Questionnement

Vous voulez parler -ou entendre parler de l'asexualité ? Faites-nous part de ce qui vous passe par la tête, comment vous ressentez votre asexualité, votre relation aux autres, comment tout ceci influence votre vie.
Répondre
babar67
Néophyte
Messages : 1
Inscription : 23 févr. 2023, 20:53
A aimé : 0
A été aimé : 0

Questionnement

Message par babar67 »

Bonjour à tous.tes

Tout d'abord merci pour toutes ces lectures très enrichissantes !

Je découvre récemment l'existence de l'asexualité et de tout ce qui gravite autour, et ayant du mal à trouver une réponse à mes questions, je me permet de vider mon sac afin d'avoir vos avis (même si je suis bien conscient que seul moi-même pourra trouver la réponse).
Je fais cette démarche également par envie de vider mon sac, tout simplement, car certaines choses que je vais vous dire auraient peut être plus leur place chez un psy, mais je n'arrive pas y aller et ne fais que fuir cette confrontation, donc je me rabat ici en n'espérant bien entendu pas une psychanalyse mais éventuellement un petit message de soutien ou des avis divers et variés, ou bien rien ça me va aussi au moins j'aurais dit ce que j'ai à dire :) ).

Si l'un.e d'entre vous connait un.e psy sur Toulouse connaissant le spectre de l'asexualité, je suis preneur..

Je me suis longtemps considéré comme homme hétérosexuel, mais ayant eu très peu de relations (sexuelles comme romantique) et étant toujours dans l'impasse à mes 30 ans actuels, je me pose des questions.

Je me suis d'abord posé la question de l'homosexualité (à l'époque je ne connaissait pas l'existence de l'asexualité), mais j'ai été très vite convaincu que ce n'était pas pour moi (le porno gay ne m'attire pas, je n'ai jamais eu de relation sexuelle avec un autre homme car je n'en ai jamais eu envie pour l'instant).

Je sais que je suis attiré par les femmes, au moins sur le plan romantique, et je suis souvent attiré par les femmes que je sait attirées par moi (tendance récipro-romantique ? mais pas absolu).
Hors, j'ai tendance à fuir toute occasion de passer à l'acte, même romantique, car je le lie en permanence à l'acte sexuel, j'angoisse à l'idée que la personne en face de moi ai des arrières-pensées sexuelles et attend autre chose de moi que de la tendresse, surtout dans un monde aussi sexualisé, libéralisé et tinderisé.

Concernant l'acte sexuel, je dois dire que je n'arrive pas trop à savoir si c'est une vrai volonté de ne pas m'y lancer suite à un désintérêt pour la chose ou bien quelque chose lié à une angoisse de la performance, car les rares fois où j'ai franchi le cap (honnêtement plus par manque d'affection et soucis de « rentrer dans la norme » que par désir sexuel pour l'autre) je n'ai eu aucune érection. A chaque fois (sauf avec mon ex, voir plus bas), c'était à base de long baisers et tendresse (ce qui n'était pas pour me déplaire), préliminaires, mais aucune pénétration, et souvent ma partenaire me l'a reproché, ce qui ne m'a pas du tout aidé à me mettre en confiance et a plutôt entrainé un repli sur moi-même.

Concrètement, ce que je ressent lors des différentes phases possibles durant l'acte  :
- la nudité : c'est beau mais ça ne me donne pas spécialement d'arrières-pensées, ça ne m'excite pas
- les caresses, les baisers, les calîns etc : j'adore, c'est ça que je cherche avant tout
- la pénétration vaginale : ça fait dix ans que ça ne m'est pas arrivé (depuis mon ex, seule personne avec qui j'étais amoureux ET en couple), à l'époque j'aimais bien je crois mais aussi parce que ça procurait du plaisir à ma partenaire
- la pénétration anale : jamais essayé mais j'ai vraiment pas envie, ça me dégoûte
- le cunnilingus et la masturbation de ma partenaire : ça ne procure pas d'autre plaisir que celui de ma partenaire, en revanche je peux vraiment l'apprécier par « empathie »
- la masturbation par ma partenaire : bof, je préfère le faire moi-même, ça va plus vite haha
- la fellation : j'ai juste l'impression que ca me chatouille le zboub, EN REVANCHE gros fantasme pour la chose devenu une obsession de plus en plus hardcore avec le temps (tendance aegosexuel?), je m'explique :
- ado, découverte du porno, je tombe dedans (beaucoup trop) et me met assez vite à ne regarder que des vidéos de fellation (pour le coup, gros désintérêt des vidéos montrant des scènes de pénétration ou de nudité),
- adulte, je continue le porno, et comme tout bon gros addict, je me met à regarder des trucs de plus en plus trash, toujours sur ce fantasme de la fellation qui se transforme en obsession de la pratique de la gorge profonde..

