L'asexualité est-elle un choix ?

Vous voulez parler -ou entendre parler de l'asexualité ? Faites-nous part de ce qui vous passe par la tête, comment vous ressentez votre asexualité, votre relation aux autres, comment tout ceci influence votre vie.
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ZKL
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L'asexualité est-elle un choix ?

Message par ZKL »

En provenance de ce topic.
Zimou a écrit :
Mr.Nya a écrit :L'orientation, c'est un choix, et elle peut évoluer au cours du temps. On ne naît pas homo, hétéro, bi, A,... on le devient. On peut s'en défaire quand on veut d'ailleurs pour choisir une nouvelle orientation plus adaptée.
l'orientation n'est pas un choix. la nommer et se définir en est un (on peut être A et se définir S, être S et se définir A, et homo et se définir hétéro, etc... On ne choisie pas d’être, on ne choisie que comment on se définit) mais l'orientation n'est pas un choix. De plus dire qu'on ne nait pas homo, hétéro, bi, A,... et qu'on le devient ne peut pas être affirmé, on ne sait pas encore si c'est inné ou acquit (pour ma part, j'ai toujours été ainsi de façon instinctive, je pense que c'est inné mais c'est une opinion, pas un fait). Un peu d'information sur ce qu'est une orientation sexuel serait visiblement utile :
L'orientation sexuelle, que son origine soit innée et/ou acquise, est attribuée par l'individu à ses sensations et conceptions personnelles (voir rationalisation) ; le comportement sexuel d'une personne peut être différent de son orientation. Ainsi, par exemple, l'abstinence sexuelle n'est pas toujours la conséquence d'une orientation asexuelle. Des personnes peuvent pratiquer une sexualité différente de leur orientation si elles y sont contraintes par des circonstances principalement sociales (soumission à une autorité réelle ou imaginée) ou matérielles (incarcération en milieu unisexe). Il n'a pas encore été montré s'il était possible de modifier l'orientation sexuelle d'une personne par le biais de l'influence (psychothérapie, autorité, etc.), malgré de nombreuses tentatives contestables au cours des siècles.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Orientation_sexuelle
Mr.Nya a écrit :"L'orientation sexuelle [...] est attribuée par l'individu à ses sensations et conceptions personnelles" => cette phrase veut dire que c'est bien un choix de l'individu compte tenu de sa sensibilité et de sa conceptualisation...

Sinon, je l'avais mis sur un autre sujet : c'est 100% génétique et 100% environnemental, comme à peu près tout en psycho-physiologie. Nos gènes influent sur des protéines, des hormones,... et avec notre environnement nous fabriquons des inhibitions, des facilitateurs,... La détermination du sexe lors de la phase de croissance intra-utérine a nécessairement un rôle. Mais ce rôle n'est pas fixé pour la vie, et l'orientation ne l'est pas non plus. L'argument de l'incapacité d'exercer une influence n'est pas valide dans la mesure où résister à une influence est un comportement très connu en psychologie au niveau individuel comme céder à une influence au niveau du groupe.
C'est bien pour cela que l'on laisse les personnes se définir par rapport à leur ressenti et que l'on évite de nier qu'elles soient aptes à le faire.
Dernière modification par ZKL le 29 mars 2016, 14:10, modifié 1 fois.
 
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Re: L'asexualité est-elle un choix ?

Message par ZKL »

Asexuality Is a Description
A sexual orientation is not a decision. A person's sexual orientation describes how that person experiences attraction.
It does not describe any decision that person makes about expressing sexuality, and it does not represent a vow or an intention regarding sex. Much like a heterosexual person does not "decide" when to start being attracted to partners, an asexual person doesn't "decide" no one is sexually attractive or worth pursuing sexually. It just happens.
Asexual people are often asked why, how, or when they "decided" to be asexual - usually by a well-meaning person who believes orientation can be chosen. People who ask this question generally feel asexual people are shutting themselves off from something wonderful - something they themselves find satisfying and fulfilling - and they can't understand why an asexual person would "choose" to forgo such experiences.
- extrait de The Invisible Orientation - An Introduction to Asexuality de Julie Sondra Decker.

