Concilier asexualité, saphisme et féminisme

Vous voulez parler -ou entendre parler de l'asexualité ? Faites-nous part de ce qui vous passe par la tête, comment vous ressentez votre asexualité, votre relation aux autres, comment tout ceci influence votre vie.
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Anathée Safkhet
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Concilier asexualité, saphisme et féminisme

Message par Anathée Safkhet »

¡Hola!

De retour sur le forum après une assez longue absence, j'ai eu pas mal de temps pour réfléchir aux différentes facettes de mon identité. J'en suis venue à me demander si certaines n'étaient pas la conséquence d'une autre. Mon asexualité n'est-t-elle qu'un mécanisme de défense féministe ? Ou de l'homophobie internalisée ?

Je trouve ça difficile de faire le tri, parfois. Est-ce que je suis asexuelle par phobie du viol ? Est-ce que mon féminisme m'a amené à ne considérer que les femmes comme partenaires potentielles ? Est-ce que je me dis asexuelle parce que j'essaie de me convaincre que je n'ai pas de désir homoérotique ?

J'ai entendu parler d'hétérosexualité compulsive, qui fait que certaines femmes passent des années à se convaincre qu'elles sont A alors qu'en fait, elle sont simplement attirées par le même sexe, et non par les hommes. J'ai aussi étudié le lesbianisme politique, ces féministes qui "décident" de n'avoir que des relations saphiques pour éviter les rapports de domination.

Je me demande si c'est vraiment possible, si je peux avoir fait ces "choix" inconsciamment peut-être, afin de me protéger des violences du patriarcat, ou de l'hétéronormativité...

Je ne cherche pas nécessairement de réponse, mais plutôt à ouvrir la discussion. Est-ce que ces interrogations vous ont déjà traversé l'esprit ? Avez-vous des idées, des pistes de réflexion à partager ?

Merci d'avance à qui voudra bien philosopher un peu avec moi !
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clotaire
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Re: Concilier asexualité, saphisme et féminisme

Message par clotaire »

Hello Anathée Safkhet :-)

Merci pour tes réflexions, c'est un débat intéressant. Je pense que les questions que tu poses sont tout à fait légitimes, et que certain.e.s pourraient y trouver quelques échos. C'est plutôt sain de s'interroger. Pour ma part, en tant qu'homme c'est forcément un peu différent. Et finalement je me suis quand même mis en couple. Mais j'ai pu penser un moment qu'il pouvait y avoir un refoulement de quelque chose derrière mon asexualité.

Après, même en cas de refoulement inconscient, le fait est que le désir sexuel n'est pas assez fort pour "contrer" les idées que tu décris. On peut imaginer que si tu avais eu des pulsions sexuelles très fortes, tu aurais tenté quelque chose malgré tes convictions, au moins une relation homosexuelle, non ?
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Pallas
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Re: Concilier asexualité, saphisme et féminisme

Message par Pallas »

Tes interrogations sont légitimes, je crois que beaucoup d'entre nous en ont eu, qu'elles soient de cet ordre ou non.

La phobie du viol est vraiment inculquée à toutes les filles, c'est normal de l'avoir internalisée. On nous met dans l'idée que tous les hommes ne sont que des pervers, et qu'on doit les aimer tels quels. :ouhla:
Anathée Safkhet a écrit : 15 juin 2021, 07:53 J'ai aussi étudié le lesbianisme politique, ces féministes qui "décident" de n'avoir que des relations saphiques pour éviter les rapports de domination.
C'est bien naïf de penser que dans les couples de femmes ou d'hommes, il n'y aurait pas de rapport de domination ! Bien sûr qu'il y en a. Comme il y a des couples où il y en a pas, quelle que soit leur configuration.
(Dans les couples lesbiens, il y a des femmes battues. J'ai même le sentiment qu'il y en plus dans les couples de femmes que dans les couples hétérosexuels, mais c'est peut-être parce que j'ai été choquée d'entendre parler de tant de couples où il y avait cette violence...
Il y a aussi des viols entre hommes ou entre femmes, au sein des couples ou en dehors. Être dans un couple homosexuel ne protège pas du tout de tout ça.)

Tout comme il est naïf de croire que l'on peut choisir une orientation qui arrange. C'est vraiment méconnaitre la nature des orientations.

Je me pose une question : est-ce que tu éprouves du désir sexuel pour les femmes, ou bien de l'attirance romantique ? Tu es peut-être simplement asexuelle et homoromantique ?
Arthur : Est-ce que vous aimez faire des saloperies avec les garçons, ou pas ?
Karadoc : Ah ! Ben non ! J'aime déjà pas ça avec les filles...
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Re: Concilier asexualité, saphisme et féminisme

Message par Grignoteuse de bouquins »

Salut Anathée,
Ce sont des bonnes questions que tu te poses. En fait, avant d'avoir découvert mon asexualité, je me posais les mêmes questions.

Tout d'abord, la question d'être asexuel.le par peur du viol. Il est vrai que quand j'avais 12-13 ans, donc juste avant de découvrir que j'étais asexuelle, j'avais une peur immense du viol. Mais quand je regarde ça avec du recul, je pense que cette peur était plus liée au fait que je venais de découvrir les statistiques en rapport avec les agressions sexuelles/viols. A 12 ans je venais à peine de découvrir l'univers du féminisme, et c'est vrai que se prendre tout un tas de statistiques dans la tronche, tout cet afflux d'information peut faire peur. Donc quand j'ai découvert que j'étais asexuelle, c'était naturel pour moi de me demander si ce n'était pas conditionné par le fait que je venais juste de découvrir le féminisme etc etc.

