Scrutin anti-démocratique... les alternatives.

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Vince27
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Scrutin anti-démocratique... les alternatives.

Message par Vince27 »

Dernière modification par Vince27 le 15 févr. 2018, 22:11, modifié 1 fois.
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Evy
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Re: Scrutin anti-démocratique... les alternatives.

Message par Evy »

Mon message sera quelque peu inutile, vu que je suis Suisse, mais je vais tout de même donner mon point de vue. En Suisse, j'ai souvent entendu d'autres personnes que l'ont nous taisez voter sur des sujets difficiles, comme le nucléaire, mais personnellement j'ai une grande affection pour le système suisse et nous ne votons pas pour les chefs d'Etat et n'avons pas de vrai président. Nous votons pour de gens qui voterons pour des gens qui élirons les personnes les plus importantes, d'après ce que j'ai compris en tout cas, je ne suis pas une spécialiste. Et voter pour la personne qui sera au plus haut poste de l'Etat me semble être le plus dur choix possible. Simplement parce qu'il faudrait bien s'y connaître sur sa fonction pour pouvoir nommer la personne qui est le plus digne d'en être responsable et bien connaître les capacités de cette personne, hors je doute que chaque personne qui vote se soit tant intéressé à la chose. Bref un avis qui ne t'aidera pas bien que je sois au courant que pas mal de monde cherche à faire évoluer le système français et c'est une bonne chose, donc je t'encourage à continuer sur cette voie :)
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Re: Scrutin anti-démocratique... les alternatives.

Message par Ramón »

Le principe démocratique c'est surtout de pouvoir être son propre représentant sans avoir à se présenter à une élection.
Paul Ricoeur propose une bonne définition ouverte : "Est démocratique, une société qui se reconnaît divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêt et qui se fixe comme modalité, d’associer à parts égales, chaque citoyen dans l’expression de ces contradictions, l’analyse de ces contradictions et la mise en délibération de ces contradictions, en vue d’arriver à un arbitrage." => la représentation est une possibilité, mais l'individualité reste la base d'un modèle démocratique.

"Compagnons,

Vous demandez à un homme de bonne volonté, qui n'est ni votant ni candidat, de vous exposer quelles sont ses idées sur l'exercice du droit de suffrage.

Le délai que vous m'accordez est bien court, mais ayant, au sujet du vote électoral, des convictions bien nettes, ce que j'ai à vous dire peut se formuler en quelques mots.

Voter, c'est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c'est renoncer à sa propre souveraineté. Qu'il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d'une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu'ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous faire obéir.

Voter, c'est être dupe ; c'est croire que des hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d'une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre. Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux vaisseaux de guerre, de l'échenillage des arbres à l'extermination des peuplades rouges ou noires, il vous semble que leur intelligence grandisse en raison même de l'immensité de la tâche. L'histoire vous enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement.

Voter c'est évoquer la trahison. Sans doute, les votants croient à l'honnêteté de ceux auxquels ils accordent leurs suffrages — et peut-être ont-il raison le premier jour, quand les candidats sont encore dans la ferveur du premier amour. Mais chaque jour a son lendemain. Dès que le milieu change, l'homme change avec lui. Aujourd'hui, le candidat s'incline devant vous, et peut-être trop bas ; demain, il se redressera et peut-être trop haut. Il mendiait les votes, il vous donnera des ordres. L'ouvrier, devenu contre-maître, peut-il rester ce qu'il était avant d'avoir obtenu la faveur du patron ? Le fougueux démocrate n'apprend-il pas à courber l'échine quand le banquier daigne l'inviter à son bureau, quand les valets des rois lui font l'honneur de l'entretenir dans les antichambres ? L'atmosphère de ces corps législatifs est malsain à respirer, vous envoyez vos mandataires dans un milieu de corruption ; ne vous étonnez pas s'ils en sortent corrompus.

N'abdiquez donc pas, ne remettez donc pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas ! Au lieu de confier vos intérêts à d'autres, défendez-les vous-mêmes ; au lieu de prendre des avocats pour proposer un mode d'action futur, agissez ! Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, c'est manquer de vaillance.

Je vous salue de tout cœur, compagnons."

