Si vous lisez tout, chapeau!

[isa-bella]

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Salut à toi, personne qui me lit. Merci de prendre de ton précieux temps pour lire mon histoire (et mes questionnements, mes angoisses...).

Ce qui va suivre est un mini-roman. J’en avais gros sur le cœur.

Tu es mon premier confident.

Oui, oui. Toi.




Je suis asexuelle. Enfin, je crois. Parce que je suis aussi vierge. De tout ; relation amoureuse sans sexe, sexe tout court. Comment en suis-je venue à cette conclusion ?

Laisse-moi te raconter, très cher.



PRIMAIRE

Depuis mon enfance jusqu’à l’école secondaire (donc vers mes 12-13 ans), je n’ai jamais été attirée par personne. Aucune attirance physique ou émotionnelle autre que l’amitié que je partageais avec quelques filles de mon école. Alors que plusieurs amies avaient déjà des petits copains et changeaient de partenaire à toutes les semaines, je ne prenais pas part à ce petit manège, par manque d’intérêt. Chose plutôt normale je crois pour une enfant extrêmement timide de cet âge. En fait j’étais presque dégoûtée par toutes ces filles qui ne faisaient que parler de leurs copains et de s’embrasser, etc. Avec ma meilleure amie on se disait que c’était dommage et que ça n’avait pas de sens de juste parler de ça, que nous on était au-dessus de ça, qu’on ne serait jamais autant obsédés, bla bla...



SECONDAIRE

Par la suite, avec mon arrivée au secondaire (donc de 13 à 17 ans), plusieurs de mes amies commençaient à être en relation plus “sérieuses” avec des garçons et commençaient aussi à découvrir leur sexualité, autre que les “bisous” échangés au primaire. Puisque j’étais toujours aussi timide et n’avais jamais eu d’amis garçons non plus, je ne savais pas comment aborder quelqu’un envers qui j’aurais un quelconque intérêt. D’autant plus que je n’ai jamais réellement ressenti cet intérêt que toutes mes amies semblaient avoir. Bien sûr il y avait quelques garçons que je trouvais beaux, mais personne ne me semblait assez dignes d’intérêt pour que je me force à sortir autant de ma zone de confort pour aller parler à l’un d’entre-eux. Mais leur parler de quoi en fait? Là était le problème. Je ne comprenais pas pourquoi c’était tellement “cool” d’aller voir un garçon et de vouloir être en couple avec lui. Tout le monde parlait que de ça, c’était les news du siècle quand quelqu’un avait un crush sur quelqu’un d’autre dans la classe ou dans ton cercle d’ami. Et puis ça me gênait tellement de ne pas savoir quoi répondre quand on me posait des questions sur qui moi j’aimais, qui je trouvais beau, etc. Même encore aujourd’hui je n’arrive pas à déterminer si ces gars sur lesquels je “trippais” avaient réellement gagnés mon intérêt, ou si je m’étais forcée à penser et à les voir ainsi pour être comme tout le monde. Je me faisais souvent des scénarios imaginaires où j’étais en couple avec telle ou telle personne, et il me prenait la main, m’embrassait en me retenant par le bras juste avant que je monte dans l’autobus jaune qui m’emmènerait loin de lui jusqu’au lendemain...

Important de mentionner aussi que je n’étais pas très jolie durant ces années non plus. Ou disons que je ne savais vraiment pas comment m’arranger pour être présentable. Additionne cela avec ma timidité légendaire et un manque flagrant de personnalité, et le résultat obtenu fera en sorte que personne ne sera intéressé envers toi. Alors imagine moi, qui ne connais rien de tout ce “nouveau monde”, qui n’a personne qui ne montre d’intérêt envers-elle non plus et qui ne comprend pas le but ou cet engouement pour ÊTRE EN COUPLE.