Après, que dire... Si je me définis comme tel, c'est tout simplement parce que je me suis rendue compte que je n'avais pas de désir sexuel. Aujourd'hui j'ai 17 ans, je n'en ai toujours pas, et ça ne me manque pas. Et entre temps, cette peur du viol que j'avais quand j'étais plus jeune s'est en grande partie estompée.

Deuxièmement, par rapport au fait de se refouler : je pense que quand on se refoule ou que quand on est du moins homosexuel.le refoulé.e, il y a un truc au fond de nous même qui empêche de se libérer, et souvent c'est vécu comme une véritable souffrance. Après a toi de voir si tu as cette souffrance là, ça pourrait être un bon indicateur d'une potentielle homosexualité.

L'hétérosexualité compulsive, Aka la "comp'het" est un concept qui dirait que certaines femmes (évidemment pas toutes) se conformeraient a avoir des relations hétérosexuelles justement parce qu'il y a cette pression de la société. En gros, elles ne se rendraient pas vraiment compte de leur désir de sortir/coucher avec d'autres femmes parce qu'elles auraient vraiment intégré le fait que ce qui est normal, c'est de sortir/coucher avec des hommes.

A propos de cette fameuse comp'het, je vais rajouter quelques détails : le concept de base se centre uniquement sur la sexualité. Il y avait un questionnaire qui tournait beaucoup sur internet en ce moment, qui se nomme "am i a lesbian", ou il y avait quelques questions centrées sur les relations romantiques. Il se centrait beaucoup sur l'aspect sexuel des relations. Or, en tant que personne asexuelle homoromantique/biromantique etc, on peut très bien se reconnaître en partie dans la comp'het ! (Même une personne bisexuelle peut se reconnaître là dedans, vu qu'elle serait aussi encouragée par la société d'aller dans le sens de l'hétérosexualité. Cette comp'het fait une pression sur beaucoup de personnes au final, pas que aux femmes lesbiennes).

(En tout cas en tant que personne perçue comme femme).

Moi même étant asexuelle et biromantique, je me suis reconnue dans beaucoup d'aspects de cette fameuse comp'het. Et pourtant je ne suis pas lesbienne.

La comp'het, c'est le fait que la société nous pousse a mettre sous le tapis le fait de sortir/coucher avec des personnes du même sexe. En réfléchissant a ça, on se rend bien compte qu'une personne asexuelle peut tout à fait se reconnaître là dedans, puisque la société pousse également les personnes asexuelles a avoir des relations (hétérosexuelles). Alors quand on est asexuel ET homoromantique, je vous raconte pas le bordel, puisque en plus de la pression a avoir des relations sexuelles, il faudrait EN PLUS que ce soit dans une dynamique hétéro.

Donc le fait de se poser la question de "et si je n'étais tout simplement pas lesbienne" est légitime si on prend l'aspect "sexuel" de la comp'het. Mais si on est asexuel et homoromantique ; comment se reconnait-on dans le questionnaire "am i a lesbian" ? C'est impossible, parce que l'aspect romantique des relations est encore oublié.

Quant au lesbianisme politique, libre aux personnes s'identifiant comme lesbienne politique d'entretenir des relations uniquement avec des femmes. Mais pour le coup, ça risque peut être de créer des relations un peu nazes, non ? Parce que si la personne de base est hétéro,
c'est peut être un peu compliqué d'envisager une relation avec quelqu'un qui de base ne nous attire même pas. En soi, ce n'est pas une mauvaise idée de se dire que si on a peur des hommes a cause du trop gros taux d'agression ou de ce que l'on vit, qu'à cela ne tienne il reste les femmes. Mais il faut éviter de se dire lesbienne politique et de sortir avec des lesbiennes dont c'est l'orientation sexuelle de base. Enfin ça reste mon avis, mais je pense qu'une relation entre quelqu'un qui s'efforce d'être lesb par peur des hommes et une personne qui est lesbienne "de base" risque de mal se terminer. Il faudrait donc que les lesbiennes politique sortent entre elles, au risque que ça ne fonctionne pas.

Après, si ce mode de considération des relations peut alléger le quotidien de certaines, pourquoi pas. Mais ça me semble un peu compliqué de "forcer le naturel".

Puis par rapport au fait de faire des choix inconsciemment, je n'y crois pas vraiment. L'orientation sexuelle n'étant pas un choix à la base (hormis ce lesbianisme politique), tout est dit. Peut être qu'il y a des blocages inconscients, peut être pas, cela dépend des gens et c'est à toi de creuser pour voir si tu en as.

L'idée de Pallas est une idée a explorer, peur être que tu es tout simplement asexuelle et homoromantique.
Et puis le spectre de la sexualité/l'asexualité est large : il est possible que tu sois demisexuelle lesbienne/homoromantique, ou greysexuelle lesbienne/homoromantique... C'est a dire que tu ressentirais rarement/occasionnellement du désir sexuel pour d'autres femmes, mais que le reste du temps tu n'aurais pas de désir. Ce sont des pistes a explorer, et il y a une infinité de combinaisons possibles...
Dernière modification par Grignoteuse de bouquins le 15 juin 2021, 17:40, modifié 2 fois.
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Snape31
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Re: Concilier asexualité, saphisme et féminisme

Message par Snape31 »

Je pense que c'est la possibilité (et par là la crainte) du viol et des violences qui a été inculqué aux filles, bien plus que la phobie. Le viol et la violence les hommes en sont aussi victimes, de la part d'autres hommes ou de femmes. Il est question d'effectif, je suis entièrement d'accord et je ne nie aucun fait, ils doivent être condamné tant qu'ils existent... Mais, de la même façon que tous les viols sur des femmes ne peuvent pas être recensé, les actes sur les hommes ne le sont pas non plus.

