Bonjour, novi.
Déjà, je te conseille la lecture de
Nous qui n'existons pas de Mélanie Fazi, dont la version numérique est disponible gratuitement
sur le site de l'éditeur. C'est court, très bien écrit, et même si chaque cas d'asexualité est différent, son histoire est suffisamment emblématique pour que plusieurs d'entre nous (dont moi) s'y soient retrouvés (plus ou moins, bien sûr).
Ca t'aidera d'autant plus que j'ai l'impression que tu as une vision de l'asexualité très influencée par celle de l'homosexualité... Or théoriquement parlant l'asexualité s'oppose tout autant à l'hétérosexualité qu'à l'homosexualité, et quand je dis "s'oppose", je veux dire théoriquement parlant : je n'ai pas l'impression que beaucoup de gens ici sont dans une démarche "agressive", pour le dire vite et peut-être pas très bien (j'espère que je ne froisse personne).
Je ne vais pas parler au nom de tous, je ne suis pas qualifié pour (personne ne l'est, d'ailleurs), mais perso, je n'ai pas de revendications démesurées : je veux juste vivre mon asexualité sans que mon entourage essaye à tout prix de me caser avec la première fille qui passe (et encore, j'exagère, parce que mes proches sont plutôt tolérants et pas très lourdingues la plupart du temps).
Tes questions me semblent aussi présupposer qu'être asexuel engendre automatiquement du mal-être en raison d'un décalage avec l'allosexualité dominante. Or, sans généraliser là encore une fois (certain.e.s d'entre nous ont leur lot de problèmes, comme n'importe qui), je peux te dire que pour ma part, le mal-être était plutôt avant, quand je me croyais hétérosexuel - me découvrir asexuel a été sans doute le plus gros soulagement de ma vie. Autrement dit, je me sens mieux maintenant que je sais que j'appartiens à une minorité sexuelle... (Ce qui nous amène à ta première question.)
Alors, pour essayer de répondre à tes questions :
1) chaque jour depuis mon "adolescence" jusqu'à la découverte (tardive) de mon asexualité - je n'exagère pas, je veux juste dire que le décalage est (ou du moins a été, pour moi) permanent ou presque, sans vrai pic marquant (quelque chose comme une petite musique d'ambiance qui m'accompagnait partout) : tant que je me croyais hétérosexuel (et que je m'épuisais à vivre comme tel), je pouvais constater à quel point je différais des autres (je parle à l'imparfait, à cause du confinement et du télétravail, mais la fin de la pandémie pourrait ramener son lot de situations curieuses ; simplement, je devrais mieux les vivre, maintenant que je sais ce que je suis) ;
2) non, si tu exceptes quelques pensées suicidaires par-ci par-là : juste un peu de malaise social dans certaines situations, par exemple quand on essayait de me persuader que ma meilleure amie était la femme idéale pour moi (je m'en sors bien, cela dit, certain.e.s d'entre nous ont été dragué.e.s de façon plutôt violente) ;
3) non, mais en même temps, je ne me suis pas encore vraiment affiché comme tel (je ne vois guère qu'au travail où ça pourrait poser éventuellement problème si l'on m'identifiait comme Ace, et encore, je m'en fous un peu, tant que mes proches m'acceptent comme je suis) ;
4) là, comme je te disais plus haut, tu importes un modèle pas forcément pertinent (ActUp militait aussi contre le SIDA), donc c'est difficile de te répondre : honnêtement, si j'en avais le pouvoir, je ferais plutôt passer des mesures toutes simples, du type supprimer la mention du sexe sur la carte d'identité (ça aiderait déjà ceux d'entre nous qui sont non-binaires) - bon, puisque tu insistes, un truc marrant : mettre des as de pique sur les visages de toutes les publicités pour des sites de rencontre ;
5) le comble, je ne sais pas, mais ce qui m'amuserait, maintenant que je me sais asexuel, c'est qu'une fille manifeste (explicitement) son envie d'être en couple avec moi (ça m'amuserait, parce que hormis quelques allusions que je n'ai pas su décrypter, ça ne m'est jamais arrivé quand je me croyais hétérosexuel) - au passage, j'espère que tu sais qu'un asexuel peut parfaitement ressentir de l'excitation sexuelle et se masturber (c'est mon cas) ; du coup, les situations incongrues dans lesquelles il peut se retrouver ne sont pas forcément différentes de celles d'un allosexuel, me semble-t-il.
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Du coup je cherche des situations "too much" en lien avec l'asexualité. Mais au final, en pensant à des situations extrêmes pour une S lambda, ça marche aussi, a fortiori, pour une A. 
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