Renoncer à l'enfer sexuel

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Samael
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Renoncer à l'enfer sexuel

Message par Samael »

Bonjour,

Je suis un libidineux, qui a décidé de demander la castration chimique et de devenir asexuel. Non, je n’ai jamais été un prédateur sexuel, malgré une libido évaluée à 70% au-delà de la norme (des besoins impérieux me poussant à des activités sexuelles plusieurs fois par jour).

Or, la libido qui fait tant rêver des personnes qui n’en ont pas, peut être un enfer invivable. Je n’en peux plus, je vous envie, vous admire et j’entreprends une démarche longuement réfléchie, pesée, discutée avec des amis et amies.

Je tiens à expliquer, à toutes les personnes qui ne comprennent pas l’obsession sexuelle de beaucoup d’hommes, ce qu’elle est, comment elle se manifeste en nous, ce que l’on ressent physiquement et psychologiquement, qui nous rend ainsi, essayer de dissiper le mystère, dévoiler une détresse parfois bêtement cachée par des blagues niaises ou des dénis redondants. Car on ne l’explique jamais dans les cours de sexologie. Ça emmerde un peu, non?

Bon, l’influence de la testostérone, tout le monde la connaît, je n’en ferai pas le long récit des fonctions. Quelques rappels, grosso modo. Cette hormone est principalement responsable de la pulsion sexuelle. Elle est principalement créée par les testicules, un peu aussi par la prostate et les glandes surrénales; chez les femmes, les ovaires en produisent la majeure partie particulièrement durant la période d'ovulation, alors que chez l'homme cette production est constante avec de légères baisses aux 28 jours (l'homme ayant lui aussi son cycle sexuel avec les changements physiques et d'humeur que ça comporte, ce qu'on ne lui apprend pas du tout dans les cours, le laissant incapable de comprendre pourquoi deux semaines plus tôt il était un étalon et que deux semaines plus tard il a de la difficulté à euh... fonctionner. Il s'inquièterait moins si on se décidait à lui expliquer que c'est tout simplement le haut et le bas de son cycle biologique mensuel). Ce sont des moyennes; il peut exister des différences considérables entre individus d'un même sexe. Pour en donner une idée, lors d'un examen visant à comprendre d'où me venait mon épouvantable libido, j'ai topé 70% plus haut que la norme. Généralement, l’homme en a de 40 à 60% plus que la femme, d’où la différence dans la force et/ou la fréquence des pulsions (entre facteurs moins déterminants).

Ces considérations d'espèce posées, voyons-en l'impact sur l'individu. Cet impact est loin des explications psycho-somatiques des cours de sexologie élaborés par quelques courants des années 50. La testostérone, lors des périodes de hausse libidineuse, est produite avec une intensité accrue; elle est acheminée par le sang dans toutes les parties corps. Les spermatozoïdes sont fabriqués en quantité industrielle et remplissent à ras-bord les testicules et la prostate se gonfle également. Or, où tout ça va-t-il nicher? Une fois que c'est plein, ça ne disparaît pas dans l'hyperespace, et la production, elle, continue! Il se développe donc une urgence de vider le contenant de son contenu. Ça se traduit comment dans le vécu d'un homme? Eh bien voici le mystère en étapes, voilà, ce que nous ressentons, le voilà exposé, notre enfer:

Tout d'abord ça commence à chatouiller. Dans le périnée, à la base du sexe et là où les fibres du scrotum commencent à déverser les surplus dans le canal déférent. Un à deux millions de microbes qui grouillent, on dira ce qu'on voudra, mais ça se ressent physiquement!

Puis, les jours et les heures avançant, le chatouillement augmente et ça fait comme des centaines de petites aiguilles qui picotent la base du sexe; puis ces sensations se propagent et montent jusqu'au gland et là ça devient vachement impressionnant, la sensation est intenable, on ne tient plus en place.

Il se développe ensuite une espèce de chaleur mouvante dans toute la région génitale, un mouvement d’el nino qui circule le long du sexe dans un va-et-vient qui est un prélude au mouvement sexuel lui-même, en fait qui cherche à le déclencher.

Le stade obsessif va débuter pour nous débiter. Souvent inconsciemment, pendant qu'il travaille ou fait autre chose, l'homme va commencer à être porté à se gratter dans cette région. Ça devient inconfortable; il change souvent de position, il se replace constamment l'engin dans les culottes, bref ça commence à s'agiter sérieusement. L'homme commence aussi à froncer un peu les sourcils, quelque chose le dérange. Il remarque plus les femmes qui passent autour de lui et perd sa concentration. Il est moins productif. Il perd son q.i. et se met à faire des blagues ridicules à contenu sexuel, il expose maladroitement sa «fertilité». Arrive l'étape suivante.

Les liquides lubrifiants commencent à couler, il y a des pertes durant la nuit comme le jour. Pour ceux qui ont plus de testostérone dans le sang, on trempe littéralement dans notre jus et c'est très inconfortable. Faut traîner des culottes de rechange dans nos sacs

Étape suivante: ça démange! Ça ne chatouille plus, ça ne pique plus, ça démange, au plein sens du mot, tu sais, quand tu as une poussée d'urticaire ou une piqûre d'insecte sous le pied qui pique au point que tu ne peux absolument pas t'empêcher de gratter, que plus tu te retiens de gratter plus ça pique, et plus tu grattes plus ça pique aussi??? No way out. Multipliez ça par mille, en toute estimation raisonnable...