L'autre crédulité, c'est de croire qu'il n'y ai pas de domination et/ou agression (sexuel ou pas) entre femmes. Ne pas (vouloir) en parler ne signifie rien sur la réalité... Est-ce qu'il faut être lesbienne parce que féministe femme ? Je ne pense pas cela soit logique... Je doute que le fait que les discours égalitaire (tout problèmes confondu (sexe et genre, travail et salaire, etc.) aient été nombreux chez les anarchistes et les marxistes soit étrange... Il y a là une problématique de classes (ou de CSP s'il ont veut neutraliser la chose), de hiérarchie et d'autorité (lorsque l'on ne fait pas autorité, on est autoritaire pour arriver au même but et cela entre catégorie et entre sexe/genre). Il y a quelque chose qui tient de la revanche "par procuration". De là, je pense, la question de la misogynie et de la misandrie. Si une orientation ou un genre peut relevé de l'inné, je doute que sur ces deux haine ce soit le cas (il en es de même du racisme). Par ailleurs, comme le souligne Grignoteuse de bouquins, je ne vois pas comment ce type de couple lesbien "forcé" peut s'épanouir...

Après tout je m'en fous un peu, mais je ne peux que dire que la remise en cause d'une opinion ou d'une identité, plus encore si c'est pour faire du prosélytisme, est à vomir... Que cela vienne d'un S, homo ou hétéro, ou d'un A. Tant que quelqu'un sait ce qu'il est, qu'il n'en ressent pas de souffrance et ne dévalorise ou n'agresse personne (ou ne tente de le rallier par des moyens fallacieux), je n'ai aucun problème. Et, sur le front de "l'hétérosexualité compulsive", j'y vois en partie une remise en cause (voir une négation de la possibilité) de l'asexualité et une valorisation du lesbianisme.

Après, tu peux parfaitement être A et homo-romantique -si cela te convient et que tu es bien comme cela- en plus d'avoir été élevé dans notre société qui véhicule sa norme et ses stéréotypes. Vouloir y trouver forcément un lien de causalité me semble un peu aberrant...
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Anathée Safkhet
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Re: Concilier asexualité, saphisme et féminisme

Message par Anathée Safkhet »

Un grand merci pour vos réponses, je suis heureuse de constater que le sujet intéresse et vous partagez des idées qui me font réfléchir!

@clotaire : Merci d'amener l'idée de la pulsion, que si j'avais eu du désir, j'aurais eu envie de tenter quelque chose en dépit de mes convictions. C'est tout à fait vrai et en y repensant, je me rends compte qu'il y a eu plusieurs moments dans ma vie où j'aurais eu l'occasion d'explorer mes désirs (s'il y en avait eu) dans des relations saines.

@Pallas : Je suis bien d'accord avec toi sur le fait que des rapports de domination peuvent se créer dans des relations homosexuelles, ou qu'une femme puisse exercer une domination avec un homme. J'ai parlé de lesbianisme politique parce que c'est une idéologie utopique, mais j'ai moi-même un profond malaise par rapport à ce mouvement qui véhicule que l'orientation sexuelle est un choix. Je pense que ces femmes peuvent en effet avoir des comportements homosexuels, mais qu'au fond, elles ne peuvent modifier leur orientation sexuelle, quelle qu'elle soit.

Par contre, je dois avouer que mon côté idéaliste éprouve un certain réconfort dans cette idée de vivre sans les hommes. C'est un combat déchirant pour ma conscience, car je sais que tous les hommes ne sont pas mauvais, mais le patriarcat est si ancré dans notre société qu'il me semble plus facile, au lieu de le combattre, de simplement chercher à m'y soustraire le plus possible. Et d'un autre côté, je me dis que les femmes aussi sont influencées par le patriarcat, que je ne serai pas protégée des injonctions patriarcales en me créant un milieu uniquement féminin / non-binaire, alors c'est assez confus dans mon esprit. Parfois, je me dis que ce serait plus simple de vivre en hermite, loin des sociétés humaines, pour m'éviter tous ces tracas !

Et pour répondre à ta question, le désir sexuel vs romantique est un sujet encore difficile à démêler pour moi. Je me suis longtemps identifiée comme pan car je croyais avoir ressenti du désir pour des hommes, puis je me suis rendue compte que j'étais absoluement dégoutée par le fait que ces désirs soient concrétisés et qu'un homme me touche. Pour ce qui est des femmes, c'est aussi difficile à dire, car je suis fortement attirée esthétiquement par les femmes / personnes non-binaires, et parfois même (je crois) sexuellement, mais j'ai encore beaucoup de mal à différencier l'attirance esthétique et sexuelle. Par contre, je suis panromantique en théorie, jusqu'à ce que dans la pratique, le sexisme internalisé du gars me tape sur les nerfs. Alors disons que la définition de mon orientation est le défi de ma vie!
Anathée Safkhet
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Re: Concilier asexualité, saphisme et féminisme

Message par Anathée Safkhet »

@Grignoteusedebouquins : Oui, j'ai moi aussi été baignée dans un féminisme (assez radical), étant assez jeune, et je me dis parfois avec le recul que ce n'était peut-être pas le meilleur chemin pour moi. Concernant ma phobie du viol, j'ai été proche de beaucoup trop de survivantes durant mon adolescence pour pouvoir considérer les statistiques comme de simple statistiques. Le viol est une réalité de ma vie, bien présente mais que j'ai eu la chance de ne pas subir, et je doute que je pourrai me défaire un jour de cette peur viscérale.

