Je n'ai pas vu la vidéo donc ce que je vais dire sera a prendre avec des pincettes, mais j'ai une opinion nuancée là dessus (j'ai plutôt l'habitude d'en voir passer donc je me doute de ce que ça dit) :
D'une part, il y a des personnes qui sont sur les réseaux sociaux qui vont faire du contenu pédagogique/rigolo, voir même "romantiser" leur maladie mentale a des fin de sensibilisation ou d'humour léger (ou même pour eux même, ça peut leur faire du bien).
D'une autre part, même si je ne traine pas dessus, je sais que Tiktok a accéléré massivement ce qui s'appelle des "trends", soit des modes hyper rapides.
Si on applique ça à ce sujet là, ça peut en effet vite dégénérer avec des personnes qui vont mimer des maladies mentales (peut être après avoir vu une vidéo de quelqu'un qui essayait d'en parler positivement, parce qu'il y a un mouvement de déstigmastisation de la part des personnes malades qu'on ne peut pas blâmer), s'autodiagnostiquer sans la moindre connaissance sur le sujet, et enfin, pour avoir l'impression d'appartenir à une communauté. Souvent ce sont des jeunes qui ont ce besoin là.
Le principe de "trend" n'est pas nouveau, déjà à l'époque avec Tumblr et l'explosion des blogs sur internet, c'était l'anorexie, la dépression et l'anxiété qui étaient glamourisées à outrance.
Pour en revenir sur la question de l'autodiag, ça provoque beaucoup de crispations. Ces personnes qui s'autodiagnostiquent sans connaître le sujet peuvent en énerver plus d'un.e, par exemple si elles le font seulement après avoir vu un Tiktok, ou un article/post.
Les maladies, quelles qu'elles soient, ne sont pas des modes, des "trends" ou des choses à prendre à la légère, personnellement j'irai jamais m'énerver contre un gamin de 12 ans qui cherche qui il est, mais c'est important qu'ils sachent que c'est pas juste des dénominations pour paraître cool, mais que derrière il y a vraiment de la souffrance et un long parcours. On ne se fait pas mousser sur ça. Sans compter qu'une fois que la mode sera finie, ah ben tout d'un coup, les symptômes disparaîtrons comme par hasard
Mais d'un autre côté, les communautés handicapées en ligne (dont moi) s'élèvent contre cette traque milimétrée envers les personnes qui font semblant. Si parfois, quelqu'un qui fake une maladie ou un trouble, c'est flagrant et blessant, d'autres fois on ne peut pas savoir ; on peut parler du cas de Jameela Jamil qui s'est fait massivement harceler parce qu'elle a dit avoir le syndrome d'ehlers-danlos, pour des détails stupides, alors que ce qu'elle décrivait était crédible. Idem pour toutes ces personnes autistes (etc, etc...) qui se font harceler juste parce qu'elles ne montrent pas tout le tableau clinique auquel les gens s'attendent, ou ont des formes trop atténuées, "qui ne se voient pas", ou alors "qui se voient trop, alors iel doit mentir".
Je pense qu'il faut juste avoir de l'esprit critique et savoir faire la part des choses, mais parfois ça va trop loin avec un harcèlement injuste envers des jeunes qui se retrouvent dans des compilations, alors que si ça se trouve, iels ne mentaient même pas pour certains d'entre eux.
Sur l'auto-diagnostique également, parfois, on ne connait pas la vie des gens : ils peuvent être en errance médicale et donc en avoir marre,et s'autodiag (je pense que c'est assez légitime quand tu souffres sur une base significative et que t'as étudié le sujet en profondeur). Ils peuvent aussi le faire par manque de moyens, ça prends du temps, ça coûte cher, tout le monde ne peut pas se le permettre. Balayer le droit à l'autodiagnostique des gens, c'est ne pas prendre en considération le classisme et même le validisme que ça peut impliquer.
Enfin bref, pour résumer, y'a d'un côté des jeunes qui s'autodiag et/ou font semblant parce que ça fait partie d'une mode ultra-rapide du moment, et d'un autre, il y en a qui ne mentent pas et/où sont de bonne foi mais qui finissent par trinquer pour les autres.
J'essaie de rester éloignæ de tout ça, mais je pense qu'expliquer et faire de la pédagogie de manière claire, que ce soit sur les maladies mentales ou sur les orientations sexuelles reste ce qu'il y a de mieux à faire. C'est pas en les attaquant agressivement qu'ils vont comprendre, je me dis qu'en grandissant et en lisant sur le sujet, ils vont finir par comprendre que tout ne relève pas de la mode, du truc tendance du moment à brandir dans tous les sens pour se faire remarquer, et que si il s'avère qu'ils le sont réellement, qu'ils aient le sens de la communication.
C'est le problème de la déstigmatisation quand elle est faite à l'aide de formats aussi rapides qui ne laissent pas la place au détail, ça rends le truc (trop) cool, et hop ben après on va pas se renseigner et ça donne des phénomènes comme ça.