Entre asexualité et caedsexualité !!Warning introspection/gros pavé!!

Vous voulez parler -ou entendre parler de l'asexualité ? Faites-nous part de ce qui vous passe par la tête, comment vous ressentez votre asexualité, votre relation aux autres, comment tout ceci influence votre vie.
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Zpowder
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Entre asexualité et caedsexualité !!Warning introspection/gros pavé!!

Message par Zpowder »

Bonsoir!

J’ai commencé à réfléchir et écrire ce post et je me suis rendue compte au fur et à mesure que j’avais énormément de choses à formuler et que ça me permettait d’y voir plus clair, aussi me suis-je lâchée sans pouvoir résumer, j’en suis désolée… Rédiger ce post m’aura déjà aidé mais je remercie d’avance celleux qui auront le courage de tout lire et qui voudront réagir !
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Je suis une femme cis de 32 ans. Cela fait quelques mois que j’ai « découvert » l’existence de l’asexualité. Quand j’en ai entendu parler la 1ère fois, ça a fait un petit tilt mais j’ai ensuite vite chassé l’idée, qui n’était que sommairement expliquée dans la série Sex Education...
Je suis suivie par une psy depuis environ 1 an et demi, pour les divers problèmes liés à mes questionnements, à mes blocages et appréhensions… Elle m’a récemment soumis l’éventualité que je sois asexuelle. J’entame maintenant une nouvelle phase de ma réflexion, j’ai fait des recherches plus approfondies et trouvé de nombreuses ressources et des témoignages qui m’ont permis d’en apprendre plus, mais pas au point de faire disparaître certains doutes.
Je me sens asexuelle au moins en ce moment, mais une question centrale subsiste pour moi : comment savoir si je suis asexuelle « innée » ou si c’est suite à mes mauvaises expériences (je viens de découvrir le terme « caedsexualité) et si dans ce cas c’est une condition à laquelle je peux potentiellement remédier?

Je me pose cette question car j’ai longtemps espéré une sexualité épanouie et j’ai vécu des expériences sexuelles super agréables, mais mes relations de couples se sont quasiment toujours dégradées à cause de l’espacement voire l’absence de rapports et les questionnements ou insécurités qui en découlaient. Le schéma qui s’est toujours répété : 1ère(s) fois sans problème (mais pas forcément de plaisir sexuel), puis moins d’envie, moins d’excitation, des douleurs parfois, des blocages etc…. pour finalement aller vers une quasi absence de sexe, une frustration du partenaire etc… (je n’ai été en couple qu’avec des hommes cis). Et mon manque de désir m’a toujours poussé à me questionner sur mes sentiments. J’ai, probablement en partie pour cette raison, souvent du mal à faire la différence entre amitié/amour/amour avec attraction physique, et ce envers tous les genres. Je pense aujourd’hui que je peux avoir des sentiments très forts pour plusieurs personnes en même temps, mais je n’envisage pas à l’heure actuelle d’avoir plusieurs relations de couple.

Je suis depuis bientôt 5 ans avec mon copain que j’aime, qui connait mes blocages et mes douleurs et me soutient. Nous en discutons beaucoup, nous avons exploré la sexualité sans pénétration mais même comme ça nous faisons rarement l’amour.
Je ne lui ai pas encore parlé d’asexualité car même s’il est patient et ne me met aucune pression, il est S et j’ai besoin de me préparer pour en parler avec lui et aborder ça de la manière la plus positive possible.

J’ai toujours un manque d’envie voire une peur qui se développe. J’ai avec plusieurs copains pensé que c’était surtout dû à mes sentiments qui changeaient (théorie qui n’est pas invalidée), puis pensé que c’était à cause de dérèglements de la flore ou autres problèmes physiologiques. J’ai pensé que je devais banaliser le sexe, et j’ai donc eu des histoires sans lendemain, qui ne se sont pas forcément mal passées mais qui ne m’ont pas particulièrement apporté de plaisir. J’ai pris diverses pilules contraceptives et me suis interrogée sur leur rôle dans ma libido… Après une longue errance j’ai récemment eu un diagnostic d’endométriose suite auquel je me suis dit « Merciiiii, c’était pas dans ma tête !! » , mais j’ai un gros doute sur l’historique de la maladie, ses effets/symptomes actuels et son lien avec mon vécu. Bref énormément de choses font que je ne fais pas confiance à mon corps et que je ne sais pas comment interpréter ses réactions et savoir ce qui est de l’ordre du « blocage mental ».