Une traduction possible :
L'Asexualité Est une Définition
Une orientation sexuelle n'est pas une décision. L'orientation sexuelle d'une personne définit comment cette personne éprouve de l'attirance.
Ça ne définit pas une quelconque décision qu'une personne prend à propos de l'expression de sa sexualité, et ça ne correspond pas à un vœu ou une intention liée au sexe. Tout comme une personne hétérosexuelle ne "décide" pas de commencer à être attirée par ses partenaires, une personne asexuelle ne "décide" pas que personne n'est attirant-e pour elle ou ne l'est pas suffisamment pour avoir des rapports. Ça arrive simplement.
On demande souvent aux personnes asexuelles pourquoi, comment ou quand elles ont "décidé" d'être asexuelles - souvent en partant d'une bonne intention, en croyant que l'orientation peut être choisie. Les personnes qui posent cette question pensent généralement que les asexuel-le-s se mettent à l'écart de quelque-chose de formidable - quelque-chose qu'elles trouvent elles-mêmes satisfaisant et épanouïssant - et elles ne peuvent pas comprendre pourquoi une personne asexuelle irait "choisir" de renoncer à de telles expériences.
L'asexualité est bien distincte de l'abstinence ou du vœu de chasteté qui, eux, sont des choix. Tout comme les personnes hétérosexuelles ne choisissent pas d'être attirées uniquement par un genre différent du leur, que les personnes homosexuelles ne choisissent pas d'être attirées par des personnes du même genre que le leur (ça leur "tombe" simplement dessus), les personnes asexuelles ne choisissent pas de n'être attirées par personne.
 
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Re: L'asexualité est-elle un choix ?

Message par Zimou »

Tout à fait. l'orientation n'est pas un choix. se définir de tel ou tel façon ou agir de tel ou tel façon est un choix. pas l'orientation.
La définition de l'asexualité est "une personne qui ne ressent d'attirance sexuelle pour personne". Cependant, vous seul pouvez décider quel terme vous convient le mieux.
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Ramón

Re: L'asexualité est-elle un choix ?

Message par Ramón »

Je pense tout à fait le contraire, la nature d'un individu évoluant en fonction de son comportement, ses choix. Je l'ai détaillé dans le sujet correspondant. J'ai un oncle andrologue et une tante gynécologue, travaillant avec des sexologues et psychologues-psychiatres qui peuvent attester du danger de cette vision par trop déterministe dans un monde que l'on sait toujours moins déterminé.
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Re: L'asexualité est-elle un choix ?

Message par ZKL »

Ce n'est pas parce-que ce n'est pas un choix que c'est d'un déterminisme extravagant. Répondre comme tu l'as fait laisse entendre que nous sommes des créatures vierges, totalement libres et insensibles de leurs accroches culturelles et biologiques. Ce n'est pas d'un déterminisme fou de dire que ce n'est pas vrai. Si dans ton cas précis, tu estimes que tu peux être attiré-e sexuellement par tout le monde mais que tu choisis de ne pas avoir de rapports, alors je pense que la définition de pansexuel-le abstinent-e te correspondra mieux, mais de là à étendre ton cas personnel à tout le monde, je pense que tu es dans l'erreur. Nous avons aussi fait ce travail sur nous-même, j'ai personnellement défini les limites de ce qui était ou n'était pas possible pour moi (pas par choix, mais de par ce que je suis à l'heure à actuelle, en me réservant la possibilité de changer à l'avenir) et j'en suis venu à la conclusion que j'étais asexuel.

