Les A "pro-sexe" me laissent perplexe

Vous voulez parler -ou entendre parler de l'asexualité ? Faites-nous part de ce qui vous passe par la tête, comment vous ressentez votre asexualité, votre relation aux autres, comment tout ceci influence votre vie.
Piccolo
Atrix
Messages : 1758
Inscription : 14 sept. 2011, 18:13
A aimé : 22 fois
A été aimé : 121 fois

Re: Les A "pro-sexe" me laissent perplexe

Message par Piccolo »

CLP a écrit :1) on peut valoriser ce qui ne nous convient pas personnellement. On peut reconnaître qu'une chose est bonne pour un-e autre même si elle ne nous convient pas. Par exemple on peut valoriser les jeux vidéo même si on déteste ça.

2) on peut tout à fait garder une capacité de critique sur une réalité que par ailleurs on valorise. Par exemple on peut reconnaître que la liberté de jouer aux jeux vidéo est essentielle tout en se gardant le droit de critiquer la pratique des joueurs surtout si elle gêne notre propre liberté.

3) Toute réalité peut produire du mal et de la souffrance selon l'usage qu'on en fait. Cela ne signifie pas que la chose est mauvaise. Les jeux vidéos sont un exemple évident. Il y a des pratiques nuisibles pour soi ou pour les autres. Cela ne signifie pas qu'il faille être anti-jeux-vidéo...
Sauf ton respect, ta comparaison est totalement impertinente. Après les analogies alimentaires, voici les jeux vidéo...
Tu compares un domaine intimement lié à la nature humaine qui existe depuis la nuit des temps avec un loisir apparu et démocratisé dans les années 70.
Si tu places le jeu vidéo et la sexualité sur le même plan, c'est que t'as vraiment un problème, sans vouloir t'offenser une nouvelle fois.
CLP a écrit :La dernière chose c'est que l'histoire de la sexualité en occident c'est en partie une histoire de répression. Une histoire de l'emprise morale, médicale de certains pouvoirs sur le sexualités.
Oui, mais toute forme de sexualité était mise sur un pied d'égalité. Fornicateurs hétéros comme homosexuels étaient logés à la même enseigne.
Je suis complètement athée mais quelque part je ne remets pas complètement en cause les religions par rapport à leur position envers la sexualité. Je suis contre la répression et la domination morale sur autrui, mais en même temps je n'approuve pas pour autant l'idéologie libertaire selon laquelle l'interdit sexuel imposé par la société et/ou la religion est un frein à la liberté et à l'épanouissement.
Ma position est assez nuancée en fait.
CLP a écrit :Quand tu dis que le discours pro-sexe correspond à la bienpensance, tu oublies sans aucun doute que l'homosexualité était encore une maladie mentale en 1992 selon la classification de l'OMS...
Depuis la liberté sexuelle, la société est tiraillée entre les valeurs morales judéo-chrétiennes et l'idéologie libertaire. Elle est presque schizophrénique sur le plan sexuel.
D'ailleurs cela m'a toujours fait sourire de voir les gens dénoncer les pratiques entre homosexuels vues comme "contre-nature" ou "déviantes" quand les leurs ne sont pas fondamentalement différentes, et c'est aussi une forme de bienpensance qui me fait vomir. Moi au moins je mets tout sur un pied d'égalité.
Beaucoup d'hétéros se basent sur la reproduction et la stabilité inhérente du couple monogamique hétérosexuel (enfin mixte plutôt), à l'opposé du couple homosexuel qui est stérile est basé uniquement sur le sexe. Mais ces arguments ne tiennent pas car au final la réalité est toute autre et on se rend compte que hétéros comme homos sont très semblables au fond.
Aujourd'hui le mot d'ordre c'est "le sexe c'est vital", leitmotiv qui nous présente la sexualité comme une composante essentielle d'un individu normalement constitué.
Divine
Ascendant(e)
Messages : 1051
Inscription : 29 mars 2011, 04:46
Localisation : Canada
A aimé : 59 fois
A été aimé : 44 fois

Re: Les A "pro-sexe" me laissent perplexe

Message par Divine »

Piccolo a écrit : Oui, mais toute forme de sexualité était mise sur un pied d'égalité. Fornicateurs hétéros comme homosexuels étaient logés à la même enseigne.
Je suis complètement athée mais quelque part je ne remets pas complètement en cause les religions par rapport à leur position envers la sexualité.
N'importe quoi. Il y a pas si longtemps, et c'est encore le cas dans certains milieux, être un homme et tromper sa femme ou faire un plan à 3(par exemple) était 1000x mieux vu qu'un couple homo qui se bisouille gentiment.
Piccolo a écrit :laquelle l'interdit sexuel imposé par la société et/ou la religion est un frein à la liberté et à l'épanouissement.
Je ne vois simplement pas l'intérêt des interdits sexuels (et quand je parle d'interdit, je parle bien de toutes formes de sexualité pratiqué entre adultes consentants qui pourrait être mal vu) si ça ne fait de mal à personne. Puis, je ne dis pas que le bonheur absolu passe par le sexe et la façon dont le sexe ''devrait'' être pratiqué...Mais oui, si ca te rend heureux de coucher avec 10 filles en une journée, je pense bien que c'est un frein à la liberté de l'individu. Autant que ce serait un frein à ma liberté si on vivait dans une société puritaine dans laquelle je serais forcée de me marier, d'avoir des enfants et de me donner à mon homme quand ça lui chante.

