Seulement, nous sommes tous très (voire trop) différents par rapport à ce que nous voulons appeler de l'Asexualité. Je pense que cela nous rassure bien de nous dire que nous ne sommes pas seuls à ne pas avoir envie de ci ou de ça, alors nous nous réfugions derrière ce mot, qui à mon avis n'a pas qu'une seule signification.
Je pense que quand on entre sur le forum, on y arrive avec son histoire personnelle, un certain passé dans sa propre complexité, mais en tout cas le "dénominateur commun", c'est qu'on se pose certaines questions sur l'asexualité et qu'on a l'impression de s'y reconnaître un peu. A moins que l'on soit un s tombé là par hasard juste curieux de savoir ce qu'est l'asexualité, mais à mon avis dans ce cas là, on ne reste pas très longtemps, parce que le forum n'intéresse pas trop les s qui ont d'autres préoccupations.(sauf ceux sont dans un couple a/s ou les proches d'un a qui s'est dévoilé qui veulent essayer de le comprendre).
Esteban75 a écrit :Si il existe un forum (du style sur Doctissiomo, ça m’étonnerait pas que ça existe...) qui regroupe en communauté les gars allergiques à la protéine du lait.
C'est pas vraiment sectaire cette communauté, je pense qu'ils peuvent discuter avec tout le monde sans problème.
Mais si la communauté commence à être sur-investie par les Vegan qui ne boivent pas de lait par idéologie de rejet de la société sur-consumériste, ben les gars allergiques qui ont rien choisi, qui s'en tapent de l'idéologie et du bien-être des vaches dans les étables, et qui ne vivent pas forcement bien d'être différent des autres, qui ne sont pas fières de leur allergie, ils vont vite se sentir exclu de leur communauté ! et les nouveaux allergiques, ils vont se barrer en lisant l'affaire de l'exploitation inique du pis des vaches...
Quand on arrive sur e forum je pense qu'on commence par lire la faq, ou au moins la première définition, et puis les témoignages dans la partie bienvenue, éventuellement le "toute votre asexualité", à partir de là, les abstinents en toute conscience de l'être ne se sentent plus concernés et iront chercher d'autres forums répondant plus à leurs attentes. Pour reprendre ton exemple d'Esteban, je ne pense pas qu'un vegan arrivant sur un forum ayant pour titre "allergie aux protéines de vache" va vraiment s'y attarder, sauf peut-être pour dire "vous avez de la chance, les produits laitiers ne vous manquent pas". Après ceux qui ont une phobie du lait et ceux qui en sont allergiques ont quand même un dénominateur commun, celui de ne pas pouvoir boire du lait. (différent de la définition de l'asexualité, mais juste pour illustrer cet exemple). En ce qui concerne la différence entre asexuels, blocage d'origine organique et blocage d'origine psychologique, je pense qu'il y a quand même un dénominateur commun, celui de répondre à la définition "ne pas ressentir d'attirance sexuelle pour les autres" à ce moment là. La différence c'est dans la réversibilité peut-être, mais il peut être difficile de faire la différence au niveau individuel. Si par exemple on prend l'exemple du patient de House avec sa tumeur de l'hypophyse (très mauvais exemple puisque médicalement très peu probable, mais admettons que ça le soit), il a une affection organique qui est à l'origine de son absence de désir, mais il l'ignore alors n'aurait-il pas le droit de se proclamer a dans la vraie vie? Et c'est la même chose pour les blocages psy je pense, bien que ce soit encore plus compliqué de faire la différence.
Esteban75 a écrit :
Alors tout le monde peut venir lire, discuter, rigoler avec nous, mais se dire A, ou encore pire nous dire que c'est nous qui ne somme pas à notre place ici (Un troll qui avait choisi l’abstinence par rejet moraliste de la société qu'il jugeait sur-sexualisée m'a dit ça un jour...), ça, un petit bémol quand même...
Ce type avec la tumeur de l'hypophyse ou celui qui fait un blocage psy mais qui se proclame a ne va pas remettre en cause la place des autres, alors à partir de là où est le problème par rapport aux autres du forum?
