Comment avez vous compris que vous étiez asexuel(le) ?

[Nagise]

C'est vrai que je n'avais pas pensé aux hétéroromantiques asexuels. Effectivement, pour ceux qui préfèrent le sexe opposé d'une façon autre que sexuelle, que ce soit esthétique et/ou romantique, il doit être difficile de concevoir leur homosexualité.
J'ai peut-être utilisé ma propre expérience puisque je préfère l'esthétique des filles. Enfin, ce n'est pas pour autant que j'ai un jour pensé être homo.
Peut-être que les A les plus enclins à le croire sont, finalement, des gens comme moi, ou bien des homoromantiques entourés par "la norme" hétérosexuelle.

Alfred : pour des gens qui se sentent différents des autres et ressentent le besoin de se comprendre, mais qui ignorent les mots expliquant leur différence ; se réfugier dans ce qu'ils savent être différent de ce dont ils ont l'habitude de voir (en l'occurrence, l'homosexualité) est une réaction de défense, si je puis dire, naturelle.
Ce raisonnement ne s'applique bien sûr pas à ceux qui n'éprouvent aucun besoin de ce type.

[didou]

@Zimou,
Je comprends bien ta démarche, qui est pour le coup assez scientifique: tu explores les autres possibilités. Pour ma part, je dois dire que j'ai fait fort fi de mon dogme, pour n'oser me concentrer (sur ce coup-là) que sur du ressenti, des intuitions. D'où le fait que je ne me sois jamais posé la question.
Je relevais simplement la curiosité (de mon humble point de vue) de cette interrogation.

[hitomisky]

J'ai toujours su qu'il y avait un problème, que je n'étais pas normale... j'ai eu des relations sexuelles mais je n'arrivais jamais à être pleinement impliquée. Je croyais avoir "envie" mais je réalise aujourd'hui que c'était de la curiosité et le désir de faire plaisir à mon copain. Puis de me forcer ça m'a dégoûtée, au début j'ai cru à la réplique "c'est parce que tu n'as pas encore trouvé le bon". Puis les années ont passé, j'ai toujours été bien seule car du coup je n'étais pas "obligée". Et j'ai vu un documentaire sur les axesuels et ça a été comme une révélation. Quoi? Un couple qui s'aime etqui ne fait pas l'amour? Mais c'est merveilleux! Alors j'ai fait quelques recherches et ça m'a rassurée. J'ai quand même réessayé les rencontres standard et je me suis rendue à l'évidence. Le sexe n'a toujours été que fantasme entre personnages et ce n'était pas pour moi. J'ai compris qui j'étais. J'en souffre un peu car j'ai bien peur de finir vieille fille, mais c'est comme ça. Aujourd'hui je porte un anneau noir mais je suis encore incapable de faire mon coming out. Peut être parce que je n'ai pas encore rencontré d'asexuels dans la vraie vie et que je me sens seule.

[didou]

J'ai toujours su qu'il y avait un problème, que je n'étais pas normale...

Oh bin tu sais, je pense qu'il y a plein de personnes qui ont "toujours su qu'il y avait un problème" chez eux, et pas forcément (et/ou uniquement au point de vue sexe. Simplement, on en a honte, on ne veut pas "faire avec". Parce que "ça ne rentre pas dans les cases".
Ouiiii Je sais, ces "cases" reviennent souvent dans mes messages, mais des cases j'en ai eu depuis que je suis tout petit et j'en ai fait des overdoses Pardonnez cette digression intempestive

j'ai eu des relations sexuelles mais je n'arrivais jamais à être pleinement impliquée. [...] je réalise aujourd'hui que c'était [...] et le désir de faire plaisir à mon copain.

Bin ça c'est déjà beau. Arriver à se "forcer" pour le plaisir de l'autre (que l'on aime, a priori), c'est un très bel effort !

Aujourd'hui je porte un anneau noir mais je suis encore incapable de faire mon coming out. Peut être parce que je n'ai pas encore rencontré d'asexuels dans la vraie vie et que je me sens seule.

