Des questions, des questions !

[lisaloes]

Bonjour à toutes et à tous !

Petite nouvelle sur ce forum, je voulais vous exposer ma situation et, peut-être, recueillir vos témoignages ou vos commentaires.

Il y a quelques semaines encore, le mot "asexuel" ne faisait pas partie de mon vocabulaire. Puis je l'ai découvert grâce au site Madmoizelle, et, plus je me documente sur le sujet, plus j'ai le sentiment d'être moi-même asexuelle.

J'ai 28 ans et je n'ai jamais eu de relations sexuelles, jamais de relation de couple non plus ; quelques copains qui se comptent sur les doigts d'une main et avec lesquels ça n'a jamais duré plus d'1 ou 2 mois. J'ai eu très tôt un intérêt pour le sexe "théorique" (dans les livres, les films, etc.) mais sans jamais ressentir ce genre d'attirance pour quelqu'un. Sans surprise, c'est cette absence d'attirance sexuelle qui a interrompu mes relations : en gros, j'étais incapable de me détendre avec mes copains que ce soit pour des baisers ou des câlins, car je me disais "attention, arrête-toi, sinon il va forcément en vouloir plus"...

Pendant longtemps je me suis dit, d'abord que ça viendrait avec le temps, que je n'avais pas rencontré la bonne personne, ou même que ce n'était pas normal, qu'il fallait que je "fasse des efforts". Et puis j'ai découvert qu'il existait des personnes asexuelles. Et même si je ne suis pas encore certaine à 100 % d'en faire partie, ça fait un bien fou de voir qu'il y a des gens qui sont dans la même situation, ou dans des situations similaires.

Mais du coup, comme j'ai découvert tout ça il y a peu, j'ai plein de questions C'est là que certains d'entre vous pourront peut-être m'aider : quand et comment avez-vous découvert que vous étiez asexuel(le) ? Comment le vivez-vous ? En avez-vous parlé à votre entourage ? etc. Je ne cherche pas du tout à me faire "diagnostiquer" ou rassurer, a priori la possibilité d'être asexuelle ne me pose aucun problème ; je veux simplement en savoir plus et échanger avec vous .

Merci à ceux qui m'ont lue jusqu'ici, et à ceux qui me répondront !

[L'Empereur Mégalo]

Hey ! Bienvenue lisaloes !

Un peu la flemme de le réécrire (c'est long et tout), mais si ça t'intéresse, j'explique comment j'ai appris être A dans ma présentation ici : viewtopic.php?f=3&t=7597

Comment je le vis ? Bah carrément bien en fait ! J'ai l'impression d'être enfin complètement moi depuis que je le sais, et je ne me pose en fait pas tant de questions que ça.

Je n'en parle pas vraiment à mon entourage, j'en ai juste parlé à mes deux meilleurs amis et à ma mère, qui l'ont d'ailleurs tous plutôt bien pris, j'en suis très heureux.

Fais un peu le tour des sujets, tu y verras plein de témoignages différents ! Tu pourras y voir que pour certains être A c'est cool, pour d'autres c'est pas cool, et pour le reste c'est juste comme on est donc pourquoi se prendre la tête après tout ?

[fiffi]

Bonjour Lisaloes ,

je fait partie de ceux qui vivent assez bien leur asexualité meme si j'en parle rarement autour de moi : un peu par pudeur et surtout crainte de ne pas etre compris .

J' ai entendu le mot asexuel en regardant une émission à la télé et après des recherches sur internet j' ai trouvé un site sérieux et j'étais rassuré de savoir que je n' étais pas le seul dans mon cas . J' ai 20 ans de plus que toi et pourtant un parcours de vie un peu semblable à toi mais chaque A a sa façon de vivre son asexualité .

[Baelfire]

Salut Lisaloes

L'acte sexuel c'est avant tout en effet un énorme lâcher prise. Et pour lâcher prise il faut se sentir serein et en confiance.