Rien ne me poussait à me questionner ou à expérimenter plus que ça pendant toutes ces années. Et jusqu’à la fin du secondaire, malgré n’avoir eu absolument aucune expérience whatsoever, j’étais fondamentalement convaincue d’être hétérosexuelle. Parce que je trouve que les garçons sont beaux et que c’est ça que je suis sensée faire, right? Parce que même si je n’ai toujours personne dans ma vie, oui je vais ramener un “petit gars” à la maison un jour, puis quand “mon ptit chum” va s’en venir chez nous va falloir sortir l’album photo d’enfance et ce sera un moment super gênant. Parce que c’est comme ça que c’est “censé être”.



CÉGEP

Mes années au cégep (17 à 20 ans) furent plutôt s’en dessus-dessous, dans toutes les sphères de ma vie, et c’est bien à cause de ça que j’ai pu autant me remettre en question.

En arrivant au cégep, j’étais convaincue que ce serait comme lors du nouvel an, nouvelle année, nouvelle moi ; nouvelle école, nouvelle vie !

J’étais convaincue que les garçons seraient plus beaux (ah oui parce que je m’étais finalement convaincue que si je n’avais jamais été en couple au secondaire c’était parce qu’aucun des garçons de mon école n’étaient assez beau à mon goût). Et que vu que j’allais avoir plus confiance en moi, et que je savais un peu mieux m’arranger maintenant (je me maquillais, je ne portais plus mes lunettes et j’essayais d’avoir du... style? Wow, bel effort, comme si ça allait magiquement tout changer --”), quelqu’un finirait par me remarquer et vouloir être en couple avec moi et que j’allais enfin pouvoir perdre ma virginité (parce que va savoir pourquoi, malgré mon inexistante expérience avec des garçons, j’étais convaincue que j’allais faire l’amour avant mes meilleures amies).

Bref, pas besoin de dire à quel point mes illusions se sont vites dévoilées au grand jour et mes espoirs sont partis en courant.

Dans ces années-là, j’avais une personnalité extrêmement désagréable puisque je n’aimais pas ce que je faisais, tout me faisait chier en gros. J’étais très malheureuse et ça paraissait dans ma face. Alors les rares fois où j’ai tenté de sortir de ma zone de confort furent des échecs.

Dans les soirées où l’alcool était plutôt présent, les tentatives s’arrêtaient à des câlins de... 5 secondes gros max? Le seul “baiser” que j’ai eu, ou plutôt donné, c’était un minuscule smack à mon amie qui m’hébergeait à ce moment-là. Et ça ne m’a pas non plus ouvert l’esprit sur le fait que j’étais peut-être lesbienne. Parce oui avec le temps je faisais des recherches, car je croyais que quelque chose n’allait pas avec moi, ou n’était pas “normal”, alors toutes ces possibilités tournaient dans ma tête, mais rien ne semblait correspondre vraiment.

Chaque fois que j’en parlais, ou que j’expérimentais un début de quelque chose qui pourrait peut-être tourner vers la sexualité, je ne ressentais pas ce sentiment que mes amies me décrivaient, cette obsession comme je la vois toujours, envers le contact physique qui se transforme inévitablement en acte sexuel.

À un moment où j’avais un semblant de relation un peu ambiguë et fondée sur d’énormes non-dits avec quelqu’un qui était j’imagine mon ami pour le peu de temps que ça duré, je sentais qu’il avait peut-être de l’intérêt pour moi et cet intérêt (envers la personne même) était réciproque dans mon cas. J’étais curieuse de voir où cela nous mènerait. Et la journée avant que je ne reparte dans mon coin de pays, il était venu me rejoindre dans ma chambre pour “hang out”. J’avais attendu ce moment depuis le début de l’été avec un peu d’appréhension, je me sentais prête pour faire l’amour, mais j’étais un peu effrayée aussi parce que je ne savais pas à quoi m’attendre et je ne savais pas quelles étaient ses intentions. Alors quand il est venu me rejoindre ce soir-là, j’étais persuadée que c’était là, le moment tant attendu. Pourtant, il ne semblait pas vouloir faire d’avances quelconques, et je n’avais pas de “sex drive” comme je m’y attendais alors qu’on était seuls dans ma chambre. Au final, nous avons passé la soirée à parler comme à l’habitude.