Merci d'avoir parlé du questionnaire, je ne me rappelais plus le nom alors je ne l'ai pas cité, mais sa lecture a fait surgir beaucoup d'interrogations. J'ai trouvé ça assez violent qu'il présente l'asexualité comme un signe d'une hétérosexualité compulsive, parce que s'il y a toujours eu une constance dans ma vie, une identité à laquelle je m'identifiais (avant même de la connaitre) c'était le fait d'être ace. Tu expliques très bien comment l'hétérosexualité compulsive n'influence pas que les lesbiennes, et je crois qu'il s'agissait du chaînon manquant dans ma réflexion. J'avais le sentiment qu'ayant coché une grande majorité d'énoncés, il était très probable que je refoule une homosexualité, alors qu'en fait, c'était mon asexualité qui ressortait. Merci d'avoir mis des mots sur ce vague ressenti que j'éprouvais !

Concernant le lesbianisme politique, je crois que j'y suis surtout attirée parce que je suis panromantique. Étant déjà attirée par les femmes et les personnes non-binaire, je n'ai pas l'impression que ce serait de me "forcer" que d'entretenir des relations amoureuses exclusivements avec iels, et d'écarter mon attirance romantique pour les hommes au profit de celle-ci, tout simplement. En même temps, cela reste une utopie, parce comme je l'ai mentionné précédemment, écarter les hommes de l'équation ne garantit en aucun cas de ne plus souffrir du patriarcat, étant donné que les femmes et les personnes non-binaires internalisent également ces principes. Disons que j'aime bien en discuter en théorie, mais je me vois plus ou moins bien le pratiquer réellement.

Merci beaucoup pour ta réponse. J'ai parfois du mal à accepter que je puisse être certaine de mon asexualité en étant aussi jeune, alors ça fait du bien de rencontrer des jeunes qui ont vécu un parcours similaire au mien.
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Re: Concilier asexualité, saphisme et féminisme

Message par Anathée Safkhet »

@Snape31 : Je comprends ton point de vue et je ne prétend pas que la phobie du viol est présente chez toutes les personnes socialisées comme femmes et uniquement chez celles-ci. C'est vrai qu'on pourrait parler d'une crainte générale dans la population féminine, mais pour moi, en raison de mes expériences, c'est définitivement une phobie. Quand je ne suis pas chez moi, c'est une peur constante, c'est certain que j'y pense, et pas seulement quand je marche seule dans les ruelles en pleine nuit. Mais c'est une phobie qui m'appartient, sur laquelle je travaille, et mon intention n'était pas du tout de la généraliser.

Merci de m'avoir partagé ton analyse sur le lesbianisme politique. Je crois m'être mal exprimée dans mon message original, car je ne m'identifie pas comme faisant partie de ce mouvement et je ne suis pas d'accord avec toutes ses implications, notamment l'idée que l'orientation sexuelle se choisit. Comme je l'ai mentionné dans d'autres réponses, je trouve l'idéologie intéressante à discuter et à observer, mais ce n'est pas quelque chose que je souhaite appliquer à ma vie.

Je trouve intéressant le lien avec le marxisme et les luttes de classes, car c'est en effet le fond du problème : nous vivons dans une société qui a été conçue pour que les hommes dominent et que les femmes se soumettent, tout comme les riches dominent et les classes ouvrières doivent se soumettre... C'est la raison pour laquelle le lesbianisme politique est une idéologie intéressante, selon moi, car elle suppose d'éliminer (en ne la fréquentant pas, on s'entend, les hommes peuvent vivre en paix, il y en a même que j'aime bien) la classe dominante pour faire cesser l'opression. Après, il est vrai qu'il existera encore d'autres oppressions de classe, de couleur de peau, etc. et qu'une oppression remplace souvent la précédente. Mais j'avoue que quand j'ai vraiment eu une sale journée, confrontée à la mysoginie, j'aime bien m'imaginer claquant des doigts et effaçant des millénaires de socialisation patriarcale...

Enfin, je suis d'accord avec toi que tant que je n'en souffre pas, mon orientation ne concerne que moi, et que je ne devrais peut-être pas autant y réfléchir. Le truc, c'est que je suis encore en train de démêler tout ça, et savoir si la souffrance provient d'une orientation sexuelle mal identifiée ou des normes sociales auxquelles on me pousse à adhérer est assez ardu. Par exemple, est-ce que je souffre de ne pas avoir de partenaire parce j'aimerais réellement avoir une relation amoureuse, ou à cause de toute la pression sociale qu'on me met pour me caser ? (Probablememt un peu des deux) Alors c'est pour ça que j'aime bien y réfléchir, parce que j'aimerais bien apprendre à mieux me connaitre, et c'est parfois en se posant des questions dérangeantes qu'on apprend le plus sur soi-même.
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Re: Concilier asexualité, saphisme et féminisme

Message par Snape31 »

Je souhaite souligner que, ne te connaissant pas personnellement et n'ayant que très peu parler avec toi, je ne peux pas te classer dans tel ou groupe. Ce serait un jugement à l'emporte pièce. On peut par ailleurs s'intéresser à un groupe, à une pensée sans s'y référer en tant que personne... On peut aussi graviter entre des groupes différent

Je n'aime guère le terme d'idéologie, par trop marqué (partial, partiel, historiquement marqué: c'est souvent le biais d'autrui dans une société individualiste). Je dirais "sous-culture" au sens sociologique, anthropologique et Sorokinien du terme (rien de hiérarchique donc).