C'est souvent à cette étape que la femme remarque ce qui se passe et va dire à son compagnon, ou la mère à son adolescent: «Veux-tu bien t'enlever la main de dedans tes culottes!». Notre inconfort devient plus qu'apparent, il est alors évident. Incompris, il entraîne les moqueries ou la réprobation, ce qui est blessant.

(Ici intervient le mythe invraisemblable et hilarant de la chasteté dans les démarches spirituelles. Le moine aura beau se nouer le brochet, la nature c'est la nature et comme il ne s'est pas arraché les testicules, qu'il le veuille ou non la production de spermatozoïdes se poursuit; le sac étant plein, de la place pour loger tout ce petit monde, y en n’a que dalle! Où iraient les petits nouveaux? Que se passe-t-il alors chez celui qui par des efforts de volonté extraordinaire (et un taux de testostérone moindre que la moyenne sans quoi ce serait impossible) arrive à ne pas poser le moindre geste sexuel et repousse la masturbation à coups de fouets ou de prières? Eh bien les surplus, qui doivent et vont être éjectés de toute façon, se déversent pour une part dans la vessie, en plus d’écoulements que certains irrespectueux ont appelé «pollution nocturne», injurieusement. La vessie n'étant pas prévue pour cet usage étrange, il en découle des cas de cancers de vessie ainsi que divers autres problèmes urinaires.)

Cette parenthèse terminée, survient la dernière étape. Ça commence même à faire mal! Tout d'abord ça démange tellement que les nerfs de la région génitale sont sollicités et les érections se multiplient et durent de plus en plus longtemps. Le périnée chauffe, ça brûle. Gratter ne donne plus rien du tout, l'homme va commencer à frotter, d'où la pulsion de masturbation s'il n'a pas trouvé de partenaire.

Car tout commence à se superposer: ça pique, ça démange, ça chauffe, ça brûle, au secours... Les obligations sociales font qu'avec un pantalon, les érections sont coincées et cela augmente la sensation de poussée, comme si on avait un missile entre les jambes dont les réacteurs fonctionnent à fond et qui va nous entraîner au bout du monde. On dirait qu’il va éclater, c’est insupportable. Poussée irrésistible, on en aurait la danse de St-Guy, et parfois c'est passablement douloureux quand on garde les pantalons trop longtemps ou que l’on diffère trop la résolution de cette tension.

Plus le taux de testostérone est élevé, plus ces sensastions sont intenses, agréables et pénibles à la fois, mais surtout, incontournables, irrépressibles, je dirais même cosmiques. Nous nous sentons débordés par une puissance qui nous dépasse tellement! La vie dans ce qu'elle a de plus ancien, la force de reproduction, pousse à travers nous jusqu'à briser tout sur son passage: résistance, volonté, personnalité, éthique, morale, amour, voeu de fidlélité, tout cela va être broyé comme des allumettes sous un ouragan. Et c'est tout un ouragan. Tout ce que nous sommes, toutes nos constructions morales,m tout est soufflé et ne laisse plus de place qu’à la tempête. Qui parfois, en effet, aura commis des cataclysmes.

Pour les hommes à haut taux de libido, comme moi, cette situation-qui-rend-fou est triste et pas ingérable socialement. J'ai perdu des emplois parce que la pulsion sexuelle devient tellement puissante, ça démange à un tel point que les érections deviennent dans les hautes périodes permanentes; si on travaille debout il y a problème... Elles deviennent évidentes, nous en sommes malencontreusement inmontrables. On doit quitter le poste à tout bout de champ pour aller aux toilettes trouver un bref soulagement.

On a tellement chaud que la sueur nos coule de partout. Notre respiration est plus profonde, plus rapide et nos compagnes de travail se transforment en cibles de désir obsessionnel. Le flair recherche les phéromones émises par les femmes qui ovulent pour y précipiter nos ardeurs.

Là apparaît le plus compliqué, parfois, le plus tragique : maintenir des relations équilibrées avec nos amies qui ne nous veulent pas pour partenaire sexuel. Combien de fois ai-je dû demander à mes amies de ne pas venir me voir durant ces périodes! Parce que je ne voulais pas commencer à les tripoter partout (ce dont je n'aurais possiblement pas pu m'empêcher), alors je leur demandais de ne pas venir me visiter en leur expliquant franchement pourquoi. Ça m'a fait perdre des amies qui ne pouvaient pas comprendre, ne pouvaient pas savoir quelles étaient ces sensations qui envahissent un corps d'homme jusqu'à prendre le contrôle entier de son comportement. «T’as qu’à te retenir!» dit-on avec ignorance dans ces cas. Comme si on pouvait arrêter le vent, empêcher le soleil de brûler et la nature de pousser sa force de vie là où elle le veut! Mais, à leur défense, on ne peut comprendre un corps dans lequel on ne vit pas.Le corps de la femme est aussi inconnaissable à l’homme que celui de l’homme est inconnaissable à la femme. On ne peut, par empathie, qu’essayer de s’en donner une idée, de comprendre, de respecter ce qui en est partagé.

Et comme les refus que l'on reçoit sont proportionnels au désir que l'on ressent, le sentiment de rejet, de culpabilité, d'abandon est immense! On se sent laid, repoussant, on a l'impression que personne ne veut de nous et on se retrouve à la maison à tourner en rond en pleurant ou en rageant de frustration, ou en angoissant.

