Habituée des forums, je sais qu'une petite présentation (ou une grande présentation, cela va dépendre de mon humeur) est quelque chose de très appréciée lors de l'arrivée d'un petit nouveau.
Généralités :
Je m'appelle Lucyliane (mais c'est uniquement pour vous
.) et j'ai 27 ans. Je suis en train de terminer ma thèse en neurosciences et sciences du comportement. Je vis actuellement en France mais envisage de partir vivre à l'étranger par la suite (notamment à Londres). Pour mes passe-temps, j'aime beaucoup les jeux vidéo et plus particulièrement les MMORPG, la lecture (SciFi et Fantasy), l'écriture (j'essaie d'écrire des choses mais je n'arrive jamais à les finir), la photographie (depuis peu je me suis mise à la photographie instantanée) et la cuisine. Ah oui ! J'ai oublié ! J'aime beaucoup la musique, j'en écoute presque tout le temps (sous la douche, dans les bus, au travail) et ai des goûts assez vastes si certains veulent discuter sur ce sujet. Mon seul regret est de n'avoir jamais pu apprendre à jouer d'un instrument. Je suis quelqu’un de très ouvert.Maintenant que vous savez qui je suis dans les grandes lignes, je vais parler ici du pourquoi je suis ici... Il paraît que je suis asexuelle
. Attention, cette partie va être assez longue (et peut-être chiante) alors installe-toi confortablement, fais-toi un thé, un café, un chocolat chaud (rayez la mention inutile) et c'est parti !Un peu de mon passé :
Depuis mes 14 ans, j'ai toujours eu l'impression d'être quelqu’un de différent. A l'âge où de nombreuses filles parlent d'avoir leurs premières expériences sexuelles, j'en étais restée à trouver que les jeux derrière mon paquet de céréales lors du petit-déjeuner était plus intéressant que de s'enfermer dans une pièce sombre avec un autre individu. D'ailleurs, j'ai reçu l'étiquette d'homosexuelle car, selon mes camarades, je n'éprouvais aucune attirance pour le genre masculin (mais je n'ai jamais ressenti d'attirance pour le genre féminin...). Je ne faisais pas attention à toutes ces remarques car ce n'était pas la seule me concernant... J'ai donc continué à être la grosse tête de la classe (encore un critère d'exclusion) coincée... Oui avec les années, le terme de "coincée" est devenu celui par lequel on me désignait dans les cours de récréation. Autour de moi, je voyais mes amies avoir des petits copains et moi, j'étais toujours seule. Aucun garçon de mon lycée ne me plaisait... Je me sentais un peu seule et mon estime de moi en prenait un coup : Étais-je si hideuse pour qu’on ne me remarque pas ? Pourtant, il est arrivé une période où j’ai appris que plusieurs garçons étaient intéressés par moi et j’ai flippé. Je me suis lamentée en me demandant quoi faire car j’aurais finalement préféré rester invisible. Malgré tout, j'ai fini par avoir mon premier petit ami à l’âge de 16 ans. Cela a duré 3 semaines. Que dire sur cette relation... Il était gentil et je pensais que “petit ami = confident”. Pourtant quand ce dernier a tenté des tentatives de bisous un peu plus osé, il a bien compris que je ne voulais pas spécialement. Il a fini par me quitter car selon ses dires "Je ne l'aimais pas comme il m'aimait et je le voyais uniquement comme un bon ami". J'ai été triste que cela se termine ainsi mais avec du recul, je me suis dit que c'était mieux ainsi. De leur côté, mes amies commençaient à avoir leur première expérience sexuelle et de mon côté, toujours rien. Je les questionnais pour ne pas passer pour une coincée et aussi parce que j'étais sans que cela ne me