tu te voiles la face sur les millions d'histoires d'amour qui se vivent tout les jours !!!
Ce n'est pas ce que j'ai écrit. Ce que je remets en cause, c'est l'universalité du jugement énoncé plus haut. Il y a derrière un débat anthropologique et puis philosophique, et il est fort intéressant (et même au fond capital). La relation amoureuse ne va pas de soi, elle est bien entendu une construction sociale, historique, avec ses modèles, ses normes, et elles sont nécessairement interrogées et à interroger.
Il y aurait déjà beaucoup de choses à dire concernant les problèmes que posent les modèles particuliers établis par rapport à la majeure partie de la population. Mais je m'intéresse plutôt aux autres, qui, désolé de le dire, sont nombreux eux-aussi. A ceux qui ne peuvent avoir de relation amoureuse. A ceux qui ne veulent pas en avoir. A ceux que cela indiffère. A ceux pour qui avoir une telle relation serait tout sauf bénéfique. Etc.
Ce que j'aime bien dans la doxa commune, dans le parler commun, c'est qu'il est mignon. Il présente bien souvent de l'humanité une image restreinte aux individus lambda bien portants issus en fait d'une société particulière, celle du locuteur, et partageant les mêmes aspirations que lui / que le groupe majoritaire. Oui, c'est mignon. Mais aussi vague, flou, faux, inadéquat à la réalité et plus ou moins dangereux. Vous savez bien combien de problèmes la doxa pose aux asexuels. C'est la même chose partout dès qu'il y a une différence, une "anormalité" chez une personne. Et dans le cadre de l'amour aussi. Il y a des personnes pour qui ça ne marche pas. Il y a des personnes pour qui l'intimité avec quelqu'un d'autre, c'est plus ou moins possible, ça peut aller jusqu'à être toxique.
"Susciter la passion". Tiens, c'est présenté comme quelque chose de carrément positif. Hum, hum, on pourrait lister tous les philosophes que cela ferait sursauter...
Et combien d'interrogations soulèvent également les expressions "tomber amoureux", "coup de foudre" !
Et vous voyez aussi qu'à partir de l'expression
Tout le monde peut aimer et être aimé.
On arrive par certain détour à une sorte de droit universel à "être aimé", qui ne peut certainement pas s'appliquer dans la réalité dans ce sens-là d'amour. Et on peut même aller au-delà et considérer que cela donne naissance à une sorte de devoir-aimer imposé à la personne. Qu'est-ce qu'il y a au bout de tout ça d'après vous ? Des problèmes dont l'on pourrait bien se dispenser...