Cela dit, il n'y a pas forcément de relation entre faire son "coming-out" et rencontrer des "asexuels dans la vraie vie".
On peut choisir l'un, l'autre (ou l'autre l'un ) ou les deux.
J'ai assez vite été aux "DDS" (Discussions Du Samedi) peut après m'être (enfin) inscrit sur le forum (oui, j'aime bien voir la "vraie vie", le virtuel ne me convainc guère). Donc là, j'ai rencontré d'autres personnes, en chair et en os (enfin, ils le semblaient), très sympas, avec qui on a discuté de tout et du reste
À côté de ça, je n'ai jamais cherché à faire de coming out "officiel". Je suis comme je suis, et hormis quelques personnes de bon entendement avec qui je peux partager des détails personnels, ma vie, mon cul, mon psy ne regardent que moi
Donc les deux choses n'ont pas forcément de lien entre elles.

[hitomisky]

Je me sens seule dans le sens ou les personnes réelles autour de moi sont toutes S. Du coup je n'ai pas l'impression que c'est réel, l'asexualité. Comme si je n'arriverai pas à justifier que je ne suis pas comme les autres. Ou alors je me cherche des excuses... j'en sais rien. Il me faut peut être encore du temps. J'aimerais dire qui je suis à mes proches au moins. J'ai l'impression de leur mentir et je n'aime pas ça.

[didou]

Je me sens seule dans le sens ou les personnes réelles autour de moi sont toutes S.

Bin c'est un peu le cas très souvent. On est envahi pas les "S"
Ce n'est pas pour autant que les "S" (oops, en disant ça, je n voudrais pas faire croire que je pense que les "S" sont inférieurs) sont inintéressants !
Il faut dissocier son ressenti de ce "truc" (le sexe) de sa relation avec les autres humains.

Du coup je n'ai pas l'impression que c'est réel, l'asexualité.

Oh bin si. D'ailleurs, tu es en train de discuter sur un forum ou il y a des A qui viennent s'exprimer. Donc, sauf à croire à la théorie de la conspiration, tu peux être sûre qu'il y a bien d'autre personnes que toi qui ressentent des choses similaires à ce que tu ressens.

Comme si je n'arriverai pas à justifier que je ne suis pas comme les autres.

Ah bin ça, quelque soit le motif du "pas comme les autres", l'accepter est un bien lourd fardeau ! Mais il ne faut pas désespérer.

Ou alors je me cherche des excuses... j'en sais rien.

Des excuses ? À quoi ? Pour chercher des excuses, il faut une raison à justifier.

Il me faut peut être encore du temps.

Tu ne seras pas la première à qui il faut du temps pour digérer des choses pas simples à accepter/comprendre

J'aimerais dire qui je suis à mes proches au moins. J'ai l'impression de leur mentir et je n'aime pas ça.

On ne parle de choses personnelles, intimes, qu'envers les gens en qui on a entièrement confiance. Les autres ... fuck.
Et si ces gens à qui l'on souhaite en parler sont suffisamment dignes de confiance, alors ils accepteront de patienter avant d'avoir des explications. Sinon, sur des sujets aussi sensibles, ils ne sont pas dignes de confiance.

[hitomisky]

Oui je ne suis pas obligée de déclarer qui je suis... mais parfois ça fait du bien de partager un secret.
J'aimerais le dire à ma meilleure amie, elle comprendrait sûrement elle est du genre célibataire de longue date.
et s'il faut elle est peut être A aussi finalement !

[Zimou]

et s'il faut elle est peut être A aussi finalement !

s'il faut? xD

[Thimotee]

Bonsoir!
J'ai découvert seulement il ya 2 jours le terme asexualité, je ne savais pas que ça exister des personnes asexuelles. Sur doctissimo,j'étais tombé par hasard sur la rubrique asexualité qui m'a envoyé sur AVEN. En lisant les commentaires je me suis reconnu en ces personnes. J'ai toujours su que j'étais pas comme mes potes qui sont accro au sexe! Mais j'ai jamais su mettre un nom sur ça. Je sors d'une relation de 4ans, c'était un enfer à chaque fois qu'il fallait faire l'amour!! Mais pourtant j'aime être avec une femme, lui faire des câlins des caresses... Je suis un jeune homme actif de 30 ans je ne veux pas vieillir seul, je pense c'est ma plus grosse peur. J'espère un jour trouver une femme asexuelle. Maintenant je me sens libéré, je revis on dirait une renaissance.
Bonne soirée à tous!

