A propos de cet excellent documentaire, malheureusement peu médiatisé et peu diffusé, voici la bande-annonce :
La médecine considère les organes génitaux "ambigus" (ni entièrement féminins ou masculins) ou DSD (Disorder of Sex Development) comme une malformation qui se doit d'être rectifiée par la chirurgie et les traitements hormonaux dès que possible, peu de temps après la naissance en ce qui concerne la chirurgie. Les intersexués dénoncent la légitimité et la nécessité de ces actes chirurgicaux sans consentement qu'ils qualifient de mutilations génitales, des actes chirurgicaux dont l'unique but est de donner une apparence normale féminine ou masculine aux sexes ambigus. Ces actes chirurgicaux sont lourds de conséquences pour la santé physique et psychologique des intersexués. Les intersexués souffrent aussi du silence qu'entoure leur situation. Certains n'ont jamais reçu d'explications quant à leurs allées et venues à l’hôpital, ou alors des mensonges. Les parents parlent aussi d'informations traumatisantes, de pression à accepter la chirurgie, de honte et d'exclusion sociale face à leur enfant différent.
Voici des extraits d'articles qui abordent ce sujet :
Les personnes atteintes de DSD naissent avec des organes génitaux atypiques. Pour accéder à une sexualité "normale", il leur faut en général subir une ou plusieurs opérations. Aux Etats-Unis, des associations de défense des droits des intersexués militent pour que ces interventions ne soient pas pratiquées à la naissance, mais à un âge où le patient peut décider lui-même de son sexe d'assignation. La plupart des médecins estiment quant à eux qu'une intervention rapide après la naissance reste préférable, pour que l'enfant puisse grandir en se situant comme garçon ou comme fille.
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A l'origine de la pratique des assignations sexuelles, se trouveraient les travaux de John Money sur l'identité de genre et l'identité sexuelle. John Money était un psychologue et sexologue néo-zélandais (1921-2006). En 1966, persuadé que l'identité sexuelle n'est qu'une construction sociale, un acquis, il conseille aux parents d'un bébé ayant perdu son pénis suite à une circoncision ratée, de transformer leur garçon en fille et de l'élever ainsi. Malgré l'échec de cette réassignation sexuelle, John Money persista jusqu'à sa mort d'en parler comme d'un succès en public, et écrivit de nombreux articles et un livre en ce sens. Il faudra attendre la fin des années 90 pour que la supercherie soit dénoncée par un journaliste et un psychiatre.« Dès les années 1940, les traitements précoces tels que la réduction clitoridienne ou la vaginoplastie ont commencé à se systématiser, rappelle Cynthia Kraus, philosophe à l’université de Lausanne, en Suisse. Certains cliniciens continuent de justifier ces traitements irréversibles pour assurer le prétendu bon développement psychologique et sexuel de l’enfant. En réalité, ils privilégient l’apparence des organes génitaux au détriment de l’intégrité corporelle et du droit à l’autodétermination, alors même qu’on ne sait pas comment la morphologie de l’enfant va évoluer ni à quel sexe il va s’identifier. »
En mai 2015, le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Nils Muiznieks, a présenté un rapport sur le sujet dans lequel il évoque ces « conséquences tout au long de la vie, incluant : la stérilisation, des lésions graves, des infections de l’appareil urinaire, une réduction ou la perte complète des sensations sexuelles, la suppression des hormones naturelles, la dépendance aux médicaments et un sentiment profond de la violation de leur personne ».
D’après Vincent Guillot, seules deux procédures au pénal contre des médecins seraient en cours en France. « Le combat des intersexes est récent, rappelle Joëlle Wiels, généticienne au CNRS et coauteurs de Mon corps a-t-il un sexe ? (Editions La Découverte, 2015). L’intersexuation a longtemps été taboue, considérée comme une maladie. »
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Depuis le début des années 2000, la voix des intersexués se fait de plus en plus forte et quelques décisions sont prises : la ville de San Francisco ainsi que la Suisse interdisent désormais les opérations d'assignation sexuelle sur les nouveaux-nés.
Au niveau administratif, un genre "neutre" apparaît en Australie, en Allemagne, et, en 2015, un jugement du Tribunal de grande instance de Tours permet à une personne intersexuée d'obtenir que la mention "sexe neutre" soit indiquée sur son état civil. Pour les intersexués, il s'agit du premier pas vers la remise en question des opérations chirurgicales d'assignations sexuelles dès la naissance.