donne envie d’en avoir une. Vers mes 17 ans, j'ai pensé avoir des sentiments pour quelqu'un : il s'agit de mon deuxième petit ami. Il n'était pas très beau (si on suit les critères de beauté de la société) mais je le trouvais intéressant (mais j'ai vite fini par voir que c'était une coquille vide car il n'avait pas plus de choses à dire que d'autres). C'est avec lui que j'ai eu ma première expérience sexuelle... Et comment dire... ? D'abord, j'ai repoussé ce moment fatidique du mieux que j'ai pu mais ce jeune homme insistant a fini par obtenir ce qu'il voulait. Je n'ai pas spécialement trouvé ça agréable. Pour la première fois, j’ai accepté parce que j’étais curieuse. Je me suis dit comment tu peux savoir que tu n’aimes pas si tu n’essaies pas (c’est comme pour un aliment mon père m’a toujours dit que si je me goûtais pas je ne pouvais pas dire que je trouvais ça pas bon). Le souci est que je n’ai pas apprécié la première fois... Et les autres fois non plus. Je voyais vraiment cela comme une corvée ou alors j'acceptais pour lui faire plaisir. Je suis restée avec lui pendant plus de 4 ans car je m'étais attachée à lui et aussi car j'ai un défaut, je suis très loyale envers les gens que j'apprécie. J'ai fini par le quitter quand j'ai vu qu'il était seulement intéressé par la partie "sexuelle" de la relation (puis aussi pour d'autres raisons... Notamment une fois où il a été violent physiquement avec moi, de la jalousie envers ma réussite universitaire et une belle-famille qui ne m’aimait pas). Suite à cette expérience plutôt traumatisante, je suis restée plus d’un an seule. Un an où... J'étais parfaitement bien. J'étais en master à cette époque, j'avais déménagé et vivait dans une ville plutôt agréable (Caen pour la citer) et je m'étais fait de nouveaux amis avec qui je n'étais pas obligée de parler de "La chose" (je ne parle pas du personnage de La famille Adams, je crois que tout le monde voit de quoi je parle ici). Suite à cette année passée de solitude, j'ai voulu tenter à nouveau l'expérience. Comme j'ai lu une fois quelque part, c'est toujours mieux de tester deux fois une idée pour s'assurer que c'est une mauvaise idée (c'est la tournure polie, mais là aussi on se comprend). J'ai donc eu mon deuxième véritable petit ami. Alors c'était une relation assez particulière car il s'agissait d'un autre joueur que j'avais rencontré sur un MMORPG (oui, je suis très timide avec les gens donc je ne sais pas les aborder dans la rue). Cette relation me rassurait car je ne le voyais pas tous les jours (nous vivions chacun à plus d'une centaine de kilomètres) puis un jour, je l'ai invité chez moi (la pression des amis pour que je le rencontre une nouvelle fois en vrai, etc.) et ça a été l'angoisse. L'angoisse de le voir et de l'héberger chez moi dans mon petit logement étudiant avec un lit de une personne. Je me suis posée la question de ce qu'il allait se passer sans jamais oser l'aborder. Je me disais que si je ne lui donnais pas l'idée, il n'y penserait pas... J’ai aussi essayé de relativiser en me disant que ce n’est pas parce que c’était nul une fois que ça le sera une deuxième fois (Oui, oui, j’ai pensé que c’était mon ancien petit ami qui était anormal). Dès le premier soir, il n'a pas eu besoin que je lui donne l'idée, il y a pensé... J'ai essayé de lui dire que je trouvais que cela était un peu tôt mais il a insisté et j'ai laissé faire. Cette relation à distance a duré deux ans et ensuite j’ai déménagé dans une autre ville pour les besoins de ma thèse et