[HallowKey]

J'ai découvert le mot «asexualité» au mois d'octobre 2015 lorsque quelqu'un a publié un article sur MuggleNet à propos de Charlie Weasley et l'asexualité. Je suis une fan de Harry Potter. Voici le lien pour l'article; http://www.mugglenet.com/2015/10/asexua ... all-costs/ J'espère que c'est correct si je mets le lien?

J'ai vraiment été surprise, je ne croyais pas qu'il y avait un mot pour décrire les gens qui, comme moi, ne sont pas intéressés par le sexe! Je suis familière avec les termes lesbienne, gai, homosexuel, transgenre, bisexuel, mais je n'avais jamais lu ni entendu le mot «asexuel». Et encore moins que c'était considéré comme une orientation! J'ai suivi le lien de l'article vers AVEN (anglo) et je me suis alors documentée.

Ouf! C'est plus complexe que je pensais! Je ne suis pas exactement certaine dans quelle catégorie je suis! LOL! J'ai toujours su que j'étais hétéro. J'ai eu deux courtes et assez moches relations lorsque j'étais plus jeune, mais depuis, je suis célibataire. Ce n'est pas évident trouver le bon gars lorsque 99% de ceux-ci n'ont qu'une chose en tête! LOL! Mon célibat dure depuis plus de 25 ans! Mon manque d'intérêt pour le sexe n'est pas un problème, j'ai toujours cru que ça faisait partie de ma personnalité, de ma marginalité. Je n'ai jamais ressenti d'attraction sexuelle. Je suis quand même romantique et j'aimerais bien trouver un compagnon avec qui partager ma vie. Maintenant que je sais ce que c'est et qu'il y a d'autres gens comme moi, ça me donne espoir de peut-être un jour, trouver le bon gars!

HallowKey aka KEY

[Ycrepeau]

Enfant, j'étais plutôt bien informé de « la chose » et je ne suis pas vraiment aperçu que « la chose » prenait du temps à éclore chez moi. Ce n'est qu'à 18 ou 19 ans que j'ai dit que je ne me sentais pas attiré sexuellement par les autres, que j'étais au « neutre » en terme d'orientation sexuelle. Pour moi, la masturbation (sans stimulation visuelle) me satisfaisais pleinement et je ne sentais pas le besoin d'explorer davantage.

Pendant longtemps j'ai cru que j'étais un homosexuel qui réprimait ses pulsions. C'était l'époque où les hommes gais de ma génération tombaient comme des mouches face au SIDA et que l'homophobie ambiante me faisait craindre un rejet. Je me regardais dans la glace et je maudissais ma couardise. Pourtant, mon attirance pour les hommes était uniquement intellectuelle (j'aime les gars brillants) et s'il m'est arrivé de trouver un gars beau, je ne me suis jamais intéressé à ce qu'il y avait en dessous des épaules.

J'ai eu une tentative de rapport sexuel (avec un homme) par peur de mourir idiot et ce fut une catastrophe horrible. Le type (un hétérosexuel) voulait explorer et j'ai répondu: pourquoi pas? L'argument "comment pourrais-tu avoir de certitude si tu n'essaye pas d'abord?" à marché. Ne succombez pas à cet appel des sirènes. Sur le moment ça n'a pas marché, le lendemain j'étais rongé par la culpabilité et pendant plusieurs semaines chaque fois que j''essayais de me masturber le souvenir de cette nuit d'enfer me faisais perdre mon érection et ça se terminait à la toilette où je vomissais mon dernier repas. Ce n'est qu'après plusieurs mois d'abstinence complète que j'ai pu me réconcilier avec mon corps et recommencer à me masturber.

La première fois que j'ai entendu le terme « asexuel » et des rencontre entre personnes de cette condition, je me suis méfié. J'ai pensé à un coup fourré de la droite religieuse qui utilisait ce truc pour imposer sa morale répressive. C'était l'époque du président Bush (père) au moment où sévissait le pire de l'épidémie du SIDA et où les télé-échangélistes envahissaient les ondes pour répéter ad nauseam que l'épidémie du SIDA était une punition de Dieu. La coïncidence était là: nous avions un groupe qui déclarait vivre pleinement sans sexe et les évangélistes qui voulaient imposer la chasteté par voies législatives.

Voilà, ce que je refusais de voir dans le mirroring n'était pas un gai refoulé mais un asexuel. Il me faudra 20 ans pour que mes yeux s'ouvrent enfin et que je puisse voir ce que je suis.