Sortir se changer les idées? Ha ha ha, très drôle… Le besoin intense, l’impression de rejet nous met en «chasse» pour trouver rapidement une partenaire sexuelle, multipliant le sentiment de rejet. Ce qui est souvent insatisfaisant si l’on n’a pas dans notre entourage une… «fuckfriend» comme disent les anglophones. Il y a longtemps, j’ai eu comme ça une amie phoque :o) , on avait une entente : masturbation contre massage. Elle me soulageait, je la dorlotais. Seule période de bonheur sexuel de mon existence, ça a duré trois ans. Perdu de vue, elle a obtenu un emploi dans une ville lointaine.

C'est effrayant, comme la force de ce besoin demande satisfaction et je peux donc comprendre la frayeur des femmes devant le désir de l'homme, nous y sommes dépassés nous-mêmes! Ça peut parfois être, en effet, assez effrayant.

Pourquoi alors se masturber ne règle-t-il pas la situation? C’est là une nouvelle étape dans le sadisme de la nature, la masturbation ne suffit pas du tout. Par un mécanisme psycho-physiologique encore peu compris, lors de la masturbation, une partie seulement des spermatozoïdes sont éjectés, alors que lors d’une relation sexuelle dans laquelle est présente – ingrédient essentiel – une composante affactive (amicale ou amoureuse), l’éjaculation est entière ou presqu’entière. Le partenariat semble donc incontournable.

Pour éviter la dépendance, une seule possibilité : l’interdépendance, d’où l’accord que j’avais autrefois avec mon amie phoque, en manque de toucher mais pas de sexualité.

Alors pourquoi, si la libido est un tel enfer, avant ce jour, ai-je refusé les anti-hormonaux? parce que 1) j’ai des douleurs chroniques du trijumeau depuis un accident, la sexualité est la seule compensation de taille que j'ai contre les douleurs terribles du trijumeau, si je perds ça il ne me reste que la douleur 2) parce que je n'ai jamais attaqué personne et que ça me fait parfois rêver.

Mais maintenant, ces deux raisons ne tiennent plus. Mon efer sexuel dépasse celui de ces deux raisons.

Une parenthèse qui me semble nécessaire; on se demande parfois si l’irrésistibilité de cette pulsion excuse les prédateurs sexuels. Absolument pas, voici pourquoi. Parce que notre raison et notre amour d'autrui, le respect que nous portons à nos semblables, doivent nous permettre d'élaborer une stratégie en conséquence. Par exemple, moi, je calcule toujours mes cycles sur mon agenda, et suis donc en mesure de savoir à l'avance quand je deviendrai «incontrôlable», quand seront mes «peaks»! Je ne vais donc pas aller placer mes rendez-vous avec des copines qui ne veulent pas de relations sexuelles, dans ces périodes! C'est, me semble-t-il, la moindre des choses. Ensuite, pour rester fidèle à la femme que j'aime, j'évite toutes les situations dangereuses; ne jamais rencontrer une femme seul à seule chez moi ou chez elle dans des périodes à risque, je les emmène plutôt au café ou au resto. Je refuse les rendez-vous où pourraient se produire des gestes regrettables. De même, se masturber, même si c’est insuffisant, quand même, reste extrêmement important, vital en fait. Sans elle, ce serait deux fois pire. Tout d'abord, bon, oui, ça soulage cosmiquement, et ça garde l'homme capable de fonctionner en société, mais aussi ça évite les trop-pleins qui mènent à poser des gestes abusifs. De plus, c'est inévitable. À la défense des mâles, les hommes ne sont pas instruits de ce qu’ils sont, on ne leur apprend pas à gérer cette force qui les dépasse, ils sont envahis et débordés par cette force contre laquelle ils ne peuvent absolument rien parce qu'ils ne la comprennent pas et sont même souvent incapables d'en décrire les sensations physiques tant on leur en a détourné l'attention. Pourtant, si moi, avec mon effroyable libido, je suis parvenu à gérer jusqu’à mes 45 ans cette force sans jamais attaquer personne, c’est que la chose est possible.

Les outils essentiels à comprendre et utiliser:
- la connaissance de soi, la compréhension de ce qui se passe dans notre corps
- les moyens de gérer les situations en fonction de notre cycle biologique
- les différences de libido entre les deux sexes et les causes physiologiques de cette différence
- avoir de l’empathie et de la compréhension pour la personne qui ne partage pas cette pulsion.

Alors j'aimerais bien, moi, qu'on enseigne ces choses aux jeunes hommes le plus tôt possible, dès la puberté, afin qu'ils ne deviennent pas des prédateurs, et qu'ils puissent se développer et s'épanouir sainement dans la société qui les a mis au monde! Enseignons-le aussi aux femmes qui enfin ne verront plus tout le temps les hommes comme des «salauds», des «pervers», et comprendront mieux le processus en cause!

Rendu à ce point de mon existence, où je ne parviens plus, depuis quatre ans, à trouver de partenaire sexuelle, vite rejeté (trop petit, trop ci, trop ça, on m’en a dit des pelletées…) la frustration, la blessure, la perte d’estime de moi-même, la dépression, l’impulsion d’en finir et de sauter le pont, toutes les souffrances physiques, affectives, psychiques, issues d’une libido qui ne trouve plus de résolution, j’ai pris la décision de demander la castration chimique.

