Une situation qui dégénère

[DannyBoy]

Avez-vous déjà vécu une situation qui vous paraissait sans danger, pour la voir évoluer rapidement vers un malentendu sur vos intentions?

Il y a de ça quelques années, je travaillais pour une grande boîte comme prestataire, et mon chef de projet était une femme sexagénaire, avec laquelle je m'entendais très bien. Un soir que notre travail nous avait amené à terminer tard, je lui ai proposé de l'inviter à dîner en me disant que vu notre écart d'âge, et nos rapports professionnels, il n'y aurait aucun malentendu. Je ne savais pas que j'étais A à l'époque, mais je n'avais aucun doute sur le fait que je n'avais aucune attirance autre qu'amicale envers elle.

Comme je sous-estimais alors les appétits qui taraudent le reste de la population...

Le repas démarre bien, mais au fur et à mesure que le temps passe, je sens qu'elle me lance des regards de plus en plus insistants, que j'interprète comme une interrogation sur mes intentions. Je m'efforce d'être courtois et amical, et de ne rien faire qui puisse être mal interprété. Mais en sortant, elle me prend le bras et me demande de la raccompagner chez elle, et je commence à me rendre compte que ses inquiétudes sur mes intentions étaient peut-être à l'opposé des miennes...

Bref, j'ai rapidement prétexté un manque de sommeil et un début de migraine, et j'ai filé aussi vite que mes petites jambes pouvaient me porter. Les semaines suivantes, j'ai adopté un comportement beaucoup plus professionnel, et je pense que je l'ai laissée assez perplexe sur ce qui s'était passé ce soir-là.

En tout cas, nous sommes restés amis, car je l'apprécie beaucoup et ai collaboré avec elle à d'autres reprises ensuite.

Et vous, en quelles situations cocasses ou embarrassantes votre asexualité a-t-elle induit des gens en erreur quant à vos intentions?

[Aliénor]

Eh bien...mardi!
J'étais à une réunion d'une asso d'étudiants de ma fac qui a pour slogan: "l'écologie politique et la joie de vivre" (enfin je suis arrivée juste pour l'apéro, sortant tard de cours ).
J'y ai retrouvé un pote de master et on a commencé à parler avec mon amie et lui de la vision du couple (allez savoir pourquoi encore ). J'ai dit que j'avais un ami gay hypersexuel qui était en ménage à trois, et que ça ne me dérangeais pas. Il m'a demandé pourquoi, j'ai répondu en prenant mon amie par le cou que j'étais très ouverte d'esprit! Mais en faisant ça je voulais juste signifier qu'elle elle sait que je suis très ouverte (car elle sait que je suis A, donc plus tolérante pour les "autres façons de fonctionner ou de penser" que celles qui constituent la "norme"). Bien sur mon pote ne l'a pas compris comme ça et m'a répondu "ah bon, je savais pas, mais c'est bien je suis pas du tout homophobe" Après avoir éclater de rire, je lui ai dit que je m'étais mal exprimée et que je n'étais pas homo ni en couple avec cette amie!
On en a rigolé toute la semaine à chaque fois qu'on s'est croisés dans la fac au détours d'un amphi...

[Maëlle]

ralala Danny, le coup de la migraine !!

Bon j'avoue que je n'ai jamais vécu ce genre de situation.. Plaire rarement a aussi ses avantages !

[wawa]

Il y a quelque temps, je vais boire un verre dans un bar avec un groupe d'amis. L'un d'entre eux m'apprend alors qu'il est au chômage et qu'il s'ennuie à mourir. Rester chez lui à consulter les offres d'emploi et à envoyer CV et lettres de motivation ne le passionne pas, ce que je comprends tout à fait. Il ajoute alors : "le pire, c'est même pas ça, c'est d'être tout seul toute la journée" ...
Alors je lui dis que je passerais bien le voir mais en journée, je travaille !
Le temps passe et à la fin de la soirée, il me relance sur le sujet en me demandant si on pourrait se voir de temps en temps le soir. Il me dit " j'ai juste besoin de sentir une présence à mes côtés. Ca m'aiderait beaucoup en ce moment, je me sentirais moins isolé et tu pourrais me raconter tes journées"
Et là j'accepte. Jusque là tout à fait normal.
Il me demande alors : "t'accepterais que je reste dormir aussi une nuit de temps en temps ?"

ALORS là toute personne S sentirait le "danger" arriver. Mais pas moi, pas une petite A très très naïve ; pourtant moins depuis quelques années, mais encore un peu puisque...j'ai accepté...Aïe.

