Découvrir, révéler et assumer mon attirance pour les hommes ne s'est déjà pas passé sans heurts, alors je me suis vraiment cru maudit de me sentir si peu concerné par le sexe alors que celui-ci est un maître-mot chez les gays. Jusqu'il y a peu je me sentais vraiment isolé.
Mes amis ne me comprennent pas. Les garçons que j'ai pu rencontrer ne comprennent pas. Tous cherchent un traumatisme (viol, abus...) dans ma vie qui pourrait expliquer ce qu'ils appellent un "blocage". Il n'en est pourtant rien.
Voir que d'autres personnes partagent mon "état" m'enlève un grand poids.
Mais je ne peux m'empêcher de me poser la question de savoir si je suis vraiment asexuel car il me semble que je ne corresponds pas à la définition stricte du terme.
Le sexe ne m'est pas complètement étranger: je me masturbe par exemple. J'ai déjà eu des rapports avec plusieurs garçons (et quelques femmes avant de faire mon coming-out) qui se sont plus ou moins bien passés mais toujours dans le cadre d'une relation amoureuse.
Ma libido marche aux sentiments. Sans amour et confiance je ne bande même pas. Vous allez me dire que cela fait juste de moi un garçon très romantique, pas un asexuel.
Oui mais voilà, ça fait 3 ans que je n'ai pas eu de rapports sexuels et ça ne manque pas du tout. Et si je ne peux pas avoir de rapports sexuels sans sentiments je peux très bien m'en passer même avec l'être aimé.
J'ai ainsi vécu 2 ans avec un homme dont un an et demi sans rapports. Après 6 mois, il m'avait fait croire qu'il utilisait du viagra mais devait arrêter pour raisons médicales. En fait il ne me désirait plus et allait voir ailleurs, tout simplement. Quoiqu'il en soit je l'ai cru et je n'ai pas souffert de cette abstinence.
Embrasser un homme m'est très agréable mais ne suscite pas d'éveil sexuel en moi. Je suis très sensuel: j'aime les caresses et les massages mais ce genre de pratiques me procurent que bien-être et détente, pas d'excitation.
Seuls des attouchements ciblés peuvent éventuellement me faire de l'effet mais c'est très loin d'être systématique. Je ne suis pas égoïste et je sais contenter mon partenaire, comme une preuve d'amour, parce que je sais que c'est un besoin pour lui. Son plaisir passe alors bien avant le mien.
Paradoxalement, c'est souvent très mal vécu par l'autre qui le perçoit comme un manque d'attirance.
Je ne sais pas si je suis asexuel ou hyposexuel, mais je suis sûr d'une chose: ce n'est pas la quantité de sexe qui fait la réussite d'un couple mais l'harmonie sexuelle. J'ai essayé mais je réalise aujourd'hui qu'il est illusoire pour moi de faire ma vie avec une personne dont la sexualité est développée.
Peut-être trouverai-je l'âme soeur ici. En tous cas j'espère que mon âme n'est pas fille unique
