révélation et comment faire son coming out?

[Jun]

Bonjour à tous !

Je crois que ma vie vient de changer aujourd'hui. J'ai 19 ans et depuis 8 mois je suis dans une relation avec un garçon, mais c'est très compliqué. C'est ma première relation sérieuse, j'ai toujours eu du mal à "avoir envie", à me projeter avec quelqu'un et en général après un simple baiser j'étais dans un état de stress intense et j'avais envie de fuir, en mode "ok c'était sympa mais maintenant je donnerais tout pour que cette personne oublie mon existence". J'ai assez vite remis en question mon hétérosexualité, je trouve les femmes tellement belles et douces et rassurantes et... "attirantes" ? je ne sais pas même pas si je peux utiliser cet adjectif du coup.

Mais je suis très sensible aux pressions et normes sociétales, j'aime être "normale" et être vue comme telle par les autres je crois. Donc je me suis mise en couple avec ce garçon que j'apprécie beaucoup et à qui j'ai vite parlé de ma potentielle bisexualité et du fait que j'étais vierge. Seulement voilà, au début ils nous sortent les discours du "pas de pression, prends ton temps", mais il a très vite commencé à demander, à tester la température. Et il a toujours été très respectueux, il me répétait que je pouvais arrêter quand je voulais, il me demande mon consentement avant de faire quelque chose, il est doux et tellement patient. Mais moi je me rends compte que je n'ai littéralement jamais envie d'initier ce genre d'actes. Je ne ressens rien d'autre que de la peur, des insécurités, des questionnements, je ne prends pas de plaisir, je finis par refuser de le voir parce que je sais qu'il va tenter et que c'est tellement culpabilisant de dire non en permanence à quelqu'un qui nous aime et qui nous veut... Mais moi j'aimerais qu'il ne me veuille pas.

De là je me suis définitivement dit que je devais être lesbienne, que le sexe avec les hommes ce n'était pas pour moi ; je connaissais le terme d'asexualité mais comme une idiote non éduquée et effrayée je ne suis jamais allée regarder de plus près parce que je me disais "oui mais tu as des fantasmes, tu ressens des choses devant du porno ou des films/livres érotiques, tu te masturbes de temps en temps, donc non c'est pas ça être asexuelle".

Seulement hier soir c'est allé un peu plus loin avec mon copain, au lieu de me laisser faire bêtement je me suis dit que j'allais tenter quelque chose, en me disant que si je n'appréciais pas recevoir je pourrais peut-être aimer donner... Grossière erreur. Il est parti content ce matin et moi j'ai fondu en larmes, parce que j'en avais marre de me sentir comme ça, d'écouter toutes les histoires de mes potes pour qui tout est simple quand tout ce que ça me crée c'est de la pression et de l'angoisse. Alors j'ai tapé "asexualité" sur youtube et j'ai passé la journée à pleurer devant tous les témoignages, devant toutes les définitions, devant la beauté de ce spectre inclusif et devant le sentiment intense de soulagement que ça créait en moi, comme si j'étais valide, comme si je n'étais pas seule, comme si c'était normal et possible de vivre avec. Ces gens qui évoquaient tellement de sensations et de pensées qui m'étaient passées en tête dans toutes mes relations ou interactions avec les autres depuis toujours.

J'ai lu tellement de trucs sur ce forum et ça peut paraître bête mais merci à tous. Merci d'être qui vous êtes, de partager vos histoires, d'accepter la mienne, merci de me donner un endroit dans lequel je me sens en sécurité et comprise. Je ne peux pas exprimer tout ce qu'il se passe en moi, je veux pouvoir arrêter de me détester pour mes réactions et mes relations, je veux pouvoir arrêter de me forcer, mettre de côté toutes ces attentes sociales de merde, et je sais que je suis jeune, je sais que tout ça est fluide et que ça peut changer plus tard. Mais pour l'instant je serre ce terme d'aegosexuelle très fort contre mon cœur avec la sensation d'être à ma place, de pouvoir enfin respecter mon corps et mes envies. Mon plaisir est le mien, je ne veux pas le partager, et apparemment c'est mon droit.