Élysée Reclus

Et quitte à citer, celle-ci est pleine de justesse (pour la suppression des partis politiques, ou a minima la séparation des partis et de l'Etat)
"Un parti politique est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres. (...) La pression collective est exercée sur le grand public par la propagande. Le but avoué de la propagande est de persuader et non de communiquer la lumière.
La première fin, et, en dernière analyse, l'unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite.
Tout parti est totalitaire en germe et en aspiration.
Presque partout l'opération de prendre parti, de prendre position pour ou contre, s'est substituée à l'obligation de la pensée."

Simone Weil


Puis le message selon lequel les gens ne seraint pas capables de s'occuper d'eux-mêmes alors il faudrait que d'autres gens incapables de s'occuper d'eux-mêmes s'occupent de tout le monde, c'est particulièrement foireux comme mode de fonctionnement social ^^


L'alternative : c'est le principe de subsidiarité ascendante => une décentralisation totale des décisions avec une totale liberté d'association des individus pour mutualiser ce qui est plus pratique de mutualiser.
"En politique, le principe de subsidiarité est le principe selon lequel une responsabilité doit être prise par le plus petit niveau d'autorité publique compétent pour résoudre le problème. C'est donc, pour l'action publique, la recherche du niveau le plus pertinent et le plus proche des citoyens. Il conduit à ne pas faire à un échelon plus élevé ce qui peut être fait avec la même efficacité à un échelon plus bas." La Toupie
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Hassan
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Re: Scrutin anti-démocratique... les alternatives.

Message par Hassan »

Evy a écrit : 19 janv. 2018, 12:52 Mon message sera quelque peu inutile, vu que je suis Suisse, mais je vais tout de même donner mon point de vue. En Suisse, j'ai souvent entendu d'autres personnes que l'ont nous taisez voter sur des sujets difficiles, comme le nucléaire, mais personnellement j'ai une grande affection pour le système suisse et nous ne votons pas pour les chefs d'Etat et n'avons pas de vrai président. Nous votons pour de gens qui voterons pour des gens qui élirons les personnes les plus importantes, d'après ce que j'ai compris en tout cas, je ne suis pas une spécialiste. Et voter pour la personne qui sera au plus haut poste de l'Etat me semble être le plus dur choix possible. Simplement parce qu'il faudrait bien s'y connaître sur sa fonction pour pouvoir nommer la personne qui est le plus digne d'en être responsable et bien connaître les capacités de cette personne, hors je doute que chaque personne qui vote se soit tant intéressé à la chose. Bref un avis qui ne t'aidera pas bien que je sois au courant que pas mal de monde cherche à faire évoluer le système français et c'est une bonne chose, donc je t'encourage à continuer sur cette voie :)
En effet, nous élisons des représentants:
- Le conseil national qui possède 200 sièges répartis selon la population des cantons. Élu à la proportionnelle
- le conseil des états, qui représente les cantons et non la population, qui possède 46 sièges. Élu à la majoritaire.

Les deux se réunissent pour élire le Conseil fédéral, constitué de 7 personnes et dont la présidence tourne selon le principe de séniorité. Mais il faut préciser que l'élection est rarement une surprise. Les membres déjà élu ont tendance à ne pas être éjecté ce qui crée une grande stabilité de l'exécutif. Plus important, il est nécessaire de comprendre que le Conseil fédéral doit accepter une représentation aussi bien des principales forces politiques, idée de la formule magique, et des régions. Il faut donc élire des personnes selon une mathématique compliquée qui demande beaucoup de discussions en amont et l'accord des principaux partis. En l'état, il serait difficile de réformer le système en vue d'une élection par la population, et pas forcément souhaitable du point de vue des équilibres politiques régionaux. En second lieu, et contrairement à la France, la Suisse ne possède pas un exécutif fort. Son élection n'est donc pas forcément une nécessité si l'on prend en compte les capacités du parlement et les possibilités de référendum.
Mr.Nya a écrit : 19 janv. 2018, 14:10 L'alternative : c'est le principe de subsidiarité ascendante => une décentralisation totale des décisions avec une totale liberté d'association des individus pour mutualiser ce qui est plus pratique de mutualiser.
"En politique, le principe de subsidiarité est le principe selon lequel une responsabilité doit être prise par le plus petit niveau d'autorité publique compétent pour résoudre le problème. C'est donc, pour l'action publique, la recherche du niveau le plus pertinent et le plus proche des citoyens. Il conduit à ne pas faire à un échelon plus élevé ce qui peut être fait avec la même efficacité à un échelon plus bas." La Toupie
C'est un peu le but en Suisse. Toutes les compétences qui ne sont pas spécifiquement mentionnées dans la Constitution fédérales sont laissées aux cantons. Le niveau cantonal étant le niveau intermédiaire avant les communes. Même là, l'histoire nous montre que les cantons n'ont pas toujours beaucoup agi mais peuvent avoir laissé les communes, soit le niveau le plus proche des problèmes, prendre des décisions et gérer les problèmes. Mais cela peut aussi poser un problème. En ce qui concerne l'assistance, compétence cantonale, les communes étaient chargées de gérer les besoins mais les citoyen-ne-s vivant de moins en moins dans leur commune d'origine on s'est trouvé face à des coûts importants et une gestion calamiteuse qui se résumait par "payons le moins possible." Donc le principe de subsidiarité peut poser des problèmes suite à des changements de nature socio-économique.
Ramón