J’ai trouvé plus parlant de faire un liste d’arguments/contre-arguments plutôt que de vous raconter toute ma vie même si c’est déjà un peu fait ><…

Dans la liste suivante, je parle au présent et je généralise en me basant sur des expériences passées et je pars de généralités/normes plutôt hétéronormées car ça a longtemps été mon point de comparaison mais je me suis pas mal déconstruite depuis mes premiers questionnements et j’ai bien conscience que ce ne sont pas des vérités universelles.

Légende :
+ théorie de l’asexualité innée
- théorie du trauma/caedsexualité, ou autre possibilité du spectre ACE
? Chose potentiellement intéressante à mentionner

- mes premières fois étaient douloureuses
+ je l’ai fait parce que je me suis dit que c’était ce qu’on faisait

+ je me suis toujours dit que j’avais un problème avec le sexe
- au début de mes relations, quand les hormones sont au taquet, je n’ai pas d’appréhension, je suis excitée et je pense en avoir envie.
+ je n’ai jamais eu envie si l’autre personne n’avait pas envie

- J’aime le contact physique, j’ai de l’attirance, de l’envie mais je ne saurais pas dire si c’est sexuel ou non
+ dans les rapports agréables que j’ai eu, je n’ai pas l’impression que le plus gros du plaisir viennent de mes organes sexuels mais plutôt du partage de cette intimité et de l’aspect « fusionnel » de la relation.

+ j’ai découvert le seul mode de masturbation qui m’intéresse encore quand j’avais 5 ans, je me risquerais donc à dire qu’à la base ça n’avait rien de sexuel pour moi.
- ça a fini par devenir une manière de me donner du plaisir quand la vue de scènes érotiques dans des films m’excite, par exemple.
? je n’ai jamais eu d’orgasme (hors cette méthode de masturbation dont je ne saurais même pas dire si ce sont des orgasmes que cela provoque)

+ ça fait longtemps que je m’interroge sur ma situation et que j’aimerais beaucoup être « normale » mais malgré ça je n’arrive pas à m’intéresser à mon propre plaisir et à chercher ce qui me plairait par la masturbation

- J’ai peur de la pénétration parce que ça m’a souvent fait mal (manque de lubrification, de préparation, vision réductrice de la sexualité) et je me demande si ma peur d’avoir mal est devenue tellement ancrée que je n’arrive pas à « lâcher prise » (cette expression m’énerve) même avec une personne que j’aime, qui ne me force à rien et en qui j’ai confiance.
? J’ai effectivement eu des mauvaises expériences, potentiellement traumatiques, mais rien qui paraisse infranchissable pour la majorité des personnes, à ce que j’ai pu entendre/lire
+ après de multiples essais de « sexe sans pénétration », je constate que si je ne me suis pas préparée mentalement, même une caresse de mon compagnon derrière laquelle je sens une excitation va me stresser
+ les caresses, massages et autres qui vont me plaire ne sont pas sexuels et me donnent plutôt l’envie de dormir dans un cocon protecteur, pas de faire l’amour, jamais.

+ il n’y a rien qui me « déclenche », parole/contact/contexte, rien qui me fasse réagir en mode « Ah ouais là j’ai trop envie »
- j’ai tout de même eu des expériences sexuelles excitantes, originales qui m’ont particulièrement plu et que j’ai eu envie de provoquer
+ j’ai l’impression que c’est plus le contexte et l’expérience, la découverte, que l’envie sexuelle qui m’ont stimulés

+ le « c’est quoi tes fantasmes? » auquel je suis incapable de répondre ou alors sans grande imagination pour donner une réponse.

? je n’ai pas l’impression d’avoir eu une éducation qui rendait le sexe tabou

+ j’ai l’impression que la plupart des gens savent ce qui leur plaît et que le problème est dans la communication avec leur partenaire, mais quand mon·ma partenaire me demande ce que j’aime je ne sais pas quoi dire
+ j’aime les corps autres que masculins, mais j’ai moins d’expérience et le côté inconnu du corps de la femme et de ce qui peut lui plaire me bloque autant voire plus, alors qu’en théorie je devrais mieux savoir ce qui plaît.