Au final, on critique souvent l'hypersexualisation de nuir à la cause de l'asexualité, parce que, comme on est plus ouvert sur le sujet, on est moins mal à l'aise de tenter des expériences et d'en parler aux copains, ce qui donne l'impression qu'on ne parle que de sexe, que tout le monde a du sexe et que tout le monde veut du sexe et que le sexe c'est le most. Bien que cela puisse être un vrai dans un sens, je crois que sur le long terme, cette relativement nouvelle ouverture que les gens ont pour la sexualité va plutôt aider notre cause. L'asexualité a toujours été considéré comme une maladie mentale, même à une époque où les valeurs d'autrui étaient plus ''traditionnelles'' (pour des raisons ou non religieuses) et des gens comme nous ont toujours été mis sous pression pour que l'on se marie, satisfasse notre partenaire, etc, etc. En bref, les gens moins portés sur la chose ne sont pas plus sous pression aujourd'hui qu'ils ne l'étaient avant, ils vivaient cette pression sous une forme différente, simplement. Aujourd'hui, dans un monde de plus en plus ouvert sur la sexualité ET, par extention, les divers formes de sexualité, l'asexualité devient de plus en plus connu et reconnu. Certes, c'est entre autre grâce à internet qui nous sert à communiquer, mais c'est un peu aussi parce que des gens, bombardés par toutes les nouvelles pratiques sexuelles à la mode, prennent la peine de se questionner sur eux-même et sur leurs propres envies. Finalement, ça ne serait pas un peu gagnant/gagnant? Les asexuels se questionnent, prennent connaissance du terme et d'acceptent...Et les sexuels prennent leur pied. Je trouve ça plutôt cool.
Piccolo a écrit :Depuis la liberté sexuelle, la société est tiraillée entre les valeurs morales judéo-chrétiennes et l'idéologie libertaire.
Et combien il serait merveilleux de vivre dans un monde ou le sexe n'est pas au centre de toutes les conversations, sans pour autant retourner au puritanisme! Mais on ne peut tout de même pas demander à la société de brûler des étapes dans son évolution.
Ça m'est égal d'être laide ou belle. Il faut seulement que je plaise aux gens qui m'intéressent.
Piccolo
Atrix
Messages : 1758
Inscription : 14 sept. 2011, 18:13
A aimé : 22 fois
A été aimé : 121 fois

Re: Les A "pro-sexe" me laissent perplexe

Message par Piccolo »

Divine a écrit :N'importe quoi. Il y a pas si longtemps, et c'est encore le cas dans certains milieux, être un homme et tromper sa femme ou faire un plan à 3(par exemple) était 1000x mieux vu qu'un couple homo qui se bisouille gentiment.
Je ne fais pas du tout référence à ces dernières années, mais bien avant la libération sexuelle: toute sexualité à des fins non-procréatives était honteuse. Personne ne s'en vantait.
Après effectivement, on a continué à taper sur les homos (aussi bien physiquement que moralement) car il faut toujours un bouc émissaire pour représenter la décadence, en se complaisant dans une forme de bienpensance totalement illégitime et nauséabonde.
Le problème de la société actuelle, c'est que les moralistes et les libertins sont souvent les mêmes personnes; et ça c'est insupportable.
Divine a écrit :Je ne vois simplement pas l'intérêt des interdits sexuels (et quand je parle d'interdit, je parle bien de toutes formes de sexualité pratiqué entre adultes consentants qui pourrait être mal vu) si ça ne fait de mal à personne.
C'est un peu naïf comme façon de penser. Imposer par la force est une mauvaise chose selon moi, mais on peut quand même essayer d'orienter la population vers certaines idées, vu qu'elle est assez facilement malléable.
"Faire de mal à personne"...oui mais, à force de banaliser certains comportements ou idées reçues, on finit par les normaliser au bout du compte, y compris les choses les plus odieuses.
L'idéal serait d'avoir un environnement "neutre", sans réelle norme, en considérant la liberté de chaque individu.
Divine a écrit :Autant que ce serait un frein à ma liberté si on vivait dans une société puritaine dans laquelle je serais forcée de me marier, d'avoir des enfants et de me donner à mon homme quand ça lui chante.
Complètement d'accord. Même si c'est un peu autre chose vu que l'on te force à faire quelque chose dont tu ne veux pas, alors que la répression te force à ne rien faire.
Divine a écrit :L'asexualité a toujours été considéré comme une maladie mentale
Non, elle n'a jamais été considérée du tout en fait. En revanche la recherche du plaisir sexuel était considéré comme une maladie mentale, proche de l'hystérie.
Divine a écrit :et des gens comme nous ont toujours été mis sous pression pour que l'on se marie, satisfasse notre partenaire, etc, etc.
Le mariage était fortement incité oui, mais n'avait pas de rapport avec l'hétérosexualité au sens où on l'entend actuellement. Il ne faut pas oublier que les orientations sexuelles sont des notions assez récentes.
Divine a écrit :Et combien il serait merveilleux de vivre dans un monde ou le sexe n'est pas au centre de toutes les conversations, sans pour autant retourner au puritanisme! Mais on ne peut tout de même pas demander à la société de brûler des étapes dans son évolution.
Complètement d'accord. Qu'elle retrouve sa place qui est la sienne, avec le privé et l'intime.
Répondre