Et punaise, je peux vous dire que c'est vraiment quelque chose en quoi j'ai HONTE moralement, ayant des convictions plutôt féministes, et associant cette pratique à une certaine image dégradatrice de la femme (qui peut être ok dans le cadre d'une pratique bdsm un peu marginale SI consentement, mais qui n'est pas du tout ok dans le cadre d'une main mise de l'industrie pornographique sur l'éducation et les pratiques sexuelles).

Mais bon, malgré mes convictions et malgré ma honte, c'est plus fort que moi de fantasmer la-dessus, c'est de l'ordre de la pulsion et non de la raison, et même si j'essaye de limiter maintenant car j'ai conscience d'avoir été complètement mind-fucké par l'industrie du porno, c'est compliqué et je replonge régulièrement (en revanche je suis quand même passé d'une masturbation + porno gorge profonde chaque soir pour m'aider à dormir à une fréquence une fois tous les quinze jours environs, ça me donne espoir de m'en sortir !)
Bon vous l'avez compris, ce truc là c'est vraiment mon kink, et j'ai vraiment du mal à savoir si c'est de l'ordre du fantasme ou de l'attirance sexuelle.

Ce qui me fait dire que c'est de l'ordre du fantasme c'est que j'ai essayé, dans l'idée d'assouvir ce fantasme, de m'intéresser à l'univers bdsm (en ligne) sur le site de rencontre fetlife, mais que j'ai été bloqué à l'idée de rencontrer IRL des gens à cause de toutes les autres pratiques bdsm qui ne m'attirent vraiment pas (y compris les pratiques asexuelles d'ailleurs). J'ai l'impression que c'est plus un truc de voyeurisme (parce que pour revenir à la fellation plus classique, j'ai longtemps bloqué dessus en regardant du porn alors que lorsque j'eu l'occasion d'essayer IRL ça ne m'a procuré aucun plaisir sinon des guilis). Enfaite je crois que ce qui m'attire dans la gorge profonde c'est le don de soi presque absolu qu'offre la personne active pour le simple plaisir de la personne passive (parce qu'on va pas se mentir, ça m'étonnerait qu'être actif procure du plaisir autre que celui du partenaire, j'ai essayé à plusieurs reprises avec un godmichet, dans une période de questionnement sur une potentielle homosexualité refoulée, et je peux vous dire que je n'ai éprouvé aucun plaisir!).

Ce qui me fait dire que c'est une forme d'attirance sexuelle c'est qu'une fois, lors d'un rapport sexuel où je ne réussissais pas à bander, ma partenaire s’adonna à une fellation profonde qui me fît instantanément éjaculer malgré l’absence d’érection. Et qu'également, si j'avais une autre occasion de pouvoir avoir une gorge profonde, je la saisirais mais seulement si il n'y avait aucune demande en retour (pas de pénétration, pur « don de soi », un peu l'inverse de ce qui définit le mot placiosexuel en somme ?).

En dehors de mon côté dépravé pervers kincky chelou, je peux vous assurer que je suis un gros bisounours dans la vie, qui n'aspire qu'à tomber amoureux et à combler de bonheur l'élue de mon cœur.
Mais c'est très compliqué pour moi d'avoir ces deux facettes, d'où mon besoin d'en parler.

Mon expérience avec mon ex QUI PEUT EXPLIQUER BCP DE CHOSES MAIS PAS QUE : ma première et seule relation longue (ça a duré 3 ans) avec une fille très toxique qui avait déjà beaucoup d'expériences sexuelles (ancienne libertine) et une très forte libido. C'est elle qui m'a dépucelé à 18 ans, et déjà à l'époque j'avais eu quelques problèmes d'érections (cette fois lié à la chlamydia), elle m'en avait beaucoup voulu au début (avant d'apprendre que j'avais chopé l'IST). Elle en demandait beaucoup sur le plan sexuel mais au début ça m'allait et je découvrais le sexe régulier, elle n'aimait cependant pas me faire de fellation, alors qu'elle savait que c'était mon fantasme, elle n'aimait pas non plus les cunnilingus et autre préliminaires, tout ce qui l'intéressait c'était la pénétration. Au fur et à mesure de notre relation, nos rapports sexuels s’espaçaient (ce qui n'était pas pour me déplaire) et elle a finit par me tromper régulièrement avec un amant durant les trois derniers mois, chose que je découvrit en regardant son historique (je sais c'est mal, mais j'étais jeune, j'avais des doutes et je cherchait une preuve). Quel ne fût pas ma surprise lorsque je découvrit dans son historique des recherches sur les différentes manières de pratiquer la gorge profonde (pour son amant)..
Bon à part ça, elle était bipolaire sans le savoir à l'époque (et donc sans se soigner), avec des tendances auto-destructrices, suicidaires, et un côté pervers narcissique, bref la grosse joie. Et moi j'étais un gros naïf qui faisait tous les compromis du monde afin de ne pas perdre l'être cher.
Autant dire que ça m'a bien vacciné de toute relation sentimentale pendant un moment. Ce n'est que récemment que j'appris sa bipolarité ce qui expliqua beaucoup de choses et m'aida énormément à déculpabiliser sur les choses qu'elle pouvait me reprocher violemment lors de ses crises.

