Nouveau membre, triste et seul, mais peut-être pas si isolé.

[Liberita]

Bonjour,

J'ai découvert ce forum aujourd'hui et j'ai besoin d'aide.

Mais je ne suis pas sûr que ce soit le bon endroit, cela étant je ne sais pas si il existe un bon endroit pour résoudre mon problème, ni même si quelqu'un est capable de le résoudre ni même si j'ai bien un problème.

Mais si je n'avais pas de problème je ne vois pas pourquoi je ressentirais le besoin d'en parler à une communauté qui est libérée de nombreux diktats que la société m'impose et qui me font me sentir parfois tellement mal que je m'en tirerais une balle.

Voici donc un petit résumé de ce qu'est mon problème :

J'ai 31 ans, je ne suis pas à proprement parler ce qui est définissable comme asexué, et c'est en cela que je ne suis pas sûr d'être au bon endroit, mais j'espère qu'au moins ici les gens ne me jugeront pas sur ce que je suis et ce que je ne suis pas, pas comme dans la société dans laquelle j'évolue tous les jours. J'espère qu'ici les gens auront autant de tolérance envers moi que celle dont je fais preuve tous les jours et qui me fait accepter sans forcément comprendre les choix de chacun.

J'ai donc 31 ans, et j'éprouve bien une attirance sexuelle pour les autres, en particulier les êtres humains de sexe féminin.

J'ai eu dans ma vie en tout et pour tout 3 expériences sexuelles avec des êtres humains, 2 avec 2 personnes différentes de sexe féminin et 1 avec 1 personne de sexe masculin.

Les expériences sexuelles avec les personnes de sexe féminin ne m'ont pas amené jusqu'à la jouissance, je dirais même que j'en étais très loin.

L'expérience sexuelle avec la personne de sexe masculin, oui. Mais j'avais 15 ou 16 ans et je découvrais ma sexualité donc je mets ça sur le compte de la curiosité et de l'excitation de la découverte. Peut-être à tort, mais sincèrement le corps d'un être humain de sexe masculin ne m'attire pas plus que ça.

Sur les 2 expériences sexuelles avec les personnes de sexe féminin, une seule a conduit au rapport, sans pour autant m'emmener jusqu'à la jouissance puisqu'elle ne m'a pas amené à l'érection.

L'autre n'est même pas allée jusqu'au rapport, la masturbation mutuelle ne m'a pas amené jusqu'à l'érection et j'ai entrepris une stimulation buccale de ma partenaire, pour essayer autre chose, ce qu'elle n'a pas apprécié et elle m'a froidement rejeté. Notre histoire s'est arrêtée là.

J'ai pourtant des érections, tous les jours si je le désire, et cela m'emmène régulièrement à la jouissance lorsque j'entreprends une masturbation.

Mais lorsque je suis dans un lit avec une personne de sexe féminin, je ne sais pas pourquoi mais je ne suis jamais arrivé jusqu'au stade de la simple érection.

Je n'ai jamais consulté pour ce problème, je ne comprends pas ce qui ne va pas chez moi et je ne peux pas en parler autour de moi bien évidemment. La honte, la peur, l'angoisse, la colère du sentiment d'être rejeté et raillé, que je ne connais que trop bien, m'en empêchent.

Aujourd'hui, pour fuir cette réalité je me drogue, nicotine, alcool, cannabis, plaisir déclenché par la masturbation à outrance, sport jusqu'au point de rupture, et parfois drogues dures.

Mais cela ne règle pas le problème, il ne fait que me le faire oublier un temps, jusqu'à ce que je retrouve mon lit vide et mes idées noires, parfois morbides.

Alors, en faisant un tour sur ce forum aujourd'hui je me suis dis que c'était peut-être ça, l'asexualité ! Et que ce sont les codes que m'ont dicté la société jusqu'à aujourd'hui, travail, sexe, famille, enfants, maison, hétérosexualité, homosexualité, bisexualité, etc. qui m'empêchent de voir la réalité en face : je ne peux pas être excité lors d'une expérience sexuelle avec une autre personne, et je fais tout pour fuir ces expériences mais la société me les renvoie en pleine face et je suis obligé de mettre un masque afin d'être accepté. (là, sans mentir, à ce moment précis de mon écriture, les larmes coulent sur mes joues car je me rends compte que je n'ai jamais dit cela à personne, je n'en ai pas la force, pas dans ce monde, pas dans cette vie, pas si franchement, pas avec tant d'honnêteté, et ça fait mal de ne pas pouvoir être soi-même, de devoir porter un masque chaque jour qui passe, chaque jour le soleil se lève, chaque jour je dois mentir un peu plus, chaque jour honnêteté est un mot qui a tellement peu de sens, qui est tellement insipide que je ne sais même plus si j'y ai jamais goûté, et il en va de même pour confiance).