Oui, on peut se dire asexuel-le au début de l'adolescence (le même bouquin que je cite et cette bloggueuse en parlent d'ailleurs très bien). Oui, l'orientation peut changer avec le temps. Non, elle n'est pas un choix, comme en attestent tous les éléments que nous t'avons donnés.

[TW Viol] Au passage, l'argument de dire que si l'on se force un peu, on est capable de tout, c'est celui qui légitime les personnes s'étant rendues coupables de "viol correctif", qui veut qu'un acte sexuel forcé va "dérider" la personne et lui faire aimer le sexe. Cette manière de faire est, bien entendu, totalement inefficace.
 
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Re: L'asexualité est-elle un choix ?

Message par Zimou »

ZKL a écrit :[TW Viol] Au passage, l'argument de dire que si l'on se force un peu, on est capable de tout, c'est celui qui légitime les personnes s'étant rendues coupables de "viol correctif", qui veut qu'un acte sexuel forcé va "dérider" la personne et lui faire aimer le sexe. Cette manière de faire est, bien entendu, totalement inefficace.
Tout à fait. Je rajoute à ça les tentative des LGBTQIA à être hétérosexuel cisgenre sans jamais y arriver, malgré toute leur forte volonté d’être "comme tout le monde" (et c'est la qu'est le problème, de vouloir être comme tout le monde alors qu'on ne peut pas, pas d’être différent).
Pour prendre mon cas, J'ai refusé d’être A (donc j'ai voulu être sexuel) avant que je découvre l'asexualité, je me définissait S et agissait comme tel. J'ai choisie d'agir et de me définir tel que je n'était pas (asexuel). je n'ai jamais choisie d’être hétérosexuel, seulement d'agir comme tel. tout comme je n'ai pas choisie d’être asexuel. Comme le dit bien ZKL, si tu estimes que tu peux être attiré sexuellement par tout le monde mais que tu choisis de ne pas avoir de rapports, tu es pansexuel abstinent.
La définition de l'asexualité est "une personne qui ne ressent d'attirance sexuelle pour personne". Cependant, vous seul pouvez décider quel terme vous convient le mieux.
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Re: L'asexualité est-elle un choix ?

Message par PaulL »

Mr.Nya a écrit :Je pense tout à fait le contraire, la nature d'un individu évoluant en fonction de son comportement, ses choix. Je l'ai détaillé dans le sujet correspondant. J'ai un oncle andrologue et une tante gynécologue, travaillant avec des sexologues et psychologues-psychiatres qui peuvent attester du danger de cette vision par trop déterministe dans un monde que l'on sait toujours moins déterminé.
Je n'ai pas totalement saisi ce sur quoi tu penses le contraire.
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Re: L'asexualité est-elle un choix ?

Message par Ace of Hearts »

Je ne suis ni psychologue, ni médecin, ni quoi que ce soit qui pourrait donner du poids à mon opinion, mais je crois personnellement que, si on peut effectivement choisir d'agir ou non selon ce qu'on ressent, on ne peut pas réellement choisir qui on est fondamentalement.

Tout d'abord, parce que je connais un homme qui a été marié pendant une vingtaine d'années à une femme qui lui a donné trois enfants. Pendant tout ce temps, il était extrêmement malheureux, sans savoir pourquoi. Et puis, quand la communauté LGBTQIA a commencé à gagner en visibilité, il a compris que c'était parce qu'il était gay.
Il aimait sincèrement sa femme et des enfants, et il a essayé pendant des années d'être quelque chose qu'il n'était pas. Nul doute que s'il avait pu "devenir" hétéro par choix, il l'aurait fait, pas vrai?

Aussi, le fait que les vrais jumeaux sont souvent (voire toujours) de la même orientation me fait penser que quelque part, l'attraction sexuelle (ou son absence) est probablement génétique d'une manière ou d'une autre.