ce cher monsieur est venu s'installer avec moi. Avant qu’il ne vienne j’étais angoissée à l’idée qu’il puisse être quotidiennement sous le même toit que moi. Là, il fallait faire semblant beaucoup plus souvent que lorsque nous vivions séparément. L'année dernière, j'ai fini par m'éloigner de lui en expliquant que j'étais prise par mon travail et ainsi éviter d'avoir des rapports intimes avec lui. Il m'a fait le reproche qu'il ne se passait plus rien entre nous et j'ai commencé à me questionner... J’ai réussi à rester 6 mois avec lui sans ne rien faire. Je trouvais ça normal de mon côté mais lui commençait à trouver cela pesant. Une autre source de questionnement : c’est le discours des autres. Beaucoup de mes collègues (ma chance légendaire a fait en sorte que je ne sois entourée que d’hommes) ont des discussions sur ce sujet et je ressens toujours un malaise quand il parle de leurs relations avec les femmes. De même j’ai une fois entendu une jeune femme de mon âge dire que c’était pesant pour elle de rester des mois sans n’avoir rien à se mettre sous la dent mais qu’elle prenait sur elle. J’ai repensé à ma situation et je me suis dit que je ne comprenais pourquoi elle disait cela car ce n’était pas un point qui me dérangeait. Ma situation à ce moment et les discours autour de moi m’ont amené à faire des recherches. C’est aux alentours d’octobre-novembre 2018 que je suis tombée sur les articles parlant d'asexualité. Je me suis sentie soulager car je n’étais la seule et ce n'était pas moi qui était bizarre... Je pouvais mettre un mot sur ce que j'étais. Je me suis dit que j’étais différente. Après cette j’ai décidé d’en parler à à mon petit ami de l'époque qui a eu une réaction montrant son niveau d'ouverture d'esprit : "Oh ! Ça commence à me gonfler ces trucs, les gens ne savent pas quoi inventer." (ou un truc dans le même genre). J'ai donc gardé cela pour moi tout en continuant de refuser d'avoir des rapports avec lui. Comme vous l'aurez peut-être deviné, je ne suis plus avec cet homme depuis cinq mois (tiens, tiens, un mois après lui avoir dit que je pensais être. Je vous rassure, il n’y a pas que cette raison qui aurait pu nous mener à notre rupture. Nous avions des visions de la vie très différente). Actuellement, je suis célibataire et je suis les conseils que l'on me donne à droite, à gauche. Je suis en pleine reconstruction car j'ai d'autres soucis (j'ai été élevé par une mère avec une forte personnalité narcissique et j’ai aussi subi des violences sexuelles durant mon enfance et c’est d’ailleurs pour cela que je ne cherchais pas à comprendre pourquoi je n’étais pas sexuellement attirée par une autre personne. Pour moi, tout venait de ce problème). Ce n'est que récemment que j'ai repensé à l'asexualité. Je me suis mise à consulter des sites et me suis encore plus reconnue dans les descriptions et témoignages. J'ai même eu l'impression que c'était une des raisons pour laquelle mes relations avaient été un vrai fiasco.
Ma situation actuelle :
Je me suis longtemps sentie perdue car je me pensais anormale... De voir que je ne suis pas la seule me fait du bien et me soulage. J'ai décidé d'accepter ce que je suis et d'assumer mon orientation sexuelle. Pour tout vous dire, j'ai décidé récemment de commander une bague noire. Je pense que ce symbole va questionner des personnes dans mon entourage et cela pourra être un bon point de départ pour leur expliquer ce que je suis. J’ai même espoir qu’en discutant avec les gens on puisse faire avancer les choses.