J'ai longtemps songé me suicider, j'ai souvent mis la lame sur mes veines, j'ai appuyé plus d'une fois, mais je n'ai jamais coupé. Lâcheté ou empathie pour mes proches, je ne sais pas. Mais aujourd'hui je suis là, sur ce forum, à écrire ces lignes et je me dis que c'est peut-être ici que je trouverais une solution à mon problème, de toute façon je n'ai rien à perdre, et franchement je n'espère même plus avoir quelque chose à y gagner.

J'ai tellement l'impression de n'avoir rien à faire dans ce monde, d'être un extra-terrestre parmi la race humaine, de ne pouvoir ressentir ce désir de tout ce que les médias et les personnes autour de moi ou dans le monde entier veulent que je fasse, que j'achète, que je produise, que j'améliore, que j'aime, que je reproduise, que je contemple, que j'admire, que je déteste, que je tolère, que je ne tolère pas, que... tellement, tellement de choses...

Je ne peux pas être moi-même, je n'ai pas le droit d'être moi-même, je suis si seul lorsque je suis enfin moi-même, et tellement entouré lorsque je remets mon masque, c'est une malédiction et un fardeau que de ne pouvoir dire à quelqu'un que telle ou telle fille ne m'attire pas, que je ne remarque pas ses fesses, même si parfois cela m'arrive j'ai l'impression qu'il m'est impossible d'être comme les autres, qu'il m'est impossible d'être un être humain de sexe masculin. Un être humain de sexe masculin pense avec son sexe, moi pas. Ou en tout cas pas autant que ce qu'il faudrait pour être normal.

La norme, voilà ce qui me fait défaut. Voilà ce qui me ronge un peu plus chaque jour, voilà ce qui noircit mon âme à m'en faire cogner les murs, voilà ma malédiction : je ne suis pas normal.

Chaque jour j'ai envie de tuer quelqu'un et chaque jour j'ai envie d'aimer quelqu'un, chaque jour j'ai envie de faire l'amour et chaque jour je sais que je ne peux pas, que je n'y arriverai pas et que je serai rejeté pour ça.

Et c'est pour cela que j'écris ici, pour savoir si au moins une seule personne a ressenti un jour ce que je ressens chaque jour que je fais le point sur mon existence, son ma vie sexuelle, sur ce que l'on appelle tout simplement Moi. Merci d'avoir lu jusqu'ici. Je ne sais pas si ce que j'ai dit a un sens, j'ai pleuré pendant la moitié de mon écriture, et je n'ai pas la force de me relire, je ne peux pas accepter cette réalité, alors... je remets mon masque...

Et je me relève, je continue et je continue chaque jour, chaque jour. Et quand la douleur devient insupportable, la drogue revient dans ma vie, pour oublier que je suis obligé de porter un masque chaque jour, chaque jour, encore et encore.

On m'a demandé pourquoi je ne m'étais pas tourné vers la religion, j'ai répondu que si Dieu a créé la Terre et les Hommes, je ne vois pas comment je pourrais le vénérer, ce fou tordu qui a créé une existence aussi torturée, aussi pleine de souffrances, pour ensuite la reprendre et recommencer avec les nouveaux venus. Il faudrait être fou pour admirer un monstre pareil.

Si quelqu'un croit avoir une solution à mon problème, je l'attends. Je l'ai tellement attendue. Toute ma vie pour ainsi dire.

[Lilly]

Liberita

[Lagajo]

Qu'est-ce qu'être normal ? La richesse de l'humanité repose sur la différence de ses représentants. Nous ne sommes pas des amibes qui réagissons uniformément à des stimulus. Notre intelligence est malheureusement la cause de nos crises existentielles.

Je ne sais pas si la cause de ta souffrance est l'asexualité en soi. Juste le fait de te poser des questions peut faire surgir des réponses. Mais la confusion des idées sur ce que tu es, ton genre et ton orientation, c'est presqu'un passage obligé pour une personne qui finit par accepter son étiquette d'asexuelle ou d'hyposexuelle. Du moins, ton parcours n'est pas unique... Je suis passée par des angoisses similaires.

Le sentiment d'anormalité, j'ai connu ça. Le désir de mourir aussi parce que je ne voyais pas quelle place je devais prendre par rapport aux autres. Avec l'âge et l'acceptation de ma condition humaine, cette violence psychologique qui me torturait est partie. J'espère que ton cheminement t'amènera tranquillement vers la paix de l'esprit.