De nouveau, je n'y connais rien, et ce n'est que mon avis. Mais je pense que l'on naît avec certaines, disons, prédispositions génétiques, et que l'environnement, le contexte social dans lequel on évolue fait que ces prédispositions se développent de telle ou telle manière. Peut être qu'il est possible d'influencer consciemment ce développement, mais je crois que dans la plupart des cas, les gens ne choisissent pas leur sexualité.
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Re: L'asexualité est-elle un choix ?

Message par Sleepless Knight »

Ace of Hearts a écrit :Tout d'abord, parce que je connais un homme qui a été marié pendant une vingtaine d'années à une femme qui lui a donné trois enfants. Pendant tout ce temps, il était extrêmement malheureux, sans savoir pourquoi. Et puis, quand la communauté LGBTQIA a commencé à gagner en visibilité, il a compris que c'était parce qu'il était gay.
Il aimait sincèrement sa femme et des enfants, et il a essayé pendant des années d'être quelque chose qu'il n'était pas. Nul doute que s'il avait pu "devenir" hétéro par choix, il l'aurait fait, pas vrai?
Si il y a choix, c'est pas de la manière que ton exemple illustre. C'est pas une décision ou deux décisions à un moment X, mais des milliers de choix interconnectés dont on ignore souvent les conséquences.
On choisirai donc ce qu'on est et ce qu'on pas, sans être le maître de ce qu'on est (ou ce qu'on est pas). C'est pour ça que je pense que ton exemple ne contredit pas l'hypothèse de Mr. Nya


Mon problème c'est que si choix, c'est pas entièrement le notre (voir presque pas le notre) vu qu'il y a les choix de 7 milliard d'autres personnes. Ça serai tellement compliqué et alambiqué que à l'échelle humaine, il n'y aurai pas de choix, on ne pourrai que l'approximer à des probabilités sur laquelle notre influence est plus ou moins faible. La sexualité prend en compte tellement de facteurs différents, certains que l'homme ne peut analyser, qu'on peut le considérer comme du hasard.
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Re: L'asexualité est-elle un choix ?

Message par Ace of Hearts »

Sleepless Knight a écrit :Si il y a choix, c'est pas de la manière que ton exemple illustre. C'est pas une décision ou deux décisions à un moment X, mais des milliers de choix interconnectés dont on ignore souvent les conséquences.
On choisirai donc ce qu'on est et ce qu'on pas, sans être le maître de ce qu'on est (ou ce qu'on est pas). C'est pour ça que je pense que ton exemple ne contredit pas l'hypothèse de Mr. Nya
Oh, j'avais mal compris dans ce cas, et ça me semble bien plus logique maintenant en effet, désolée.
Je suis d'accord pour dire que la personne que nous sommes est le reflet de nos actes autant que de ce que nous étions au départ. La vie est un long chemin entrecoupé d'embranchements, et chaque choix nous ouvre de nouvelles possibilités de destins et en ferme d'autres, en quelque sorte.

Un enfant de sept ans peu décider de voler ou non un bonbon dans un magasin. S'il le fait et qu'il s'en sort sans conséquences, il pourrait bien recommencer, en allant toujours plus loin. S'il décide de ne pas le faire parce qu'il a conscience que c'est mal, ou bien qu'il se fait attraper et que ses parents le réprimandent fermement, alors les chances qu'il vole encore plus tard sont réduites.
Mais imaginons un enfant du même âge qui joue avec un autre du même sexe. Il veut le prendre dans ses bras, parce que c'est son ami, rien de plus. Si personne ne lui fait de remarque, il n'aura sans doute pas de problème à recommencer. Mais mettons qu'un adulte lui fasse comprendre que "deux garçons ne peuvent pas se faire des câlins, tu dois uniquement en faire aux filles, bla bla", et de même chaque fois qu'il devient intimement proche avec un autre garçon. Les chances qu'il se révèle homosexuel en grandissant sont elles réduites pour autant?

La question serait alors maintenant de savoir si la sexualité est du domaine de l'inné, de l'acquis ou un mélange des deux, je suppose...
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Re: L'asexualité est-elle un choix ?