Le nouveau combat qui s'annonce c'est d'en parler à mon copain... Et comment dire que la communication et moi ça fait 2. Et que c'est un euphémisme. C'est trop bien de le dire sur un forum où les gens nous connaissent pas, mais ça va être beaucoup plus difficile pour moi de lui en parler, j'ai peur de sa réaction, peur qu'il s'en veuille, peur qu'il m'en veuille... Est-ce que vous êtes passés par là ? Est-ce que vous auriez des conseils ? Une phrase d'accroche ? Une self-deprecating joke pour lancer le sujet ? Un discours tout fait ? Un bunker pour que je me cache de la civilisation ?

Merci à tous en tout cas, je ne sais pas si ce post sera lu ou si quelqu'un aura l'envie d'y répondre, mais ça m'a fait tellement de bien de l'écrire.

[fiffi]

Bonjour Jun ,

tu risques de trouver le temps long cachée seule dans un bunker , il vaut mieux que tu tentes un coming out .

il n' y a pas de recettes miracles pour en parler et on ne peux pas te garantir que tu reçoive une réaction négative . tu as le choix entre lui parler de ton asexualité ou te taire et laisser empirer la situation .

J' ai cependant un conseil pour un coming out ; parles lui simplement , calmement avec tes mots à toi . Aucun de vous deux ne doit s' en vouloir ; personne n' est responsable de sa sexualité ou asexualité . je souhaite que ton copain accepte tes explications .

[clotaire]

Bienvenue Jun

Ben je pense qu'à ta place, la première chose que je penserais devoir faire c'est faire comprendre à ton copain que tu n'as pas bien vécu le moment où vous êtes allés plus loin, d'être honnête avec tes sensations. Déjà ça c'est difficile, parce que si lui a bien aimé, il n'a sans doute pas conscience que toi pas, et aura du mal à le comprendre. Après, pour aller plus loin dans la discussion, tu peux lui dire que tu as réfléchi, cherché, que tu as vu tel témoignage, que ça te correspond assez bien, et en venir progressivement au terme asexuel. Faut pas être trop brutale

Bon courage

[Jun]

J' ai cependant un conseil pour un coming out ; parles lui simplement , calmement avec tes mots à toi . Aucun de vous deux ne doit s' en vouloir ; personne n' est responsable de sa sexualité ou asexualité . je souhaite que ton copain accepte tes explications .

Merci beaucoup pour ta réponse, simple, mais ce que j'avais besoin d'entendre je crois... Même si en parler sera difficile je crois que j'arrive à un certain point de clarté qui m'empêche de fermer les yeux et de passer outre... C'est simplement difficile de se dire qu'on peut perdre des gens qu'on aime dans notre quête pour apprendre à s'aimer soi-même !

Je lui en parlerais, pas le choix, et on verra bien !

[Jun]

Bon courage

Merci beaucoup clotaire

Ce que tu dis résonne bien en moi en effet, il faut que j'imagine que je le dis à quelqu'un qui n'a jamais imaginé ça et qui n'y connait sans doute rien... Prendre son temps et y aller par étapes sera nécessaire.

Il faut que j'apprenne à être honnête sur ce que je ressens et j'aimerai que ce soit plus simple pour moi ^^

Un grand merci pour ta dose de courage en tout cas, je ne peux plus reculer maintenant

[Baelfire]

Salut Jun,

Il y a une question qui me vient à l'esprit : est ce que tu as envie de continuer avec ce garçon ?

J'ai l'impression (peut-être biaisée) que tu t'obliges. Si gentil et patient qu'il soit il se peut aussi qu'il ne te corresponde pas. Tout simplement. Et si ça s'avère vrai je ne pense pas que faire un coming out auprès de lui soit nécessaire.

[choooj]

Salut Jun et bienvenue.
Je rejoins la question de Baelfire et je la modifie un peu : pourquoi et qu'est-ce que tu aimes chez lui, pourquoi es-tu heureuse d'être avec lui ?
C'est une question juste pour toi, pour que tu conscientises si vraiment tu tiens à lui ou si tu t'es mise en couple "pour la norme".

Moi je n'ai pas peur de dire franco que je suis asexuelle. Mais je ne m'arrête pas là, je décris ce que j'aime chez l'autre et ce que j'en attends et jusqu'où je suis capable d'aller si je suis en confiance. Mais voilà, contrairement à toi j'ai du recul sur mon fonctionnement à la fois physique et sentimental. Toi as-tu assez de recul sur toi-même ?

