Je me présente : je m'appelle Camille, j'ai 21 ans et habite en Rhône-Alpes. J'ai viens à l'instant de m'inscrire sur ce site et je dois avouer que je me sens enfin libérée d'un énorme poids qui m'a tant renfermée et isolée depuis mon enfance. Au fond de moi, j'ai toujours su que ma relation vis à vis du sexe n'était pas conforme aux diktats et aux exigences de cette société hypersexuelle qui nous montre chaque jour la sexualité comme une obligation conjugale, un passage obligé pour tous. Je vais vous expliquer mon parcours de vie, mes années d'enfer, de remise en question, de désespoir avec parfois l'envie d'en finir.
Je ne sais pas trop comment commencer. Déjà enfant, j'étais quelqu'un de très solitaire, renfermée et plus je grandissais, moins les rapports amoureux ne m’intéressaient. Je ne regardais pas vraiment les garçons et j’espérais que ce blocage changerait un jour. A 10 ans, j'ai découvert progressivement mon corps, j'arrivais à éprouver du plaisir seule. Cependant l'idée de pénétration m'a toujours terrifiée et je ne voulais pas penser à ce jour ou moi aussi, je devrais me plier à cette "obligation". A 11 ans, j'ai fais la bêtise d'aller sur des sites pornographiques pour tenter de trouver des réponses à mes interrogations, pour faire comme mes copines en espérant enfin changer mon état d’esprit et aimer l'acte sexuel. Autant vous dire que cela m'a terriblement choquée, anéantie et je voyais ( et je vois toujours ) cet acte comme étant brutal, d'humiliant pour la femme, un passage obligé sans amour , sans aucune tendresse.. J'ai donc passé toute mon adolescence avec ces images en tête, la peur de grandir et de moi aussi un jour passer par là.. Plus je voyais mon corps de femme apparaitre et plus je me renfermais sur moi même en faisant face aux réflexions désobligeantes sur mon surpoids et mes formes... Néanmoins, j'ai toujours pris beaucoup de plaisir à me masturber toute seule, à l’abri des autres, j'avais des fantasmes mais sans aucun acte de pénétration. Seul le sexe oral ( caresses, baisers tendres..) me plait en réalité. De mes 12 ans à mes 19 ans, je pensais même être attirée par les femmes car encore une fois, l'acte de pénétration entre femmes était quasi-inexsistant et je trouvais leur rapport beaucoup plus sensuel, tendre, avec énormément d'amour et de complicité. J'ai donc gardé ce petit secret pour moi, en fantasmant sur certaines actrices. Pourtant, parallèlement, j'ai voulu faire comme mes copines et avoir UN petit copain. Seulement et c'était prévisible, ma première fois fut un véritable désastre, j'ai eu terriblement mal et j'ai pris conscience que le sexe me dégoutait au plus haut point. Je ne savais pas comment faire pour continuer à vivre, pour grandir sereinement, pour visualiser mon avenir positivement car au fond de moi, j'avais peur, peur de devenir une femme, peur de grandir, peur d'avoir une vie de couple, peur de ne jamais pouvoir avoir de rapports sexuels avec un homme... Face à ce dégout du sexe qui à entrainait un véritable dégout de moi même d’être différente des autres, j'ai exprimais cette souffrance en me privant de manger. Je suis devenue anorexique et j'ai failli mourir. Cette maladie me permettait d'avoir un corps de petite fille, de ne pas ressentir le moindre désir et ne pas avoir le regard des garçons sur moi. Je pensais uniquement à la nourriture. C'était un moyen pour moi de masquer le vrai problème. Cela a duré 5 ans et demi, de mes 15 ans et demi jusqu’à aujourd’hui. En décembre dernier, alors que j’étais au plus bas dans la maladie, j'ai voulu essayer d'avoir une histoire amoureuse avec une fille car je pensais réellement être homosexuelle. Encore une fois, cela s'est soldé par un véritable échec et je me suis forcée du début à la fin. Ni les hommes, ni les femmes donc, ne m'attiraient sur le plan sexuel. Seul le sexe oral ( ou les préliminaires) se passent bien et j'arrive à me détendre et éprouver du plaisir.
Je suis sortie de l'anorexie après 5 mois d'hospitalisation et de lutte acharnée pour reprendre du poids et accepter mon corps de femme. Aujourd'hui, après toutes ces épreuves et ces expériences, je peux affirmer que j'ai terriblement peur de l'acte sexuel et de la pénétration. Je suis tellement heureuse de pouvoir enfin mettre un mot sur cette souffrance et ce sentiment d’être différente. Je suis asexuelle et jamais je n'aurais pensé pouvoir en parler un jour. J’espère que je pourrais faire connaissance avec vous tous et enfin partager mes interrogations avec des personnes qui ressente ce que je ressens.
Passez une bonne fin d'après midi et à plus tard.
Camille.