Message par Piccolo »

De base le concept même "d'orientation sexuelle" manque de consistance. Comme on peut facilement le constater, il y a un souvent un écart assez notable entre deux personnes se définissant par le même mot et leur façon d'être respective. Au final on retrouve des différences beaucoup trop fondamentales entre les différentes personnes (inscrites sur Aven, pour prendre l'exemple de l'asexualité) pour qu'elles puissent toutes appartenir à la même famille, d'où les nombreux débats d'ordre terminologique ainsi que l'existence de multiples labels "personnalisés".
De même que je trouve simpliste l'idée de dire que l'attirance n'est pas un choix alors que le comportement si, étant donné que ce dernier est fortement influencé par notre façon d'être de départ, et cette façon d'être est loin d'être la même pour tout le monde.

Est-ce un choix ? Globalement on peut dire que non, puisque de manière générale on ne choisit pas si on aime une chose ou pas, si elle nous attire ou non. Cependant je n'ai pas l'impression que le processus soit 100% involontaire non plus, encore moins l'idée que les orientations sexuelles aient été "distribuées" aléatoirement pour chacun.

Et enfin il y a également la manière dont la personne vit sa manière d'être. Certains ont dû l'accepter mais pour ma part ça n'a pas du tout été le cas puisque l'hétérosexualité et l'homosexualité me rebutent énormément.
Ramón

Re: L'asexualité est-elle un choix ?

Message par Ramón »

Le problème de la vision du non-choix, c'est qu'elle est essentialiste. Cela signifierait que l'on naît violeur et que l'on ne peut rien faire contre. C'est pour cela que ton TW s'applique plus à ta vision de l'humain que la mienne ZKL.

L'argument d'autorité ne me concerne pas, il concerne les rapports d'un chirurgien andrologue qui a plus d'une cinquantaine d'opérations de changement de sexe, et qui travaille avec sexologues, psychologues et psychiatre pour soutenir ces personnes qui changent de sexe et, parfois, d'orientation sexuelle.
Notre nature n'est pas stable sur le long cours que constitue notre vie. Et l'inné et l'acquis sont intriqués et non pas distincts. C'est ce que l'on apprend en psycho-physiologie. Et quand on sait à quel point la réplication de l'ADN est sujette aux mutations, et qu'une analogie sur la psyché est pertinente, la fixité de l'orientation est peu pertinente, et elle peut résulter d'un choix volontaire (qui sera une mutation à part entière).
Une approche moniste du corps humain nous montre que nos actes sont volontaires quand bien même ils ne seraient pas conscients (et encore Jiddu Krishnamurti statue qu'il n'existe pas de dichotomie entre conscient et inconscient dans "Se libérer du connu", et il a probablement raison, il existe plutôt des refoulements que l'on fait passer dans "l'inconscient").

Non, une approche matérialiste (contingente) va plus vers le sens du choix, quand bien même nous choisissons sous influences, sous conditionnements. L'approche essentialiste est dangereuse, très dangereuse. C'est une approche contre-scientifique, limite anti-scientifique.
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Re: L'asexualité est-elle un choix ?

Message par ZKL »

Alors, ma vision serait essentialiste si j'avais dit que les asexuel-le-s le sont par nature et le restent jusqu'à leur décès, ce qui n'a jamais été le cas ni pour la première idée, ni pour la deuxième. Au contraire, j'avance plutôt le fait qu'une personne se construit à la fois sur la base de son être naturel et sur les contingences qu'elle peut rencontrer. Ainsi, une personne ne naît pas spécifiquement déterminée asexuelle, mais peut s'y identifier lorsque la combinaison de ses caractéristiques physiques et des circonstances qu'elle aura vécues y seront propices.