Pour ma part, je ne crois pas que Dieu soit une solution. Les religieux se servent de la culpabilité et de la honte pour remettre les gens dans le droit chemin. Ton chemin t'appartient. Ne laisse pas des charlatans te dire comment agir et surtout quoi penser !

Je ne suis pas une psychologue ou un médecin, mais chercher de l'aide auprès de personnes formées et compétentes afin de te soulager te serait bénéfique d'après le cri du cœur contenu dans ton message. Tu as en attendant toute ma sympathie.

Je te souhaite la bienvenue.

[completesavages]

Bienvenue Liberita !

Le monde entier est anormal, pas besoin d'aller chercher l'anormalité au niveau individuel
J'ai bien aimé tout ce que j'ai pu lire sur la religion ici en tout cas ^^

Je pense que tout le monde porte un masque en société. Il faut juste trouver quelques personnes de confiance avec qui t'autoriser à ne pas le porter.

Bon courage !

[Sven L.]

Je ne sais pas trop ou tu en es mais la réponse à ta question semble simple:

Puisque "la norme" te fait souffrir et t'amènes vers le suicide par désespoir de t'y conformer, abandonnes-la.
Déconstruit cette identité douloureuse pour quelque chose qui te fasse te sentir mieux.

...qu'il m'est impossible d'être un être humain de sexe masculin. Un être humain de sexe masculin pense avec son sexe, moi pas. Ou en tout cas pas autant que ce qu'il faudrait pour être normal.

>Être masculin semble être(je trouve mais c'est un ressenti)tellement excluant dès qu'on sort un peu de ses limites qu'on ne peut qu'être pris en défaut à un moment ou un autre.
Comme le stress et la peur ne sont pas des moteurs très intéressants, pourquoi ne pas les abandonner ?

La norme, voilà ce qui me fait défaut. Voilà ce qui me ronge un peu plus chaque jour, voilà ce qui noircit mon âme à m'en faire cogner les murs, voilà ma malédiction : je ne suis pas normal.

>On est sur internet, on s'en fiche de la norme.
(même les règles d'internet ne sont...ok ok, je me tais avant d'attirer un monstre 4channien)
On ne sais pas si tu es un chien et même si c'était le cas...quelle importance ?

Tu est le.a bienvenu.e(je n'ai pas vu beaucoup de marqueurs linguistiques féminins mais j'ai un doute, donc) pour discuter.

(triple ration)

[Baelfire]

Bienvenue Liberita.

Rassure-toi tu n'as rien d'anormal. Beaucoup d'hommes sont comme toi ils ne s'en vantent pas voilà tout. De là à dire que tu es asexuel...c'est difficile. Malgré tout tu sembles éprouver de l'attirance sexuelle.

Je crois, d'après ce que je lis, que tu as plus un petit truc mécanique à régler. Mais franchement il est très possible que ce ne soit pas grand chose et que du coup tu te bouffes la vie pour rien. N'hésite pas à consulter un ou plusieurs spécialiste pour savoir ce qu'il en est et surtout...pour pouvoir arrêter la drogue. Parce que la drogue c'est grave, tandis que le sexe...C'est important d'être accompagné et soutenu. Quoique tu fasses, ne reste pas comme ça et ne reste pas seul.

Courage

[Maève]

Bienvenue Liberita

J'espère que tu trouveras sur ce forum un apaisement à tes tourments.

Courage !

[Polymnie]

Bienvenu Liberita
TOn récit est très dur et triste à lire, mais je suis d'accord avec Baelfire aucun substitut (drogue alcool...) ne changera rien.
Ils permettent comme tu le dis juste d'oublier pendant un temps je pense de plus en plus court.
Il faut déjà que tu te fasse aider pour arrêter tout ça, ça ne règle rien et amplifie toute la complexité des liens sociaux.

Le domaine médical c'est pas mon truc mais si tu as des érections seul mais pas lors d'un rapport c'est soit que tu n'en as pas envie du tout soit qu'il y a peut-être un blocage par une sorte de peur de l'autre ou du rejet ou tout autres choses que je ne connais pas.

Je trouve étrange d'employer l'expression " être humain de sexe masculin ou féminin" mais c'était une parenthèse.

Et je pense comme bcp qui t'ont répondu que d'une part tout le monde est différent et pour moi c'est une force qd on l'accepte.
J'ai passé mon adolescence sans alcool ni cigarette ni sexe et pourtant pas mise à l'écart je pense parce que je ne subissais pas ces différences.

