Je ne suis moi-même pas forcément friand de cette multiplicité des termes. Quand je regarde le
lexique d’AVEN, autant pour certains je les trouve plus ou moins pertinent. Autant pour d’autres, je reste plutôt dubitatif (Requiesssexuel·le par exemple). Et il suffit de regarder l’origine de certains termes comme
WTFsexualité/Quoisexualité pour voir que ça ne vient pas forcément d’une recherche très rigoureuse.
Cependant, je comprends tout à fait que la communauté ace ressente ce besoin d’essayer de trouver des termes pour mieux se définir. Après tout, il y a très peu d’études sur l’asexualité. Et la communauté n’a que ses membres pour essayer de se comprendre et de se construire.
Dans ce sens-là, les mots ont un énorme pouvoir pour les personnes qui cherchent à se définir. Car si elles ne peuvent pas rattacher leur ressenti à une définition, elles peuvent le rattacher à un mot qui lui en possède une. Non seulement ça leur permet de mieux réaliser et de comprendre ce qu’elles ressentent, mais ça leur permet aussi de se reconnaître au sein d’une communauté. Et de ce fait, de savoir qu’elles ne sont pas seules. Que d’autres personnes se reconnaissant dans le même mot vivent les mêmes expériences.
On utilise souvent les mots « case » ou « étiquette » pour parler de ces différentes nuances du spectre asexuel et je trouve qu’ils sont mal choisis. Car se reconnaître dans un de ces termes ne devrait pas suggérer qu’on s’enferme dans une case. Mais plutôt qu’on s’ouvre à un ressenti partagé, propice à l’échange et au soutien mutuel.
Et le seul moyen de sensibiliser les gens à ne pas tomber dans le piège de s’enfermer au cours de leur questionnement, c’est la visibilité.
Et c’est en ça tout l’intérêt que l’asexualité soit reconnue comme une orientation sexuelle et inclus dans la communauté LGBT+. Afin de bénéficier d’une représentation qui lui permet d’être visible, d’une communauté à laquelle appartenir et d’espaces associatifs proposant du soutien sous différentes formes.
Ne pas reconnaître l’asexualité comme orientation sexuelle et l’exclure des LGBT+ soulève des problématiques. Car il y a déjà de nombreuses personnes LGBT+ qui sont ace. Par exemple, quid des personnes à la fois transgenres ou non binaires ET asexuelles ? Elles sont déjà reconnues dans la communauté LGBT+ de par leur identité non cisgenre. Mais sont-elles censées n’être acceptées qu’à moitié chez les LGBT+ ? Doivent-elles subir le rejet d’une part de leur identité non reconnue et exclue de leur propre communauté ?
Réaliser que sa sexualité est différente de la norme que le monde veut nous imposer. Être perdu·e dans son identité. Chercher désespérément à se définir. Se sentir anormal·e et cassé·e. Subir des oppressions dans un environnement hétéronormé. Être incompris·e de son entourage. Se forcer à essayer de faire comme les autres et rentrer dans le moule. Refouler ce qu’on ressent par peur ou par honte.
En quoi est-ce que tous ces ressentis ne peuvent-ils pas être partagés entre les personnes asexuelles et le reste de la communauté LGBT+ ?
C’est un choix personnel propre à chacun de reconnaître ou non l’asexualité en tant qu’orientation sexuelle et faisant partie des LGBT+.
Mais comme dit précédemment, au niveau collectif, c’est crucial que ce soit identifié comme telle et inclus dans cette communauté.