Si tes partenaires ne t'ont pas donné ça c'est normal que tu n'aies pas envie d'y aller...Il faut que les conditions soient réunies.

Peut-être que tu es A et peut-être que tu ne l'es pas. Si un jour tu tombes sur quelqu'un qui te rend sereine peut-être que tu apprécieras...ou pas

Moi c'est au fur et à mesure de mes relations que je me suis rendue compte que j'étais A. Ne pas chercher ni avoir envie de ça quand j'étais célibataire me semblait normal puisque je fonctionne (ou fonctionnais ?) au sentiment. Bref ce n'était pas pour moi une piste suffisante pour me poser la question de l'asexualité. Mais on est tous différents hein.

[lisaloes]

Merci à vous tous pour ces réponses !

L'empereur mégalo : tu as tout à fait raison, pourquoi vouloir changer ce qu'on est, juste pour rentrer dans une "norme" qui au final ne veut rien dire ? J'ai lu le post que tu m'indiquais qui est en effet très instructif et j'irai faire un tour sur le forum pour voir d'autres témoignages

Fiffi : je comprends que ça puisse être difficile à expliquer, j'imagine que tout le monde n'est pas toujours hyper compréhensif... En tout cas si toi tu le vis bien, c'est le principal !

Baelfire : tu as tout à fait raison, je me suis d'ailleurs souvent posé la question (et je me la pose encore) : est-ce que ce manque d'envie est dû au fait que je ne suis pas vraiment à l'aise avec l'autre personne ? Mais je n'en suis pas si sûre car j'ai déjà eu des copains avec lesquels je me sentais "en confiance", j'aimais être dans leurs bras... Simplement je n'avais pas envie de quelque chose de plus, ça me stressait de penser qu'eux peut-être si... et après le cercle vicieux !

En tout cas merci pour vos commentaires, ça fait du bien de pouvoir parler de tout ça !

[Ramón]

Quand ? Bah cela a toujours été le cas, je ne me suis jamais posé la question si j'avais envie ou non, si j'étais attiré ou non. Mais le mot, je l'ai découvert en 2010. Et la communauté en début d'année.
Je le vis bien. Cela ne m'a jamais pesé. J'ai plus l'habitude de fonctionner par et pour moi-même que d'avoir une personne à mes côtés. Je trouve même ce genre de présence oppressante.
J'en ai parlé et pas parlé. Ma famille, ça ne sert pas à grand chose, ils sont à l'ouest dès que ça ne rentre pas dans les cases que le ministère de la rééducation nationale a construite.

Globalement, la chose qui change avec la découverte du mot, c'est la pleine acceptation de soi dans le domaine de l'attirance sexuelle. Cela n'indique en rien si tu es frigide ou non, par exemple (si ça se trouve, tu vas adorer ça si jamais tu venais à avoir des rapports sexuels, sans pour autant avoir une attirance sexuelle) ; ou si tu vas préférer les brocolis aux épinards ; ou...
Et tu vas aussi pouvoir réaliser progressivement le deuil des questions/inquiétudes/... concernant cela. Et en discuter sereinement.

[clotaire]

Bonjour à toutes et à tous !

Bienvenue lisaloes

J'ai 28 ans et je n'ai jamais eu de relations sexuelles, jamais de relation de couple non plus

moi non plus

quelques copains qui se comptent sur les doigts d'une main et avec lesquels ça n'a jamais duré plus d'1 ou 2 mois

même ça, j'ai pas connu !

Et même si je ne suis pas encore certaine à 100 % d'en faire partie, ça fait un bien fou de voir qu'il y a des gens qui sont dans la même situation, ou dans des situations similaires.

moi non plus je n'en suis pas certain à 100 %, mais qui peut l'être, il y a tellement de nuances !

quand et comment avez-vous découvert que vous étiez asexuel(le) ?