Je trouve ça dur de devoir porter un masque tout le temps, c'est important de pouvoir être soi-même. Personne ds mon entourage en dehors de mon chéri n'est au courant de mon asexualité. Oui je rigole à des blagues vaseuses et je réponds ( vu mon métier ds un domaine masculin) aux insinuations ou autres mais ça ne vas pas plus loin tout le reste du temps je suis moi.
Je pense que si tu accepte ta différence les autres la verront de moins en moins (je suis utopiste mais je pense que les autres ressentent ce qui nous dérangent)

Je pense qu'il faut que tu trouves ta norme à toi, tu n'es pas obligé d'être un mouton qui suit les conventions.

Je n'ai pas de solutions et je n'ai pas connu tout ce que tu traverses mais ce que je suis sûr c'est qu'il faut que tu arretes toutes les drogues et autres saloperies que tu te fasse aider car tout seul ça me parait très compliqué.

Et surtout que tu prennes confiance en toi et que tu crois en toi, et tu verras vite que malgré ce que disent les gens même les sexuels, le sexe ne représente pas tant de temps ds une journée. Sinon leur fin de vie va être très triste ça va leur faire un choc.

Bon courage à toi et n'hésite pas à discuter ici que tu sois ou non asexuel ce n'est pas un soucis

[Liberita]

Merci pour tous vos messages.

J'ai entamé une psychothérapie, je ne sais pas si cela va vraiment m'aider mais comme je n'en ai jamais fait je ne peux pas le savoir à l'avance.

En tout cas j'ai déjà compris une chose capitale, et il faut que je m'efforce de ne jamais l'oublier :

Je ne suis pas asexuel, ni hétérosexuel, ni homosexuel, ni bisexuel, ni abstinent, ni gérontophile, ni pédophile, ni zoophile, ni alienophile, ni normal, ni anormal, ni fou, ni sain d'esprit, ni malade, ni en bonne santé, ni travailleur, ni paresseux, ni...

Je ne suis pas un mot, je ne suis pas des mots, je ne suis pas une phrase, ni même une page, pas non plus une feuille, ni même une nouvelle, je ne suis pas un roman ni même un film, je ne suis pas tout ça.

Car tout ça ce sont des mots, des mots inventés pour définir ceux qui sont perdus, perdus car ne trouvant pas leur identité, car on leur fait croire que cette identité est définie par les mots, ces mots qui sont inventés par ceux qui sont perdus...

Moi, je n'ai pas à avoir peur, je ne suis pas un mot, je ne suis pas tout ça, tout ça c'est mort, ça n'a aucune utilité pour construire mon identité, parce que moi je ne suis pas mort, je suis en vie, et ces mots existent dans l'esprit de ceux qui ont peur de ne pas exister sans identité, alors ils inventent des mots, et je me suis laissé convaincre que ces mots étaient importants, qu'ils pouvaient me définir, que j'en avais besoin.

Et si... rien de tout cela ne pouvait me définir, justement parce qu'il existe autant de mots qu'il existe d'êtres vivants, alors c'est à moi de choisir qui je suis. C'est à moi de choisir mon mot. Et je choisis d'être moi. Et moi, c'est vivant. C'est MOI !

Pas besoin de trouver les bons mots, pas besoin d'être les autres,

SOIS EN VIE !
SOIS MOI !

EDIT - Je pars en quête de moi-même, découvrir mon identité sociale et sexuelle. Je pars devenir MOI. Je reviendrais sans doute ici pour en discuter, mais peut-être pas. Alors avant de partir, je tiens à vous dire merci une nouvelle fois.

[Polymnie]

ouah quel revirement
profites de la vie

[Leonie]

Merci pour tous vos messages.
En tout cas j'ai déjà compris une chose capitale, et il faut que je m'efforce de ne jamais l'oublier :
Je ne suis pas asexuel, ni hétérosexuel, ni homosexuel, ni bisexuel, ni abstinent, ni gérontophile, ni pédophile, ni zoophile, ni alienophile, ni normal, ni anormal, ni fou, ni sain d'esprit, ni malade, ni en bonne santé, ni travailleur, ni paresseux, ni...
Je ne suis pas un mot, je ne suis pas des mots, je ne suis pas une phrase, ni même une page, pas non plus une feuille, ni même une nouvelle, je ne suis pas un roman ni même un film, je ne suis pas tout ça.

Déjà, félicitations pour être parvenu jusque là! On a beau le savoir au fond de nous-même, qu'un mot n'est qu'un mot, il est très facile pourtant d'en venir à l'oublier et de nous auto-emprisonner, alors parvenir à l'affirmer aussi facilement, c'est quelque chose que j'admire!