Je suis d'accord aussi avec Fiffy et Clotaire : si tu l'aimes vraiment il faut partir de là, puis expliquer que pour toi tout ça est nouveau, que tu as bien voulu lui faire plaisir mais que tu as éprouvé de la tristesse et que tu n'es peut-être pas encore en mesure de comprendre ton ressenti. Qu'il y'a bien cette orientation aegosexuelle, que ça ne veut pas dire que c'est ce que tu es mais qu'au moins ça te parle.

Si je rentre dans le détail, tu découvres ton corps et pour le moment le seul plaisir charnel que tu puisses ressentir est celui que tu te donnes toi-même. Que ce n'est pas un fantasme que tu as envie de partager j'imagine (je dis ça parce que les S adorent aussi voir leur partenaire se masturber).
Tu as donc voulu lui faire plaisir, donner sans recevoir ou bien donner et recevoir aussi ? Mais le déplaisir et la tristesse qui ont suivi ont une signification sur tes besoins. Peut-être que tu serais prête à continuer mais à condition qu'il y' ait autre chose d'accompli avant ... Peut-être au contraire que le sexe te dégoûte avec une autre personne ... Il faut du temps et de l'introspection avant de se connaître assez pour se décrire.

Prends ton temps et reste authentique

[Freaks]

De là je me suis définitivement dit que je devais être lesbienne, que le sexe avec les hommes ce n'était pas pour moi ; je connaissais le terme d'asexualité mais comme une idiote non éduquée et effrayée je ne suis jamais allée regarder de plus près parce que je me disais "oui mais tu as des fantasmes, tu ressens des choses devant du porno ou des films/livres érotiques, tu te masturbes de temps en temps, donc non c'est pas ça être asexuelle".

Seulement hier soir c'est allé un peu plus loin avec mon copain, au lieu de me laisser faire bêtement je me suis dit que j'allais tenter quelque chose, en me disant que si je n'appréciais pas recevoir je pourrais peut-être aimer donner... Grossière erreur. Il est parti content ce matin et moi j'ai fondu en larmes, parce que j'en avais marre de me sentir comme ça, d'écouter toutes les histoires de mes potes pour qui tout est simple quand tout ce que ça me crée c'est de la pression et de l'angoisse. Alors j'ai tapé "asexualité" sur youtube et j'ai passé la journée à pleurer devant tous les témoignages, devant toutes les définitions, devant la beauté de ce spectre inclusif et devant le sentiment intense de soulagement que ça créait en moi, comme si j'étais valide, comme si je n'étais pas seule, comme si c'était normal et possible de vivre avec. Ces gens qui évoquaient tellement de sensations et de pensées qui m'étaient passées en tête dans toutes mes relations ou interactions avec les autres depuis toujours.

J'ai lu tellement de trucs sur ce forum et ça peut paraître bête mais merci à tous. Merci d'être qui vous êtes, de partager vos histoires, d'accepter la mienne, merci de me donner un endroit dans lequel je me sens en sécurité et comprise. Je ne peux pas exprimer tout ce qu'il se passe en moi, je veux pouvoir arrêter de me détester pour mes réactions et mes relations, je veux pouvoir arrêter de me forcer, mettre de côté toutes ces attentes sociales de merde, et je sais que je suis jeune, je sais que tout ça est fluide et que ça peut changer plus tard. Mais pour l'instant je serre ce terme d'aegosexuelle très fort contre mon cœur avec la sensation d'être à ma place, de pouvoir enfin respecter mon corps et mes envies. Mon plaisir est le mien, je ne veux pas le partager, et apparemment c'est mon droit.

A quelques différences près (j'ai eu la "révélation" plus âgé, après avoir passé beaucoup de temps à éviter toute relation pouvant potentiellement devenir sexuelle), j'ai ressenti à peu près la même chose que toi (même si je ne le formule pas aussi bien) : déni (à cause d'une mauvaise définition de l'asexualité), découverte, soulagement d'être finalement normal (même si l'asexualité est une "norme" particulière).