Re: Scrutin anti-démocratique... les alternatives.

Message par Ramón »

Les changements ne mettent pas à mal ce principe à partir du moment où les individus sont capables de s'adapter, et donc d'adapter l'action publique. Par contre, il est clair que l'adaptation demande du temps car le prélude de l'action est (logiquement) l'analyse.
Ce qui fait que la question des coûts est problématique c'est hélas notre incapacité à prendre en compte convenablement les externalités négatives d'une action individuelle ou collective, privée ou publique, et de reporter ce coût sur les personnes physiques ou morales qui génèrent ce coût (taxe, dommages et réparations,... on a un panel d'outils plutôt efficace mais une difficulté à appliquer le principe dommages => réparations que l'on peut traduire aujourd'hui par le principe pollueur => payeur). A ce niveau, je trouve que la Suisse ne se démerde pas trop mal malgré les nombreux conflits d'intérêts et la corruption liée.
Perso, je suis "triste" que la France, qui a pourtant un nombre de strates administratives très bien étudié pour la taille du territoire et la population, soit aux antipodes des principes républicains premiers. L'esprit séparatiste, c'est l'esprit confédéré, et il est plutôt bien adapté au multiculturalisme français (car soyons honnêtes, un gars du Nord comme moi n'a strictement rien de commun avec un gars de Perpignan sinon la langue et la nationalité, nous sommes bien plus proches culturellement des anglais par exemple, mais surtout des wallons, flamands et néerlandais, nous avons une réalité historique commune beaucoup plus intime).
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Re: Scrutin anti-démocratique... les alternatives.

Message par Evy »

Mr.Nya a écrit : 19 janv. 2018, 15:26 (car soyons honnêtes, un gars du Nord comme moi n'a strictement rien de commun avec un gars de Perpignan sinon la langue et la nationalité, nous sommes bien plus proches culturellement des anglais par exemple, mais surtout des wallons, flamands et néerlandais, nous avons une réalité historique commune beaucoup plus intime).
Soyons honnêtes ce problème ne se retrouve pas qu'en France, en Suisse, nous ne parlons même pas la même langue dans tout le pas, en Espagne, la Catalogne est plus catalane qu'Espagnole, en Belgique, il y a la division entre flamands et wallons, en fait il n'y a que le Liechtenstein qui soit, il me semble, épargnée par le phénomène, je me demande bien pourquoi? :lol:
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Re: Scrutin anti-démocratique... les alternatives.

Message par Vince27 »

De toute façon la démocratie, c’est la dictature du plus grand nombre.

Et ce n’est pas pour des personnalités qu’on vote, mais pour des « incentives » (incitation) qui font pression sur eux... car ce qui régis l’homme au pouvoir, c’est qu’il veut rester au pouvoir. En résumé il faut décrypter quel comportement l’homme politique devra adopté pour rester au pouvoir.

Mais le truc c’est qu’on a pas ces données et que quand bien même lors du vote on ne peut s’empêcher d’être irrationnel et de suivre nos instincts houligans (que notre raisonnement ne peut mécaniquement et psychologiquement que corroborer).