Au printemps dernier, soucieux de creuser un peu la question de mon absence de relations sentimentale que je ne comprenais pas encore et qui ne me satisfaisait pas (sentiment d'être un peu à côté de la société...), je m'étais inscrit sur plusieurs sites de rencontre (vieux conseil de ma psy quand je la voyais, et que je n'avais pas encore appliqué). Et au bout de quelques semaines et quelques contacts, je me suis rendu compte que quelque chose n'allait pas, qu'en fait, je n'étais pas moi-même en faisant ça... que oui, j'avais envie de rencontre, mais qu'au fond il y a quelque chose que je n'arrivait pas à désirer... C'est là que je me suis souvenu du terme asexualité auquel j'avais déjà pensé sans penser que ça pouvait être moi, et finalement, en voulant y voir plus clair et approfondir la définition, j'ai atterri ici !

Comment le vivez-vous ?

Heureux d'avoir croisé des gens avec qui je peux enfin en parler !! Pour le reste, le fait de le savoir ne gomme pas les difficultés personnelles, mais ça facilite une certaine forme d'introspection qui permet de mieux se comprendre et de mieux appréhender les difficultés.

En avez-vous parlé à votre entourage ?

quasiment pas ! On n'en a pas beaucoup l'occasion et je ne suis pas du genre à provoquer un coming out. Une fois c'est venu avec un collègue de boulot. Une fois cet été, à une amie avec qui j'avais passé quelques jours.

[lisaloes]

Je le vis bien. Cela ne m'a jamais pesé. J'ai plus l'habitude de fonctionner par et pour moi-même que d'avoir une personne à mes côtés. Je trouve même ce genre de présence oppressante.

Merci pour ton commentaire ! Je suis également plutôt quelqu'un de solitaire, et parfois la présence des autres peut être un peu oppressante en effet. Il m'arrive tout de même d'avoir envie d'une vie de couple "classique", parfois simplement sous le coup de la pression sociale, parfois par réelle envie je pense. Pas facile de démêler tout ça ! Tu as quand même déjà eu ce genre de relations ? Désolée si je suis indiscrète, tu n'es bien sûr pas obligé de me répondre

Au printemps dernier, soucieux de creuser un peu la question de mon absence de relations sentimentale que je ne comprenais pas encore et qui ne me satisfaisait pas (sentiment d'être un peu à côté de la société...), je m'étais inscrit sur plusieurs sites de rencontre (vieux conseil de ma psy quand je la voyais, et que je n'avais pas encore appliqué). Et au bout de quelques semaines et quelques contacts, je me suis rendu compte que quelque chose n'allait pas, qu'en fait, je n'étais pas moi-même en faisant ça... que oui, j'avais envie de rencontre, mais qu'au fond il y a quelque chose que je n'arrivait pas à désirer...

Bonjour Clotaire ! Je vois qu'on est dans une situation très similaire, c'est assez rassurant d'un côté Moi aussi je suis passée par la case "site de rencontres", c'est d'ailleurs comme ça que j'ai rencontré la majorité de mes ex-copains... Puis j'ai tout mis en pause car comme tu dis "il y avait quelque chose que je n'arrivais pas à désirer".

moi non plus je n'en suis pas certain à 100 %, mais qui peut l'être, il y a tellement de nuances !

J'ai cru comprendre en effet qu'il y avait de nombreuses asexualités (ce qui est assez logique au fond) ; associées aux différentes formes de "romantisme" ça fait plein de visions différentes des relations de couple (au sens 2 personnes, pas forcément le couple traditionnel) ! Au premier aspect ça fait un peu puzzle de termes compliqués , mais c'est cool que des sites comme celui-ci offrent la possibilité de se documenter sur le sujet.

[Ramón]

J'ai eu des types de relations différentes à chaque fois :
_la situation oppressante où "tu dois" prendre soin de l'autre, ce que je trouve complètement absurde. Je n'ose même pas imaginer demander à quelqu'un de prendre soin de moi dans l'intimité, déjà que je trouve ça chiant avec le monde médical ou le monde scolaire.
_la situation où tout va bien, pas de heurt, pas possessivité, pas de culpabilisation. Cordiale en tout point. Mais trop loin l'un de l'autre pour ne pas être frustrant.
_la situation où ça se passe bien parce que chacun vit de son côté de manière autonome. Mais pareil, selon les projets de chacun, ça s'arrête à un moment.
_la situation où tu ne sais pas parce qu'il n'y a pas de retour au niveau communication.