J’ai DÉCIDÉ de devenir asexuel, quels que soient les risques du traitement.

Je n’en peux plus de l’enfer sexuel.

Ma Compagne est presqu’asexuelle. Je vais la rejoindre dans son univers. Elle me sait malheureux, elle se sent, à tort, coupable. Mais l’amour y est, profond, de longue date, alors le choix ne m’apparaît plus qu’incontournable.

J’ai découvert votre forum et je vous envie tellement, l’asexualité m’apparaît comme une délivrance, enfin la paix.

La sexualité, si elle a uni certains couples, reste le principal point de mésentente entre les deux sexes, de querelles, de blessures profondes, de détresse, de rejet, d'ironie, d'irrespect, de vulgarité. Elle conduit trop souvent au désespoir.

J’ignore si ce message aura un sens pour quelqu’un, j’espère surtout qu'il ne choquera pas trop. Ma démarche sera entreprise en janvier. J'espère être des vôtres, donc, sous peu.
À la prochaine!
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Gianni
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Message par Gianni »

Merci Samael pour ce très émouvant témoignage !


Effectivement, nous découvrons un univers tellement différent du notre !

J'espère que ta démarche sera la bonne, et que tu n'en auras pas de séquelles psychologiques ensuite. Mais ta volonté devrait être d'un bon secours, plus ton amie. (et nous !)

Je relirai attentivement ton témoignage, mais j'ai déjà deux petites questions qui se posent :

Tu parles du trijumeau... Je connais, pas personnellement, mais je sais les douleurs produites : la sexualité arrivait à compenser la douleur ? (la personne que je connais, lorsqu'elle a une crise, ne peut plus bouger)

Tu refusais les anti-hormonaux pour 2 raisons, et tu passes soudain à la vitesse supérieure... Ne pouvais-tu essayer les anti-hormonaux avant d'arriver à une solution aussi radicale ?

C'est vrai, qu'en lisant ton témoignage, on comprend le raison de cette volonté, mais, même en tant qu'A, je pense quand même aux répercussions psychologiques que l'absence de sexualité soudaine peut provoquer chez les sexuels...


Si tu es d'accord, par rapport à ce que tu dis sur l'enseignement à faire aux jeunes hommes, pourrions-nous également publier ton témoignage sur nos jouebs ? Merci

Nous sommes de tout coeur à tes côtés, en espérant que tout se passe pour le mieux, et attendons de tes nouvelles !
Le sexe, c'est la rencontre de deux corps. Le bonheur, c'est la rencontre de deux personnes. [Hervé Desbois]
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Samael
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Chaleureux merci

Message par Samael »

Bonjour Gianni,

tout d'abord, avant de répondre aux questions, un profond remerciement pour cet accueil, ça m'a touché. J'aurai sûrement besoin de ce genre de contact dans les mois qui vont suivre. Je suis dans une démarche peu fréquente et qui reflète la bizarrerie autour de moi.

En ce qui regarde vos questions sur le trijumeau, maintenant, il en existe plusieurs formes, dont la plus fréquente est due à l'inflammation de vaisseaux sanguins faisant pression sur le nerf. Je suis dans un type de cas plus rare - je suis toujours parmi les «rares»... - ; le nerf a été endommagé, ainsi que les os, lors d'un accident. Il n'y a pas de guérison, mais certains médicaments contrôlent les crises (tégrétol, élavil) dans la mesure où j'évite des éléments déclencheurs de crises (lumière vive, sons aigus, air froid, air sec, stress, néons, flashes, contacts avec le visage). C'est absolument invalidant lors des crises, dont les douleurs se comparent à celles des grands brûlés. En ce qui regarde le lien avec la sexualité, c'est une remarque «non officielle» de mon neurologue, qui me dit un jour que l'orgasme déclenche le relâchement de phéronomes et active la sérotonine, ce qui amplifie l'effet des médicaments (l'élavil régularise la sérotonine). Rien de miraculeux, l'effet dure une heure ou deux, mais certains moments, c'est fort bienvenue. Enfin, ça l'était, quand j'avais un peu d'aide d'autrui.

Pour les anti-hormonaux, j'avoue que je n'y connais strictement rien, je me fie à mon médecin et je commence à peine depuis quelques mois à me documenter sur le sujet. Ensuite, il est vrai que l'on m'a répété quelquefois de chercher d'autres moyens que de passer à une étape aussi radicale que la castration chimique. Le conseil est certes valable. Ma longue hésitation est venue du fait qu'il y avait aussi des effets redoutables à la castration chimique: risques de cancer du foie, de problèmes cardiaques, sans compter une certaine gêne - voire humiliation - due à la féminisation des traits, la perte de pilosité, la possibilité de poussée de seins... fff... fallait y penser sérieusement.

Mais je suis tombé sur un nouveau traitement, pas encore étendu, mais très prometteur, par le professeur Paul Abel, on en parle un peu d'ailleurs sur Doctissimo. Au lieu de prises orales du médicament. il a créé un «patch» dermal. Le produit passe directement au sang sans affecter les voies digestives et élimine 100% des cas de cancer du foie. De plus, on a observé une moindre féminisation des traits, une poussée plus modérée des seins tout en conservant la même efficacité. C'est ce qui a fini par me décider, en demandant à mon médecin de me trouver une façon de participer à ce programme. Un bon côté: la castration chimique élimine tous les risques de cancers de prostate, et à 45 ans, ça compense pour les autres dangers.

