Je considère que je suis vierge (ma "mauvaise expérience", euphémisme, ne compte pas pour moi). Je n'ai jamais connu le partage des corps, la sensualité à deux. Je n'ai jamais touché l'autre, jamais regardé son s* (je parle de mon premier ex, celui qui a...). Quant au deuxième ex, juste des baisers sans la langue, c'est tout. Je ne sais pas ce que c'est de coucher vraiment, de se mélanger à l'autre, de jouir du corps de l'autre.
Par contre, je me débrouille bien toute seule et la situation me convient parfaitement comme ça. Vu que je n'ai jamais éprouvé de désir physique pour quiconque, l'amour physique à deux ne me manque pas.
Quant au fait d'être vierge dans notre société, ma foi je préfère prendre ça comme un des trucs qui font ma particularité. Je me sens un peu "spéciale", même si j'ai conscience qu'au fond être vierge ou pas n'a pas la moindre importance, du moment qu'on est comme on veut, qu'on en souffre pas.
Avant je voulais être comme les autres, on m'a tellement répété que j'étais anormale que pour moi avoir un copain était inespéré, et c'est à cause de ça que j'ai mis des années avant de mettre un mot sur ce que mon ex m'avait fait. Tellement j'avais incorporé l'idée qu'il fallait le faire, que c'était normal et bien, que c'était moi qui n'était pas normale. Un peu comme un lavage de cerveau.
Je suis cependant un peu ennuyée. Car si moi je me vois comme vierge, techniquement et physiquement, il y a eu quand même quelque chose. Or quand on dit virginité, on sous-entend qu'il n'y a rien eu du tout (avec autrui je veux dire). Alors je ne saurais pas trop quoi dire si on me posait la question. Mais évidemment, je ne suis pas obligée de répondre ou d'en parler. Je veux juste dire que j'ai l'impression d'avoir le c* entre deux chaises. Je me vois certes comme vierge, mais je me dis que la société, elle, ne verrait pas forcément les choses comme ça. Mais on se fiche de la société, pas vrai ?
