintenant le droit d'obtenir un changement d'état civil)
- le genre : l'être intérieur tel qu'il se perçoit selon les codes liés à sa culture
- et enfin l'orientation qui est caractérisée par
l'identité sexuelle des partenaires
Mais cette terminologie (fixée par les *gender studies* dans les universités américaines) ne couvre pas toute la sphère sentimentale. Ici sexualité peut être pris comme synonyme de génitalité.
Pour ce qui est de l'attraction que peut éprouver un A, je préfère utiliser le terme de sentimentalité, et effectivement il existe aussi une préférence dans l'inclination sentimentale. Mais je crois que celle-ci est plus lache que dans l'orientation sexuelle (le caractère ambigu de la profonde amitié qui peut unir deux personnes du même sexe/identité est un lieu commun), et que cela prouve assez l'autonomie de l'attraction sentimentale. Tu pourrais donc dire que tu es asexuelle hétérosentimentale.
Finalement si l'asexualité est considérée comme une orientation, c'est parce que l'Aven est né aux Etats Unis et a cherché à caractériser l'asexualité par rapport aux trois concepts identité/genre/orientation, et que c'est comme alternative au troisième d'entre eux qu'elle s'appliquait le mieux.
Ce qui peut induire une confusion, c'est que la psychanalyse a élargi la notion de sexualité ("Dans l'expérience et la théorie psychanalytique, sexualité ne désigne pas seulement les activités et le plaisir qui dépendent du fonctionnement de l'appareil génital ..." ~ Laplanche et Pontalis in Vocabulaire de la Psychanalyse.) De fait, les tenants des concepts freudiens peuvent à raison affirmer qu'il y a une orientation sexuelle chez l'asexuel qui éprouve une attirance même seulement sentimentale, parce qu'il s'agit bien d'une expression de la libido ("Manifestation quantitative dans la vie psychique de la pulsion sexuelle" ~ Freud in Introduction à la Psychanalyse).
Mais pour autant on ne peut pas affirmer que l'asexualité est une nouvelle identité (c'est le corps opéré ou non qui fait foi) ou un nouveau genre (on est féminin, masculin ou transgenre).
Le tout est de savoir à quel cadre conceptuel on se réfère et de s'y tenir, sinon les mots perdent leur sens. Pour ma part si je considère plus juste de voir l'asexualité comme une orientation spécifique c'est parce qu'elle n'est pas source d'angoisse, il ne s'agit donc pas d'un inaccomplissement de la libido.
PS Je me relis et je me dis que j'aurais mieux fait d'écrire *sans pulsion génitale* pour ne pas prêter à confusion
"Je cherchais une âme qui me ressemblât" (Lautréamont) ... et puis je l'ai trouvée ...