Peut-être que le fait que je n’ai jamais été une personne “touchy” envers les autres ne m’aide pas à montrer un intérêt physique envers quelqu’un ?







Donc ce sentiment de vouloir sauter sur une personne parce qu’elle est juste trop belle, trop sexy, trop whatever ou bien ce désir d’être touchée ne s’est jamais manifesté chez moi. Pourtant j’y pense tellement souvent, j’ai ce désir imaginaire de vouloir être en relation intime avec quelqu’un, d’avoir un contact physique de tendresse et démontrant de l’amour pour l’autre, mais sans être nécessairement sexuel. Et parfois j’ai cette envie de serrer une personne qui se tient devant moi dans mes bras. Genre cette envie est réel, dans le vrai monde. Et ce, même si je ne l’ai jamais vécu.

Alors je me dis que je ne dois pas être folle et que ce n’est pas forcément parce que je n’ai jamais eu d’expérience sexuelle que je vais en vouloir un jour quand je le “découvrirai”, quand je serai avec la bonne personne... Si ça arrive tant mieux, mais sinon, I guess que je suis pas seule. Que si on est plusieurs centaines dans le monde à se sentir comme ça c’est que c’est aussi normal, à sa façon.

En fait je me demande aussi ce que ça fait que d’aimer quelqu’un. Aimer d’amour.

Si la beauté et/ou l’attirance physique sont en général les premières choses sur lesquelles on se fie pour bâtir une relation, et que je ne prends compte ni de l’un, ni de l’autre lorsque je suis avec une personne, comment partir d’une simple connaissance, à de l’amitié, à une relation, non-sexuelle qui plus est..? À quel point est-ce que l’intérêt envers une personne, si ce n’est de l’intérêt sexuel, doit être assez fort pour se transformer en amour qui, hopefully, sera réciproque? C’est curieux, mais je n’arrive pas à m’imaginer être intéressée autant par quelqu’un. Peut-être je vois cela comme demandant beaucoup trop d’efforts, alors que je ne me trouve pas si mal en étant seule (puisque ça toujours été ainsi..?). Dans le fond, comment se développe l’amour, d’un sentiment non-sexuel...?






Maintenant, j’hésite toujours à me coller cette étiquette “asexuelle” sur le front.

Parce que je suis rendue à une étape de ma vie où je n’ai pas vraiment besoin d’être avec quelqu’un pour être heureuse, pour m’épanouir. Même si j’ai toujours été dans cette situation, ce n’est que maintenant que je m’en rends réellement compte. Puisque c’est quelque chose que je n’ai jamais connue, cela ne me manque pas. Pourtant justement parce que je ne l’ai jamais connue, comment puis-je savoir avec certitude que c’est bel et bien le cas? Comment savoir si on aime le caviar sans e avoir déjà goûté? On peut être franchement convaincu d’aimer ou de détester, mais rien ne peut affirmer l’un ou l’autre à 100% sans en avoir fait l’expérience.

Et j’ai aussi un peu peur d’en faire l’expérience, je crois. J’ai peur de décevoir. De me décevoir aussi. J’ai peur que ça fasse mal, j’ai peur que ce soit awkward.

J’aime l’idée de se donner à la personne que l’on aime, mais j’ai peur d’aimer aussi.

J’ai peur de ne pas satisfaire à mon partenaire. Dans cette société si sexualisée, comment refuser d’avoir des rapports sexuels sans vexer l’autre, sans qu’il n’y ait de frustrations, de manque ? Qui se contenterait de simples actes de tendresse sans l’acte final qu’est le sexe ?

