Je m'appelle Pauline, j'ai 23 ans et je suis asexuelle ! (mais ça vous vous en doutiez un peu ^^)
Je ne suis pas sûre d'être à 100 % fille ou 100% garçon mais les pronoms féminins ne me dérangent pas.
Pour la petite histoire, c'est assez classique : je me suis toujours sentie différente des autres, pour une raison que je ne comprenais pas.
Je me fichais totalement des discussions de filles sur les garçons et la romance et j'en ai déduis que les filles faisaient sûrement semblant de s'y intéresser pour faire comme dans les films.
Arrivée au collège, c'était pire car la puberté arrivant, j'ai commencé à être au milieu de pas mal de conversation sur le sexe et évidemment, je n'en voyais pas l'intérêt : ayant trouvé "mes" gens en me liant avec des geeks (avec qui je ne parlais jamais de ça), j'en ai déduit que les gens ne s'intéressaient sûrement à ça que pour faire leurs intéressants, après tout, qu'est-ce qu'il y a d'excitant à ça hum?
Au lycée, j'ai eu une révélation : ma meilleure amie m'a lâché et je me suis rendue compte que j'étais amoureuse d'elle.
Mais mais mais, mais je ne suis pas homo, me suis-je dite. J'ai déjà été amoureuse de garçon !
J'ai donc pensé trouver la réponse à ma différence : je serais donc bisexuelle !
Quelque chose me semblait toujours bizarre tout de même : pourquoi, contrairement à plein d'autres personnes que je connaissais, je n'arrivais pas à sortir avec des gens ? Ça m'avait l'air d'être si facile pour les autres (rappelez-vous de ces gens qui se roulent une pelle après 5 secondes de "ok je sors avec toi")
J'en ai donc déduit que je suis bien bisexuelle mais que je ne suis pas très douée pour être bisexuelle, et mes réflexions se sont arrêtées là.
Pas une seule fois je ne me suis demandée pourquoi je trouvais inutile les scènes de sexe dans les films ou pourquoi je me sentais trahie dès qu'une héroïne, qui disait pourtant au début que "jamais je ne m'intéresserais à l'amour je préfère lire" (omg une héroïne comme moi, je pensais), tombait dans les bras du beau gosse à la fin contre toute logique (contre ma logique =P) ; "moi jamais je ne changerai", je me disais.
Le temps a passé, je tombai parfois amoureuse mais ça prenait du temps et je n'arrivais pas à sortir avec les personnes (ou elles ne voulaient pas bien sûr haha) et je ne savais toujours pas ce qui clochait chez moi. Pour tout avouer, je ne me posais pas de question, je ne voyais vraiment rien qui n'allait pas chez moi, en fait, je crois que je n'ai jamais rien remarqué de bizarre !
Il y avait ce point d'interrogation dans ma tête mais je pensais qu'y répondre ne changerait pas ma vie.
J'avais bien sûr, en bonne fan de Sherlock ou autre Sheldon, croisé le terme asexuel : mais vu que ces persos étaient des génies limite autiste (enfin c'est ce qu'on disait) et que je suis loin d'être un génie, il ne m'est même pas venu à l'idée que le terme puisse s'appliquer à moi !
Je veux dire, on est vraiment pas du tout intéressé par le sexe quand on est asexuel non?
Oui parce que détail important, à force d'entendre mes amis en parler comme si c'était la septième merveille du monde... eh bien j'étais très très curieuse. Je le suis toujours, mais maintenant j'ai compris que quelque chose clochait dans ma façon de voir le sexe : en effet, je lisais du porno, j'essayais de comprendre pourquoi les personnages voulaient ça mais au final, j'avais plutôt acquis un vocabulaire technique très impressionnant sans vraiment comprendre le lien avec les étoiles dans les yeux de mes copains.
A force, je me suis dit qu'apparemment ça avait l'air d'être super plaisant et tout, mais que moi j'aimerais vraiment pas que ça m'arrive.
Bah après tout, peut-être qu'après avoir trouvé l'amour ? Mais même quand j'étais amoureuse, je ne rêvais de rien de sexuel avec ces personnes, je me souviens même d'avoir rêvé d'embrasser et d'avoir pensé que c'était vraiment dégoûtant de faire ça !
Bref, et c'est là que je suis partie en Écosse : partir m'a permis d'acquérir une sacrée confiance en moi, de découvrir ce que voulait vraiment dire asexuel (grâce à ma copine qui m'a révélé son asexualité et mon colloc rencontré là-bas qui était le colloc de mes rêves et surtout, qui connaissait tout sur tout) et d'ENFIN comprendre que c'était ça qui clochait, que j'étais ASEXUELLE.
Le soulagement était immense car j'avais enfin mis un mot sur ce que je n'arrivais pas à définir chez moi, mais ce n'était rien face à la réalisation qui a suivi : j'ai tout de suite pensé que je finirais ma vie seule et que je ne pourrais pas avoir d'enfants parce que j'ai compris aussi que jamais je ne voudrais avoir de relations sexuelles.
Perspective terrifiante pour moi parce que même si je m'en fous du sexe, j'avoue avoir un énorme faible pour la romance et l'idée de l'amour est quelque chose qui me plait énormément en théorie. Et malheureusement, en pratique, je sais qu'il me faudra absolument trouver un ou une partenaire asexuel. Et j'adore les enfants ! (fort heureusement je vais être instit donc j'imagine que ça devrait suffire comme remplacement ?)
Bref, un monde inconnu et terrifiant s'ouvrait à moi et je suis là un an plus tard, décidée à m'inscrire sur Aven pour enfin pouvoir parler avec des gens comme moi, qui me comprennent et qui sait, peut-être pouvoir un peu me rassurer sur l'avenir ?
Désolée pour le pavé je me rends compte que j'avais des choses à dire, merci de m'avoir lu si vous avez réussi