PS: J’aime assez les textes proposés par Mr.Nya.
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Re: Scrutin anti-démocratique... les alternatives.

Message par Hassan »

Vince27 a écrit : 20 janv. 2018, 13:26 De toute façon la démocratie, c’est la dictature du plus grand nombre.

Et ce n’est pas pour des personnalités qu’on vote, mais pour des « incentives » (incitation) qui font pression sur eux... car ce qui régis l’homme au pouvoir, c’est qu’il veut rester au pouvoir. En résumé il faut décrypter quel comportement l’homme politique devra adopté pour rester au pouvoir.

Mais le truc c’est qu’on a pas ces données et que quand bien même lors du vote on ne peut s’empêcher d’être irrationnel et de suivre nos instincts houligans (que notre raisonnement ne peut mécaniquement et psychologiquement que corroborer).

PS: J’aime assez les textes proposés par Mr.Nya.
C'est assez drôle, en Suisse on parle plutôt de dictature de la minorité. Avec le référendum et l'initiative il est très facile d'imposer un sujet sans avoir une force politique importante. "Pire encore", le fonctionnement de la création des lois donne une importance très haute aux minorités, que celles-ci soient parlementaires ou externes.
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Re: Scrutin anti-démocratique... les alternatives.

Message par Vince27 »

La Suisse est plus semblable à une épistocratie donc.


(et non pas à une « démocratie » qui est un terme sacralisé à tort... et les gens ont tendance à en avoir leur propre définition pour qu’elle colle à leur valeur morale tout à fait personnel)
Ramón

Re: Scrutin anti-démocratique... les alternatives.

Message par Ramón »

On peut aussi appeler ça technocratie, plus globalisant, mais j'aime bien épistocratie.
En démocratie, tes choix ne devraient affecter la moralité que des personnes qui sont d'accord avec toi pour agir dans le même sens, et non pas s'imposer à tout le monde (sinon c'est effectivement un régime totalitaire). Une base constitutionnelle comme la DDHC de 1789 suffit pour tout le monde : plus c'est court et logique (on réduit le nombre d'opérations), plus c'est simple et efficace à réaliser. Et cette déclaration se fonde sur le consentement du citoyen à accepter ou non l'action publique telle qu'elle se construit (via la contribution publique notamment)


Tiens, si tu aimes les citations, celles-ci sont de bonnes références pour expliquer en quoi un modèle représentatif n'est pas démocratique.

Tout l'ouvrage L'esprit des lois est à lire tellement c'est de la socio-politique de haut niveau (et pourquoi Montesquieu appelle à rejeter temporairement la démocratie le temps que l'instruction fasse son oeuvre) :
"Lorsque, dans la république, le peuple en corps a la souveraine puissance, c’est une démocratie. Lorsque la souveraine puissance est entre les mains d’une partie du peuple, cela s'appelle une aristocratie."

Une citation du discours de Sieyès en 1789 :
"Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants."

Et enfin, l'un des textes fondateurs de la philosophie politique moderne avec "Le Prince" de Macchiavel, le "Discours sur la servitude volontaire" de La Boétie, un tour de force qu'en économie on résume ainsi => il existe une offre d'autorité, de tyrannie et de violence tout simplement parce qu'il y a une demande d'autorité, de tyrannie et de violence. Et c'est d'autant plus vrai quand l'autorité est choisie par la population via des représentants/mandataires.
" Il y a trois sortes de tyrans. Les uns règnent par l'élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race. Ceux qui ont acquis le pouvoir par le droit de la guerre s'y comportent — on le sait et le dit fort justement — comme en pays conquis. Ceux qui naissent rois, en général, ne sont guère meilleurs. Nés et nourris au sein de la tyrannie, ils sucent avec le lait le naturel du tyran et ils regardent les peuples qui leur sont soumis comme leurs serfs héréditaires. Selon leur penchant dominant — avares ou prodigues —, ils usent du royaume comme de leur héritage. Quant à celui qui tient son pouvoir du peuple, il semble qu'il devrait être plus supportable ; il le serait, je crois, si dès qu'il se voit élevé au-dessus de tous les autres, flatté par je ne sais quoi qu'on appelle grandeur, il décidait de n'en plus bouger. Il considère presque toujours la puissance que le peuple lui a léguée comme devant être transmise à ses enfants. Or dès que ceux-ci ont adapté cette opinion, il est étrange de voir combien ils surpassent en toutes sortes de vices, et même en cruautés, tous les autres tyrans. Ils ne trouvent pas meilleur moyen pour assurer leur nouvelle tyrannie que de renforcer la servitude et d'écarter si bien les idées de liberté de l'esprit de leurs sujets que, pour récent qu'en soit le souvenir, il s'efface bientôt de leur mémoire. Pour dire vrai, je vois bien entre ces tyrans quelques différences, mais de choix, je n'en vois pas : car s'ils arrivent au trône par des moyens divers, leur manière de règne est toujours à peu près la même. Ceux qui sont élus par le peuple le traitent comme un taureau à dompter, les conquérants comme leur proie, les successeurs comme un troupeau d'esclaves qui leur appartient par nature."
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Re: Scrutin anti-démocratique... les alternatives.