Ma décision n'est pas un coup de tête. Cette libido a été trente ans de torture, il est vraiment temps que je trouve la paix pour mes dernières decennies de vie.

Non seulement elle détourne l'attention de tous les autres bonheurs de la vie, mais elle corrompt mes relations avec mes amies, elle me place constamment en situation de rejet, et je me suis retrouvé, en juillet dernier, placé dans un Centre de Crises pour élans suicidaires. Ces rejets sont aussi durs à vivre que le reste, ou même pire, mais en sont une conséquence. Ça me fait me sentir comme une merde dégoûtante par le truchement du regard d'autrui et je ne veux plus de ces regards.

Pertinent point, Gianni, que les répercussions psychologiques de l'absence de sexualité soudaine chez les sexuels, j'en ai parlé avec mon intervenant, mais en bout de ligne, les répercussions psychologiques de ma libido actuelle ont fini par me mener à l'élan suicidaire, alors je ne pense pas qu'il puisse y avoir pire. Je m'attends à d'autres types de réactions difficiles, évidemment: la gêne d'être vu avec mon «nouveau» physique, la peur de sortir (je l'anticipe avec assez d'angoisse...); la réaction de mes amis et amies lorsqu'ils me verront si différent; les changements de comportement peuvent avoir un impact négatif sur mon métier d'écrivain. Je crains aussi un peu les réactions de ma Compagne. Elle a été mise au courant du fait que j'envisageais cela l'été dernier. Je lui ai promis de ne pas prendre de décision précipitée, enfin pas avant janvier. Même si ma décision est prise, je lui ai accordé ce temps, espérant qu'elle s'habitue à l'idée. Ce ne sera pas facile quand j'aurai à lui dire après Noël, que son copain sera dorénavant eunnuque... Elle s'est même dite prête à me partager avec des maîtresses si tel est mon besoin, alors imaginez l'amplitude de son amour! J'ai tâté le terrain de ce côté (sans jeu de mots); non seulement je ne faisais face qu'à du rejet, mais en plus, je me sentais mal, avec l'impression de faire du mal à ma Compagne. Alors, oui, je sais les difficultés qui m'attendent encore.

Bref, je ne m'attends pas à une partie de plaisir. Il n'y a pas devant moi d'avenue facile et miraculeuse. Et combattre notre propre nature n'est jamais sans conséquence. De plus, il y a toujours des imprévus.

Mais j'entretiens l'espoir qu'une fois cette passe difficile traversée (ce ne sera pas la première), j'aurai enfin atteint la paix. Plus de crachat au visage, plus de «gros porc» à encaisser dans le coeur, libéré des haines de ce que j'ai été jusqu'ici. La discrimination envers les hypersexués est invivable, on se flinguerait. Le vacarme de ce cocktail d'hormones et d'émotions qui me hantent et m'abiment est en train de me rendre dingue. Je suis totalement épuisé, vidé émotionnellement de je ne sais plus combien de peines d'amour, de jets d'injures, de dépression, de sexualité à ne plus savoir où caser, crevé, quoi. Je veux faire partie du clan de ceux qui ignorent la pulsion sexuelle. Que cette chose qui me vaut la haine du monde me devienne enfin étrangère. Alors je risque, je mise et j'attends de voir où la roulette m'amènera.

J'ignore encore ce que sont les jouebs, mais bien sûr, Gianni, mon témoignage n'est pas un secret et servez-vous en votre guise, si ça peut aider quelqu'un, tant mieux.

J'aimerais aussi poser des questions, mais je ne sais pas si je vais paraître idiot ou déplacé. Je tente le coup, et je m'excuse sincèrement si je dis des bêtises, ce n'est que de l'ignorance; l'hypersexuel et l'asexuel souvent si étrangers les uns aux autres, j'aimerais moi aussi être moins ignorant:

- l'asexuel peut-il ressentir la passion créatrice, l'intensité débordante? Cette fièvre folle qui nous fait produire des oeuvres surdimensionnées. J'en ai besoin dans mon métier et je crains d'être un peu «éteint» après ma démarche. Ressent-on encore intensément la vie? Certes, le patch est réversible; si je renonce au traitement, je reviendrai progressivement à mon état actuel. Mais j'aimerais ne pas avoir à revenir en arrière.
- l'asexuel peut-il quand même vivre une vie amoureuse nourrissante?
- l'asexuel a-t-il «besoin» d'amour, ou l'amour est-il plutôt un «plus» dans son existence sans lui être nécessaire?
- l'asexuel est-il victime d'autant de hargne sociale que l'hypersexuel (car si c'est le cas, ma démarche est en partie vaine)?

Je sais, je suis un peu bête, mais je ne suis pas dans un corps d'asexuel, pas encore, et je ne sais pas du tout quel genre de vie m'attend, de l'autre côté de l'univers.