Le fameux soir arrive, on finit par aller se coucher. J'étais assez fatiguée ce jour-là, ça se voyait d'ailleurs. Je commence à déplier le canapé-lit et là il me dit : "Laisse si tu veux. T'es assez fatiguée comme ça. Je vais dormir avec toi si ça te dérange pas. Comme ça pas besoin de faire une lit supplémentaire".

Là encore l'alarme S que je n'ai pas aurait dû se déclencher pour me dire la signification de ces propos, à savoir : si je dors pas avec toi, j'aurais moins de chances qu'on couche ensemble, à moins de me glisser dans ton lit (mais là franchement bonjour la panique)

DONC j'accepte, me disant naïvement (ou niaisement, comme vous préférez. Dans tous les cas, vous aurez raison) qu'il est gentil de m'épargner de la fatigue supplémentaire. Euh, au passage, le canapé lit est très simple à installer, à peine 3min avec les draps etc. Et s'il avait vraiment voulu que je me repose sans arrière-pensées, il aurait pu le déplier lui-même... !!!

Arrive le moment où on se met au lit. J'éteins vite la lumière, tout en discutant un peu. Je le sens s'apaiser, dans sa façon de parler. Alors il frôle mon bras. J'éteins la lumière. Je sais pas s'il a pris ça comme un signe pour "commencer", mais toujours est-il qu'en moins de trente secondes il s'est retrouvé sur moi et rapidement plein de désir...

AU SECOURS !!!
comme vous vous en doutez, j'ai détesté ce moment. Pas évident à gérer et heureusement que la lumière était éteinte, ça m'a épargné de voir sa tête que je suppose déconfite et à moi de lui laisser voir ma gène (enfin, gène, c'est peu dire par rapport à la réalité. Si j'avais pas été chez moi, je me serais barrée illico !!)

CONCLUSION : ne pas inviter de S à dormir chez soi si vous n'êtes pas sûr de ses intentions. Je sais, ça paraît évident pour tout le monde en général...mais moi les implicites des S, tous leurs sous-entendus, je passe à côté. Il m'avait quand même dit "dormir" chez moi, et pas "coucher avec toi".

Les filles, vous l'auriez vu venir vous ? Un copain tout triste d'être chômeur et seul et qui demande à passer un peu de temps en votre compagnie ?!

[reverine]

yep, je l'ai vu venir moi... c'est mon compagnon maintenant !

Obligée de dormir chez lui parce que le dernier bus m'est passé sous le pif alors qu'il me montrait où le prendre. Mais pas question de partager le même lit, je lui ai dit que je dormais dans la canapé. Il m'a lâché que par principe il ne faisait pas dormir ses invités moins confortablement que lui, alors c'était à moi de prendre le lit et lui le canapé.

J'ai fait ma tête de mule, il s'est vu dire "tu rêves !" et j'ai dormi dans le canapé. Lui s'est mis dans le sofa un petit temps, personne n'a dormi au lit. Sauf que quand je dormais, monsieur a tout de même essayé de venir contre moi dans la canapé (et il n'était pas lit celui-là !). Et vas-y que je passe les mains un peu partout, que j'embrasse ton cou...

Tu sais ce que j'ai fait ? Je l'ai pris au jeu du plus grand menteur : j'ai fait semblant de continuer de dormir. J'ai forcé mon état de semi-conscience (je suis très douée pour ça ) et j'ai réalisé de faux frissons s'il approchait trop d'endroits à risque, histoire de voir s'il irait plus loin. Il retirait sa main sur le coup, mais réessayait après. Il chuchotait même à mon oreille pour que je me détende !! Non mais...
Alors d'un coup, j'ai dit stop. Enfin non, j'ai rien dit, j'ai fait mine de me réveiller en sursaut dans une exclamation qui l'a redressé net.
"Oh putain le rêve... qu'est-ce que tu fais contre moi ?"
"Ben, t'avais plutôt froid alors..."
"Mouais..."
"C'était quoi ton rêve ?"
(là, ma super expérience de l'inconscient opère)
"Un tas de lianes qui m'enlaçaient au point de me bloquer, ça m'a fichu la trouille ! Et toi, t'as pas dormi ?"

Et les jours suivants je l'ai embêté sur le sujet "t'es sûr de ce que tu me racontes ?", jusqu'à lui faire avouer son tort de sa propre bouche. De là il m'a dit le reste de son secret. C'était tout ce que j'attendais : qu'il soit honnête.