Message par thailog »

Je ne suis pas convaincu par les alternatives proposés par les vidéos pour une raison simple, ces alternatives favorisent trop les candidats "centristes". Les exemples sont montrés en 2007 et 2012 avec Bayrou et en 2017 ça aurai probablement été Macron le vainqueur de Condorcet et du jugement majoritaire.
Aujourd'hui on a un système ou le vainqueur du premier tour est le candidat qui a le plus de soutient et qui bénéficie du vote utile et parfois aussi du désistement de "petit" candidat qui pourrai leurs prendre des voix et un vainqueur du deuxième tour qui est celui qui a le moins d'ennemi bref en gros, au premier tour on choisit, au deuxième on élimine. Pour les candidats centristes, si ils atteignent le deuxième tour ba ils sont élus, avec les systèmes proposé par les vidéos, les centristes gagnerons toutes les élections, le vainqueur de l'élection présidentiel ne sera plus celui qui a le plus d'adhésion mais celui qui repousse moins les gens...
Perso ça ne me conviendrai pas car une victoire du centrisme c'est une victoire de la continuité puisque les candidats comme Macron ou Bayrou propose juste une synthèse des partie de droite et de gauche qui acceptent le système néolibéral, dans un système de vote comme la loterie de Condorcet ou le jugement majoritaire, les prises de risques idéologiques(j'entend par la des propositions nouvelles ou d'autres façon de penser la société) seront sanctionnées d'office, j'en suis persuadé.

Je suis d'accord pour dire qu'il y a un problème dans nos modes de scrutin mais pas à la présidentielle ou la logique un français égal une voie me semble tout de même démocratique, le scrutin qui me pose problème c'est celui de l'élection législative ou l'assemblée est censé être représentatif des français, l'élection législative à la proportionnelle me semble plus une priorité que de transformer le scrutin présidentiel et de toute façon je suis pour la suppression de l'élection présidentielle.
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Re: Scrutin anti-démocratique... les alternatives.

Message par Hassan »

Le système bipartisan n'implique-t-il pas, mécaniquement, que les candidat-e-s les plus centristes sont privilégié-e-s? En effet, la gauche ou la droite radicale est minoritaire. Les positions qui permettent de mettre le plus de personnes d'accord sont centristes. Donc se détourner vers la gauche ou la droite implique la possibilité de perdre une partie de l'électorat. Ne vaut-il pas mieux essayer de convaincre l'électorat du centre en devenant moins "révolutionnaire"?