Idéalement, quand je me visualise dans la probabilité d'être en couple, je crois que la chose la plus importante serait d'avoir une chambre chacun (voire une troisième, chambre "couple" pour changer des individuelles). Ponctuellement, partager une chambre ne me pose pas de problème, mais j'ai besoin de mon confort/repos total coupé d'interactions physiques. Et la chambre, c'est l'espace intime par excellence selon moi.

[Frejya]

Quand et comment avez-vous découvert que vous étiez asexuel(le) ? Je l'ai toujours su personnellement, même si je n'ai découvert le terme d'asexualité que récemment. Je sais que je ne suis attirée par rien depuis toute petite, où je considérais déjà comme étrange et incompréhensible la manie des gens de se mettre en couple. Quand à la sexualité, j'ai compris dès l'âge de 6-7 ans le principe et que ça ne serait pas fait pour moi x)
Et ça s'est bien confirmé avec le temps. Avec l'arrivée de l'adolescence j'ai vu mes camarades flirter, certaines filles carrément tomber enceintes dès le collège et je n'y comprenais toujours rien. Et je n'avais de toute façon pas spécialement envie de comprendre puisque ça n'avait aucun intérêt pour moi donc je me suis naturellement tenue à l'écart de tout ça.

Comment le vivez-vous ? Ben super bien je dois dire =)
Comme j'ai décidé d'envoyer bouler les codes de la société dès le plus jeune âge et que de toute façon je n'ai jamais construit ma vie en référence à celle des autres, je suis à l'abri du mal-être qui touche souvent les gens qui "ne rentrent pas dans le moule". Sans compter que pendant longtemps j'ai eu des problèmes plus importants à régler donc je me prenais vraiment pas la tête avec ça. Et je trouve ma situation plutôt avantageuse au final: pas de prise de tête, pas d'attentes à combler chez une autre personne, pas de compromis à faire, i'm totally free! Le problème vient surtout de certains S qui ne nous respectent pas (mais heureusement y en a qui sont cool avec ça ^^). Et j'ai l'avantage de ne pas ressentir la solitude et même d'apprécier le fait d'être seule, j'en ai vraiment besoin pour me ressourcer et je limite mes contacts sociaux au strict minimum.

En avez-vous parlé à votre entourage ? Un jour où l'autre le sujet finit toujours par tomber dans la conversation. Mon père l'a accepté même s'il aimerait bien avoir des petits-enfants, mon frère et mes sœurs aussi, mais de toute façon ils n'ont rien à dire, c'est pas leur problème. Et mes amis sont très compréhensifs d'autant qu'ils ont eux même des orientations sexuelles floues pour certains. Ma meilleure amie m'a d'ailleurs plusieurs fois défendue contre ceux qui peuvent pas s'empêcher de chercher la petite bête. Donc ça va j'ai de la chance de ce côté-là, et puis je sais me défendre et remettre les gens à leur place quand ils se montrent irrespectueux. La seule personne qui a été particulièrement vache a été ma mère mais étant donné que c'est une perverse narcissique, je ne m'attendais pas à ce qu'elle fasse l'effort de comprendre.

De manière générale, je dirais qu'il faut suivre son propre chemin avec assurance et confiance en soi en ne se souciant pas de ce que les autres peuvent en penser, parce que ça devient vite un cercle vicieux sinon. Et puis quand je vois que la plupart des "histoires d'amour" que les gens croient vivre ne sont en fait que des jeux de pouvoir où l'un des deux finit toujours par s'écraser d'une manière ou d'une autre pour plaire à l'autre, je me dis que je ne manque pas grand chose finalement =)