- j’aime beaucoup embrasser et caresser tout.e habillée

+ même après des mois sans faire l’amour avec mon compagnon, je n’ai pas de désir spontané, des fois j’y pense vaguement, plutôt en me disant « est-ce que je pourrais avoir envie, là? »
- Selon ma psy, c’est normal que le désir « spontané » parte après quelques jours/mois/années dans une relation et il s’agit maintenant d’apprendre à créer/provoquer ce désir
+ je ne vois pas comment le créer sans avoir l’impression de me forcer

-même sans désir, physiologiquement, certains contacts seraient censés apporter du plaisir, mais ce n’est pas le cas chez moi(blocage ?)

+l’idée d’avoir à chercher ce qui me fait plaisir sexuellement me déprime. Je suis fatiguée d’avance de penser au fait de devoir me toucher ou dire à mon copain comment me toucher, constater que ça ne me fait rien sinon me tendre, me stresser de ne pas être normale et me demander si un jour ça pourra être simple.

Merci d'avoir lu tout ça. Je sais que ce n'est pas indispensable de se mettre une étiquette, mais je pense en avoir besoin. Je suis épuisée par des années de détresse et de yoyo entre "j'ai un problème physique"/"j'ai un problème mental", et en gros je me demande si ça vaut le coup encore de chercher des solutions ou si ça n'a jamais été un problème et qu'il faut en fait trouver des compromis et entamer un dialogue différent avec mon partenaire!

Merci à toustes et bonne nuit :D
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Re: Entre asexualité et caedsexualité !!Warning introspection/gros pavé!!

Message par PassionA »

Salut,

Et bien ! C'est exhaustif comme post.

Moi dans ce que je lis, ça me parait être de l'asexualité. Il faut savoir que le blocage physique que tu ressens ou que tu as ressentis, ça peut venir de plein de choses et qu'il est très difficile de déterminer son origine, ou ses origines. En tout cas ça n'empêche pas que ce que tu ressens me semble en plein dans l'asexualité : c'est à dire tu ne ressens pas d'attirance sexuelle, quelque soit les circonstances.
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Re: Entre asexualité et caedsexualité !!Warning introspection/gros pavé!!

Message par Arial »

Je rejoins PassionA, ça ressemble à de l'asexualité pour moi. Disons que je me retrouve dans beaucoup des points que tu évoques, sans avoir eu aucune expérience négative liée à la sexualité pour ma part, et que je sais avec certitude être asexuelle.
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Re: Entre asexualité et caedsexualité !!Warning introspection/gros pavé!!

Message par Walther »

Comme PassionA, je pense que ce que tu ressens envers le sexe, c'est ce qu'on peut qualifier d'asexualité, car tu précises bien que tu n'y penses pas, que tu n'en a jamais besoin, qu'au contraire cela te stress.
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Re: Entre asexualité et caedsexualité !!Warning introspection/gros pavé!!

Message par Zpowder »

Merci pour vos réponses!

J’ai beaucoup de mal à démêler mes sentiments de mes réactions physiques, mais en revanche, plus j’y réfléchis plus je pense que le fait de ne jamais avoir eu envie si l’autre ne l’avait pas en face peut me donner la certitude que je suis A.
Arial a écrit : 07 janv. 2021, 20:52 Je rejoins PassionA, ça ressemble à de l'asexualité pour moi. Disons que je me retrouve dans beaucoup des points que tu évoques, sans avoir eu aucune expérience négative liée à la sexualité pour ma part, et que je sais avec certitude être asexuelle.
Arial, j’ai pu lire ton témoignage dans un autre post, je comprends, en effet!
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Re: Entre asexualité et caedsexualité !!Warning introspection/gros pavé!!

Message par Zpowder »

PassionA a écrit : 07 janv. 2021, 12:52 Et bien ! C'est exhaustif comme post.
😬 Merci d’avoir pris le temps!
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Re: Entre asexualité et caedsexualité !!Warning introspection/gros pavé!!