De plus, je viens de tomber sur cet article d'opinion d'André Chuffart https://www.letemps.ch/economie/suisse- ... -compromis, consultant. Il pose les bons problèmes sur la table. Le système politique suisse de concordance implique prendre son temps et, parfois, d'attendre trop longtemps que tout le monde soit d'accord. Le but, comme je l'ai dit plus haut, est d'éviter une mise en cause permanente des décisions politiques en intégrant dans le processus législatif les personnes concernées ainsi que la majorité des partis représentés au parlement et au gouvernement. Cependant, je trouve la solution proposée à la fois inquiétante et révélatrice de la pensée managériale qui infiltre les démocraties. En effet, au lieu de proposer des solutions démocratiques pour améliorer un système qui, même très loin d'être parfait, a fait ses preuves en terme de stabilité de de résilience il propose une "autocratie positive" en se basant sur Rajeev Peshawaria et son livre Open Source Leadership. Je ne connaissais pas la personne, ni son travail. Si j'en crois son site, il est l'un des premiers "leaders" de Goldman Sachs et il semble être en faveurs de la mise en place d'une autocratie, qu'il considère bénéfique dans la période actuelle. Autrement dit, cet article d'opinion est, selon moi, symptomatique d'un mouvement provenant des sphères managériales pour imposer un mode de gouvernement calqué sur celui de l'entreprise. Au lieu de démocraties on aurait des autocrates chargés de permettre, dans une liberté économique aussi absolue que possible, aux personnes d'être les plus productives possibles. Les décisions, selon ces personnes, ne sont pas ou plus idéologique mais rationnelles, sans avoir aucune idée du fonctionnement réel d'une société humaine. Ces propos me font bien plus peurs que beaucoup d’autres problèmes actuels.
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Re: Scrutin anti-démocratique... les alternatives.

Message par Vince27 »

thailog a écrit : 11 févr. 2018, 16:04 Je ne suis pas convaincu par les alternatives proposés par les vidéos pour une raison simple, ces alternatives favorisent trop les candidats "centristes".
Effectivement Condorcet pousse au consensus mou.
thailog a écrit : 11 févr. 2018, 16:04Perso ça ne me conviendrai pas car une victoire du centrisme c'est une victoire de la continuité puisque les candidats comme Macron ou Bayrou propose juste une synthèse des partie de droite et de gauche qui acceptent le système néolibéral, dans un système de vote comme la loterie de Condorcet ou le jugement majoritaire, les prises de risques idéologiques(j'entend par la des propositions nouvelles ou d'autres façon de penser la société) seront sanctionnées d'office, j'en suis persuadé.
Vrai uniquement pour le système de Condorcet randomisé.

Par contre, le jugement majoritaire n’a pas ce défaut puisqu’il paraît assez probable que la médiane des différents parties qui s’inscrivent dans la lignée des politiques qui ont déçues se retrouvent être au seuil « insuffisant » de l’échelle.
...ce qui est éliminatoire !

Je suis quasi sûr que ça pousserait les politiques à être plus respectueux des personnes dont ils sont sensés être les représentants.
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Re: Scrutin anti-démocratique... les alternatives.

Message par thailog »

Pour le jugement majoritaire je vois au moins deux problèmes. C'est compliqué déjà, ça demande aux votants de connaitre tout les candidats, c'est compliqué à compter, moi qui participe a un bureau de vote et aux dépouillement je sais que cette méthode ça va être la galère et je pense qu'il y aura toujours des votes "troll" c'est à dire des gens qui mettrons la meilleure appréciation à leurs candidats et la pire à tous les autres.

Les systèmes de votes ou le vainqueur est celui qui a le plus de voix donc celui qui a convaincu le plus de personne(même si c'est une minorité) ça me semble un meilleur système malgré tout.
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Re: Scrutin anti-démocratique... les alternatives.

Message par Vince27 »

L'on peut effectivement reprocher le côté trop sophistiqué des scrutins les plus robustes.
Dans ce cas pourquoi ne pas rendre légèrement + robuste le scrutin actuel ?

Au premier tour, au lieu de ne sélectionner qu'un seul candidat :
- dilemme entre vote de conscience et vote utile (très influencé par les sondages et médias)
- absences ou présences de petits candidats influençant mathématiquement l'issue.

Et bien permettre au contraire d'exprimer pour chaque candidat son assentiment en cochant "oui" ou "non".
(La liste des candidats seraient inscrite sur un disque circulaire, pour éviter toute influence d'ordination des listing plus classiques. Et pour faciliter le dépouillement une seule case par candidat, cochée=oui ; non cochée=non)

Là on aurait la vrai estimation de l'assentiment de la population envers chaque candidat. Et les score de chacun seraient par conséquent plus élevés. Ce qui serait moins frustrant vis à vis du second tour.
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