Plusieurs années après avoir entendu parler pour la première fois de l'asexualité, je prends enfin mon courage à deux mains et je viens m'inscrire sur un forum dédié, peut-être car je rejette un peu moins l'asexualité qu'avant.
Je suis une femme de 26ans ayant un parcours a priori classique: premiers petits copains à 15/16 ans, premier amour à 17ans, seconde grande histoire à 21ans. Mais pourtant, je ne me suis jamais sentie normale par rapport à la manière dont les autres géraient leur sexualité, j'ai toujours senti que quelque chose clochait avec moi.
Durant mes deux longues histoires (3ans et 4ans), le sexe a toujours été source de beaucoup de tensions. Au début de chaque histoire, tout fonctionnait bien, nous avions des rapports (pour moi surtout par curiosité ou par l'excitation de la nouveauté, par l'envie de partager un moment intime qui me rapprocherait émotionnellement de mon partenaire) mais très vite, mon intérêt tombait au ras des pâquerettes et je commençais à voir le sexe comme une tare. J'ai très mal vécu ces pertes de libido : je savais combien le sexe était important pour mes partenaires et dans la société en général, et je ne comprenais pas pourquoi moi, si jeune, je n'avais pas plus d'intérêt que ça pour le sexe que tout le monde semblait tant aimer. Pendant l'amour, j'apprécie le moment : je ressens le plaisir et j'adore partager cette intimité avec mon partenaire, mais il y a comme un combat entre mon cerveau qui aurait envie de ces rapports et mon corps qui ne réagit pas vraiment, qui ne manifeste pas de désir, de "faim" pour l'autre.
Cette libido très basse a été dans les deux cas une source de souffrance pour mes partenaires comme pour moi. Je me suis quelques fois forcée à avoir des rapports car je voyais qu'ils étaient très frustrés et que cette situation m'attristait également, pourtant jamais ils ne m'ont forcé la main, essayant au contraire de trouver de nouvelles choses à expérimenter au lit pour raviver la flamme.
Ces deux histoires se sont donc terminées entre-autres à cause du sexe, et quand j'ai entendu parler de l'asexualité, plutôt que d'être soulagée comme beaucoup d'entre vous, j'ai plutôt eu le réflexe inverse, paniquer et me dire que je ne voulais pas être A, qu'il devait y avoir d'autres raisons qui justifiaient mon manque d'intérêt pour le sexe et que je finirais par trouver une solution pour guérir de mon mal.
Aujourd'hui encore, je ne sais toujours pas si je suis vraiment A ou si mon manque d'intérêt pour le sexe est passager ou explicable (donc "guérissable") par certaines circonstances de ma vie (j'ai malgré moi découvert les pratiques sexuelles hors normes de mes parents quand j'étais enfant et cela m'a beaucoup choquée et bloquée). J'adore parler de sexe avec mes copines, cela m'intéresse mentalement, mais je n'ai pas vraiment d'attirance sexuelle (=pas de papillons dans le ventre) une fois que je vais passer à l'acte avec un homme. Pour moi, manquer d'intérêt physique pour le sexe est un vrai cauchemar : à chaque fois que j'envisage une nouvelle relation avec un homme qui me plait, m'attire esthétiquement et mentalement, envisager du sexe avec lui me fait peur car je sais que je ne vais pas vraiment avoir de désir et qu'à terme ça va encore causer des souffrances de nos deux côtés.
Je n'ai jamais rencontré d'asexuel dans la vraie vie, ça me semble tellement compliqué à trouver !
Du coup, accepter cette asexualité serait pour moi synonyme d'une condamnation à rester seule toute ma vie pour éviter de futurs échecs amoureux.
Pourtant, je ressens le besoin d'avoir une relation romantique avec un homme. J'aimerais tellement que mon corps ressente aussi l'envie d'avoir un rapport charnel, cela résoudrait bien des soucis. Il me faudrait une petite pilule magique pour activer le désir en fait
.Bref, je ne sais pas ce que j'attends de ce forum puisque je ne m'identifie pas vraiment comme A, mais peut être que d'autres sont dans la même situation que moi et me partagerons leur histoire. Je n'ai encore parlé à personne de ces questions que je me pose (si ce n'est une sexologue qui ne m'a pas aidée), j'ai honte de cette situation et je ne me sens pas prête à affronter le regard des autres, même si je sais que je n'ai rien à craindre du regard de ma famille et de mes amis, mais quand même.
En tout cas, sachez que j'envie ceux qui acceptent leur sexualité et qui semblent vivre si bien avec.. ou sans
!Merci de m'avoir lue !
Keea
Je me contenterai donc d'approuver vigoureusement les (excellents) post au-dessus.