Je suis en couple avec mon homme S depuis trois ans et demis maintenant. Quand je l'ai rencontré, j'avais eu deux compagnons déjà. Le premier, c'était encore jeune, juste des bisous et rien de plus, je ne le voyais que de temps en temps, ce n'était pas très sérieux. J'essayais. Le second, je dormais avec lui, j'ai eu 2ans de couple, mais je n'ai jamais eu envie de le faire bien sûr, d'ailleurs je ne me sentais pas vraiment amoureuse (raison de ma rupture) et il n'avait pas plus envie de moi que ça. Le sujet n'a pas été abordé.
Puis, ce compagnon-ci, il est du genre direct, et a un passé de conquêtes d'un soir, je vous dis pas

C'était un ami depuis peu, rencontré lors d'un cours d'économie en supérieur. J'étais en rhéto (dernière année avant les "FAC" en Belgique) et lui en première graduat. Je visitais l'école. Il m'a un peu servi de guide, après ce cours passé à faire de l'humour du tac au tac. Nous avons le même humour, et tous deux une sacrée répartie. D'office, on s'est bien entendu. On s'est rencontré en mai. J'étais encore avec mon ex, mais je songeais tout doucement à le quitter, chose peu simple.
J'ai pris mon courage à deux mains en septembre. Puis je ne sais plus comment, je l'ai dit à mon futur compagnon. C'est là qu'il a commencé à me demander, car auparavant il ne l'aurait pas fait : trop de respect envers les couples. Pour vous mettre dans le contexte, à l'époque où je me suis mise avec lui, cela faisait un an qu'il n'avait plus couché avec qui que ce soit, un record depuis le début de ses aventures.
C'est bien simple, je lui ai fait un massage dans le dos un jour où il crevait de mal... il a bandé. Et il me l'a dit tout de suite. Je lui ai tiré une de ces têtes...
On a passé deux nuits blanches de suite à se lâcher des conneries. C'est le lendemain de ces nuits blanches qu'on est sorti ensemble. Bon, l'un de ses premiers compliments était "Tu m'excites", c'était pas gagné...
J'ai tout de suite prévenu que "je ne voulais pas passer à l'acte si je n'étais pas sûre qu'il soit le bon, et que je l'aime". Donc non, je ne le ferai pas si je ne suis pas amoureuse de lui.
Son anniversaire était fin octobre. Moi j'étais à Namur pendant qu'il le fêtait. A une heure du matin, il a essayé de m'appeler, mais il n'était pas clair... Le lendemain, je viens et je lui offre son cadeau. Là il m'avoue qu'il a couché avec un amie retrouvée. Il avait déjà eu des vues sur elle avant, mais elle était en couple. Qu'ici, elle était célibataire, et ils ont fait leur nuit ensemble. J'ai beaucoup culpabilisé car j'étais persuadée que ça avait un lien avec mon refus de faire l'amour, je savais qu'il avait envie et il m'avait déjà demandé quelque fois si j'étais sûre de ne pas vouloir le faire. Pour lui, ça devait être un coup dur, il avait plutôt l'habitude de passer à cela facilement. (je ne connaissais pas encore le terme "asexuel")
Pourtant, il n'a pas arrêté de me dire, dès les premiers aveux, que ça n'avait rien à voir. Il la voulait elle, il n'a pas réfléchi plus loin.
En fait, au moment où il m'a avoué sa nuit, je lui ai répondu "fais ce que tu veux de ton cul, c'est le tien, pas le mien". Ca l'a stupéfait. Il ne s'y attendait pas. Tout à coup, il n'y avait plus le côté "interdit" de la chose. Non, ce qui m'a blessé profondément, c'est que suite à cela il pensait être amoureux d'elle. Or moi, il ne m'avait pas clairement dit ou montré qu'il m'aimait vraiment. Et au moment où lui hésitait, moi je gagnais en certitude. Je n'avais pas envie de rompre, de le laisser, je ne voulais pas d'un autre que lui, je voulais faire ma vie avec lui... ah mais ! Attendez ! C'est exactement ce que j'espérais pour passer à l'acte ! C'était avec LUI que je voulais le faire, je l'aimais en fait !