Je précise qu'après la relation avec cette ex, j'eu trois tentatives de relations  : une relation d'amour platonique sans aucune attirance ni rapport sexuel qui a duré un mois, une relation de quelques jours où j'étais émotionnellement engagé et où l'on essayait d'avoir des rapports sans succès, et une relation de quelques jours où je tenta pour la première fois, en me forçant un peu, le « coup d'un soir » sans sentiments mais sans érections non plus ^^, du gâchis.

Je ne me suis jamais reconnu dans mes potes (hommes comme femmes) qui draguaient à tout bout de champs, parlaient de cul tout le temps et n'avaient l'air de ne penser qu'à ça (alors qu'il y avait tellement plus de choses interessantes à se raconter selon moi). Malgré mon athéisme, j'ai souvent envié les cultures religieuses où le rapport à l'Amour avait l'air plus sincère et moins « corrompu » par l'aspect charnel et sexuel (même si la dimension morale de la religion me dérange profondément, et qu'en plus, ce n'est pas vrai). J'ai toujours eu un faible pour la grande romance avant tout et j'ai toujours eu l'impression d'être incompris par les gens de ma génération ultra open sur le plan sexuel.

Je dois dire qu'à la découverte du spectre de l'asexualité, ça a été une sorte de révélation et je me suis reconnu sincèrement dans plusieurs termes (que je vais vous lister ci-dessous). Cependant j'aurais besoin de vos conseils suite à mon témoignage car, sans vouloir m'identifier à tout pris dans tel ou tel case dans une sorte de recherche identitaire, je me suis quand même sentit un peu faisant partie d'une communauté ce qui m'a énormément soulagé. Mais avant de faire un quelconque coming-out j'aimerais en être sûr car j'aurais trop peur que mes affects et mon vécu ne m'aient joué des tours et aient créés des biais cognitif, parce que se sentir moins seul ça rassure, et que faire partie d'une minorité ça peut aussi permettre de se positionner plus facilement en victime et de moins prendre ses responsabilités.

Les termes qui me parlent :

Aegosexuel·le/Autochorissexuel·le : Une personne qui apprécie des choses telles que la pornographie ou l’érotisme mais ne se visualise pas comme faisant partie de la situation et ne désire pas en faire partie.
Apressexuel·le : Une personne qui ne ressent de l’attirance sexuelle qu’une fois qu’une autre forme d’attirance (romantique, platonique, sensuelle…) a été ressentie. L’attirance originale peut ou peut ne pas s’effacer/être remplacée par la nouvelle attirance.
Demisexuel·le : Une personne qui ne devient sexuellement attirée par quelqu’un uniquement après avoir tissé un lien émotionnel fort avec cette personne.
Bellussexuel·le : Une personne qui apprécie l’esthétique de la séduction romantique/sexuelle mais ne désire pas être dans une relation sexuelle.
Gray-asexuel·le : Une personne qui est quelque part entre l’asexualité et l’allosexualité. Peut avoir beaucoup de significations différentes.
Hyposexuel : personne qui ressent peu d'attirance sexuelle
Placiosexuel·le : Une personne qui désire réaliser des actes sexuels sur les autres mais ne désire pas en recevoir soi-même. L'inverse du coup
Reciproromantique : Une personne qui ne ressent de l'attirance que si l'autre personne ressent de l'attirance pour iel au début.

Bon voilà maintenant vous connaissez tout de ma vie intime, merci d'avance pour votre lecture.

BISOUS
Avatar de l’utilisateur
Ondinette
AVENant(e)
Messages : 3056
Inscription : 24 juil. 2020, 20:12
Pronom : Elle
A aimé : 1027 fois
A été aimé : 853 fois

Re: Questionnement

Message par Ondinette »

Hello Babar et bienvenue ! :) :cake:

Je crois qu'on est tous plus ou moins passés par la case "je me prends la tête" à un moment donné. C'est normal d'être un peu perdu.
Il existe autant d'asexualités qu'il existe d'asexuels ;) Certains sont dégoûtés par le sexe (sex repulsed), certains pratiquent le sexe car comme tout être humain, ils ont des terminaisons nerveuses et ressentent du plaisir une fois lancés (sex favorable ou positive), et certains s'en fichent totalement (sex neutral). Le point commun c'est de ne pas ou peu ressentir d'envie sexuelle envers autrui.