"effaçant des millénaires de socialisation patriarcale"... Encore une fois, je ne parle pas de toi, mais d'une petite chanson du temps et qui tient du mythe pour une part. On arrive ici à un des problèmes (peut-être le seul) que j'ai avec certaines féministes qui souhaite tout balayé sans nuance. J'ai trop fait d'histoire et de sociologie pour croire à cela, bien que ce ne soit pas entièrement faux... La perspective militante a anéantit tout le caractère descriptif du concept scientifique et de l’existence passé et actuel d'autres systèmes. Encore une fois, il s'agit d'un problème de caste et classe, mais avant le 16-17e siècle, la société européenne se réfère à une tout autre culture: "Tous les animaux sont égaux, mais il y a des animaux plus égaux que d'autres" (G. O) Je dirais donc que millénaire est abusif. Je crois savoir que tu t'intéresse à l'histoire... De la même façon que cette perspective de certaine féministe qui ne cessent de fustiger l'absence des femmes ou même de distinction des sexes depuis des millénaires... C'est ne pas voir les faits... Malgré l'invisibilisation (plus que l'oubli qui est passif), les femmes sont présente en science ou en littérature (entre autre). Je pense qu'il faudrait remettre la lumière sur elles Comment étaient donc habillé les enfants, filles ou garçon, pendant des siècles durant le "Moyen-Age" ? Je ne peux qu’apprécié le retour à l'unisexe et supporte assez mal l'esprit bleu pour petit garçon et rose pour petite fille, ce n'est rien mais ça dit beaucoup de l'inconscient... Il n'est pas question de généraliser, mais certaines féministes devrait refaire de l'histoire sociale et culturelle ainsi que l'histoire du féminisme... Olympe de Gouges, c'est bien. Toutefois, en discutant avec certaines et certains, il est beaucoup d'oubli: Louis Michel, encore plus ou moins connue, Hubertine Auclert, Flora Tristan, Jenny d’Héricourt, Claire Démar ou Louise Dauriat (et beaucoup d'autre)... Que dire de François Poullain de La Barre, Condorcet, Louis-Joseph Charlier, des mouvements Saint-Simoniste et, Fourrieriste ?

Par contre, pour en revenir à l'asexualité, il y a effectivement une différence cruciale entre homme et femme: le regard de la société sur le couple et l'enfant. Je ne pourrais jamais comprendre cette injonction faite davantage aux femmes qu'aux homme (quoique je me l'explique d'un point de vu sociale)
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Re: Concilier asexualité, saphisme et féminisme

Message par Grignoteuse de bouquins »

Après je pense également que même si on est bi/pan (romantique ou sexuel), le lesbianisme politique pourrait poser un petit problème. Ok certaines femmes ou personnes socialisées comme telles n'ont pas de problème a "renier" leur attirance pour les hommes cis, et ça peut sembler être une vraie révélation pour elles et si elles ont moins peur de ce fait, tant mieux. C'est une alternative qui peut se révéler saine pour certaines personnes. Mais renier son attirance pour les hommes cis, ça peut tout aussi être malsain : les personnes bies/pan se sont toujours battues pour qu'on reconnaisse leur orientation, et pour qu'on arrête de leur dire qu'elles sont soit homos soit hétéros. Beaucoup en ont marre qu'on leur dise cela et qu'on renie leur biromanticisme/sexualité/panromanticisme/sexualité, comme si ça n'existait pas. Je trouve que se dire bi/pan et renier une partie de son orientation, comment dire... C'est pas super respectueux. Après, chacun.e fais ce qu'iel veut évidemment, mais politiquement c'est une question a se poser aussi. Ca va aussi avec le fait qu'on peut être bi, sortir qu'avec des femmes en étant une femme, et que ça n'annule pas le fait qu'on soit bi.

Mais si on renie volontairement son attirance pour les cismecs au nom d'un lesbianisme politique : pourquoi continuer a se dire bi ? Ca me semble peu logique. A ce moment là on se met plutôt l'étiquette "lesb/homoromantique politique" pour éviter les confusions. Évidemment, relationner qu'avec des femmes quand on est bi, n'enlève pas le fait qu'on soit bi. Mais si politiquement, on rejette toute potentialité de sortir avec des personnes qui ne sont pas des femmes : quel intérêt ?

Et puis aussi, tout comme être homo et se refouler : je pense qu'être bi/pan et refouler une partie de son orientation, que ce soit par comp'het ou par lesbianisme politique n'est pas sain. Imaginons une femme qui se dit bi/pan et qui est adepte de ce lesbianisme politique, et qui se met a tomber démesurément amoureuse... D'un mec, et ouais. Elle va renier cette attirance et se mettre des barrières parce qu'elle a peur et que son idéologie l'en empêche ? Ca peut être douloureux de s'empêcher de ressentir des choses, notamment quand on sait qu'un des buts de la communauté LGBT+... C'est de ne pas s'empêcher de ressentir des attirances par pression sociale, et essayer de vivre le plus librement possible. C'est pour ça qu'en fait, même en tant que femme bi.e ou pan, je trouve cela contraire a ce but de la communauté LGBT+, qui est d'être libre dans ses émotions, sentiments et attirances (orientation), de souscrire a un lesbianisme politique. S'empêcher de ressentir des choses, c'est vraiment contraire a ces luttes là, en tout cas c'est la conclusion que j'en tire.

Et je me questionne aussi là dessus : Est ce que le lesbianisme politique a sa place dans la communauté LGBT+ dans ce cas là (je parle évidemment des personnes hétéro) ? Puisqu'il s'agit tout simplement d'un comportement sexuel, et non d'une orientation sexuelle a proprement parler. On dit souvent que si un homme hétéro couche avec un autre homme (sans en avoir l'attirance) ça ne fait pas de lui un gay (et donc, pas de lui une personne lgbt+). Est ce qu'une femme qui couche ou sort avec des femmes par idéologie et par mode de vie plus que par attirance, elle peut se proclamer lgbt+ ? (Car oui, le lesbianisme politique est présenté comme un mode de vie de ce que j'ai pu voir).