Message par clotaire »

Salut Zpowder,
je viens de lire ton post.
J'ai l'impression qu'il y a en partie, dans tes observations, une vision un peu trop normative de la sexualité. Je lis beaucoup des choses que tu "devrais" faire ou ressentir pour être "normale", ou d'affirmations présentées (ou sous-entendues) comme anormales alors que pour moi elles sont plutôt banales, ou du moins assez courantes.
J'ai envie de te poser la question : d'où tiens-tu une telle norme ? Qui te l'as apprise ? Dans quelle mesure ne pourrais-tu pas remettre en question tes sources d'information ? En y réfléchissant bien, et quelquefois en discutant avec certains amis, je réalise que la norme prétendue ne correspond finalement à personne ou presque. J'ai récemment lu une interrview d'une sexologue qui affirme que de plus en plus de gens sont en quelque sorte "traumatisés du sexe" à force de ne pas correspondre à un idéal qu'ils perçoivent mais qui en fait n'existe pas, ce qui génère une insatisfaction perpétuelle (qu'on soit S ou A, pour le coup).
C'est un peu ma réflexion du moment ;-)
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Re: Entre asexualité et caedsexualité !!Warning introspection/gros pavé!!

Message par Walther »

L'insatisfaction est malheureusement un problème de notre société qui en veut toujours plus, et qui nous fait croire que l'on doit vivre chaque moment dans un pure épanouissement, et que celui qui n'y arrive pas doit avoir un problème.
Aucun humain ne vit le bonheur et la satisfaction permanente, c'est impossible, d'ailleurs le fait de vouloir atteindre ce niveau d'épanouissement, nous rend finalement de plus en plus malheureux.
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Re: Entre asexualité et caedsexualité !!Warning introspection/gros pavé!!

Message par Freaks »

Zpowder a écrit : 07 janv. 2021, 00:16
- Selon ma psy, c’est normal que le désir « spontané » parte après quelques jours/mois/années dans une relation et il s’agit maintenant d’apprendre à créer/provoquer ce désir
+ je ne vois pas comment le créer sans avoir l’impression de me forcer

-même sans désir, physiologiquement, certains contacts seraient censés apporter du plaisir, mais ce n’est pas le cas chez moi(blocage ?)

+l’idée d’avoir à chercher ce qui me fait plaisir sexuellement me déprime. Je suis fatiguée d’avance de penser au fait de devoir me toucher ou dire à mon copain comment me toucher, constater que ça ne me fait rien sinon me tendre, me stresser de ne pas être normale et me demander si un jour ça pourra être simple.

Merci d'avoir lu tout ça. Je sais que ce n'est pas indispensable de se mettre une étiquette, mais je pense en avoir besoin. Je suis épuisée par des années de détresse et de yoyo entre "j'ai un problème physique"/"j'ai un problème mental", et en gros je me demande si ça vaut le coup encore de chercher des solutions ou si ça n'a jamais été un problème et qu'il faut en fait trouver des compromis et entamer un dialogue différent avec mon partenaire!
Comme l'ont bien fait remarquer Walther et Clotaire avant moi, tu es dans un rapport à une norme (incarnée par ta psy), et ce rapport t'épuise, voire te force à aller contre ce que tu veux vraiment... (Avec ton partenaire, tu n'es plus donc dans le consentement, qui est censé être la base de toute sexualité.)

Selon moi, c'est un bon indice de ta probable asexualité : je dis "probable", parce que c'est à toi de te définir comme telle, pas à nous (on me l'a assez dit quand je suis moi-même arrivé ici, il n'y a pas si longtemps :D ). Moi aussi, je me suis épuisé (quoique différemment) à tenter d'être un hétérosexuel "normal"...

Cela dit, à mon avis, tu n'as aucun problème (à part ta psy, mais très peu sont au fait de l'asexualité), ni physique ni moral... Te vivre comme asexuelle pourrait te libérer d'une certaine pression sociale ; par contre, comme tu es en couple, ça pourrait amener des changements radicaux dans ta vie (mais ça vaut peut-être mieux que filer insidieusement droit vers la dépression).

Dans tous les cas, tu auras besoin de courage, alors je t'en souhaite plein (ça tombe bien, c'est la nouvelle année).
On reconnaît la pression sociale au bruit qu'elle fait quand elle s'en va.
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Re: Entre asexualité et caedsexualité !!Warning introspection/gros pavé!!

