Fairytale, ça veut dire conte de fées, ou au sens figuré, histoire à dormir debout. Conte de fées, c'est mon âme d'enfant, miraculeusement il m'en reste un peu ; et l'histoire à dormir debout, c'est ma vie, j'ai parfois l'impression de plus ressembler à un étrange personnage de comédie dramatique qu'à une nana de la vie réelle.
Et l'une des raisons de ce sentiment d'anormalité est celle qui m'amène ici : l'asexualité.
Au fond de moi, je l'ai toujours su (oh là là, quelle originalité, on dirait un copié-collé de coming-out homosexuel).
Quand j'étais ado, je voulais faire l'amour, et aussi aller en boîte de nuit. La boîte de nuit, checked, done : j'ai adoré danser avec mes potes et hurler comme une grosse bourrine quand le dj le demandait - le reste, on oublie. Trop de bruit, trop de monde, trop d'alcool, trop de drague. Faudra envoyer du lourd pour me donner envie d'y revenir.
...
Quoi, j'oublie quelque chose ?
Faire l'amour, checked too : je voulais juste faire parce que je croyais que c'était de mon âge, qu'il fallait le faire comme un rite de passage, comme si c'était une question d'âge. Contrairement à la boîte de nuit, j'ai pas eu d'occasion toute cuite d'essayer, et j'avais pas spécialement envie d'en chercher une, alors j'ai rien fait, j'ai rien fait, jusqu'au jour où j'ai fini par comprendre que je pourrais rester toute ma vie comme ça, aucun souci.
Enfin, aucun souci... jusqu'au jour où je suis tombée amoureuse d'un S.
Et vlan !
Mais à l'époque, je ne voyais pas les choses comme ça. Je l'ai un peu titillé, je voulais créer une complicité, comme une gamine au top de sa petite forme qui cherche un prétexte pour jouer à la course-poursuite, il manquait plus que le tirage de langue et le tableau était complet - et puis là, tout d'un coup, il me regarde comme s'il allait me taper. J'ai eu la trouille de ma vie, je vous jure. Je comprenais pas pourquoi il semblait soudain absolument me vouloir du mal. Surtout que j'avais les bras en l'air et qu'il me tenait par les poignets. Je me sentais comme... prise au piège.
Et puis un jour, bien des mois plus tard, j'ai lu un roman avec une scène de similaire de bras en l'air et de poignets dans les mains. Sauf que l'héroïne a réagi autrement. J'ai lu avidement la scène jusqu'au bout. J'avais besoin de comprendre. Elle a eu le même éclat sauvage dans les yeux. Il l'a plaquée contre le mur, ils se sont embrassés, ils se sont touchés, et ils ont fini par faire l'amour.
J'ai lâché le livre, sonnée. Ce que j'avais pris à l'époque pour de la colère, une brutale envie de taper, c'était du désir.
Merde. Merde. Merde. Et merde.
Du désir ? C'est donc ça le désir, version concrète ?
J'avais tout foutu en l'air avec celui que j'aimais parce que j'avais pas été fichue de comprendre qu'il me désirait. Que c'était sa façon à lui de m'aimer. Je savais pas, moi, qu'il m'aimait vraiment !!!
Merde, merde, merde, et merde.
Voilà comment j'ai acquis la quasi-totale certitude que je suis asexuelle. Si je suis même pas capable de reconnaître le désir sans mode d'emploi...
Et puis, plus tard, bien après je suis tombée sur le terme d'asexualité. Je ne sais plus comment. J'ai jeté un oeil vite fait, ah tiens, ça porte un nom mon truc, ok, j'ai haussé les épaules et j'ai passé mon chemin. Je n'éprouvais pas le besoin de creuser le sujet en long, en large et en travers, j'étais ok avec mon absence d'attrait pour la sexualité.
Finalement, suite à des vidéos sur l'asexualité sur lesquelles je suis tombée par hasard, je repense à vous et je reviens vers vous.
Le pourquoi du comment : je le mets finalement en spoiler ci-après pour éviter de transformer ma présentation en pavé indigeste.
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Je viens également pour les rubriques où on ne parle pas d'asexualité. Vous aurez sans doute déjà pu constater mon goût pour le récit, l'amusement, et la psychologie. J'en ai d'autres que je garde dans ma manche pour éviter de n'avoir plus rien à dire après cette présentation Comme je l'ai dit (#auto-citation), j'aspire à être plus authentique, et je ne le serais pas si je ne parlais que d'asexualité.
Voilà voilà, c'est tout pour le moment. (Hein ? Elle sort d'où déjà cette phrase, il me semble qu'elle est célèbre ?)
Même si je suis une fille et que j'ai pas de shampoing (là je sais d'où ça vient et je vais de ce pas creuser un trou pour m'y cacher...)