Une personne hétérosexuelle abstinente ne se dira pas asexuelle et lgbt+ pour le plaisir. Alors pourquoi une personne qui serait hétéro de base se dirait lesbienne politique lgbt+ ? On le dit souvent ici, mais ce ne sont pas les actes qui définissent ce que nous sommes, mais plutôt les attirances et ce qui se passe à l'intérieur.

Après je critique pas mal le concept de lesbianisme politique ici, mais vive l'autodétermination évidemment, si des personnes ont envie de se décrire par leurs actes, pourquoi pas. Mais ça me semble toutefois illogique quand encore une fois, peu de personnes ont envie qu'on leur colle une étiquette selon ce qu'elles font de leur fesses, mais plutôt par ce qu'elles ressentent à l'intérieur.

Ca soulève de nombreuses questions sur l'autodétermination en tout cas, c'est intéressant.

Édit : je n'ai pas inclus les personnes non binaires dans mes explications, évidemment on peut se dire bi/pan en aimant les femmes et personnes non binaires, mais pas les hommes. Mais je me suis basée sur la "perception du genre" pour mes explications, et pas sur ce que sont vraiment les gens. A savoir que ça peut être problématique aussi de rejeter une personne parce qu'on la perçoit comme un mec cis (au nom de ce lesbianisme politique) et de tout de suite après se raviser après parce que finalement on a eu la mauvaise perception et que la personne est finalement non-binaire ou transféminine.

Cette notion de lesbianisme politique me semble d'autant plus délicate a traiter parce qu'on ne sort pas avec les personnes pour ce qu'elles représentent au niveau de leur genre. Soit on a une attirance, soit on ne l'a pas, mais sortir avec une personne parce qu'elle s'avère finalement être non-binaire ou transféminine (alors qu'elle a de prime abord été perçue comme un mec par exemple) me paraît également bizarre et incongru. Ca ressemble drôlement a de la fétichisation quand même.

Et je parle de ce sujet parce que malheureusement, j'ai beaucoup entendu de personnes de ce cercle militant dire qu'elles étaient attirées par soit disant un mec mais qu'elles étaient lesbiennes politique ou refusaient de sortir avec des mecs, mais que comme par magie au moment où cette personne disait qu'elle n'était pas un mec, oh bah elles étaient de nouveau intéressées. Ce qui pose problème, parce que c'est hypocrite. L'attirance pour cette personne, tu l'as, tu ne l'as pas, mais tu ne fais pas en fonction de ce qu'elle représente... Enfin c'est pas très clair dit comme ça, j'espère que l'idée est compréhensible.
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Re: Concilier asexualité, saphisme et féminisme

Message par Guadiana »

Anathée Safkhet a écrit : 15 juin 2021, 07:53 ¡Hola!

De retour sur le forum après une assez longue absence, j'ai eu pas mal de temps pour réfléchir aux différentes facettes de mon identité. J'en suis venue à me demander si certaines n'étaient pas la conséquence d'une autre. Mon asexualité n'est-t-elle qu'un mécanisme de défense féministe ? Ou de l'homophobie internalisée ?

Je trouve ça difficile de faire le tri, parfois. Est-ce que je suis asexuelle par phobie du viol ? Est-ce que mon féminisme m'a amené à ne considérer que les femmes comme partenaires potentielles ? Est-ce que je me dis asexuelle parce que j'essaie de me convaincre que je n'ai pas de désir homoérotique ?

J'ai entendu parler d'hétérosexualité compulsive, qui fait que certaines femmes passent des années à se convaincre qu'elles sont A alors qu'en fait, elle sont simplement attirées par le même sexe, et non par les hommes. J'ai aussi étudié le lesbianisme politique, ces féministes qui "décident" de n'avoir que des relations saphiques pour éviter les rapports de domination.

Je me demande si c'est vraiment possible, si je peux avoir fait ces "choix" inconsciamment peut-être, afin de me protéger des violences du patriarcat, ou de l'hétéronormativité...

Je ne cherche pas nécessairement de réponse, mais plutôt à ouvrir la discussion. Est-ce que ces interrogations vous ont déjà traversé l'esprit ? Avez-vous des idées, des pistes de réflexion à partager ?

Merci d'avance à qui voudra bien philosopher un peu avec moi !
Bonjour,

Seule toi peut savoir. Comment se présente ton asexualité? Tu tombes amoureuse?
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Re: Concilier asexualité, saphisme et féminisme

Message par Grignoteuse de bouquins »

J'ai trouvé un article qui explique bien en quoi le lesbianisme politique n'est pas une solution aussi brillante qu'on nous la vendrait (il y a, même entre femmes, d'autres dynamiques oppressives) :

https://lavieenqueer.wordpress.com/2021 ... ommes-cis/
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Re: Concilier asexualité, saphisme et féminisme

Message par Anathée Safkhet »

De retour deux mois plus tard (oups!) je tiens quand même à vous remercier pour vos contributions et à vous répondre.
Guadiana a écrit : 17 juin 2021, 22:51 Mon asexualité n'est-t-elle qu'un mécanisme de défense féministe ? Ou de l'homophobie internalisée ?