Sur ce, merci encore Gianni, et à bientôt!
Samael (André)
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cyclodocus
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Message par cyclodocus »

- l'asexuel peut-il ressentir la passion créatrice, l'intensité débordante? Cette fièvre folle qui nous fait produire des oeuvres surdimensionnées. J'en ai besoin dans mon métier et je crains d'être un peu «éteint» après ma démarche.
la créativité n'est pas d'origine sexuelle.
elle est pour beaucoup cérébrale
sans quoi nombreux(ses) ici sont ceux(celles) qui seraient d'énormes bourrins ! :P
Ressent-on encore intensément la vie? Certes, le patch est réversible; si je renonce au traitement, je reviendrai progressivement à mon état actuel. Mais j'aimerais ne pas avoir à revenir en arrière.
bien sûr
je dirais même plus car une fois qu'on sait quel est "le problème" vis à vis de la majorité, on arrive à faire en sorte de le dépasser et se sentant normal et les autres anormaux (car obsédés, ça te parait paradoxal à toi qui est hyper, mais pour un A, un S est hyper !)
- l'asexuel peut-il quand même vivre une vie amoureuse nourrissante?
bien sûr, et c'est là que c'est difficile, car il faut trouver u(e) A, ou un(e) S tolérant(e)., mais apparamment tu es pourvu
- l'asexuel a-t-il «besoin» d'amour, ou l'amour est-il plutôt un «plus» dans son existence sans lui être nécessaire?
TOUT le monde a besoin d'Amour, l'A plus que les autres car la copulation ne l'intéressant pas il lui faut une autre proximité avec autrui.
- l'asexuel est-il victime d'autant de hargne sociale que l'hypersexuel (car si c'est le cas, ma démarche est en partie vaine)?


oui, mais avantage par rapport à toi, si on est A, ça ne se voit pas nécessairement, et on peut toujours désamorcer en sortant la tirade sur l'attente du prince (de la princesse) charmant(e), ou en disant que ce sont ceux qui parlent le plus de sexe qui en font le moins, ou en invoquant une maladie (bizarrement, les gens te respectent quand tu invoques une maladie, alors qu'ils n'ont qu'incompréhension quand tu dis qu'être A est naturel.
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Tivi
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Message par Tivi »

l'asexuel peut-il ressentir la passion créatrice, l'intensité débordante? Cette fièvre folle qui nous fait produire des oeuvres surdimensionnées. J'en ai besoin dans mon métier et je crains d'être un peu «éteint» après ma démarche. Ressent-on encore intensément la vie?
Je pense pouvoir te rassurer sur ce point.
Je suis asexuel sans aucun doute et j'ai l'habitude de m'exprimer un peu par l'écriture et beaucoup par la peinture. Je n'ai aucun problème de création, le ressenti et les pulsions de créations sont au rendez-vous, je n'ai jamais manqué d'inspiration. Il suffit de ne pas laisser ton psychisme se perturber.
Il ne faut pas non plus confondre sexuel et sensuel.
En n'étant plus obsédé par tes pulsions sexuelles qui visiblement te " bouffe" la vie, tu vas redécouvrir les autres plaisirs de la vie qui ne manquerons pas de t'inspirer. ( Un peu comme un exfumeur qui redécouvre les saveurs qu'il avait oublié.)
Et au pire :D même si tu écris du porno, cela ne t'empêchera de créer.
Je suis capable d'écrire une scéance torride au lit qui ferait réagir plus d'un sexuel sans en avoir du tout envie pour moi. :wink:
Que cela n'influe donc pas ta décision.
Pense d'abord à ton confort de vie.

Avec toute ma sympathie.
Tivi




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esther
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fort !

Message par esther »

Bonjour Samael,

Je viens de te lire et ton témoignage est trés touchant et intéressant. J'ai appris beaucoup de choses que je ne savais pas. Je suis journaliste et je prépare un documentaire sur l'asexualité. Je vais essayer de montrer que l'on peut être asexuel et heureux et que c'est une identité sexuelle comme une autre. Jusque là, je n'ai rencontré personne qui a décidé de devenir asexuel de façon médicale.
Personnellement, je pense que tu devrais essayer d'abord des solutions moins radicales.
Je recherche des témoignages pour mon documentaire. Vu la manière dont tu t'exprimes par écrit, j'imagines que tu dois trés bien parler. Si cela t'intéresse de partager ton expérience, n'hésites pas à me contacter pour que l'on puisse se parler au téléphone. Si tu préfères témoigner de manière anonyme, c'est possible aussi mais bien sûr moins souhaitable car mons fort.
A bientôt et merci pour ton éclairage
Esther
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Samael
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Merci

Message par Samael »

Merci, Cyclodocus, Tivi, vos réponses sont rassurantes et éclairantes.

Vous êtes très gentils d'avoir pris le temps.

En fait, les autres plaisirs de la vie, je les ressens, mais «ça» me laisse peu de temps pour eux; alors enfin, ils ne me conduiront plus toujours à ce même fichu endroit. Je pourrai être moins ingrat envers eux. :)

Je ne pense pas non plus la créativité d'origine sexuelle, mais je me demandais seulement si les deux éléments provenaient de la même source. La sexualité est peut-être une manifestation de la force de vie, mais elle est loin d'avoir le monopole. Au fond, la force de vie a bien des routes, des aspects, des possibilités. Quand l'un de ces aspects est trop fort, on croit à tort qu'il en est la principale manifestation.

Oui, le coup d'invoquer une maladie, j'ai dû le faire aussi. C'est curieux comme parfois ça désamorce des tensions. «Je ne suis pas moi, rassure-toi, je suis juste malade», ça s'avale mieux. Les gays sont aussi aux prises avec cette difficulté sociale. Chaque fois qu'on ne correspond pas aux normes, quoi.