Il aura fallu cette manifestation dans les rues de San Francisco pour protester contre l'amendement constitutionnel interdisant le mariage entre conjointEs de même sexe où j'ai risqué l'arrestation (et la déportation des USA) pour comprendre, enfin, que si je n'étais pas gai, je faisais parti d'une minorité sexuel et que le combat des LGBT était mon combat. Quelques semaines plus tard j'ai rencontré David Jay qui donnait une conférence sur l'organisation qu'il avait fondé, AVEN et qui a achevé ma prise de conscience.

Il est difficile de prendre conscience d'une chose qu'on a pas. Se définir par un a-quelquechose est une démarche intellectuelle avant tout. Que l'on soit athée, agnostique, asexuel, apolitique, il est difficile de se percevoir en opposition à ce qu'on est pas.

[Zimou]

t'as rencontré David Jay? Chanceux!

[Ycrepeau]

En 2008-2009 il était souvent invité à la télé états-unienne. Un jour j'ai vu une affiche indiquant qu'il venait donner une conférence à San Francisco. J'y suis allé, nous étions une vingtaine de personne. C'était sympa.

[Ramón]

J'ai découvert le mot en même temps que le terme sapiosexuel, il y a 5 et demi, avec la seule relation vraiment épanouissante que j'ai eu, tant sexuellement que romantiquement (bien que tout cela restait bien ténu et ne m'émouvait que quand j'étais avec cette amie, qui était et est encore une amie). C'est elle qui, très concernée par ses contemporains, m'a dit que j'étais un asexuel à tendance sapiosexuel.
Passé les explications des termes, il s'est avéré que cela coïncidait bien à la vie que j'avais mené jusque là. Première masturbation à 19 ans, premier rapport à 24 ans, et je n'ai jamais vu un porno de ma vie (après, je ne suis pas très consommateur des formats audiovisuels). En gros, le sexe n'était qu'un détail de la vie, juste propre à la reproduction, mais pas au plaisir ou au désir ; et de l'autre côté, je suis très stimulé par les personnes qui comprennent vite et précisément ce que je veux dire, et qui ont un répondant "intellectuel" (le terme me paraît mal choisi, mais passons). Pour peu qu'une personne sache utiliser les mots et les intonations qui me bouleversent, et me voilà tout chose, avec la peau qui vibre, le corps qui entre en résonance, et mon hypersensibilité et hypermnésie entrent en action. Ce n'est arrivé qu'avec cette personne, et à un moment très particulier de ma vie (et de la sienne aussi, je pense que cela a joué énormément), d'où l'assurance que j'ai d'être asexuel maintenant que j'ai intégré le mot à mon vocabulaire et que depuis 5 ans je constate bien mon désintérêt total pour le sexe, et la relation romantico-intime de couple d'ailleurs. Et ce malgré deux autres tentatives. Je peux presque dire que je suis redevenu vierge à 28 ans, et que les quatre années où j'ai eu des rapports sexuels c'était une expérience : comme les premiers verres d'alcool, comme les premiers joints, comme les premiers voyages,...

Il n'empêche, je ne ressens pas de frustration en compagnie de couple collés-serrés ou de discussions sur la sexualité, et c'est cela qui est finalement très étrange. Et que face à des questions sur ma sexualité, je dérange plus que je ne suis dérangé (bien que je suis toujours intrigué par ce genre de questions), notamment à cause du fait que je suis très assertif, et très au courant de comment fonctionne mon corps, mes envies, mes besoins, mes relations avec les autres. Par contre, tout hypermnésique que je suis, je suis incapable d'en trouver la source. Comme si c'était intégré biologiquement et que le biais socio-culturel n'entrait absolument pas en ligne de compte. Actuellement, c'est ce qui m'intéresse.

[Edelweiss]

Je ne connaissais même pas ce mot "asexuel". Je viens de le découvrir en même temps qu'Aven. Je pensais que je n'étais pas comme tout le monde, que j'avais une anomalie ou que, peut-être, j'avais vécu je ne sais quel traumatisme dans mon enfance...
Avec soulagement, je me rends compte qu'il n'en est rien! Je me sens enfin "libre", comme délivrée d'un poids. Je comprends enfin pourquoi quelque chose "clochait" dans mes relations amoureuses. Les nuages qui assombrissaient ma vie se sont dissipés, je comprends, je respire enfin, je vole ...