Au niveau individuel, certes, certains pourront toujours dire qu'il a "raté quelque chose" en ne cherchant pas plus loin. Si on reprend l'exemple d'une personne avec un blocage psy tout en l'ignorant, deux situations se présentent je pense. Si cette personne n'a jamais ressenti de manque, ni de besoin d'avoir une vie sexuelle, elle découvre le forum, se retrouve dans les témoignages, pense qu'elle est a et vit heureuse en accord avec son ressenti, sans jamais avoir de regrets. Et là on n'arrive plus trop à trouver l'origine des conséquences. Est-ce qu'il s'agissait vraiment d'un blocage psy et pas d'asexualité? Est-ce qu'un évènement aurait entraîné un blocage psy mais qu'à la base cette personne là était déjà asexuelle (les deux coexistant)? Est-ce que ce blocage psy du à cet évènement aurait vraiment pu être réversible? Est-ce qu'une thérapie aurait pu tout changer, annihiler le blocage psy, et cette personne aurait-elle été encore plus heureuse en menant sa vie de s? C'est peut-être cette dernière question que l'on craint le plus lorsqu'on n'arrive pas à se situer entre asexualité et blocage psy.
L'autre situation, peut-être plus commune, c'est celui qui fait un blocage psy "en toute conscience", ressent le fait de ne pas avoir ou de ne plus avoir de désir comme un problème, en souffre, voire en ressent un certain degré de frustration qui diffère de la question purement sociale de se dire "je suis malheureux car je ne suis pas comme la majorité", et là il ira certainement consulter un psy avant même de penser à l'asexualité. Et peut-être que ça résoudra son problème ou non, mais dans ce cas là cette personne a une réelle demande, et c'est à partir de cette demande et d'un besoin de changer qu'une thérapie peut être efficace. Après c'est vrai qu'il est difficile aussi de faire la différence entre la frustration de ne pas avoir de désir et celle d'être différent de la majorité. Et peut-être que si les psys ne considéraient pas l'asexualité comme quelque chose d'impossible, ils pourraient aider ces personnes là à faire la différence et les aider à s'accepter s'ils s'avèrent être a.
Peut-être un peu hors-sujet tout ça, mais c'est surtout pour dire qu'à mon avis les étiquettes a, hypos, demi-a, etc ne servent qu'à un niveau individuel, car on éprouve à un moment donné le besoin de se connaitre soi-même et peut-être que cela intéressera le ou la compagne éventuel(le), mais vis-à vis des autres, on n'a pas besoin de se justifier. Éventuellement on pourrait peut-être rajouter les autres termes dans la faq si ils n'y sont pas, je ne m'en souviens plus, pour que les nouveaux de "la zone grise" ne se sente pas exclus par la définition principale. Mais ça reste une histoire de sentiment personnel, voilà pourquoi on dit aux nouveaux que personne ne peut leur dire qui ils sont. (D'ailleurs le psy ne le fait pas non plus, il aide juste la personne à se retrouver par elle-même en l'aidant à mettre le doigt sur certains aspects).
Esteban75 a écrit :Le questionnement "est-ce que je pense sexe avec quelqu'un lorsque je me masturbe, oups alors je suis pas A" je vois un peut ça comme je suis pas A parce que j'ai eu une mauvaise pensée... Il y a un peu de ça dans cette analyse, faut le reconnaitre...
Et je pense qu'il faut évacuer toute considération morale, si on veut chercher à (se) comprendre sur le plan de l'A.
Je suis d'accord avec toi sur le fait qu'on doit essayer de ne pas prendre en compte les aspects moraux pour se définir, mais ce n'est pas forcément évident. Encore de nos jours, on peut être influencé par son éducation et lier la sexualité à une certaine forme de culpabilité ( après tout, c'est ce qui s'est passé pendant des siècles), mais les s en général dépassent cette culpabilité, car le désir est plus fort, ou bien ils se marient et dans ce cas ont l'impression d'avoir "l'autorisation". En tout cas les s abstinents pour des questions morales auront quand même un effort à effectuer dans leur abstinence. Après un a peut très bien avoir eu la même éducation et de ce fait trouver que la sexualité a quelque chose de mauvais, d'autant plus que spontanément il ne connait pas la frustration des s et ne comprendra pas que l'abstinence requiert des efforts pour le s. Après en dehors de ces considérations morales, on peut très bien avoir beaucoup de difficultés à comprendre comment la sexualité peut avoir autant d'importance pour un s quand on est a, je pense que beaucoup passent par cette phase d'ailleurs. Moi même j'ai eu ma période où j'étais moins tolérante vis à vis des s et des conséquences que ça avait dans leur vie, mais c'était longtemps avant de venir ici et avant de m'intéresser à la psychologie qui m'a permis de mieux les comprendre sans avoir leur vécu.