Donc, bonne nouvelle, tu peux tout à fait être asexuel et pour autant fantasmer/avoir des kinks. J'en ai aussi ;) sans pour autant avoir envie de passer à l'acte avec quelqu'un. Ton histoire de fellation et gorge profonde ne m'a donc pas choquée. L'important c'est de s'écouter soi et ne surtout rien forcer.

Enfin, j'ajouterais que le souci avec toutes ces étiquettes, ces "sous catégories" de l'asexualité, c'est qu'elles font se sentir un poil perdu quand on se cherche. Elles peuvent être très utiles pour certains et être angoissantes pour d'autres. Je pense qu'il ne faut pas chercher à tout prix à se coller dans une case, déjà de démêler ce dont on a profondément envie est l'essentiel à mon sens.
"Soyez vous-même, les autres sont déjà pris." Oscar Wilde.
"La vraie prison, c'est d'avoir peur de ce que les autres pensent de vous." The Joker.
Avatar de l’utilisateur
Mel
Altruiste
Messages : 1160
Inscription : 24 mars 2020, 21:39
Localisation : Voie Lactée
Pronom : libre du choix
A aimé : 178 fois
A été aimé : 217 fois

Re: Questionnement

Message par Mel »

Hello et bienvenue à bord !
The Cake is a lie ? :cake:
Avatar de l’utilisateur
clotaire
Jeune Ancien(ne)
Messages : 6065
Inscription : 24 avr. 2016, 15:46
Localisation : Auvergne - Rhône-Alpes
Pronom : peut être tutoyé ;)
A aimé : 1837 fois
A été aimé : 1803 fois

Re: Questionnement

Message par clotaire »

Bienvenue babar67 :-)

Merci pour ton témoignage.

Pour le fantasme, si tu le trouves trop envahissant et que tu veux t'en sortir, ça peut aider de voir un psy. Je suis passé par là aussi. A partir du moment où tu circonscris bien le problème, tu peux chercher un.e psychothérapeute qualifié, normalement ça devrait t'aider.

Après, pour le côté plus psychanalytique, possible que ta relation toxique de jeunesse ait laissé des traces sur le plan de la confiance et de l'affection... à voir !
Avatar de l’utilisateur
Ace Luna
Affable
Messages : 133
Inscription : 16 oct. 2022, 16:13
A aimé : 279 fois
A été aimé : 75 fois

Re: Questionnement

Message par Ace Luna »

Bienvenue dans la communauté.

Pour ton coming out, je te conseille de ne pas entrer dans le détail avec les micro-étiquettes (sauf entre connaisseurs) ; dire que tu n'es pas porté sur la chose et que d'autres gens comme toi le ressentent de façon similaire doit pouvoir suffire.
Je vois les micro-étiquettes plus comme des outils personnels, pour exprimer la diversité du spectre. Elles peuvent changer au cours de ta vie selon tes perceptions.
Comme dit plus haut, si tu veux démêler tes angoisses et les traces de ta relation, un thérapeute pourrait t'aider.
Avatar de l’utilisateur
Narcissa
LA reine
Messages : 4484
Inscription : 25 nov. 2019, 16:14
Localisation : Toulouse
Pronom : elle, sa majesté
A aimé : 1227 fois
A été aimé : 1412 fois

Re: Questionnement

Message par Narcissa »

Bienvenue babar et merci pour ton témoignage! :) :cake:



Attention il y a déjà un roi sur le forum :mrgreen:
Vive le roi Walther! :best:

Le roi a tous les pouvoirs... quand la reine n'est pas là :mrgreen:
Avatar de l’utilisateur
Walther
LE roi
Messages : 2112
Inscription : 09 août 2020, 18:10
Localisation : Lorraine
Pronom : il/tu
A aimé : 950 fois
A été aimé : 685 fois

Re: Questionnement

Message par Walther »

Bienvenue Babar!

Bon, on peut dire que c'est complet comme témoignage, et tu as fit des recherches poussées sur ta sexualité, après c'est bien, mais est ce que ça te correspond parfaitement?

Maintenant, je pense aussi que tu as du regarder beaucoup de porno pour te convaincre d'être quelqu'un d'autre que ce que tu es réellement, la preuve en est que tu n'as plus ces envies.
Ensuite, dans tes micro étiquettes, il y a des choses qui se contredisent, c'est trop précis, et les contradictions entre ces étiquettes rendent flou ton témoignage par rapport à ta sexualité.
Vive la Reine!
Prude12
Membre
Messages : 18
Inscription : 21 août 2022, 01:47
A aimé : 11 fois
A été aimé : 13 fois

Re: Questionnement

Message par Prude12 »

Bienvenue !
J’espère que cela t’a fait du bien de tout sortir et que tu vas y voir plus clair bientôt ;)
Pour la petite info, le contraire de placiosexuel c’est lamvanosexuel ahah
Répondre