Et j’ai peur de finir seule aussi. Même si je ne ressens pas le besoin d’être avec quelqu’un, je crois que j’aimerais bien essayer un jour, de trouver “ma personne”. Mais j’ai peur de devoir sortir autant de mon cocon, pour au final, que je ne veuille pas du côté sexuel d’une relation traditionnelle, et que malgré tous les sentiments et l’amour que je puisse porter à cette personne, que je me vois lui refuser le sexe, ce qui peut-être, mettrait fin à notre relation, ce qui je suis persuadée me briserait le cœur à un point tel...



Mais je garde espoir, de trouver cette personne qui voudra bien de moi, malgré les contraintes peut-être futures qui seront imposées. Je ne sais toujours pas ce qu’est l’amour, mais mon cœur et mon esprit restent ouverts. <3



Isa

-Jeune femme de 21 ans, habitant cette merveilleuse ville qu’est Montréal
(faites-moi signe mes fellow montréaleux si vous existez sur ce forum ^^)

[clotaire]

Bienvenue isa-bella
Ben peut-être que ça t'aiderait à progresser de développer des relations amicales un peu complices, quitte à flirter avec l'ambiguïté. Ca permet de sentir si à un moment on aurait envie d'aller plus loin. Pour moi, ça a bien aidé dans ma découverte de soi, de fait

[Grignoteuse de bouquins]

Bienvenue Isa !
Et bah c'est ce qu'on appelle un gros pavé
La sexualité et l'amour je pense que tout le monde est d'accord , c'est quelque chose de plus ou moins complexe . Tu te poses pas mal de questions , j'espère que tu pourras y répondre en temps voulu . Ton témoignage est assez fourni (et bravo d'avoir pris le temps de l'écrire) .

[Muriel Evelyne]

Bienvenue isa-bella, j'ai tout lu

[ginny anne]

Bienvenue Isa-bella !

[Grignoteuse de bouquins]

Je veux mon chapeau !

[ParaNoise]

C'est long ça? Pfff! :p

Bah écoute, bienvenue, c'est sûr que l'amour, la sexualité..., ce sont des choses complexes (hein? Quoi? Moi redire ce que Grignoteuse de bouquins a dit? Euh... Oh! Regardez, un écureuil!), j'ai aucune idée de comment ça marche personnellement, déjà l'amitié je comprends pas vraiment, alors être encore plus proche d'une personne! Du coup, si je devais dire un truc... euh... bienvenue! (Quoi je l'ai déjà dit?!)

[Lilly]

Isa-bella

[fiffi]

Bienvenue Isa-bella ,

être asexuelle ne veut pas forcément dire que tu finiras toute seule . Tu te mets beaucoup de pression alors que l' amour vient naturellement et parfois sans qu' on s' y attende . Le moment ou il arrive , il faut avoir confiance en soi et oser quitter sa zone de confort .
Tu as raison de " laisser ton cœur ouvert " , il ne faut jamais désespérer .

[Jolanthe]

Bienvenue isa-bella

[PassionA]

Bienvenue

[Nathan]

Bienvenue isa-bella!
Je suis de la rive-sud de Montréal.

[Aphélie]

Bienvenue ! Je pense que tes questions, une bonne partie de la communauté se les pose ou se les sont posées à un moment donné : qu'est-ce qui différencie une amitié d'un amour platonique ? Comment puis-je savoir si je suis ça ou ça sans avoir testé ? Et même quand on a testé : et si ce n'étaient juste pas les bonnes conditions (parce que l'expérience ne donne pas toutes les réponses non plus) ? Etc etc. Il n'y a pas vraiment de réponse universelle : je pense que c'est à chacun d'y répondre, ou parfois de simplement accepter qu'on ne peut pas avoir réponse à tout. Par exemple, la différence entre amitié et amour platonique, pour certains, elle n'existe pas. Je connais des gens qui considèrent qu'un couple qui vit ensemble sans sexe, ce sont des amis en colocation. Pourtant on a bien inventé le mot queerplatonic. Donc peut-être que c'est juste à toi de décider de ça, des nuances entre les deux. En attendant le mieux que tu puisses faire, c'est faire avec ce que tu as, et ne pas trop te soucier du reste