Seule toi peut savoir. Comment se présente ton asexualité? Tu tombes amoureuse?
C'est une question à laquelle il est encore difficile pour moi de répondre, et c'est pourquoi j'ai autant de questionnements sur mon identité. Je dirais que mon asexualité se présente majoritairement par un désintérêt, voire une crainte de pas mal tout ce qui se rapporte à l'acte sexuel. Je crois être tombée amoureuse, à la fois d'hommes et de femmes, mais je n'ai jamais pu rester en couple bien longtemps (je romps avant que ça ne devienne sérieux) et je me demande encore si c'est dû à mon anxiété ou si je me trouve aussi peut-être sur le spectre aromantique. Mais j'ai remarqué que j'avais beaucoup moins d'appréhension et de dégoût à l'idée de relations sexuelles f/f que h/f. Peut-être est-ce dû au fait que je me sens plus à l'aise avec un corps qui se rapproche du mien, je suis un peu intimidée par les corps masculins.
Snape31 a écrit : 17 juin 2021, 16:16 De la même façon que cette perspective de certaine féministe qui ne cessent de fustiger l'absence des femmes ou même de distinction des sexes depuis des millénaires... C'est ne pas voir les faits... Malgré l'invisibilisation (plus que l'oubli qui est passif), les femmes sont présente en science ou en littérature (entre autre). Je pense qu'il faudrait remettre la lumière sur elles
Je suis tout à fait d'accord que des femmes ont été présentes dans plusieurs domaines au cours de l'histoire et qu'elles y ont apporté leur contributions. Il ne faut toutefois pas nier que malgré leur existence et leur émancipation, elles ont tout de même évolué dans une culture qui valorisait l'homme au détriment de la femme. Remettre la lumière sur les femmes brillantes et audacieuses des siècles précédents, bien sûr, mais sans remettre en cause les oppressions qu'elles ont subies, ou que leurs contemporaines ont subies, simplement parce qu'elles ont réussi à se faire un nom (et pourtant souvent méconnu) dans l'Histoire.
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Re: Concilier asexualité, saphisme et féminisme

Message par Anathée Safkhet »

Grignoteuse de bouquins a écrit : 17 juin 2021, 21:54 Je trouve que se dire bi/pan et renier une partie de son orientation, comment dire... C'est pas super respectueux. Après, chacun.e fais ce qu'iel veut évidemment, mais politiquement c'est une question a se poser aussi. Ca va aussi avec le fait qu'on peut être bi, sortir qu'avec des femmes en étant une femme, et que ça n'annule pas le fait qu'on soit bi.

Et puis aussi, tout comme être homo et se refouler : je pense qu'être bi/pan et refouler une partie de son orientation, que ce soit par comp'het ou par lesbianisme politique n'est pas sain. Imaginons une femme qui se dit bi/pan et qui est adepte de ce lesbianisme politique, et qui se met a tomber démesurément amoureuse... D'un mec, et ouais. Elle va renier cette attirance et se mettre des barrières parce qu'elle a peur et que son idéologie l'en empêche ? Ca peut être douloureux de s'empêcher de ressentir des choses, notamment quand on sait qu'un des buts de la communauté LGBT+... est de ne pas s'empêcher de ressentir des attirances par pression sociale, et essayer de vivre le plus librement possible. C'est pour ça qu'en fait, même en tant que femme bi.e ou pan, je trouve cela contraire a ce but de la communauté LGBT+, qui est d'être libre dans ses émotions, sentiments et attirances (orientation), de souscrire a un lesbianisme politique. S'empêcher de ressentir des choses, c'est vraiment contraire a ces luttes là, en tout cas c'est la conclusion que j'en tire.
Je comprends ton point de vue, et c'est vrai qu'il faut faire attention à ne pas tomber dans l'invalidation d'identités LGBTQIA+. Pour ma part, je conçois davantage le lesbianisme politique comme un comportement sexuel que comme une orientation. Mais comme je ne ressens aucune attirance physique/sexuelle et que je m'attache romantiquement seulement après avoir bien appris à connaitre la personne, je trouve ça assez aisé d'éliminer les hommes cis de l'équation, puisque c'est quelque chose que je peux généralement faire avant de m'attacher. D'un autre côté, j'ai (je crois?) été amoureuse d'un homme cis, et j'ai eu beaucoup de mal à me remettre de notre séparation (que j'avais provoquée par peur de ne pas pouvoir correspondre à ses attentes - je me sentais asexuelle sans pouvoir lui expliquer), alors je comprends ce que tu veux dire quand tu parles que ce n'est pas sain de s'empêcher de ressentir ces émotions.
Grignoteuse de bouquins a écrit : 17 juin 2021, 21:54 Et je me questionne aussi là dessus : Est ce que le lesbianisme politique a sa place dans la communauté LGBT+ dans ce cas là
Pour moi, et comme tu l'as mentionné plus haut, je vois le lesbianisme politique comme un mode de vie, et non comme une orientation. Donc d'emblée je serais portée à l'exclure de la communauté LGBTQIA+ mais c'est un débat intéressant, car du moment qu'une femme est en couple avec une autre femme, elles risquent de subir des discriminations, peu importe leur orientation véritable. C'est une question intéressante que tu poses, et je crois que ça nous démontre bien les limites de l'autodétermination, qui sont encore floues ou, du moins, une zone grise dans certains cas.
Grignoteuse de bouquins a écrit : 17 juin 2021, 21:54 Édit : je n'ai pas inclus les personnes non binaires dans mes explications, évidemment on peut se dire bi/pan en aimant les femmes et personnes non binaires, mais pas les hommes. Mais je me suis basée sur la "perception du genre" pour mes explications, et pas sur ce que sont vraiment les gens. A savoir que ça peut être problématique aussi de rejeter une personne parce qu'on la perçoit comme un mec cis (au nom de ce lesbianisme politique) et de tout de suite après se raviser après parce que finalement on a eu la mauvaise perception et que la personne est finalement non-binaire ou transféminine.