Message par Zpowder »

clotaire a écrit : 08 janv. 2021, 22:15 J'ai l'impression qu'il y a en partie, dans tes observations, une vision un peu trop normative de la sexualité. Je lis beaucoup des choses que tu "devrais" faire ou ressentir pour être "normale", ou d'affirmations présentées (ou sous-entendues) comme anormales alors que pour moi elles sont plutôt banales, ou du moins assez courantes.
J'ai envie de te poser la question : d'où tiens-tu une telle norme ? Qui te l'as apprise ? Dans quelle mesure ne pourrais-tu pas remettre en question tes sources d'information ? En y réfléchissant bien, et quelquefois en discutant avec certains amis, je réalise que la norme prétendue ne correspond finalement à personne ou presque.
Hello Clotaire!
Je ne sais pas précisément à quels points tu fais référence mais en effet! A la base, il y a une vision totalement normative...
Comme je l'écris dans mon 1er post, je pars de généralités hétéronormées pour beaucoup de constats et comparaisons car ma sexualité a évolué autour de ces idées au début (et c'est pour ça que je mets des gros guillemets sur certains termes, notamment "normale"). Je parle de normalité, ce n'est pas du tout pour la définir mais plutôt pour exprimer le sentiment de différence que je ressentais. Je trouvais ça important pour expliquer l'évolution de ma pensée, mais j'ai beaucoup remis en question et déconstruit tout ça depuis quelques années :)

Je pense que cette idée de la norme vient de ce que pensaient ou prétendaient mes ami·e·s, ce qu’on voyait dans les films et surtout ce que voulaient mes 1ers copains qui étaient loin d’être patients et qui étaient plutôt du genre à me mettre la pression et à me culpabiliser de ne pas répondre à leurs attentes. C'est probablement aussi lié à mon caractère car je n'étais pas du genre à contredire les autres et que j'étais souvent plus préoccupée par le fait de plaire que par mon propre ressenti. Bref, j'étais bien influençable quoi :shock:

Je me souviens parfaitement, à 17 ans, après plusieurs essais douloureux, j’avais dit à mon copain de l’époque que je n’avais plus envie de faire l'amour parce que ça me faisait mal. Lui m'avait dit que c’était normal, mais qu’il ne fallait pas qu’on s’arrête à ça, que c’est ce que font les gens...c’est dire à quel point la réflexion était superficielle sur comment faire l’amour et pourquoi on le faisait! J’avais répondu à l’époque que je n’avais pas du tout envie d’être comme tout le monde et que je m’en fichais mais c’était mon premier amoureux avec lequel je me disputais pour cette raison et ça m’a marqué. On s'est séparés et je n’ai plus eu de rapport pendant environ 3 ans.

Un autre exemple : on utilise couramment le terme "préliminaires" pour mettre dans un grand sac tout ce qui vient avant la pénétration, et qui pour beaucoup de personnes ne sont pas considérés comme un rapport sexuel sans la suite. A 16-17 ans, je n'étais pas prête à remettre ça en question!
J'ai gardé ce schéma en tête jusqu'à 23-24 ans je pense mais cette conception a bien changé pour moi maintenant. Avec mon compagnon actuel, on aborde nos rapports très différemment et de base sans pénétration.

Mais tu touches juste parce que c'est le gros de mon questionnement : j'ai remis en question grande partie de ces idées et ces normes qui comme tu le dis ne correspondent pas à tant de personnes que ça, et j'ai l'impression d'avoir réussi à m'en défaire maintenant, alors pourquoi c'est toujours aussi problématique pour moi? Est-ce qu'elles sont encore tellement intériorisées que je ne m'en rends même pas compte ou est-ce que c'est autre chose (comme l'absence de désir par exemple) qui fait que je ne me sens pas à l'aise avec le sexe?

Pour répondre à Walther également, je pense que vos pensées se rejoignent et je suis tout à fait d'accord.
Walther a écrit : 08 janv. 2021, 22:35 L'insatisfaction est malheureusement un problème de notre société qui en veut toujours plus, et qui nous fait croire que l'on doit vivre chaque moment dans un pure épanouissement, et que celui qui n'y arrive pas doit avoir un problème.
Aucun humain ne vit le bonheur et la satisfaction permanente, c'est impossible, d'ailleurs le fait de vouloir atteindre ce niveau d'épanouissement, nous rend finalement de plus en plus malheureux.
Je pense que les attentes de mes partenaires venaient beaucoup de cette pression sociale aussi!
Après comme je le dis, j'ai longtemps espéré une sexualité épanouie, pas dans le sens sexualité débridée et explosion de plaisir etc..., mais justement le fait de bien vivre ma sexualité (ou mon asexualité). Pour moi ce serait plutôt l'absence de peur des rapports sexuels et de douleur. Le fait d'être capable de savoir ce dont j'ai envie, ce dont je n'ai pas envie, et de bien le vivre!
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Re: Entre asexualité et caedsexualité !!Warning introspection/gros pavé!!