Alors imaginez la cata... Je lui ai dit. Que si on se séparait, je ne voudrais pas revivre avec quelqu'un d'autre. Que je voulais le faire. Il m'a demandé plusieurs fois si j'étais sûre de cela, il était inquiet que cela me brusque, il n'avait pas envie de me faire du tort. Il faut dire que durant cette période-là, je pleurais plusieurs fois par semaine, parfois pour des broutilles, j'ai perdu deux kilos tous les 15 jours, et je n'ai plus rien écrit. Je faisais clairement de la dépression, et je le cachais à toute ma famille tant bien que mal.
Dix jours avant mes 18 ans, j'ai perdu ma virginité. Il n'avait jamais couché avec une vierge d'ailleurs. Il me demandait toutes les 5minutes si ça allait, que si je voulais arrêter je devais le lui dire, et il était désolé que la première fois me fasse très mal physiquement. Il m'a soufflé ce soir-là "merci de m'avoir permis d'ouvrir ta fleur". Le lendemain, je lui offrais une rose en bouton en souvenir de cette phrase. Je l'ai faite séchée, et elle est toujours là aujourd'hui, dans le salon, symbolique.
Mais ce n'était pas fini. Lui était encore plus perdu que moi dans l'histoire. Pour sa vieille amie, il était clair que c'était un coup d'un soir. Moi je voulais son bonheur avant tout, même aux bras d'une autre femme s'il se sentait mieux ainsi, alors je l'aidais avec elle. Je l'ai même rencontrée, et trouvée très sympathique. je crois que ça a fait du bien à mon homme de voir qu'on s'entendait bien, sans arrière-pensée vengeresse ou jalouse. A part le fait que "elle elle le faisait, et pas moi". Ca m'a pris longtemps cette idée-là, même s'il me reprenait.
Comble de l'affaire, la première semaine de vacances de Noël, j'étais coincée à l'hôpital. C'était prévu. Je faisais un EEG, et c'était la seule date possible pour ne pas interférer dans mon année de cours. Les enfants ont peut-ête de clowns ou des cadeaux, moi en neurologie, je n'ai rien eu. Pas même une part de bûche. En fait, le 24 ressemblait au 23, le 25 faisait pareil. La différence était les visites, mais elles me gênaient. Je voulais être seule, et eux ils m'imposaient leur présence. J'étais au plus bas de ma dépression, je ne supportais même pas cette caméra braquée en permanence sur moi, et puis ce sevrage brutal (mon médicament anti-épilepsie a un contenu chimique et hormonal) qui me rendait encore plus émotive et nerveuse. J'ai été jusqu'à congédier ma mère et mon beau-père venus me rende visite le 25.
Mon compagnon n'aime pas les hôpitaux non plus, mais il m'avait promis de passer. Il a failli se raviser, il craignait de me causer plus de tort qu'autre chose, et moi je lui a répondu que le pire tort qu'il me ferait, ce serait de ne pas venir.
Le 27 décembre, il était venu. Ma mère nous a laissé seul, là il m'a donné sa décision : "c'est avec toi que je veux vivre". Quelques jours plus tard, on faisait nouvel an ensemble, et on se disait "je t'aime" pour la première fois. Et aussi "j'aimerais un jour un enfant de toi".
On est ensemble depuis, avec un petit garçon né à trois jours de nos trois ans de couple. J'accepte de faire l'amour de temps en temps, et lui de ne pas trop m'en demander. L'humour et la transparence sont toujours nos points forts dans le couple. Car, vous l'aurez remarqué, tout le long de cette histoire, on a toujours tout dit dès le départ à l'autre, même le plus grave ! Et si on en l'avait pas fait, on en serait sans doute pas là.

bonne chance aux couples A/S quels qu'ils soient.
Plus il y aura d'histoires différentes sur ce topic, mieux ce sera.

Se forcer à avoir envie de ce qu'on ne veut pas est une contrainte... Pq donc nous forcer à associer un si vilain mot avec l'acte d'amour ?
"C'est sa catastrophe , le Belge ne va au désir que par le chemin du besoin" Denys-Louis Colaux