Pour te dépatouiller de ta situation actuelle, j'aurais tendance à être d'accord avec Baelfire : rien ne t'oblige à faire un coming out tout de suite à ton "copain", surtout qu'il pourrait parfaitement "t'afficher", et que tu pourrais mal le vivre, étant en phase de questionnement... Je ne sais pas si je suis clair ? Ce que je veux dire, c'est que même si c'est libérateur de se découvrir aegosexuel(le) / autochorissexuel(le) alors qu'on se pensait anormal(e), ça peut être bien de ne pas le claironner tout de suite, surtout auprès de gens qui pourraient potentiellement mal le prendre (par exemple, si tu es dans un environnement scolaire, tu pourrais te retrouver stigmatisée).

Pour gérer ça, tu pourrais peut-être simplement lui dire pour commencer que tu as besoin d'un peu de temps pour réfléchir à votre relation... Je sais que c'est cliché, le coup de la pause, mais dans le cas présent, il me semble que ça te permettrait de savoir s'il a envie de continuer avec toi (sous certaines conditions) ou s'il préfère passer à autre chose mais n'ose pas te le dire.

Cela dit, la question la plus importante, c'est est-ce que toi tu as envie de continuer avec lui ? Dans ce cas, tu te retrouverais dans un couple A / non-A, qui peut parfaitement être viable, à condition que les 2 côtés fassent des concessions, d'après ceux qui en vivent (cf la section spéciale du forum consacré au sujet). Si lui ne veut pas faire d'efforts, et si surtout toi tu n'as pas envie d'en faire, ou simplement de continuer avec lui, il vaut mieux arrêter là - et il n'y a jamais de bonne façon de le faire...

Bon courage en tout cas, tu en auras sûrement besoin !

[Jun]

Wow. Ok.

Merci infiniment à vous 3 pour ces questions non seulement pertinentes mais nécessaires... J'ai l'impression de recevoir des conseils de gens bien plus sages que moi et surtout qui m'ont très vite cernée, je n'avais pas prévu que vous soyez tous si clairvoyants pfff...

Bon déjà cette idée d'introspection et de temps avant d'en parler aux autres je crois que c'est une très bonne idée. J'ai beaucoup retourné le "problème" ces derniers jours, et quand je suis dans ma petite bulle je suis tellement contente de tout ce que je découvre et de ce que je semble comprendre sur moi, mais quand je me dis qu'il faut le partager avec les autres, je me sens infiniment moins valide avec cette peur d'être incomprise, cette peur de faire un coming out pour au final faire d'autres découvertes, rencontrer d'autres personnes, grandir et me rendre compte un jour que mes sentiments ont changé, que je dois recommencer le processus. C'est juste dommage parce que notre orientation sexuelle a beau être quelque chose qui nous appartient, c'est toujours un truc qu'on aura à partager/expliquer à nos proches et c'est surtout quelque chose sur lequel des gens auront toujours des choses à redire. Enfin bon je ne suis pas là pour faire un discours sur l'injustice d'un monde hétéronormé ^^

Le second truc où vous tapez dans le mille c'est que... je ne suis même pas sûre de vouloir continuer la relation en elle-même. Je me sentais obligée d'être "honnête", de donner une explication, de me dévoiler parce que ça reste le garçon que j'aime et respecte le plus dans mes proches, je ne sais pas si je suis prête à le perdre complètement, mais toute la situation est un peu particulière pour moi et au fond je crois que bien plus qu'un(e) partenaire, j'ai avant tout besoin de moi. Je ne me sentirai pas libre ou soulagée tant que je ne me retrouverai pas avec moi-même, avec de l'espace et du temps.
Je ne suis peut-être pas prête à en parler, mais ça ne veut pas dire que je dois rester avec lui... J'ai même à mon avis après le message de choooj beaucoup de réflexion à faire sur cette relation, les sentiments que j'ai et les raisons qui m'y ont poussée... En bref, je me suis emballée sur le côté "révélation" du post, je viens à peine de commencer mon chemin !

Merci d'être des inconnus et de quand même soulever tous les points de déni, de confusion et d'angoisse de mon récit, je ne sais pas trop ce que je vais faire avec tout ce qui me traverse la tête mais je pense commencer à y voir un peu plus clair

[bengir]

sinon j'ai trouvé plus facile d'écrire mon coming out que de le formuler à l'oral
j'ai écrit une lettre que j'ai relue plusieurs fois
j'ai modifié le brouillon
j'ai réécrit
re re lue et envoyée par la poste

tu t'exprimes bien à l'écrit profite en