Ce n'est qu'un an plus tard au moins que je lui ai avoué le fait que j'avais fait semblant de dormir... il m'a boudé toute une soirée (gentiment).

[DannyBoy]

@wawa : oui, j'ai l'impression qu'en tant qu'A, on est souvent un peu naïf sur les intentions des gens, parce qu'on croît plus ou moins inconsciemment que tout le monde est comme nous. Exactement ce qu'on reproche aux S, en fait...

C'est probablement naturel, vu que pour savoir ce qui se passe dans la tête des gens, on n'a que nous-mêmes comme point de référence (à moins que quelqu'un soit télépathe ). Quand on est A, forcément, les choses du sexe ça doit s'apprendre à la dure...

@reverine : Et tu l'as épousé? Amusant. Est-ce que tu as trouvé ses tentatives de pelotage attendrissantes? La plupart des femmes seraient parties en courant, si un truc pareil leur était arrivé... Non?

[Obsidian]

@wawa : oui, j'ai l'impression qu'en tant qu'A, on est souvent un peu naïf sur les intentions des gens, parce qu'on croît plus ou moins inconsciemment que tout le monde est comme nous. Exactement ce qu'on reproche aux S, en fait...
?

Je ne suis pas du tout d'accord. Je ne vois pas pourquoi être A signifierait être naïf sur tout ce qui concerne le sexe. J'ai déjà vécu une situation un peu similaire à celle de wawa et je l'ai vu venir à des kilomètres (ce que je n'ai point empêché, bien au contraire). Et pour ma part je ne reproche rien aux "S" (je commence à détester de plus en plus ces abréviations).

[DannyBoy]

Je ne suis pas du tout d'accord. Je ne vois pas pourquoi être A signifierait être naïf sur tout ce qui concerne le sexe.

Ce n'est pas une règle absolue, Obsidian. Juste une tendance que j'observe sur les forums A, ainsi que dans ma propre vie. Certains d'entre nous ont peut-être le "radar" plus développé que d'autres. Avec l'expérience, je repère ce genre de situation de plus en plus vite, mais durant mes 20 ans, j'étais assez naïf, de ce côté.

J'ai déjà vécu une situation un peu similaire à celle de wawa et je l'ai vu venir à des kilomètres (ce que je n'ai point empêché, bien au contraire)

La suite, la suite !

Et pour ma part je ne reproche rien aux "S" (je commence à détester de plus en plus ces abréviations).

Je sors juste d'une discussion sur le forum anglophone sur "Les pires choses qu'on vous a dites lors d'un coming-out". Ca a pu colorer ma remarque... Bien sûr qu'il n'y a pas d'affrontement, juste une incompréhension fréquente (et, comme on vient de le voir, possiblement des deux côtés).

[Nastasia]

Je ne suis pas du tout d'accord. Je ne vois pas pourquoi être A signifierait être naïf sur tout ce qui concerne le sexe. J'ai déjà vécu une situation un peu similaire à celle de wawa et je l'ai vu venir à des kilomètres

[Sankara]

Moi ça m'est arrivé avec ma première et dernière copine. Le premier soir que nous avions dormi ensemble dans son lit. Aie! À 22 ans c'était la première fois que je dormais dans le même lit qu'une femme. Mais comme l'as dit Wawa je pensais dans mon cerveau asexuel que l'on allait seulement dormir ensemble et non pas faire... C'était très mal sous-estimer le désir d'une femme sexuelle. Aussitôt embarqué dans son lit et les lumières fermées, on se met à s'embrasser et se caresser jusque là c'était correct mais je sentais qu'elle voulait aller plus loin alors moi je lui ai coupé cela court "On se reprendra une prochaine fois" Vous imaginez sa déception, nous n'avons pas très bien dormi ensemble ainsi que les fois suivantes. Je bouge trop en dormant et je ne lui donne pas ce qu'elle veut. Elle m'a lancé des reproches comme "Deux de mes anciens copains en était à leur première fois et ils savaient quoi faire, toi t'as pas l'air de le savoir". Choqué par cette remarque je lui répondit"Quoi donc, je vais commencer à croire que t'es avec moi juste pour ça" Une autre fois j'ai voulu essayer pour lui faire plaisir mais je me suis endormi durant les préliminaires. J'ignorais tout de l'asexualité à ce moment là. Aujourd'hui, je met cela au clair avec les filles avant d'être dans des situations gênantes.