En fait, c'est un problème beaucoup plus sémantique que ça. On nomme orientation sexuelle (ou inclination sexuelle) un phénomène qui, par définition, n'est pas un choix. Et au niveau sémantique, ce qu'a cité Zimou (et toutes les définitions que l'on peut trouver de l'attirance sexuelle) va dans ce sens - en opposition au comportement sexuel qui, lui, se fait par choix. Si ça n'est pas le cas, c'est que nous ne parlons pas de la même chose, et je ne vois pas comment nous pourrions continuer à discuter dans ces conditions. Tout comme les rencontres ne sont pas des choix (sont-elles pour autant naturelles ou essentialistes ?), tout comme les sentiments que l'on éprouve ne sont pas ressentis par choix, le fait de ressentir quelque-chose par la combinaison d'une rencontre et des sentiments qu'elle produit en nous n'est pas un choix. Je ne dis pas que les choix y sont pour rien, peut-être même qu'on peut donner forme à sa vie par ses choix mais de là à aller jusqu'à dire que des choses telles que les rencontres ou des sentiments sont du domaine du choix, je pense que c'est absurde.

Il est vrai que notre biologie (plutôt que notre nature, sinon ça va contre la définition de nature) est changeante au cours du temps. C'est l'un des facteurs qui rentrent en compte dans la fluidité sexuelle. De là à dire qu'elle change par choix, c'est beaucoup moins évident. Encore une fois, il n'y a pas que la nature et le choix, il faudrait voir à ne pas oublier les circonstances complexes ou hasardeuses que l'on rencontre au cours de sa vie. Pour le coup, avancer le contraire, c'est se croire tout-puissant sur son environnement.

Enfin, il appartient à la science seule de dire ce qui est scientifique ou non. C'est encore à la science de s'adapter à son sujet, par l'inverse.
 
Ramón

Re: L'asexualité est-elle un choix ?

Message par Ramón »

Nos choix influent sur notre psycho-physiologie. Et plus on connaît notre rapport au corps, au plus nous sommes capables d'influer sur son fonctionnement. Nous pouvons stimuler des inhibiteurs comme des facilitateurs. Dans l'alimentation, dans des routines,... A cet égard nos sentiments et nos rencontres sont aussi des choix que nous pouvons bloquer ou faciliter. Je ne veux pas être en colère, j'élimine tout ce qui peut me mener vers la colère ; je ne veux pas rencontrer de chasseurs, j'élimine tout ce qui peut me mener à ce type de rencontres. Notre comportement influe directement sur nos orientations et la vie que nous menons. La psychologie comportementale fonctionne. Mais comme pour tout, tout le monde n'est pas sensible aux choses de la même manière.
Nous balbutions encore cela au niveau théorique car nous analysons encore beaucoup trop de manière dualiste et non pas moniste. Nous séparons encore corps et esprit/âme, physiologie et psychologie. C'est tenace. Et nous polarisons le rapport déterminisme - libre-arbitre de manière peu sensée, trop manichéenne. Nous effaçons trop souvent la responsabilité de l'individu sur ce qui lui arrive, ses orientations,... sous prétexte d'un fonctionnement mécanique sur lequel nous n'aurions aucune influence.
La question posée par Michael Gazzaniga "Who's in charge ?", en neurobiologie, est source de nombreux renseignements sur ces questions. Bien que nous en soyons qu'aux premiers pas.

Si la question est sémantique, cela a peu de valeur argumentative justement... du point de vue scientifique vu que la science cherche à établir des "connaissances". Ce n'est finalement que de la rhétorique, et cela ressemble plus à une bataille de coqs qu'autre chose. Mon approche est assertive, pas rhétorique. J'utilise l'étymologie à titre indicatif à cet égard.
Ramón

Re: L'asexualité est-elle un choix ?

Message par Ramón »

Étymologiquement, l'origine d'orienter donne "inciter", "exciter". Il faudrait passer longuement sur l'épistémologie du mot.
Sémantiquement, c'est plus juste de considérer l'orientation comme émergeant de choix à partir de là.
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