Message par Zpowder »

Freaks a écrit : 10 janv. 2021, 19:48
Comme l'ont bien fait remarquer Walther et Clotaire avant moi, tu es dans un rapport à une norme (incarnée par ta psy), et ce rapport t'épuise, voire te force à aller contre ce que tu veux vraiment... (Avec ton partenaire, tu n'es plus donc dans le consentement, qui est censé être la base de toute sexualité.)

Selon moi, c'est un bon indice de ta probable asexualité : je dis "probable", parce que c'est à toi de te définir comme telle, pas à nous (on me l'a assez dit quand je suis moi-même arrivé ici, il n'y a pas si longtemps :D ). Moi aussi, je me suis épuisé (quoique différemment) à tenter d'être un hétérosexuel "normal"...

Cela dit, à mon avis, tu n'as aucun problème (à part ta psy, mais très peu sont au fait de l'asexualité), ni physique ni moral... Te vivre comme asexuelle pourrait te libérer d'une certaine pression sociale ; par contre, comme tu es en couple, ça pourrait amener des changements radicaux dans ta vie (mais ça vaut peut-être mieux que filer insidieusement droit vers la dépression).

Dans tous les cas, tu auras besoin de courage, alors je t'en souhaite plein (ça tombe bien, c'est la nouvelle année).
Je ne sais pas si elle connait bien le sujet, mais ma psy est justement celle qui a ramené l'asexualité sur le tapis quand je lui ai dit à quel point ça me déprimait d'avance d'investiguer sur mon propre plaisir et que je ne savais pas comment faire... Du coup je dirais que de ce côté je ne suis pas mal suivie :wink:.
Pour l'explication sur le désir spontané, j'ai résumé mais ce n'était pas une incitation de sa part à forcément avoir des rapports. C'est une explication du fait qu'au début de la relation de couple, la nouveauté, mais aussi les hormones jouent sur l'excitation et la sensibilité du corps. Je n'ai pas poussé les recherches mais je pense que ça peut aussi concerner les personnes asexuel·le·s.?
Dans mes relations de couples, les rapports ce sont toujours espacés jusqu'à ce que je ne veuille plus répondre aux désir de mes partenaires alors que les sentiments n'avaient pas forcément changé, et c'est la problématique avec laquelle je suis venue la voir au début. Une de ses théories était que je ne parvenais pas à déclencher mon propre désir sans cette excitation du début et cette action des hormones. Mais effectivement, tout ça partait probablement d'une idée de couple sexuel.
Je pense qu'elle était obligée de partir d'idées plus générales avant d'éliminer des possibilités pour m'aider à me comprendre, mais entre les doutes qui m'ont touchée dans mon couple, mon intérêt pour le polyamour et mon endométriose, j'ai pas mal brouillé les pistes :lol:.

J'en ai discuté avec mon copain hier. Il n'est pas complètement convaincu parce que le début de notre relation était très fusionnel au niveau sexuel, mais il l'a bien pris. Concrètement vu la fréquence ultra espacée de nos rapprochements physiques et le malaise qui subsistait parce qu'il ne savait pas quoi faire pour m'aider (et moi non plus), on est d'accord sur le fait que ce nouveau postulat ne peut que changer positivement notre relation et notre rapport au sexe. Maintenant que tout ça est dit, de mon côté je veux continuer à lui faire plaisir et ça me soulage beaucoup qu'il comprenne mieux mes réactions, qu'il ne s'attende pas à ce que je sois à l'initiative, et qu'il ne doute pas de mon amour à cause de mon manque de désir!
On verra ce que nous réserve la suite mais pour l'instant c'est positif :).
Merci pour tes encouragements Freaks!
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Re: Entre asexualité et caedsexualité !!Warning introspection/gros pavé!!

Message par Freaks »

OK, tu as l'air sur la bonne voie en effet...

J'imagine que tu as vu, mais il y a une section entière du forum consacrée aux couples A / non-A, donc tu pourrais y trouver sans doute des sujets intéressants (et des gens plus à même que moi de t'indiquer comment vivre ça).
On reconnaît la pression sociale au bruit qu'elle fait quand elle s'en va.
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