Au fil de mes recherches, je me suis aussi demandée si je n'étais pas aromantique. Le point commun entre mes petits amis (que ça soit la petite relation courte de 3 semaines ou mes deux autres relations plus longues), c'est ce même discours comme quoi je ne les aimais pas comme eux pouvait m'aimer. Je ne dis pas que je ne peux pas "aimer" mais j'ai conscience que ma conception est différente des autres. Je peux me sentir en phase avec une personne car j'aime sa personnalité, ce qu'elle est, etc. C'est d'ailleurs ce que je vis actuellement. J'ai rencontré un joueur sur un MMO. On est un peu inséparable car l'on se suit mutuellement sur différents MMO (étant un peu un boulet et lui un joueur un peu plus expérimenté, il m'explique beaucoup de choses), je sais que lorsque je ne suis pas disponible pour jouer avec lui, il s'ennuie (il l'a avoué), j'aime beaucoup parler avec lui car il a des goûts musicaux, littéraires et en matière de films/séries très divers et intéressants. Pour tout dire, je n'ai jamais aussi bien discuté avec un homme qu'avec lui (il a des avis construits sur ce qu'il aime et ne se contente pas de “j’aime bien/j’aime pas”). On rigole beaucoup ensemble, on arrive à discuter sans que je me sente mal à l’aise car il y a un double langage à connotation sexuelle et je ne me suis jamais sentie aussi proche de quelqu'un que de lui. Pour moi, c'est plus qu'un ami mais ce n'est pas non plus un amant/amoureux (si on devait avoir deux termes). Il sait ce que je pense de lui et est énormément touché de ce que j'ai pu lui dire. En revanche, il ne sait rien de mon orientation sexuelle. De son côté, il ne cherche pas à aller plus loin car il ne cherche pas à avoir de petite amie. C'est une drôle de relation qui attire la curiosité pour ceux qui en ont connaissance mais qui me convient parfaitement. Cette relation est d’autant plus étrange pour certains sachant que l’on vit dans deux pays différents (moi en France et lui en Angleterre).
Pourquoi être venue ici ?
Tout simplement pour ne pas me sentir seule. En effet, je suis entourée de personnes qui ne comprennent pas mon point de vue. Si je dis que je ne peux pas juger une personne uniquement sur son physique car je dois pouvoir échanger avec lui pour savoir s'il est intéressant, on ne me comprend pas. Dernièrement, j'ai eu un malaise vis-à-vis d'un collègue lui aussi célibataire qui me demande pourquoi je ne profite pas de mon célibat et j'ai fini par lui répondre que ça ne m'intéressait pas (il m'a regardé bizarrement mais n'a pas cherché plus loin). Au final je me sens toujours en décalage avec les autres à cause de mon rapport avec les relations intimes mais je l’assume plutôt bien. Les gens pensent que je suis coincée mais moi je sais que non. Dans ma tête je sais que j’accorde plus d’importance à d’autres domaines.
J’ai aussi l’impression d’avoir une conception différente de l’amour. Pendant des années, j’ai essayé de rentrer dans un moule en me forçant à avoir des sentiments amoureux comme on voit dans la rue ou les films mais... Je me rends compte que ce n’est pas pour moi. J’ai maintenant compris que je me plais plus dans une relation de compréhension mutuelle et de partage avec l’autre que ça soit par de la discussion virtuelle ou alors par le fait d’aller boire un verre ou manger au restaurant avec cette personne (dans la relation que je vous ai décrite plus tôt, c’est ce 2eme aspect qui me manque un peu...).
En venant ici, je me dis que je vais pouvoir parler de choses et d'autres avec des personnes sans que cela soit connoté ou que certains pensent qu'il y ait un sous-entendu. J'espère aussi avoir l'impression de faire parti d'une communauté, qui pourra me comprendre et répondre à mes interrogations, j’aimerais aussi pouvoir aider d’autres personnes dans mon cas en leur expliquant que ça ne sert à rien de culpabiliser, nous sommes comme nous sommes. Ce que je cherche c'est avant tout du partage
J'espère ne pas vous avoir perdu avec tout mon discours. J'ai bien conscience que ce n'est pas forcément très organisée mais j'ai écrit cela avec le coeur.
Bonne lecture et j'espère passer de bons moments avec vous !
P.S : Lucyliane est le nom du premier personnage que j'ai eu dans le premier MMORPG auquel j'ai joué. Ce pseudo vient de Lucy In the Sky With Diamonds des Beatles.
P.P.S : J’ai oublié de préciser mais concernant mes trois petits amis je n’ai jamais accepté/proposé par mon livre-arbitre. À chaque fois mon entourage a influencé mon avis et je me suis laissée faire car je pensais que ces conseils étaient pour mon bien.