Peut-être devrais-je aussi démarrer une association pour éliminer les préjugés sur les hypersexués et faire un groupe de support. Mais si je ne suis plus hypersexué il y a paradoxe et non plus paradigme. :roll:

Merci encore, c'était sympa de répondre à mes questions.
Samael (André)
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témoignage

Message par Samael »

Bonjour Esther,

j'apprécie cette empathie, ça fait vraiment doux au coeur et ce n'est pas arrivé souvent. Merci.

Pour ce qui est du témoignage, j'habite au Québec. Ça fait une grosse facture d'interurbain. S'il y a un autre moyen...

Je m'exprime plus difficilement oralement. Timidité...

Vous pouvez m'écrire, pour qu'on étudie les possibilités:
lettres_essences@hotmail.com

Merci et à bientôt peut-être, Esther.
Samael
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Petit ajout

Message par Samael »

Rebonjour,

j'oubliais; non, la sensualité n'a jamais été exclue de ma vie pour autant. Elle m'est importante. Et comme ma Compagne est presqu'asexuelle, elle joue un rôle majeur dans l'expression de notre amour. Alors je pense bien que cette sensualité restera, mais libérée du joug d'aboutir toujours à la même fin.

Une histoire qui finit tout le temps de la même façon, ça peut devenir ennuyant. :shock:

À la prochaine, merci encore!
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Message par Gianni »

Bonjour André
Samael a écrit : tout d'abord un profond remerciement pour cet accueil, ça m'a touché. J'aurai sûrement besoin de ce genre de contact dans les mois qui vont suivre. Je suis dans une démarche peu fréquente et qui reflète la bizarrerie autour de moi.
Il n’y a pas de quoi ! Je pense que nous serons tous à tes côtés dans les prochains mois ! Certes, c’est aussi quelque chose de nouveau pour nous, mais nous t’aiderons de notre mieux !
Samael a écrit : J'ignore encore ce que sont les jouebs, mais bien sûr, Gianni, mon témoignage n'est pas un secret et servez-vous en votre guise, si ça peut aider quelqu'un, tant mieux.
Joueb = blog

J’ajouterai ton témoignage dans le mien.
Samael a écrit : J'aimerais aussi poser des questions, mais je ne sais pas si je vais paraître idiot ou déplacé. Je tente le coup, et je m'excuse sincèrement si je dis des bêtises, ce n'est que de l'ignorance; l'hypersexuel et l'asexuel souvent si étrangers les uns aux autres, j'aimerais moi aussi être moins ignorant:
Nous sommes ici pour répondre aux questions, et les tiennes ne sont pas déplacées ni idiotes !
Samael a écrit : l'asexuel peut-il ressentir la passion créatrice, l'intensité débordante? Cette fièvre folle qui nous fait produire des oeuvres surdimensionnées. J'en ai besoin dans mon métier et je crains d'être un peu «éteint» après ma démarche. Ressent-on encore intensément la vie? Certes, le patch est réversible; si je renonce au traitement, je reviendrai progressivement à mon état actuel. Mais j'aimerais ne pas avoir à revenir en arrière.
Comme cela a été dit précédemment, pas de soucis à te faire de ce côté là. Certes, il y aura la différence que ton asexualité va être provoquée, et que l’absence de sexe risque de jouer un rôle important également. Là-dessus, impossible pour nous de pouvoir te répondre !

Pour la créativité, tu as un topic sur le sujet : http://asexuality.org/fr/viewtopic.php?t=728

Pour ma part, je suis créatif dans de nombreux domaines, avec un imagination débordante (n’est-ce pas, Jullianna ?)

Comme tout le monde, j’ai des périodes de Blues, mais dans l’ensemble, j’aime la vie passionnément !

Si tu arrives à « gérer » le changement au niveau sexuel, tu devrais continuer à être le même sur tous les autres aspects de la vie !
Samael a écrit : l'asexuel peut-il quand même vivre une vie amoureuse nourrissante?
Sans aucun doute ! Regarde ma signature ! Et quelque part, l’asexuel peut être plus certain de ses sentiments, pas de confusion entre « désir et amour »
Samael a écrit : l'asexuel a-t-il «besoin» d'amour, ou l'amour est-il plutôt un «plus» dans son existence sans lui être nécessaire?
Comme pour les sexuels : certains ont besoin d’amour, d’autres non.

La seule différence est de trouver la personne qui nous accepte en tant que A. Mais comme le dit Cyclodocus, tu as déjà quelqu’un !
Samael a écrit : l'asexuel est-il victime d'autant de hargne sociale que l'hypersexuel (car si c'est le cas, ma démarche est en partie vaine)?
Je pense qu’elle est beaucoup moindre. Un peu de hargne de la part de certains (peut-être plus de la part de ce qui voudraient mais ne peuvent pas), plus d’ironie, beaucoup d’incrédulité…
Mais comme tu es en couple, les gens ont vite fait de tirer des conclusions…
Avec l’avantage d’un passé sexuel actif, tu peux parler également très facilement du sujet, du plaisir…
Samael a écrit : Je sais, je suis un peu bête, mais je ne suis pas dans un corps d'asexuel, pas encore, et je ne sais pas du tout quel genre de vie m'attend, de l'autre côté de l'univers.
Tu n’es pas bête du tout ! Comme tu le dis, ce sont deux mondes totalement opposés !