Cette notion de lesbianisme politique me semble d'autant plus délicate a traiter parce qu'on ne sort pas avec les personnes pour ce qu'elles représentent au niveau de leur genre. Soit on a une attirance, soit on ne l'a pas, mais sortir avec une personne parce qu'elle s'avère finalement être non-binaire ou transféminine (alors qu'elle a de prime abord été perçue comme un mec par exemple) me paraît également bizarre et incongru. Ca ressemble drôlement a de la fétichisation quand même.

Et je parle de ce sujet parce que malheureusement, j'ai beaucoup entendu de personnes de ce cercle militant dire qu'elles étaient attirées par soit disant un mec mais qu'elles étaient lesbiennes politique ou refusaient de sortir avec des mecs, mais que comme par magie au moment où cette personne disait qu'elle n'était pas un mec, oh bah elles étaient de nouveau intéressées. Ce qui pose problème, parce que c'est hypocrite. L'attirance pour cette personne, tu l'as, tu ne l'as pas, mais tu ne fais pas en fonction de ce qu'elle représente... Enfin c'est pas très clair dit comme ça, j'espère que l'idée est compréhensible.
C'est un point très intéressant que tu soulèves! Pouvant être intéressée sur le plan esthétique et romantique par les personnes trans et non-binaires, cet aspect m'a fait réfléchir. Comme je ne ressens pas d'emblée d'attirance pour les gens, il me paraitrait difficile de tomber amoureuse d'une personne sans connaitre sa véritable identité de genre, mais je comprends la nuance que tu souhaites apporter. Ça m'interpelle beaucoup que tu parles d'hypocrisie, parce que c'est tout à fait vrai dans l'exemple donné. J'y ai bien réfléchi et en fait, ça m'a fait reconsidérer mon intérêt pour le lesbianisme politique. Je pense que ce que je recherchais en m'y intéressant, c'était une certitude de ne fréquenter que des personnes n'ayant pas (ou peu) de biais patriarcaux, au risque de passer à côté d'hommes cis qui correspondraient pour le bien de ma sécurité. Mais en considérant plus sérieusement le sujet, c'est vrai que c'est un peu facile d'exclure tout un groupe juste "au cas" et que rien n'empêche les femmes ou les personnes trans ou non-binaires de posséder aussi ces biais ou de contribuer à d'autres oppressions (comme le démontre bien l'article, merci pour le partage!)

Je dois avouer qu'au point où j'en suis, je me demande même si ça vaut vraiment la peine de chercher à avoir des relations amoureuses. C'est un peu pessimiste, mais je n'ai juste plus de temps et d'énergie à perdre pour ça... Mais bon, on en reviens encore à mon possible aromantisme, et ça, c'est une discussion pour un autre jour!
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Re: Concilier asexualité, saphisme et féminisme

Message par Snape31 »

Anathée Safkhet a écrit : 16 août 2021, 06:07
Snape31 a écrit : 17 juin 2021, 16:16 De la même façon que cette perspective de certaine féministe qui ne cessent de fustiger l'absence des femmes ou même de distinction des sexes depuis des millénaires... C'est ne pas voir les faits... Malgré l'invisibilisation (plus que l'oubli qui est passif), les femmes sont présente en science ou en littérature (entre autre). Je pense qu'il faudrait remettre la lumière sur elles
Je suis tout à fait d'accord que des femmes ont été présentes dans plusieurs domaines au cours de l'histoire et qu'elles y ont apporté leur contributions. Il ne faut toutefois pas nier que malgré leur existence et leur émancipation, elles ont tout de même évolué dans une culture qui valorisait l'homme au détriment de la femme. Remettre la lumière sur les femmes brillantes et audacieuses des siècles précédents, bien sûr, mais sans remettre en cause les oppressions qu'elles ont subies, ou que leurs contemporaines ont subies, simplement parce qu'elles ont réussi à se faire un nom (et pourtant souvent méconnu) dans l'Histoire.
Méconnue ? Sans doute quand on se contente de l'histoire scolaire ou médiatique, mais ce n'est pas ça l'histoire... ça cela fait partie en grande partie de l'invisibilisation (rien à voir avec la méconnaissance). Méconnue ? Non, mais à force de dire que l'on fait de l'Histoire, alors que l'on se contente souvent de faire de l'histoire politique et d'entretenir des mythe "nationaux" sans se poser trop de question... Après, lorsque l'on finit par faire de l'Histoire (enfin), on s'y intéresse et on trouve! Par ailleurs, je ne parle même pas d'audace... Ensuite, question d'époque...
Après, quand tu vois certaines femmes qui ont accédée à des places importantes et qu'elles sont reconnues, beaucoup n'aident pas les autres femmes. Elles tendent à les enterrer même! Tout le monde, femmes et hommes, subis de l'oppression et à tout les moment de l'histoire. C'est justement pour cela que l'on trouve des réflexions intéressantes chez les anarchistes et les socialistes dès le 19e siècle. Je doute vraiment que les revendications féministes soient décorrélé de l'ensemble des revendications des plus précaires et fragiles. Les questions sur les capitalisme et le libéralisme (qui doivent être compris), la démocratie avec isonomie et isocratie deumeurent
"Le grand précepte qu’il faut donner aux historiens, c'est de distinguer au lieu de confondre ; car, à moins d’être varié, l’on n’est point vrai" (Augustin Thierry)

"Il n'y a pas de meilleur moyen de démanteler une personnalité que de l'isoler." (Diana Spencer)
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