[solitudinesque]

Alors moi, une fois, je rencontre une fille qui semble bien m'apprécier dans un bar.
On se file le numéro, on se dit qu'on se rappelle.
On s'appelle (je sais plus qui en premier), je vais chez elle.
On papote, on regarde un film, on fume un joint.
Et puis je sens qu'elle attend quelque chose.
Elle était tout prêt de moi, prête à ce que je l'embrasse.

Gloups.

Je dis un truc débile du genre "heu, désolé, je peux pas".
Elle me répond "ben, on se donne du plaisir, c'est tout, non?".
"Je suis vraiment désolé, je peux pas".
Et voilà j'ai plus qu'à rentrer chez moi en me sentant plus nul que tout.

[DannyBoy]

ralala Danny, le coup de la migraine !!

Ben quoi, il est sous licence MLF, celui-là?

[Yaya]

Pour échapper à un rendez-vous qui se passe chez un gars qui a eu des relations sexuelles assez diversifiées pour ne pas rentrer dans les détails, qui a soit disant un bras dans le plâtre, et qui ne veut qu'une chose, vous ajoutez à sa liste de conquête :

- Persuadez vos collègues d'aller boire un pot au troquet du coin après le travail
- Bourrez-vous la gueule pour oublier que vous avez rendez-vous
- Quand il se rappelle à vous par le biais du portable, que c'est un de vos amis qui décroche car vous ne voulez pas répondre, courez vers les toilettes et enfermez-vous y.
- Quand votre ami, vous dit que ce n'est pas bien de poser un lapin, pleurez toutes les larmes de votre corps (l'alcool aide facilement sur ce point XD) en disant qu'il ne vous met mal à l'aise et qu'il vous fait peur.
- Après l'apitoiement réussi, sortez des toilettes et courez vous réfugier dans les bras de votre ami car vous avez besoin d'un câlin de réconfort ( )
- Le lendemain, excusez-vous au téléphone, donnez la vrai raison de votre refus de venir et dites lui A-dieu car ça ne marchera jamais.

Je ne suis pas fière de mon comportement à ce moment là. Mais je ne le regrette pas. Il m'a évité bien des problèmes, surtout quand on connaît après coup, le passif de ce "charmant" monsieur...

[Syd]

u fur et à mesure que le temps passe, je sens qu'elle me lance des regards de plus en plus insistants, que j'interprète comme une interrogation sur mes intentions

C'est là que ta chevalière aurait été pratique

@wawa : oui, j'ai l'impression qu'en tant qu'A, on est souvent un peu naïf sur les intentions des gens, parce qu'on croît plus ou moins inconsciemment que tout le monde est comme nous. Exactement ce qu'on reproche aux S, en fait...
?

Je ne suis pas du tout d'accord. Je ne vois pas pourquoi être A signifierait être naïf sur tout ce qui concerne le sexe.

Ben le monsieur, il a pas dit sur tout ce qui concerne le sexe justement, il a juste parlé des intentions des gens

Je dois avouer que moi aussi, j'ai tendance à penser que les gens pensent comme moi, càd n'ont pas d'intention sexuelle derrière la tête quand ils proposent un truc. Et le pire, c'est avec les hommes d'un âge avancé, je me retrouve souvent à me faire draguer par eux car j'ai été moins méfiante, ne les considérant pas comme faisant partie de la population "dangereuse"

(je commence à détester de plus en plus ces abréviations).

Sur le tchat aussi ? Sinon rien ne t'empêche d'écrire les mots en entier

[juliebrn51]

Ben moi ça m'est arrivée cet été!
Mon ex et moi avons fréquenté quelques temps un couple d'amis.
Et puis j'ai appris que nos amis étaient en plein dicorce ,en même temps que nous ,le seul truc est que je suis divorcée depuis.
Bref,j'ai toujours gardé contact avec le mec,j'étais sympa ,souriante,à l'écoute,mais sans arrière pensée.
Puis il m'a invitée à manger cet été,j'ai accepté,nous avons discuté longuement,c'était sympa d'échanger nos sentiments vis-à-vis de nos divorces.
J'avais pas capté,mais toute la soirée il m'a fait des compliments.......
Vers minuit avant de partir,il m'a fait une belle déclaration d'amour,ça m'a fait drôle ,mais je lui ai tout de suite dit qu'il ne se passerait jamais rien entre-nous,et qu'il vallait mieux que nous restions amis.
L'amour ça ne se commande pas,il m'aurait plu,ça aurait été différent
voilou pour la petite histoire
julie