Mais, une fois encore, il y a encore une différence par le fait que ton asexualité ne sera pas naturelle, et là, pour l’instant, nous n’avons pas eu la moindre information !

Certes, ta démarche étant volontaire, assistée médicalement, les répercussions seront probablement moindres que si tu devenais impuissant accidentellement…
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Merci

Message par Samael »

Bonsoir/Bonjour Gianni,

merci beaucoup pour cette réponse claire, humaine et compréhensive. Ça m'aide.

Les humains ont tendance à s'affronter ou à se trouver très différents les uns des autres parce qu'il y a fixation sur les différences; nous avons tellement plus en commun qu'il n'appert! Si le respect y est, le reste suit.

Je ne veux pas surcharger de texte et de messages votre domaine, n'étant «pas encore» asexuel je craindrais de faire figure d'envahisseur et on finira par me demander ce que je fiche ici, mais je vous tiendrai certes au courant de ma démarche quand ça avancera et je me sens moins gêné maintenant de poser des questions. Je resterai discret et respectueux.

Mon vieil ami d'enfance essaie de me mélanger, là. À son avis, ma blague sur une éventuelle association de support moral et d'entraide pour hypersexués non-criminalisés ne lui apparaît pas si impensable. Je me fais dire même qu'un tel regroupement pourrait me placer en position de contre-attaque et me redonner de l'énergie, le goût de m'accepter comme je suis et de vivre avec.

Bon, là où j'en suis je ne sais pas, je suis justement vidé et une telle oeuvre demande passablement d'efforts, de patience et de détermination. L'autre option m'apparaît encore préférable. Mais je me dois d'accorder un peu de réflexion à son avis. Ça me permettrait de rencontrer des gens comme moi et de nous entraider. Enfin... sais pas. La tête me tourne, là.

Au fond, si éventuellement, toutes les victimes de préjugés sexuels pouvaient unir leurs forces (gays, lesbiennes, asexués, hypersexués, narcisses, euh... y en a d'autres??), on deviendrait vite une majorité. Celle de la grande variété des formes de vie. Faire comprendre que le dissemblable n'équivaut pas à dysfonctionnalité, ni à anormalité.

Je relaisse mon courriel, s'il y a lieu de jaser je serai dispo!
lettres_essences@hotmail.com

Merci encore pour tout, je me sens mieux pourvu qu'avant de découvrir votre forum et ma réflexion s'en trouve enrichie, mieux documenté.
À la prochaine!
Samael (André)
PS: Esther, je réponds à votre courriel dès ce soir.
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Re: Merci

Message par Gianni »

Samael a écrit : Je ne veux pas surcharger de texte et de messages votre domaine, n'étant «pas encore» asexuel je craindrais de faire figure d'envahisseur et on finira par me demander ce que je fiche ici, mais je vous tiendrai certes au courant de ma démarche quand ça avancera et je me sens moins gêné maintenant de poser des questions. Je resterai discret et respectueux.
Reviens quand tu veux ! Quelques sexuels viennent parfois donner leurs avis. Tant que c'est respectueux, pas de la vantardise, ce n'est pas un problème !

Et vue ta démarche, tes visites sont aussi à but de compréhensions ! Alors, n'hésites pas !
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Re: Merci

Message par Gianni »

Samael a écrit : Peut-être devrais-je aussi démarrer une association pour éliminer les préjugés sur les hypersexués et faire un groupe de support. Mais si je ne suis plus hypersexué il y a paradoxe et non plus paradigme. :roll:
C'est une excellente idée !

Regarde notre exemple : nous vivions tous notre asexualité, seuls dans nos coins, persuadés, pour beaucoup, d'être seuls au monde... Et soudain... AVEN !!!!

Nous pouvons nous aider les uns les autres, nous donner des idées, du support, et ne plus se sentir si solitaires !

Si tu n'es plus hypersexué, tu seras l'exemple pour les autres ! Ils sauront que l'on peut s'en sortir, et les questions que tu poses aujoud'hui, auront des réponses : ainsi, ils auront l'avis d'un A-ex-Hypersexué ! Ce sera plus clair d'avoir tes réponses que les notres...
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Message par Tivi »

Peut-être devrais-je aussi démarrer une association pour éliminer les préjugés sur les hypersexués et faire un groupe de support. Mais si je ne suis plus hypersexué il y a paradoxe et non plus paradigme.


Je trouve que c'est une bonne idée.
Il n'y a pas vraiment paradoxe. Exemple : Les alcooliques anonymes sont d'anciens buveurs et ça ne les empêchent pas de faire des scéances d'infos et d'épauler efficacement celui qui est en difficulté.
Seul celui qui a souffert, sait vraiment ce qu'est la souffrance.

[/quote]
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Message par Tivi »

Esther à écrit
Je suis journaliste et je prépare un documentaire sur l'asexualité
J'en suis ravie.
On ne parle pas assez de l'asexualité. Depuis les années que je suis comme ça ( sans y mettre un nom) je n'avais jamais rien vu ni rien entendu sur le sujet. Il a fallu un cours article dans mon magazine la semaine dernière pour que je me lance dans des recherches sur internet. ( c'est comme ça que j'ai débarquée ici).
Je suis pratiquement certaine que l'on est plus nombreux qu'on ne le pense à être concerné par le sujet, mais cela passe inaperçu pour l'instant.
J'espère avoir l'occasion de voir ce documentaire lorqu'il sera réalisé.

Amitiés
Tivi
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